Le Carnet d'Ysengrimus

Ysengrimus le loup grogne sur le monde. Il faut refaire la vie et un jour viendra…

  • Paul Laurendeau

  • Intendance

À propos de la posture victimaire dans la fachosphère

Posted by Ysengrimus sur 15 août 2019

fachosphere-tendance

 

On ne présente plus la fachosphère. Elle est omniprésente sur internet, rampante, gluante, sirupeusement implicite. Elle est dispersée, saupoudrée, vermiculaire. Elle se dit, se dit et se redit. Les arguments de ces doctrinaires, obtus ou cinglants, solaires ou lunaires, eux aussi sont rebattus, résurgents, symptomatiques de la pourriture sociétale d’un temps, révoltants, pitoyables. On connaît bien ce contenu socialement régressant, anti-capi-mais-par-la-droite, pro-PME-anti-«bancaire», libertinophobe, gynoclaste, hétérosexiste, xéno-ethnocidaire (ce dernier trait hautement variable et sélectif, au grée des sources de financements internationales), «catholique-culturel», populiste-pingouin-de-baseux, post-GUDeux, militariste de casernes (en affectant de conspuer les états-majors). Pas grand chose de vraiment, effectivement, original. Ou… un peu quand-même…

S’il y a quelque chose de nouveau en la fachosphère du moment, là indubitablement, c’est moins le détail fin de ce contenu doctrinal fétide que le style oratoire ou argumentatif de sa mise en ligne. La fachosphère contemporaine a pignon sur rue, le sait et a le triomphe l’un dans l’autre modeste, l’insistance tendue mais discrète. Ses colères sont froides. Ses tribuns se déguisent désormais en penseurs maudits, profonds, sombres et songés. Elle ne s’énerve pas, ne s’emporte pas. Elle ne «milite» plus, elle explique. Elle éduque doctement les masses. Et surtout, aussi christique que chrétienne (helléno-chrétienne, hein, pas de gourance), elle construit patiemment sa martyrologie, tisse tout doucement sa toile à capturer les larmes. Au jour d’aujourd’hui, les bouillants, les virulents, les éructifs, les pulsionnels, c’est les autres. C’est les oppresseurs, les orateurs, les politiques, les médiatiques, les atterrés, les éberlués. La fachosphère ronronne puissant, se ratiocine doucement et ne fait plus le coup de poing. Apaisée, décomplexée, elle la joue victimaire. Voyons les grandes lignes de ce nouveau ton murmurant du chœur des vicaires cyber-fachos.

Nous ne sommes pas racistes, vous l’êtes. Au sens littéral, le seul valide et le seul invoqué, la fachosphère n’est ni raciste ni antisémite. Vous avez bien lu. Si on l’accuse de faire du racisme et de l’antisémitisme, on soumet ses «analyses» au chantage (chantage au racisme, chantage à l’antisémitisme). D’ailleurs savez-vous quoi? C’est largement vrai et attesté que la race n’est plus un repoussoir fachosphérique opératoire. Le racisme, le vrai racisme racialiste, vous savez, celui des formes de crânes, de la force des bras et des dents, des courbures de nez, des couleurs de peau, des hiérarchies ethno-intellectuelles, eh bien il n’a plus tellement cours. La civilisation est désormais tellement racialement diversifiée… et plus vive et matoise que jamais! La fachosphère est tellement racialement diversifiée, elle aussi! C’est un fait net qu’il est désormais inepte, creux et inefficace de la ramener en invoquant les critères qui furent ceux de Gobineau et/ou de la solution finale et de l’espace vital. Même le fascisme contemporain, sous le poids puissant des faits historiques, a du avancer d’un gros cran, sur ces questions. Maintenant ethniquement plurielle (ce qui est la confirmation imparable du fait que les idées, même les plus rétrogrades, ne sont justement pas des monopoles raciaux), la fachosphère racialise désormais sa démarcation dans l’autre sens. Entendre par là qu’elle va narquoisement à la pêche au racisme crétin chez ses adversaires. Et elle trouve de quoi bien remplir ses nasses. Injures nullardes, mots malencontreux, attitudes inadéquates, réminiscences boiteuses, nostalgies colonialistes sous-jacentes, théories courtichettes mal ficelées, coups de gueules foireux… et vlan. C’est maintenant le bon petit blanc ramolli du cognitif qui se fait piéger au jeu de la rectitude politique dont il prétendait tendre les rets et dicter les règles. Certains intervenants fachosphériques sont des as dans l’art mutin de colliger les bourdes télévisuelles de blancs crétins dont nous nous foutons tous mais qui, bien rehaussées, deviennent le repoussoir victimaire idéal d’une extrême-droite multiforme, matoise-sournoise, qui n’a aucune pudeur à identifier son idéologie délétère à rien de moins qu’un antiracisme nouveau genre. Et la bonne conscience de disjoncter. Et le chantage de s’inverser. «Je suis pas blanc et je suis explicitement fachosphérique. Tu dois penser comme moi sinon tu roules avec les blancs, contre la pensée ‘nouvelle’ issue de la conscience de l’humain planétaire».

Nous sommes non-conformistes. Les fachosphériques sont soit des jeunes, soit de vieux juvénilistes. Ils ont donc pour eux, pour un temps, la vigueur du (re-re)nouveau, du faux-frais, du pseudo-vif. Ils sont les néo-réacs 2.0. Et ils en jouent à fond. La gauche désormais, c’est la république à la papa, c’est le Mai archaïque-68 de Dany LeGris, c’est les baby-boomers, c’est croulant, c’est déliquescent, et c’est suspect d’être entré profond, bien profond, dans l’intégralité des canaux de corruption institutionnalisés. Je ne vais pas me fatiguer à exposer qu’il y a des jeunes de gauche, dont l’action est hautement révélatrice de tendances sociétales profondes et neuves. Mes enfants et le Québec de 2012 en font foi. Mais les fachosphériques «expliquent» à la jeune gauche qu’elle fait preuve de conformisme social, qu’elle fait jouer les vieux réflexes libertaires, fatigués, alanguis et démodés, qu’elle est bobo, gauche-caviar, liseuse du Monde Diplo, écolo-gentillette et hipstérisante, donc snobinarde, donc bourgeoise. Contre ce qu’il expose alors comme un conformisme bourgeois de gauche, le fachosphérique se pose en fringuant dépositaire de tous les anticonformismes populaires contemporains. Désormais, résister, combattre le «système», c’est libérer notre droit d’avoir un Peuple, une Religion et un Sexe (contre le mondialisme, contre l’athéisme trivialisé en laïcité, contre la «théorie du genre», institutionnalisés, perlant partout, de l’école au palais présidentiel). S’en prendre aux fachos aujourd’hui c’est, dans la perspective fachosphérique, s’en prendre à une jeunesse cyber-éduquée, alternative, un peu punk (dans le bon sens), sympa, voyoute-muscu, potache-résistante, et qui se laissera pas faire par les barbons Trotsky et les pimbêches de Beauvoir qui regardent les banlieues de haut.

Vous nous insultez, nous marginalisez, nous rejetez. Le troll est mort. Vive le débatteur fachosphérique onctueux, poli, patient, collant, politicien. Cyber-éduquée, bien imprégnée de la trajectoire incurvée —fulgurante— du monde de l’internet, la fachosphère actuelle comprend intimement qu’on n’est plus en 2006 pour s’envoyer des vannes à la gueule jusqu’à ce que le forum devienne engorgé ou qu’il ferme. L’intervenant fachosphérique actuel opère de facto sur des cyber-espaces de plus en plus fliqués et judiciarisés. Il s’ajuste. Il s’adapte. Il joue donc de politesse, d’implicite, de faconde onctueuse. Il parle d’ananas, d’index levé en l’air, d’ «empire» et de «banque». Qui vous poursuivra pour avoir levé un index en l’air ou avoir abstraitement dénoncé une banque? Et c’est ici que le modus operandi victimaire de la fachosphère entre en mode force tranquille. Toute objection, toute opposition aux propos fachosphériques est une insulte non motivée, une méchanceté gratuite, une marginalisation, une discrimination, une attaque personnelle ad hominem. Le troll c’est toi! Toi qui t’énerve un peu, toi qui t’objecte en sursautant, toi qui combat encore, toi qui picosse un rien dans le saindoux faussement déférent pour y retrouver les idées à abattre. Témoin de Jéhovah collé à ta porte et ayant fait semblant d’entendre ta salve, le fachosphérique t’englue désormais dans la sienne, mollement mais sans mollir. Et le brutal, c’est toi. Le hargneux, c’est toi. Celui qui se tient pas et sort de ses gongs, c’est toi. Et moi, le fachosphérique, monsieur le modérateur, je ne suis que la victime, innocente et douce qui cherchait juste à penser différemment et à le dire, tout simplement.

Comme vous rejetez pas l’empire comme nous, les impérialistes, c’est vous. Les fachosphériques ont de fait tout inversé. Ils nous présentent Dresde 1945 comme si c’était Berlin 1931. Pauvre de nous, nous sommes des dupes intoxiquées et endormies par une démocratie menteuse et une culture de masse sciemment dévoyée et qui nous manipule. Hitler est un brillant économiste désormais, vous saviez pas? Il était le seul à avoir su tenir tête à Wall Street et il a payé pour. La guerre s’est pas fait contre lui mais pour ses ennemis, pour ainsi dire. Lui aussi, il est la victime, dans toute cette grosse affaire distordue du siècle dernier. Tout s’inverse et, en cela, la fachosphère contemporaine est bien l’indice purulent, le symptôme malodorant mais crucialement loquace et lancinant de la déliquescence de tout ce cadre de représentations jovialiste et prospériste des Trente Glorieuses qui ne reviendront plus et dont plus personne ne veut. Le summum de la conceptualisation victimaire des fachosphériques, c’est le fameux phénomène du rouge-brun. Criss-cross! Marx est un penseur fasciste et le Front National est le plus grand parti de gauche de France. Vous le saviez pas? Vous saviez pas que c’est ça, désormais, la seule façon valide de penser l’impérialisme? Ce n’est pas la production capitaliste mondiale qui est en crise. Ce n’est pas la baisse tendancielle du taux de profit qui continue de se déployer. Non, non, C’est l’empire qui panique devant le retour des vraies valeurs… et comme vous rejetez pas l’empire comme nous le faisons, eh bien, les impérialistes, c’est vous.

Que faire? Donc le nouveau dialogue cyber-classique contemporain du débat politique c’est ceci: un fachosphérique onctueux, larmoyant et victimoïde traite d’étroit d’esprit et de brutal un gars ordinaire juste parce qu’il ose être atterré par la résurgence brune. De la rationalité inversée à son meilleur. Alors que faire? Simple. Ne pas les victimiser plus et, surtout, répondre un peu, juste un petit peu, pas trop non plus. Les faire parler, surtout, bien parler, tout vomir, tout éructer. Qu’ils sortent du cyber-maquis et s’exposent un tantinet, qu’on médite. Il faut les amener à extirper leurs idées du brouillard victimaire. Qu’on nous la livre plus clair, plus net, la doctrine dure, la pensée bleue acier et noir charbon, dans sa raideur simplette et sa limpidité inoriginale. On la perd un peu, dans tout ce ballet de pixels et de courriels et c’est pourtant elle qui doit reprendre le dessus, la pensée, l’analyse sociopolitique du monde contemporain. Dis-moi, petit fachosphérique, dis-moi quels sont tes angles de vue, tes options, tes maîtres, tes points doctrinaux, tes bailleurs de fonds, ton programme. Comme la pose victimaire est le seul élément un peu nouveau du corps conceptuel fachosphérique, c’est à elle qu’il ne faut pas laisser reprendre corps et envahir tout le champ. Tu n’es pas une victime, mon facho. Tu es un indice et, de par cela, tu es interlocutif et, oui, je l’affirme, tout en m’en affligeant, c’est la faillite de l’époque qui parle à travers toi. Parle donc. Cesse de te lamenter dans le sous-entendu lourdingue et de faire de l’ad hominem et des procès d’intention à rallonges. Expose-le, ton contenu. Laisse lentement sortir la bête nuisible du lagon des ambivalences interactionnelles. Ce gros poisson, pourquoi tu le noies? Il faut qu’on la voie bien au clair, qu’on la contemple ouvertement, cette conception crépusculaire, indicative, nuisible, nocive et surtout, ancienne, dépassée, tellement ancienne, dépassée, vermoulue et démodé que cela l’aide à terriblement revenir à la mode auprès de la courte mémoire de nos politicards hagards qui s’égarent et de leurs thuriféraires infantiles et minables…

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Paru aussi dans Les 7 du Québec

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27 Réponses to “À propos de la posture victimaire dans la fachosphère”

  1. Nicolas said

    Paul,

    Le problème c’est que tu ne consultes pas les bonnes sources. Vincent Reynouard explique ses positions sans rien expliquer par les pouvoirs occultes. Et il est le penseurs d’extrême-droite le plus cohérent. La réalité n’est pas aussi rigide que tu l’expliques. Il y a des nuances, nombreuses et importantes.

    Concernant le Front National, comment un parti sioniste pourrait-il être de l’extrême-droite que tu décris? L’expression « extrême-droite » est utilisée de tellement de façons différentes qu’il faut bien définir et distinguer afin de penser correctement. C’est le défaut de ton texte, il ne définit pas et il est trop général, sans nuance.

    Je te recommande Paul-Éric Blanrue. Il n’est pas un partisan de l’extrême-droite. Moi non plus d’ailleurs, je suis anti-système, à moins d’une exception vertueuse, peu importe la théorie, c’est tellement rare. Le meilleur système est la société matriarcale, et ensuite l’union du pouvoir spirituel et du pouvoir temporel comme chez les Pharaons. Le nazisme fut le meilleur système dans l’histoire récente, mais surtout grâce à la vertu de ceux qui l’appliquaient. Aujourd’hui les meilleurs systèmes sont de gauche, socialiste et démocratique, même s’ils pourraient être beaucoup mieux: Venezuela, Cuba, Équateur, Bolivie, Nicaragua, la Libye sous Kaddhafi.

    Cordialement,

    Nicolas

    [Merci (sans ironie) de ce commentaire et merci d’exemplifier mon propos. — Ysengrimus]

    • Nicolas said

      De rien Paul, ça fait plaisir de voir qu’on puisse se comprendre. Le seul problème, c’est que tu fais des amalgames qui ne concernent pas la vraie extrême-droite, mais plutôt l’épouvantail d’extrême-droite inventée par les médias officiels et leur clique.

      [Ah, cette chère explication victimaire par les cliques… — Ysengrimus]

      • Nicolas said

        Contrairement à ce que tu penses, Paul, il y a des cliques et des complots.

      • Piko said

        Atterrant, vraiment. Mais que dire de plus. Je suis sans voix. C’est bien vrai que ce Nicolas, onctueux et veule, exemplifie magistralement le développement d’Ysengrimus sur la nouvelle posture internet des fachosphériques.

      • Camarade said

        Merci et bravo.

        Dis-moi, camarade, le Nicolas qui te répond, il existe vraiment? Je croyais que tu te livrais à un exercice pédagogique, tellement c’était exemplaire.

        [Je te jure qu’il existe. Je t’envoie son courrier électronique en privé, si ça t’amuse d’aller l’asticoter. Mais méfiance: il est collant. — Ysengrimus]

      • Camarade said

        Je te crois, camarade. C’est visiblement un cas. Tu aurais voulu l’inventer, c’est comme ça qu’il serait. Spassiba!

      • Hibou Lugubre said

        Pour ma part, je préférais ne pas commenter «Maître» Nicolas, me suis contenté de rire presque aux éclats au commentaire d’Ysengrimus, et je continue d’ailleurs à la lecture des nouveaux commentaires! vous êtes fichtrement marrants, tous!

  2. Ysengrimus said

    Le pseudo-intellectuel fachosphérique contemporain, au sommet de sa crête, juste avant de basculer dans la petite récupération politicienne en costard propret, qui l’attend à bras ouverts:
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    foul-bachelor-frog-perd-sa-prise-intellectuelle-sur-la-comprehension-du-monde-contemporain-surnage-en-expliquant-le-tout-abstraitement-par-lactio

  3. André Lefuneste said

    Je souhaite que tous ceux qui souffrent de cette maladie cognitive qu’est la posture victimaire découvrent une bonne thérapie cognitive qui pourrait les sortir de cette condition déplorable qui les font tellement souffrir et remplit leur être de tant de haine et d’idées violentes.

  4. Julien Babin said

    J’approuve pleinement ce texte.

  5. Val said

    Je trouve particulièrement intéressant le commentaire sur la race et le racisme. Cela mérite toute une autre discussion.

    • Odalisque said

      Je vous seconde, Val,

      Le développement Nous ne sommes pas racistes, vous l’êtes est parfaitement lumineux. Toute triste, je l’observe trop fréquemment ici, dans les Antilles…

      Le racisme imbécile de l’ennemi ne doit en rien légitimer les choix fachos des hommes et des femmes de couleur.

      • Nicolas Richomme said

        Comme quoi il n’y a pas que les « Blancs » qui sont racistes. Le racisme anti-blancs existe bel et bien, rien que par le discours simpliste qui entretient la caricature du blanc raciste éternel. Il est d’usage de coller une étiquette à celui ou celle qui est blanc-he en se victimisant de surcroît. Cette intolérance viscérale (quoi qu’on en dise) n’est bien entendu, pas comparable aux autres formes de haine raciale tel le racisme anti-noirs. Non parce qu’il y a moins de clichés et d’insultes envers les blancs (au contraire, il y en a de plus en plus, je trouve !), mais parce que le racisme anti-blancs est justifié par des propos se revendiquant du progressisme. Ce qui détourne de ce fait, la vraie volonté de pluralisme et fait perdre au combat contre le racisme, tout son sens. Et cette forme de haine est volontairement invisibilise de la manière la plus hypocrite qui soit.

  6. Hibou Lugubre said

    Bien vu Ysengrimus! La France est en effet une sorte de ‘siège social du labo fachosphèrique francophone’ depuis quelques années déjà, qui rayonne, diffuse et surtout inspire toutes sortes de thèses ‘anti-conformistes’ identitaires, politiques ou historiques, de théories du complot, de tendances etc, et influe sur une bonne partie de la francophonie même la plus colorée! D’autant plus que la France toujours pas libérée de ses démons coloniaux, vichystes, ceux de la ‘Françafrique’, ou de ses combines au moyen-orient, dans les DOM-TOM, ses essais nucléaires, ses magouilles et ses barbouzes, constitue historiquement un terrain d’affrontement de radicaux intellos qui n’exclut pas des  »universitaires », des faussaires, des mercenaires de la plume, des journalistes, des avocats, des politiciens coupe-gorge de tous poils qui se sont tous un jour ou l’autre revendiqués de droite ou de gauche, ‘proches du FN’ ou ‘socialistes’ ou écolos, ou héritiers de la république, de Bonaparte, ou de la monarchie, de courants philosophiques et religieux, ou anti-cléricaux, ou anti-coloniaux, de penseurs etc… le tout souvent sur fond d’intérêts minables, n’assumant jamais la moindre conviction… et parfois, pour des histoires de fric, de cadeaux, dont les costards à 5,000 euros, chaussures et on a même vu les lunettes en carcasse de tortue à 15,000 euros la paire, bref de la corruption tout court, pas étonnant que la France se hisse au rang de ‘plateforme’ influente de la fachosphère… surtout qu’il existe même un service de traduction 24/7 dédié aux fachosphères anglo-saxonnes, et américaine dont on raffole ou des pays d’Europe de l’Est, ou arabes, ou africaines, largement intégrées et mises à jour aussi pour maintenir la machine en marche! Bref, c’est en quelque sorte le carnaval et la fête foraine pour croiser tous les tordus fachos de notre époque, des fachos cathos, islamistes, juifs y ont pignon sur rue autant que des fachos  »laics » ou athées de tous poils, et le pire, ils ajustent le discours en fonction des tribunes, des occasions, à la tête du client, n’assumant aucunement ce qu’ils ont dit ou écrit hier jusqu’à ce qu’on les traduise en justice en poursuites… etc et même avec les poursuites, ils arrivent à s’en sortir! Bref, c’est pas donné à tout le monde d’être un pro de l’esquive, faut vraiment être facho pour esquiver à chaque fois!

    De toutes façon, le grand public, cible de tous les fachos, ne mord pas aussi facilement à l’hameçon comme on pourrait le croire, des gens qui n’ont plus le temps, qui sont tannés de leurs propres problèmes, se lèvent à chaque matin pour gagner leur croûte honnêtement sans souhaiter le cancer à leur collègues, ils s’en foutent de tout ça et sont las de ce cirque! des haineux fachos, plus nombreux certes, à toutes les sauces, sont parmi nous et ont investi surtout les médias sociaux, les médias grand public, ou les médias dit alternatifs… souvent anonymes derrière leurs écran pour exprimer les maux qui les rongent… et parfois moins anonymes tentent de vous approcher… qui fait que les gens se méfient tout de suite quand quelqu’un commence à leur parler politique ou même de commérages méchants dans le dos des autres! à raison! La perte de confiance en toute idéologie politique et en toutes sortes de fouteurs et fouteuses de zizanie est une tendance  »sûre »… dans un monde en perte de valeurs et de repères… il faut pas s’étonner!

    du coup, je me suis déjà essayé à l’exercice de tenter de deviner qui sont les fachos qui se cachent parmi nous, non pas les leaders connus, mais les ‘suiveurs’, pour me rendre compte très vite qu’il peut s’agir de n’importe qui, souvent dans le monde corporatif, et dans les administrations… J’ai déjà su et pu lire même des collègues que j’ai su plus tard que ce sont des  »actifs » et des pro de la  »haine » sur des plateformes banales comme Facebook et Twitter, dont je me foutais royalement et ignorait sauf à leur rendre la politesse d’un bonjour avec le sourire jaune qu’ils méritaient! Une chose est certaine, l’hypocrisie tout comme les problèmes mentaux, les complexes identitaires ou autres sont aujourd’hui monnaie courante… si vous devez additionner à cela les narcissiques à outrance, les sociopathes, les psychopathes qui sont légion et ont tous en commun de se prendre pour le nombril du monde, péter plus haut que leur cul, et surtout ne jamais ressentir de honte ou de regrets ni exprimer d’excuses par rapport à leurs gestes… ou leurs crimes ordinaires, vous vous dites qu’il vaut mieux  »toucher du bois »… et vivement qu’un jour on puisse vendre du xanax en  »chewing gum » sur le comptoir et sans prescription chez Walmart ou le dépanneur du coin, car y’en a qui en ont vachement besoin. ! 🙂

    • Line Kalinine said

      Je vous seconde pleinement sur ce brillant développement, Monsieur Lugubre. Ma seule réserve porte sur votre conclusion, ironique mais significative quand-même. Il ne faut pas apporter des (fausses) solutions chimio-psychologisantes à ces phénomènes. Il faut les affronter dans leurs causes sociales et déraciner la racine profonde de ces causes.

      • Val said

        Vous avez raison. Les cachets de xanax ne peuvent pas effacer tout une système sociétal basé sur les milliers d’années de colonisation, misogynie, patriarcat. L’extrême-droitisme n’est pas une maladie, mentale ou tout autre. De plus, cette notion insulte ceux et celles qui vivent avec de vraies maladies mentales. Comme vous avez dit, il faut s’attaquer aux causes profondes. Pas facile, mais tellement nécessaire.

      • Line Kalinine said

        Voilà. On se rejoint, Val. Votre point complémentaire est fort valide. Traiter les fachos de fous c’est pas très sympa pour les fous, si on vous glose crûment…

      • Hibou Lugubre said

        Conclusion ironique certes, mais je vous rassure que  »les vrais fous » ou les gens  »malades de la tête » et qui au moins prennent la peine de consulter ont tout mon respect et mes souhaits pour un prompt rétablissement! Par contre, j’ai moins de sympathie pour ceux qui refusent d’admettre leurs problèmes, et sont pour la plupart la cause du malheur de leur proches, leurs enfants, leurs collègues, leurs  »équipes au travail » ou leurs victimes tout court! Figurez-vous que dans le monde corporatif, sans généraliser tout de même… dans les grosses entreprises familiales ou les grandes multinationales ou travailleurs et cadres sont souvent des numéros, ce sont des narcissiques, des sociopathes et des psychopathes, bref, des gens pas très éthiques, ou même parfois des  »bully » harceleurs imbu de leurs personnes qui sont le plus souvent les plus heureux, et ceux promu aux postes à responsabilités ou de supervision, j’en sais quelque chose tout au long de ma diversifiée carrière, n’importe quel psychologue spécialisé et expérimenté pourra corroborer cette théorie, et il y a même toute une littérature et des livres qui en parlent depuis des années, ou des études qui assurent précisément que 21% des PDG ou CEO sont des psychopathes (ratio de 1/5), ou qui se demandent pourquoi tant de gens incompétents deviennent des leaders! Car dénués de  »sentiments », rompu au  »language des intérêts ou corporatif » et au  »léchage de bottes », ils ne remettent en question aucune mesure et aucune décision même les plus mauvaises, et sont souvent des frimeurs invétérés, des revanchards, des narcissiques et des  »personnalités » singulières qui croient et veulent coûte que coûte faire partie de  »la crème de la société » capitaliste en tous cas! Ce qu’en disent les psy surtout est que ce sont ceux qui ne consultent jamais justement, sauf sur ordre de la cour quand certains commettent des crimes! Bref, imaginez un instant le nombre élevé de ceux qui leur ressemblent craché mais qui sont  »coincés » au bas ou dans le milieu de l’échelle sociale ou professionnelle, et Dieu sait qu’il y en a à la pelle! Bref, mon point est qu’on ne peut en aucun cas prétendre pouvoir guérir des gens parfaitement lucides et de mauvaise foi, narcissiques et égoïstes à outrance, et souvent, souffrant de troubles de la personnalité qui refusent de l’admettre! Le capitalisme sauvage et anti-social est c’est ce qui permet justement au fascisme  »ordinaire » de faire des ravages chez certains et les faire passer pour des gens ordinaires ou même des modèles de  »réussite sociale »! Un mélange de troubles mentaux non diagnostiqués, d’obsessions, d’intérêts inavoués, de pulsions dévastatrices et de frustrations, de complexes, en plus de traîner des casseroles dans son passé… vous saupoudrez tout ceci de fric, ou de rêves de fric et de pouvoir et vous obtenez un facho bon chic bon genre, respectable, et même très poli en public! 🙂

  7. Hibou Lugubre said

    Mais il va sans dire que si ce genre de personne partage votre lit, votre foyer ou votre travail, vous êtes sans le moindre doute dans le trouble, et le moins que l’on puisse dire! (c’était la suite et fin du commentaire…Merci)

    • Belle Orangeraie said

      Ils sont cadres administratifs dans la boite où je bosse. Et cela, pour reprendre votre mot, me TROUBLE…

  8. Hibou Lugubre said

    Pour ceux qui désirent en savoir plus, voici une courte et bonne vidéo (hélas en anglais) d’un entretien avec une Psy justement qui livre une bonne analyse qui peut surprendre sur le sujet des narcissiques, sociopathes et psychopathes… et qu’on peu aisément relier aux fascisme ordinaire de notre temps! (Avec la permission de mon hôte Ysengrimus par crainte d’abuser de son espace… Merci)

  9. Olivier MONTULET said

    Mon avis est que le meilleur moyen de lutter contre ce que vous nommer mal la « Facho-sphère » est de l’ignorer mais surtout de simultanément défendre et argumenter les idées qui lui sont opposées.

    Trop parler des mauvais discours et de ceux qui les diffusent est encore participer à leur diffusion et même à leur légitimation.

    [Les ignorer c’est leur laisser le plancher. Oh, oh, assez de cela, la technique de l’édredon. C’est un coup loupé et bien loupé. C’est, de fait, ceux qui prônent leur ignorance ainsi qui les légitiment en leur laissant la pleine impunité tranquille de la fausse inexistence. Nier n’est pas jouer. Et qu’est-ce qui ne va pas tant que ça avec le terme fachosphère? — Ysengrimus]

  10. Sam said

    Bien que je seconde le billet pleinement, j’ajouterais que lorsque les «élites» et les «intellos» du monde «civilisé» ne peuvent ou ne veulent aborder toutes les questions «sensibles» du monde, ou simplement ferment les yeux sur les atrocités sociales, politiques ou de guerres et conflits ailleurs, et sont souvent polarisés eux mêmes sur ces questions politiques et économiques que ce soit pour des raisons légitimes ou moins légitimes, il faut s’attendre à ce que la fachosphère continue de croître et d’exister comme soupape d’expression crue de toutes les sensibilités, les consciences ou inconsciences possibles et imaginables! cette fachosphère est en quelque sorte un reflet ou un miroir de notre époque, contradictoire, violente, et intolérante ou simplement «hypocrite» qui intègre plusieurs discours contradictoires pour les formuler de manière simpliste… Bref, vous avez beau discuter avec le plus rationnel et le plus pacifiste des esprits que forcément sur une question en particulier il ne pourra qu’exprimer soit son ignorance, soit son intolérance etc… nous sommes dans une époque où l’information et l’information contradictoire circulent comme des traînées de poudre et les gens sont quasiment sollicités pour avoir des opinions sur tout et n’importe quoi sinon ils sont jugés et taxés d’on ne sait quoi! C’est ce qu’un jour une collègue et amie d’origine italienne me disait au boulot. Mère et n’ayant pas le temps ni l’intérêt de s’intéresser à l’actualité, elle qui se plaignait d’être non pas une femme travailleuse mais quasiment une «bonne» chez elle qui ne se repose jamais et doit tout faire, elle a un jour pété une coche et s’est plainte à moi que les gens ne font que parler de politique et de «problèmes» et de sujets de «passions» et que visiblement ils ont le temps et le luxe de se permettre autant de «légèreté»! 🙂 Je ne pouvais qu’acquiescer et lui donner raison!

    Ma formule à moi que je répète à quiconque aborde l’internet depuis toujours, est que l’internet n’est rien d’autre qu’un marché aux puces gigantesque, un souk anarchique où tout est chaotique, n’importe qui vient y chercher n’importe quoi ou simplement! Bref!

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