Le Carnet d'Ysengrimus

Ysengrimus le loup grogne sur le monde. Il faut refaire la vie et un jour viendra…

  • Paul Laurendeau

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Archive for octobre 2009

Sur le féminisme de droite

Posted by Ysengrimus sur 15 octobre 2009

La question ressurgit de temps en temps chez nos folliculaires. Les organismes féminins gauchisants contemporains sont-ils des représentants légitimes de l’intégralité de la masse des femmes. Les femmes de droite répondent habituellement ouvertement par la négative à cette question épineuse. Elles sont bien en rogne qu’on prétende les représenter en mobilisant des portes-paroles qu’elles qualifient rageusement (et, en fait, pas très honnêtement) de «granolas lesbianisantes aux idées extrêmes». Sans vouloir jouer les esprits paradoxaux, j’ai quand même, spontanément, envie de poser la question suivante, un peu perfide: les femmes de droite, numériquement minoritaires, ouvertement élitaires, n’ont elles pas pourtant tout plein d’organismes (masculins ou mixtes) pour parler pour elles? Conseil du Patronat, Chambres de Commerces, comités et regroupements corporatifs de toutes farines, grands syndicats des médias, conseils ministériels, etc… Ma question ici postule, naturellement, que la femme de droite n’est pas trop distincte de l’homme de droite (ce postulat est respectueusement ouvert à discussion) et surtout, mon interrogation pose conséquemment la question toute simple et directe de savoir s’il y a un féminisme de droite

D’abord, il n’y pas à se conter de menteries. Il y a des noirs de droite, des gais et des lesbiennes de droite, des aborigènes canadiens de droite (et même antisémites), des handicapés de droite et indubitablement des femmes de droite. Les groupes sociaux à bases biologique ou ethnologique ne sont pas des classes sociales et l’appartenance à ces derniers n’est en rien le garant d’une position de classe conséquente. Mazette, il y a même des ouvriers, des chômeurs et des assistés sociaux de droite, alors je vous demande un peu… Il faut aussi assumer que la réflexion, spontanée ou articulée, sur la condition féminine n’est certainement plus un monopole à gauche. On dégage alors inexorablement deux types de femmes de droite. Il y a d’abord les femmes de droite qui sont ignorantes du féminisme ou le combattent. Elles vivent dans l’ombre de leur homme, jugent que tout va bien dans l’ordre machique et phallocrate des choses et que les valeurs traditionnelles priment. Dire qu’il y a des femmes de droite qui sont non féministes, c’est un truisme. Ces figures d’arrière-garde existent bien toujours mais, par contre aussi, il est légitime de suggérer que leur impact social est voué, dans la dynamique contemporaine, à demeurer faiblard. Que voulez-vous, c’est inévitable. Faire compulsivement la promotion de la soumission ne rend ni insoumise, ni puissante, ni même particulièrement active socialement. Sorte de caricature du passé, la femme soumise rétrograde, dont la cause est indubitablement foutue, servira, en fait, de repoussoir extrême, fort utile au féminisme de droite. Il est en effet toujours utile d’être (ou de paraître) en avance sur une autre instance et de s’en glorifier.

Il y a ensuite les femmes de droite qui font une promotion active (et parfaitement légitime, dans la logique, réformiste mais non révolutionnaire, qui est celle de tous les segments de la droite «novatrice») de la femme, de l’efficacité des femmes, du pouvoir des femmes, de l’éthique professionnelle des femmes, de la légitimité des particularités de la culture intime des femmes, de l’esprit de corps des femmes. Les femmes de droite, actives dans l’entreprise, le commerce, les médias et la politique observent vite la persistance rampante, un peu poisseuse, d’une mentalité masculine vieillotte, surannée, ou, plus insidieusement, d’une propension semi-consciente des hommes bien installés à imposer leur culture intime comme si c’était un implicite absolu et incontestable. Les chicanes sans fin sur la climatisation des bureaux, l’intendance des chiottes, les activités sociales d’entreprise, l’éthique entrepreneuriale et la tenue des cuisinettes attenantes aux salles de réunion est un symptôme tout à fait parlant du phénomène beaucoup plus vaste du choc des sexages parachevant le positionnement entrepreneurial des femmes. Inutile d’ajouter que les questions sérieuses où les femmes d’affaires sont solidement actives et en position de pouvoir sont, en fait, sans sexe et neutres en sexage. Ces femmes les traitent, y agissent, y jouent leur rôle et tout est dit.

On suggérera donc qu’un féminisme de droite considère simplement que la femme est l’égale de l’homme et mérite le même salaire, les mêmes tâches et la même considération MAIS, ce… dans un espace concurrentiel capitaliste que, d’autre part, le féminisme de droite promeut, postule et ne remet aucunement en cause. Ce féminisme, égalitaire mais non révolutionnaire, développe aussi un corporatisme féminin, c’est-à-dire une promotion ferme, solide, de toutes les particularités de la culture intime des femmes comme facette de la réalité sociale (capitaliste) postulée et axiomatisée. Il est d’ailleurs parfaitement usuel, pour l’esprit de corps féminin de droite, de nier purement et simplement être un féminisme. Le féminisme de droite en est pourtant bel et bien un. Le nier, c’est occulter son importante facette progressiste, bien sûr circonscrite, souvent bafouée (y compris en son sein même) mais bien réelle. Et le féminisme de droite est, de plus, extrêmement important pour la gauche parce qu’il contribue à démonter une des grandes illusions de ladite gauche, celle voulant (encore) que cause des femmes et lutte des classes soient intimement confondues et comme inextricablement fusionnées. Cette fausseté théorique est mise en relief par l’impact social croissant du féminisme de droite contemporain. Le féminisme de droite revendique une meilleure place pour les femmes d’affaires dans un monde des affaires qu’il n’a aucunement l’intention de questionner. Le féminisme de droite entend que les femmes de droite prennent leur place au côté des hommes de droite dans un système social toujours fondamentalement affairiste, ploutocrate, oppresseur et bourgeois. Progressiste en son espace strict, novateur dans le cadre restreint du dispositif qu’il postule, le féminisme de droite relègue inexorablement dans la fosse fétide de l’extrême droite ruinée la cause androhystérique de la soumission de la femme à l’homme et toutes les facettes de l’anti-féminisme féminin (ou masculin) passéiste. Cette cause là est entendue autant pour le féminisme de droite que pour le féminisme de gauche. L’ensemble des femmes de droite se subdivise donc finalement en trois sous-ensemble: 1- les femmes effectivement non-féministes (ne les cherchez pas dans le milieu du travail. En bonne cohérence objective, elles sont devant leurs poêles); 2- les féministes de droite non assumées (elles refusent fermement de se dire féministes parce que cette notion pue la gauche à leurs narines. Ce sont souvent les «anti-féministes» les plus virulentes, du moins subjectivement, verbalement. Il faut observer leurs actions effectives, pas les illusions qu’elles entretiennent sur elles-mêmes); 3- les féministes de droite assumées (les championnes explicites de l’esprit de corps féminin, implicitement affairiste et bourgeois).

L’existence du féminisme de droite (et le fait qu’il a de plus en plus pignon sur rue, notamment dans la politique et les médias) pose des problèmes très délicats à l’action militante. Le fait est qu’il faut combattre le féminisme de droite (surtout lorsqu’il est assumé, car alors il se légitimise sciemment comme progressiste) non pas parce qu’il est un féminisme mais bien parce qu’il est de droite. Il est donc indispensable de le dissoudre, méthodiquement et sans minimiser sa spécificité innovante, dans le reste de l’idéologie de droite qui, elle, est désormais de plus en plus sans sexe ni genre et sans doctrine spécifique du sexage. Et l’exemple cardinal ici, c’est nul autre que celui de notre bon gros Tony Soprano. Suivez-moi bien. Tony Soprano est un malfrat teigneux, un criminel notoire. Quand le FBI le serre de près, il pose un geste rhétorique tout particulier. Il se met à se lamenter parce qu’en s’en prenant à lui, on s’en prend(rait) à la communauté italo-américaine toute entière, qu’on empêche(rait) de s’épanouir. Certains aborigènes, ou pseudo-aborigènes (masqués), trafiquants de cigarettes, d’armes ou de cannabis, jouent la même carte. Quand la brigade des crimes économiques ou des stupéfiants les serre de trop près, ces criminels de droit commun, bien planqués dans le maquis de la légitimité de la cause aborigène, se mettent à dégoiser sur l’oppression de leur peuple par l’homme blanc… Il faut alors prudemment se dégluer de cette dangereuse chausse-trappe sociologique, en expliquant calmement à Tony Soprano que ce sont ses activités criminelles, et non son profil ethnique, qui lui méritent ses ennuis actuels. Vive la communauté italo-américaine. Vive les aborigènes. Haro sur la criminalité. Même message ici: vive l’augmentation du pouvoir des femmes tous azimuts et inconditionnel, haro sur le capitalisme et sur les femmes et les hommes qui en profitent. Car il est, lui aussi, rien de moins qu’un crime.

J’y faisais allusion en ouverture, le féminisme de droite combat ouvertement et farouchement le féminisme de gauche, non pas parce qu’il est un féminisme, mais bien parce qu’il est de gauche. C’est la base de l’accord sur la cause collectivement endossée et légitime (la cause féministe, dont la validité est incontestable) qui sert de vivier pour la lutte la plus fondamentale, la plus implacable, la plus cruciale: la lutte des classes. Si le féminisme de gauche a tort de croire qu’il parle pour l’intégralité des femmes (le capitalisme ayant su se réformer un petit peu en faveur des femmes de droites), le féminisme de droite a bien plus profondément tort de s’imaginer que l’arène exclusive de la lutte des femmes (comme êtres humains, en solidarité avec tous les êtres humains) est exclusivement cette société capitaliste inique dont les petites cheffes et les soldates n’ont pas plus de décence sociale que ses petits chefs et ses soldats.

L'ambivalent slogan d'une frange significative du féminisme de droite...

JE NE SUIS PAS UNE FÉMINISTE MAIS… L’ambivalent slogan d’une frange significative du féminisme de droite…

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Paru aussi dans Les 7 du Québec

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Au travail, la femme tyrannise la femme. Alors, bon… haro sur le féminisme? Non: haro sur le capitalisme…

Posted by Ysengrimus sur 1 octobre 2009

Une des correspondantes américaines d’Ysengrimus, Claudia [nom fictif], une femme affirmée, moderne, n’ayant pas froid aux yeux, professionnelle dans un organisme gouvernemental chez nos voisins du sud, m’écrit ceci, en une diatribe de colère contre sa petite cheffe. Connaissant ma vive sensibilité féministe, elle prend un minimum de précautions, mais bon, vous allez voir que c’est assez raide quand même (publié et traduit avec l’autorisation de l’auteure):

Ysengrim, I know that you will consider this terrible, but I would so prefer to work for a man than a woman.  I so prefer to make a man look good than a woman, to work to enhance his image.  I enjoy being servile to men.  Women are petty imbeciles who deserve shit. They are tyrants always having to go over the fucking top to « prove » themselves.  There was a story in the New York Times about executive women wearing CATHETERS because they are determined to not let their elimination requirements get in the way of work. Women have only made the working environment worse, more oppressive.  They were better stuck in the home serving their men.  I would love to be a retro wife, working all day to make everything comfortable for my husband, greeting him at the door in an apron and heels and kneeling to receive his cock.  I am old fashioned that way…

 [Ysengrim, je sais que ce que je vais te dire va sonner affreux à ton oreille, mais j’aimerais tellement plus travailler pour un homme que pour une femme. J’aime tellement plus cela, faire bien paraître un homme, oeuvrer à améliorer son image. J’adore être servile envers les hommes. Les femmes sont des sottes mesquines qui méritent bien qu’on les emmerde. Elles sont des tyrans qui doivent toujours en rajouter et en rajouter, putain, pour «faire leurs preuves». Il y avait ce reportage dans le New York Times à propos de femmes cadres portant des CATHÉTHERS, déterminées qu’elles sont de ne pas laisser leurs besoins d’évacuation des eaux troubles interférer avec le travail. Les femmes n’ont fait que détériorer le milieu du travail, le rendant pire qu’il était, plus opprimant. Elles étaient bien mieux, piégées à la maison, au service de leurs hommes. J’adorerais être une épouse rétro, me consacrant toute la journée au confort domestique de mon mari, l’accueillant à la porte en tablier et talons aiguilles et m’agenouillant pour recevoir sa bite. Je suis vieux jeu, dans ce genre…]

Pas question de remettre en question mon féminisme face à ce commentaire choc, légitime expression de colères et de frustrations diverses, venant d’une femme contemporaine n’ayant vraiment pas grand-chose de si vieux jeu que cela… Analysons un peu les vues cruciales de Claudia, femme professionnelle critiquant vertement les femmes professionnelles. Bon, les femmes petites cheffes sont tyranniques, intrusives et condescendantes, surtout envers les autres femmes, sur lesquelles elles assouvissent leurs compulsions compétitives en toute impunité «professionnelle». Je ne vais pas nier cela. Des tas de travailleuses me le rapportent avec une ferme et tonitruante constance. Les hommes petits chefs sont baveux aussi, hein, ne nous y trompons pas. Ce ne sont tout simplement pas exactement les mêmes travers qui jaillissent, dans le feu quotidien de l’action. Le fait est que c’est, en fait, la position de petit(e) chef(fe) même qui est en cause. Véritable cancer social méconnu, le petit patron, le contremaître, le supérieur hiérarchique immédiat, le micromanager, le garde-chiourme ancillocrate, le chef de service, retors ou abstru, carotte ou bâton, mielleux ou fielleux, est souvent la cause de bien des démissions. On ne quitte pas une grande fonction, on quitte un petit patron, est un aphorisme qui a pris corps longtemps avant que les femmes ne se consolident dans le milieu de travail. Le drame est donc, tout simplement, que, désormais, la portion féminine de l’humanité occupe aussi cette position archie-honnie et purulente de soumission aussi cruelle que paradoxale du cadre. La femme assume en toute simplicité sa position de cadre, ne l’améliore pas, ne la transforme pas, ne la réforme pas, ne la bonifie pas et la poisse des ses propres défauts. Il y a certainement, pourquoi pas, un style condescendant, intrusif ou tyrannique typiquement femme et nul doute que la position de petite cheffe ne manque pas, les mois et les années aidant, de mettre ces caractéristiques en saillie, comme l’eau du ruisseau annonce les cailloux. Triste mais vrai. Quoi de plus efficace, en effet, que la culture intime des femmes pour tyranniser des femmes?

Donc, souffrir pour souffrir, sous le faix d’un petit chef ayant axiomatiquement (car c’est l’axiome de la hiérarchie du travail capitaliste qui ne bouge pas ici) ses défauts de petits chefs, Claudia (croit qu’elle) préfère un homme. Il semble bien que la douceur riche et onctueuse de ses fantasmes socialement régressants atténue(rait) l’inévitable douleur de se faire, de toute façon, traiter comme un chien sur le lieu de travail. Chez les autres femmes dudit lieu de travail, Claudia ne trouve que compétition forcenée, jalousie mesquine, et une amplification professionnelle des vieilles chicanes et arguties de prérogatives féminines. Leur arrivisme est accentué par l’exemple drolatique du port de cathéters au travail, dans un environnement où les pauses-pipi sont d’évidence encore conçues au rythme de vessies plus amples. Détermination, résistance physique, sens du devoir, débrouillardise, tous ces traits féminins de bonne futaie sont distordus et gauchis par l’entreprise qui se les approprie et les asservit, en fabriquant de toutes pièces la docilité des travailleuses et la tyrannie des petites cheffes et, surtout, en se perpétuant derechef en elles.

Ma sorcière bien aimée attendant son époux devant son fourneau devient alors (pour Claudia, qui ne cuisine pas et est célibataire) une sorte de vision abstraite de nostalgie idyllique. Le bon sauvage de Rousseau, en quelque sorte, attendu, naturellement, que Rousseau ne s’était pas trop promené pieds nus dans les bois au moment de la formulation d’un tel modèle social illusoirement régressant. Bon sauvage de Rousseau dont Marx disait qu’il était le bourgeois contemporain fallacieusement isolé de ses contraintes sociales immédiates et transposé dans une forêt immémoriale de toc. Les femmes n’ont fait que détériorer le milieu du travail, le rendant pire qu’il était, plus opprimant. Naturellement, les femmes sont férocement méthodiques, terriblement efficaces et, conséquemment, l’atelier tertiaire capitaliste ne va pas se transformer en communauté sociale civilisée et progressiste simplement parce qu’on en gave les structures de personnes méthodiques et efficaces… Si l’atelier tertiaire décline, tourne en rond, gaspille ses ressources et entretient des tâches absurdes pour protéger les parasites qui s’y nichent, remplacer l’homme qui fait tourner ce genre de rouage par une femme compétitive qui vaut aller jusqu’au bout pour «faire ses preuves», ne rendra l’atelier tertiaire que plus «performant»… justement, dans sa logique propre, qui est celle de son pensum délirant et de son fonctionnement socialement fautif.

La preuve est faite. Claudia peut en témoigner. La présence de femmes dans la structure d’exploitation capitaliste ne change pas fondamentalement le caractère inique de ladite exploitation capitaliste. Pourquoi le ferait-elle? La femme n’est pas la démiurge de la société entière. La femme n’est pas plus libre que l’homme du mode de production dans lequel elle évolue. Elle est l’égale de l’homme ici aussi… Les divers féminismes, comme les divers environnementalismes, ne peuvent pas (ou plus) cultiver la croyance globalisante voulant que la solution historique à une discrimination circonscrite réformera la société. Le réformisme est une faillite. Il est fautif d’accuser des femmes (ou des hommes) de ne pas avoir révolutionné des structures que justement, elles endossent au point d’y devenir des intervenantes d’avant-garde. La nouvelle Ministre de la Santé iranienne, une femme, est fermement ayatolliste et islamiste… Ne vous y trompez pas. Elle réforme plus par ce qu’elle est que par ce qu’elle fait ou pense. Il est naturellement aussi fautif de rêver de renvoyer la femme dans sa cuisine. Le commentaire caustique de Claudia, du haut de son célibat, le montre bien: il est plus aisé de fantasmer le soi-disant paradis perdu quand une robinsonnade idyllique ne nous en fait voir que le côté faussement sexy. Régresser à la campagne pour fuir l’industrialisation, est une vieille lune illusoire, digne du Charlie Chaplin de Modern Times.

La montée des femmes dans les structures hiérarchiques capitalistes ne démontre qu’une chose. Le problème n’est pas avec les femmes… les femmes, que voulez-vous, le temps historique venu, quand on ne les entrave plus, elles grimpent dans ces structures, y «réussissent» et y deviennent des louves pour la femme (et l’homme)) aussi efficacement que les hommes sont des loups pour l’homme (et la femme). Le problème est avec ces structures mêmes. Ni hommes, ni femmes, ni enfants, ni petits personnages verts de contes anciens ou de science-fiction moderne ne pourraient les réformer. Elles poursuivent leur développement aveugle qui est celui d’une mutation et d’une crise. La frustration régressante de Claudia impose une analyse progressiste: haro sur le féminisme? Non: sur le capitalisme… Le féminisme (même le féminisme de droite, celui que nous impose la simili-militante médiatique), et surtout, la montée en force du pouvoir des femmes, est un des nombreux révélateurs du fait que le capitalisme ne peut pas servir l’harmonie sociale et que des changement sociaux plus profonds sont encore à venir. Ce n’est donc pas que les femmes font pire… c’est que le capitalisme continue sur sa lancée de faire pire (selon sa tangente spécifique) malgré l’apport des femmes. La distinction homme/femme continue de s’estomper à mesure que les emmerdements des deux dignes représentants de l’humanité s’accentuent et convergent dans l’entreprise. La femme petite cheffe n’a en rien fermé le cycle des changements sociaux fondamentaux auxquels nous nous devons tous.

Et ces changements sociaux fondamentaux viendront bien plus vite que Claudia ne retournera dans sa cuisine (sa cuisine réelle, de femme soumise d’autrefois. Sa cuisine de fantasmes, celle là, elle fait ce qu’elle veut avec).

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La femme n’est pas plus libre que l’homme d’un mode de production autoritaire. Elle est l’égale de l’homme ici aussi…

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Paru aussi dans Les 7 du Québec

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