Le Carnet d'Ysengrimus

Ysengrimus le loup grogne sur le monde. Il faut refaire la vie et un jour viendra…

  • Paul Laurendeau

  • Intendance

Archive for mars 2013

Respecter l’hinterland et… revoir le film GOOD MORNING VIETNAM de Barry Levinson (1987)

Posted by Ysengrimus sur 15 mars 2013

Adrian Cronauer (Robin Williams) dans GOOD MORNING VIETNAM – 1987

Un film étonnant et incroyablement attachant, revu dans la complète spontanéité du mouvement. Mon fils Reinardus-le-goupil et moi discutions, en mangeant nos nouilles, de la perte de dix soldats français survenue en Afghanistan en août 2008. J’en arrive à dire: «Ils ne tiennent aucun compte de la force constante et solide de l’hinterland, quand l’intégralité de ta population ordinaire est engagée, avec la constance de la vie de tous les jours, dans la guerre. Aucun envahisseur ne peut égaler cela, même avec toute la technologie qu’on voudra. Ils devraient revoir et méditer Good Morning, Vietnam». La curiosité de Reinardus-le-goupil est aussitôt piquée par cette histoire d’hinterland et à l’idée d’une réflexion sur les errements de la guerre animée par un tonitruant humoriste comme Robin Williams. Quand je lui montre notre copie du film, il réclame de le visionner sur le champ. Le temps de rapatrier mon plat de nouilles et mon verre de coca et nous nous installons.

Saigon, 1965. Nous sommes sous la présidence de Lyndon B. Johnson, la guerre du Vietnam en a encore pour dix ans à se traîner et, pour l’instant, c’est la paix armée de l’occupation américaine du Vietnam du Sud. L’ambiance faussement sereine de la «mission accomplie» (pas si accomplie…) sur Saigon ne fait pas oublier que le front est proche. Car, naturellement, dans leur ignorance de la réalité subtile de l’hinterland, les américains croient toujours qu’il y a un front (même si, en fait, ils n’arrivent presque jamais à vraiment trouver l’ennemi et optent pour pilonner des villages civils entiers, au petit bonheur la chance)… Les troupes s’ennuient pour mourir et, pour les dérider, l’armée fait venir de Crète l’animateur de radio Adrian Cronauer (joué, en grande partie all’improviso, par un Robin Williams extraordinairement juste dans la subite alternance de la bouffonnerie et du tragique). C’est un petit sous-off de l’armée de l’air qui est un génie incontesté de l’humour verbal. Sa prestation est à hurler de rire (je recommande fortement les sous-titre en anglais pour malentendants, car là, plus que jamais, l’inextinguible flux verbal se déverse vraiment en mitraille). Cronauer tient le micro de la radio militaire américaine de Saigon deux fois par jour. Une heure, de quatre à cinq heure l’après-midi, mais surtout, une heure, de six à sept heure du matin, où il déclenche le réveil des troupes avec son tonitruant: Gooooood Moooooorning Vieeeetnam!

L’humour verbal désopilant et pétaradant de Williams est mis en contraste très subtilement avec une cinématographie douçâtre et fine, presque glauque, toute en langueur et en tristesse contenue. Tourné en Thaïlande, le film nous présente un Vietnam tout à fait crédible, vivant dans la peur faussement tranquille du danger terroriste permanent et sous la pression sourde et ambivalente de l’occupation. À la fois respectueuse et investigatrice, la caméra nous montre une population affairée, discrète, distante, avenante mais sans plus. Je le dis à plusieurs reprise à Reinardus-le-goupil: c’est lui, l’hinterland. Entre ses prestations radiophoniques, qui lui valent une gloire instantanée auprès des troupes et tous les emmerdements imaginables auprès de ses officiers supérieurs (ils lui reprochent son choix musical tonique, son laxisme avec l’info et ses écarts de langage subversifs), Adrian Cronauer se promène en bécane dans Saigon, populeuse et vernaculaire, en compagnie de son placide compagnon d’arme, Edward Garlick (campé avec beaucoup de sensibilité pas Forest Whitaker). Il faut évidemment que Cronauer tombe subitement amoureux de Trinh (jouée, tout en distance et majesté discrète, par Chintara Sukapatana, une actrice thaïlandaise), qu’il la suive jusque dans ses cours d’anglais lange seconde, qu’il se fasse même enseignant d’anglais langue seconde lui-même, pour la revoir. Et il rêve de Trinh, jusqu’à ce que Tuan (joué par Tung Thanh Tran, un jeune acteur vietnamien très convainquant), le frère cadet de Trinh, s’interpose. Adrian Cronauer comprend alors qu’il faut conquérir le frère pour espérer revoir la sœur et c’est ainsi que la plus improbable des amitiés se noue entre ces deux hommes si différents. Adrian reverra platoniquement Trinh, dans son village natal (et entourée de toute sa famille…). Ce sera pour se faire expliquer calmement par elle que l’amour entre l’américain (clown subitement triste, incarnant intensément tout le paradoxe de l’Amérique) et la vietnamienne (incarnant, elle aussi, le Vietnam tout entier, patient, méthodique, serein dans l’épreuve, sans distinction nord-sud), c’est une pure et simple impossibilité dans les conditions culturelles et politiques actuelles.

Trinh (Chintara Sukapatana), incarnation du Vietnam impossible

Arrivons-en directement à notre affaire d’hinterland. Suite à une série de combines tarabustées dans lesquelles les officiers supérieurs de Cronauer sont mouillés, car ils veulent se débarrasser de lui et retrouver leur station de radio insipide de jadis, Adrian et Edward se retrouvent, sans le savoir, seuls en jeep, sur une route de brousse contrôlée par le Viêt-Cong. La jeep roule sur une mine, capote, éjecte ses occupants miraculeusement indemnes, et voici nos deux olibrius perdus dans la jungle et cernés tout en douceur par une phalange de soldats d’Ho Chi Min qui leur crient calmement en anglais que s’ils se rendent tout va bien se passer. Quand la situation semble parfaitement désespérée, c’est soudain Tuan, le frère de Trinh, ce jeune garçon, presque un enfant, qui a de l’amitié pour Cronauer, qui les tire de la nasse. Comme dans un rêve, il descend de Saigon dans un petit cabriolet bleu piscine au moteur crachotant, apparaît comme une fleur au milieu de la jungle, les prends par la main et les guide vers un improbable hélicoptère américain qui se replie dare-dare sur Saigon. Les soldats du Viêt-Cong, des hommes très jeunes eux aussi, armés jusqu’aux dents, ont subitement disparu dans la broussaille. Que s’est-il donc passé? C’est tout simplement que Tuan, sa sœur, leurs amis, leurs familles villageoises, le gros des étudiants de la classe d’anglais langue seconde, toute la population ordinaire de Saigon et du Vietnam du Sud en fait, est en contact permanent, intime, polymorphe, organique, avec le Viêt-Cong…

C’est à ce moment que notre saltimbanque radiophonique qui prenait un tel plaisir à lire en onde, sur un mode sarcastique, les télex d’informations pessimistes censurés par l’armée, redevient le bon américain obtus, bien pensant, heurté dans sa morale rigide et sa conception manichéenne de la guerre. Il retrouve Tuan dans un sombre quartier populaire de Saigon, et on assiste alors à une scène extraordinaire, tant pour la sensibilité des deux acteurs que pour la cinématographie (Tuan se dissimulant dans les recoins du quartier, on n’entend initialement que sa voix, pendant qu’Adrian le cherche parmi les hommes et les femmes de l’hinterland. Cet espace et ces figurants sont époustouflants). Adrian: «Les américains sont ici pour aider les vietnamiens. Je te faisais confiance. Je t’ai donné toute mon amitié et… tu travailles avec l’ennemi». Tuan, en larmes, dans son anglais approximatif: «L’ennemi… Quel ennemi?… c’est toi l’ennemi!», et il énumère tous les membres de sa famille tués par l’occupant américain. Adrian Cronauer, atterré, voit soudain sous ses yeux, dans le discours spontané et naturel de cet enfant engagé dans la guerre feutrée du désespoir, la dissolution du Nord, du Sud, du Front, du Juste et de l’Injuste, de toute la conception classique de la guerre… L’imbuvable logique rigide des fronts confrontée à la mouvance si fluide mais si puissante de l’hinterland. L’incompatible distinction entre guerre de conquête et guerre de résistance. Cronauer déconnecte alors complètement. Il ne sait littéralement plus sur quel pied danser sa danse de cabotin. Il sera éventuellement muté, et la guerre continuera, avec des gamins américains de plus en plus nombreux et ayant désormais de plus en plus de difficulté à se réveiller à six heures du matin…

Good Morning, Vietnam, est justement, de tous points de vue, le film du réveil abrupt. Il est à revoir impérativement par toute personne vivant dans un pays occidental entretenant des troupes «aidant» à l’étranger… Tout y est, patent, limpide. Et, devant cette incroyable capacité des américains à inscrire, dans leurs productions culturelles, une si subtile compréhension historique des erreurs politiques et militaires qu’ils referont de toutes façons, comme si de rien était, Reinardus-le-goupil aura ce mot: «Ils sont intelligents, mais ils sont cons»… Oh oui… et c’est en cela aussi que l’Adrian Cronauer brillamment campé par Robin Williams dans Good Morning, Vietnam les incarne si profondément.

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Good Morning, Vietnam, 1987, Barry Levinson, film américain avec Robin Williams, Forest Whitaker, Tung Thanh Tran, Chintara Sukapatana, Cu Ba Nguyen, 121 minutes.

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Paru aussi (en version remaniée) dans Les 7 du Québec

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Qu’est-ce que le stalinisme?

Posted by Ysengrimus sur 5 mars 2013

Staline par Picasso (1936)

Staline par Picasso (1953)

Il y a soixante ans aujourd’hui mourrait Staline et, rantanplan ritournelle, ses détracteurs ignares continuent encore de bêler et de se lamenter en faisant trop ostensiblement semblant de bien trembler comme des feuilles. Dictateur brutal, assassin livide, génocidaire inflexible. On continue d’ériger Staline en monstre. On fantasme sur ses portraits de mairies et sur ses cyclopéennes images d’Épinal parcheminées, sans même s’aviser du fait que, ce faisant, on continue tout simplement de poissonner dans la propagande soviétique post-stalinienne d’autrefois ou ce qu’il en reste. On transforme la dévotion de jadis en démonisation d’aujourd’hui, en en perpétuant, parfaitement intacte, l’irrationalité frileuse. J’ai de moins en moins de patience pour cette constante propension contemporaine à remplacer l’analyse historique effective, et même la description factuelle la plus élémentaire, par un espèce de petit manichéisme crétin de boutiquier, montrant les bons et les méchants et jugeant l’histoire, sans recul, ni relativisme, ni perspective, ni vision. On commente toujours dans le même sens ce qui nous déplaît dans l’histoire, selon des petits critères arriérés de père et de mère de familles étroits, plutôt que de chercher le moindrement à la comprendre dans sa logique propre, pour s’enrichir effectivement de ses si cuisantes leçons. L’injure intellectuelle suprême consiste à assimiler niaiseusement stalinisme et hitlérisme sous prétexte qu’il y a eu de l’autoritarisme et des morts en pagaille. N’importe quoi, confusionnisme, ineptie. Cessons une bonne fois de cerner notre compréhension factuelle dans le saindoux des bobards moralistes. Deux générations nous séparent de ces drames. Les morts on enterré leurs morts et sont morts eux aussi. Notre modeste tâche est de faire la synthèse, de comprendre ce qui s’est passé au maximum, sans constamment enchevêtrer opinion et description. Posons donc la question froidement: qu’est-ce que le stalinisme? Chose certaine, ce n’est pas une doctrine ou un programme politique formulés. C’est un résultat factuel, historique, immense, collectif. Résumons-en le tableau descriptif, très spécifique.

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Inflexibilité objectiviste. Le stalinisme résulte d’une révolution, d’une révolution majeure. Des événements titanesques, profondément supérieurs en complexité et en magnitude par rapport aux personnalités qui les animèrent, ont porté le stalinisme, lui ont donné ses contours, sa forme particulière, sa raison d’exister. Émanation des faits explosifs, le stalinisme garde, très intimement imprimées en lui, une conscience et une soumission envers ces faits supérieurs. Hyper-conformisme inavoué, le stalinisme sait foncièrement que l’histoire se fait à travers l’immense masse de ses acteurs et que chercher à la dévier ne peut résulter qu’à l’écrapoutissement d’un certain acteur et son remplacement par un rouage plus solide, plus inflexible, plus gyroscopique, mieux coulé. Staline c’est un surnom. Cela signifie «l’homme d’acier». L’acteur staliniste est froid et ferme mais c’est parce que la phase historique qu’il sert est implacable. Et il est insensible non par cynisme, opportunisme, arrivisme ou indifférence, mais par pure et simple solidité. La république de Géorgie et les géorgiens ne bénéficieront jamais du fait que Staline (cela s’entend même à son accent quand il parle russe) est un compatriote, un gars du pays. Le fils de Staline, officier capturé et pris en otage par les Allemands pendant la guerre, ne sera pas échangé contre un Reichfeldmarschall (les Allemands exécuteront l’otage). Ce genre d’arrangement, de traitement de faveur de l’ordre de la combine, ne fait pas partie du dispositif intellectuel et mental de ce qu’est l’intentance staliniste. L’acteur staliniste sent que les forces objectives de l’histoire agiront, que les petites républiques se soumettront à la grande, que le peuple soviétique ne cédera pas au chantage de ceux qui prennent un grand nombre de ses enfants en otage. Le staliniste est calculateur mais, au fond, la soumission machinale aux forces colossales de l’histoire en marche, c’est là le seul calcul qu’il fait vraiment. Quand il se met à croire qu’il peut infléchir les faits à son avantage ou à l’avantage de quiconque, ou les dominer, ou les décrire sans risque, il n’est plus staliniste. Il devient subjectiviste, alors que le stalinisme est fondamentalement un objectivisme.

Crypto-pouvoir (de par l’appareil). Le stalinisme est un pouvoir. Mais ce n’est pas le pouvoir-spectacle emplumé, usurpé et cabot d’un Mussolini ou hystérique, revanchard et mystifiant d’un Hitler. Les présidents de conseils, les commissaires du peuple, les ministres, les tribuns révolutionnaires, les bavards, les agités, les têtes d’affiches, les publicistes… le stalinisme laisse ces rôles à d’autres. Le stalinisme est la quintessence historique et politique la plus achevée de l’éminence grise. Staline garde longtemps un rôle effacé, discret, peu visible. Il occupe un poste pas trop prestigieux au début de son positionnement: secrétaire général du parti communiste. C’est une fonction de plombier, d’intendant, de coordonnateur, de chef de pupitre journalistique classant et sélectionnant des articles écrits par d’autres. Et au lieu de hisser sa personne vers les plus hauts pouvoirs, le staliniste tire les plus hauts pouvoirs vers sa personne. Les plus hauts pouvoirs, disons: les pouvoirs les plus profonds, les leviers, les grands mécanismes, les vecteurs informés d’un appareil qui s’organise comme autorité, par delà les modes, les tendances, les folliculaires et le blablabla. Le stalinisme ne domine pas l’appareil bureaucratique. Il en émane et, éventuellement, l’incarne. Orateur froid, lent, laconique, prosaïque, exempt de pathos ou de passion, Staline fait parler le pouvoir bureaucratique par sa bouche, sur un ton calme. La force faussement tranquille de Staline c’est la trace empirique de la puissance de l’appareil. Par conséquent, il est absolument crucial de se rentrer dans le crâne une bonne fois que quand Staline se met à cultiver des tics de dictateur mentalement délabré (parano, infaillibilisme, cynisme de satrape, scientisme de tocade, antisémitisme), il devient un despote conventionnel et, alors, en soi, il n’est plus intrinsèquement staliniste. Eh oui, les amis, le vieux Staline s’est, en fin de course, passablement déstalinisé lui-même. Khrouchtchev n’aura fait que parachever cette petite œuvre là.

Dédouanement subjectiviste méthodique (de par les adversaires). Le stalinisme est une manœuvre, un louvoiement, un surfing, une survie. Le stalinisme n’est pas une pratique politique d’années calmes ou d’années fastes. C’est un savoir-faire et une action qui opèrent dans le danger majeur permanent. Guerre civile (plombée d’importantes incursions internationales), faillite rurale, famines urbaines, crises de la productivité industrielle, guerre mondiale. Le stalinisme combat certes l’ennemi extérieur. Mais, dans sa facette (inter)subjective, il mène surtout la charge autocritique. Il développe une excellence consommée dans l’art délicat d’encadrer des crises intérieures en les laissant tapageusement fleurir, puis de les faire se solder en l’autodestruction subjective… des autres. Important: les victimes les plus solennelles du stalinisme s’autodétruisent au nom de la cause et de la purification de la cause par la plus radicale et terminale des autocritiques publiques. Le stalinisme joue les droites contre les gauches, les gauches contre les droites, il tire des alliés au centre, les réduit puis les élimine. Le stalinisme corrode et détruit toute compétition, tout vedettariat, toute insoumission frondeuse, toute alternative, surtout les alternatives personnelles, individuelles. On rapporte qu’Hitler enviera la soumission machinale bien huilée de l’armée soviétique, soigneusement purgée avant guerre de milliers d’officiers tête enflée et décorés aux multiples chamarres du temps d’Octobre. Le stalinisme est le contrepoison souverain contre toutes les déviations. Il place la ligne. Les procès de Moscou furent l’exercice de relations publiques suprême de la portion subjectiviste, «dialectique», «autocritique» et infailliblement auto-protectrice du stalinisme.

Fidélité doctrinale de façade. Le stalinisme est une attitude de fausse soumission doctrinale. C’est la posture veule du pseudo-disciple, du vicaire huileux, du thuriféraire ostentatoire, de l’épigone torve, du théoricien tricheur, du tacticien pragmatiste camouflant soigneusement ses initiatives. C’est la scolastique des lendemains qui chantent continuée par des moyens politico-militaires. C’est le mixage internationaliste des nationalités sous haute surveillance des minorités russes des républiques. C’est le stakhanovisme comme déguisement socialiste du fordisme et du taylorisme. C’est la duplicité permanente de la consolidation post-révolutionnaire dans un seul pays. C’est surtout Platon, le modeste lutteur de foire, faisant malicieusement parler le sage Socrate et se cachant sciemment derrière lui. Le principal ouvrage de théorie socio-politique de Staline s’intitule Questions du léninisme. Personne n’a jamais écrit un traité qui se serait intitulé Questions du stalinisme… Dans ce genre d’exposé doctrinal, Staline ne fait avancer ses idées qu’en affectant d’exposer celles de Lénine. Staline embaume Lénine sans lui avoir préalablement demandé son avis. C’est pas simple, intellectuellement, cette affaire là, parce que pour se rendre compte qu’il y a eu déviation, biais pragmatique, distorsion, triche, truc, astuce, révisionnisme (pour reprendre le mot consacré), le penseur de base, le théoricien discipliné, le lecteur assidu, le stakhanoviste honnête, eh bien il doit forer à travers l’épais linceul léninien avant de se taper contre la petitesse et l’absence de vision staliniste… Drôle de dictateur qui s’efface derrière l’étendard d’un maître. Drôle de rouage bureaucratique qui restitue subrepticement l’autocratisme, sans s’allouer la visibilité monarchique ou présidentielle dudit autocratisme. C’est bien qu’il faut apparaître comme le serviteur de la révolution, pas comme son maître. Impérial mais aventurier, Bonaparte a pu dire: La Révolution Française est terminée. Apparatchik quand même lourdement déterminé, Staline n’a pas eu cette latitude.

Fausse faiblesse, souplesse élastique de la trame des rets. Le stalinisme est une grande force hypocrite. C’est une posture radicalement stoïque et faussement flexible. C’est un gigantesque bluff au poker du monde et ce, de droite comme de gauche. Au moment du déclenchement de l’Opération Barbarossa, il y a trois millions de soldats allemands aux frontières de l’URSS. Staline ne dit rien, il semble laisser faire, regarder ailleurs. On a prétendu qu’il ne croyait pas à l’imminence d’une invasion et qu’il s’en tira par la suite, par simple chance. La chance n’a rien à voir avec des événements de cette magnitude. Jamais. Le fait est que Staline avait donné toutes les apparences de la souplesse, de la faiblesse presque, devant l’Allemagne nazie, notamment de par le très calculateur Pacte Germano-Soviétique, si mystérieux et si déroutant pour toutes les gauches (après coup, hein, car sur le coup il fut en fait secret). Les Allemands avancent jusqu’aux portes de Moscou. Ils croient marcher sur du velours. Ils s’empêtrent dans des rets. Froid, indifférent à la somme colossale de destructions subies par son propre pays, Staline vainc incontestablement, imparablement, et c’est d’avoir été sous-estimé. Il n’évacue pas Moscou et finira par prendre Berlin. Il devient l’homme crucial de l’immédiat après-guerre. Et, sur la photo de la conférence de Yalta, il a l’air d’un gros somnambule un peu distrait, presque placide. Ne le croyez surtout pas. It’s an act… Cet homme d’état a feint la faiblesse, la souplesse, la niaiserie, la bonhomie paterne (souvenons nous du surnom vernaculaire de Petit Père des peuples), la modestie ou la distraction, pendant le gros de sa vie de politique. Trotsky le prenait pour un petit joueur. Il détruira Trotsky. Lénine le prenait pour un brutal. Byzantin et subtil, il donnera, à l’aube de la Guerre Froide, au pouvoir «internationaliste» soviétique, une étrange flexibilité caoutchouteuse qui en déroutera plusieurs, à droite comme à gauche, donnant le change pour un bon moment encore. L’URSS ne s’affaissera finalement qu’en vertu du fait que les post-staliniens, Brejnev notamment, subiront comme une sorte de contrainte impondérable l’accalmie mondiale qui fera graduellement ressortir l’armature rouillée, rigide et archaïque, du dispositif néo-impérial post-stalinien. Le stalinisme meurt des scléroses de ses successeurs mais il ne se rend pas, et il n’est pas vaincu. Il n’y a qu’un penseur politique de pacotille comme George Bush Senior pour s’imaginer qu’il a gagné la Guerre Froide! La Guerre Froide (qui ne fut jamais qu’une paix armée) n’a pas été gagnée, elle s’est résorbée. La disparition du stalinisme c’est l’obsolescence des crises révolutionnaires et guerrières du siècle dernier. Hitler et Mussolini furent abattus. Churchill et Truman furent relégués. Staline s’effilocha.

L'homme de l'année du magazine TIME pour 1944

L’homme de l’année du magazine TIME pour 1942

Alors faut-il croire en Staline? Faut-il être stalinien? La question est désormais aussi bizarre que si on se faisait demander: faut-il croire en Cromwell, en Robespierre, en Bonaparte? Faut-il être cromwellien, robespierriste, bonapartiste? Ou alors faut-il conchier Staline? Faut-il être convulsivement antistalinien? La question est désormais aussi injurieuse que si on se faisait demander faut-il conchier Cromwell (qu’on déterra quelques années après sa mort pour pendre son cadavre), Robespierre (qu’on guillotina), ou Bonaparte (qu’on exila)? Faut-il être anticromwellien, antirobespierriste, antibonapartiste? Oh, ce n’est pas d’hier qu’on utilise le discrédit personnel des figures révolutionnaires pour salir l’idée de révolution, ternir son importance, minimiser son urgence. Pas de ça entre nous. S’il-vous-plait, cessons une bonne fois de jouer au foot avec l’histoire… Cromwell, Robespierre, Bonaparte, Staline, ces personnages liges, ces lanternes translucides, ces éléments poreux et labiles furent des émanations révolutionnaires. Comprendre en profondeur ce qu’ils sont, c’est comprendre adéquatement les conséquences reçues des révolutions connues. Sans plus. C’est immense, oui, mais aussi, c’est limité.

Faut-il être révolutionnaire alors? Oui, il le faut. Et oui, il faut attaquer sans faillir les pense-petits ès histoire qui laissent entendre que toutes révolutions, mes petits, débouchent fatalement, providentiellement sur un stalinisme. Ayons la décence de voir combien le stalinisme est quelque chose de profondément spécifique, particulier, concret, conjoncturel. Les particularités d’une conjoncture historique concrète ne sont exploitées pour promouvoir l’immobilisme social que par les éléments voués de toutes façons aux choix de classe réactionnaires. La leçon de l’histoire n’est pas là. L’histoire est un développement asymétrique. C’est aussi une mémoire, une mise en annales des révolutions et contre-révolutions, des crises et des mutations qui ne sont pas «passées» mais plutôt acquises. La leçon de l’histoire est dans l’irréductibilité qui transperce et corrode l’arabesque de ses lois. Il y a eu, il y aura des révolutions. Mais il n’y aura eu qu’un seul stalinisme. Des millions de gens l’engendrèrent et le perpétuèrent, tous ceux et celles qui, sans trop le savoir mais en y croyant toujours un peu (même comme grand pis-aller de protection sociopolitique et de consolidation sociale), mirent en forme historique le développement d’une des grandes phases de passage de la féodalité au capitalisme, celle dont la tête de lecture et la pointe de nef fut, un temps aussi, en Europe Orientale et dans le monde, le ci-devant camarade Staline (1878-1953).

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CHRONOLOGIE SOMMAIRE DU STALINISME

Staline a identifié la survie et la sécurité de la révolution avec sa propre survie.

Emmanuel d’Astier

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1905-1921: LÉNINISME – Révolution de 1905 (1905). Naissance de Brejnev (1906). Première guerre mondiale (1914-1918). Révolution d’Octobre (1917). Guerre civile avec profondes incursions internationales (1917-1923). Staline au comité éditorial de la Pravda (1917). Staline commissaire du peuple aux nationalités (1917), puis aux transports et à l’approvisionnement; dans le cadre de ces fonctions, Staline, le seul des grands chefs révolutionnaires bolchevistes à avoir tué quelqu’un des ses propres mains, est appelé à jouer un rôle de commandement militaire de terrain lors de la guerre civile (1918-1922). Nouvelle Politique Économique, dite aussi «capitalisme d’état» (1921-1928).

1922-1949: STALINISME – Staline secrétaire général du parti communiste (1922-1953). Mort de Lénine (1924). Exil de Trotsky (1927, 1929). Lancement des plans quinquennaux et de la collectivisation des campagnes (1928). Naissance de Gorbatchev (1931). Assassinat du tribun populaire Kirov et premières purges (1934). Procès de Moscou (1936-1938). Pacte Germano-Soviétique (1939). Assassinat de Trotsky au Mexique par un agent stalinien (1940). Opération Barbarossa (1941-1943). Défense victorieuse de Moscou (1941-1942). Victoire soviétique à Stalingrad (1943). Prise de Berlin par les Soviétiques (1945). Stalinisation accélérée des pays satellites (1946-1955). Rupture entre l’URSS et la Yougoslavie de Tito, accusée de dérive nationaliste (1948-1949). Premier essai nucléaire soviétique (1949). Révolution chinoise (1949).

1950-1979: POST-STALINISME – Le charlatan Lyssenko incarne la biologie soviétique (1948-1964). Culte de la personnalité, infaillibilisme, scientisme de toc; devenu le Colonel Sanders soviétique, Staline ne gouverne plus vraiment; habituellement vêtu de blanc, il est un emblème pour les statues et les pancartes remplacé fréquemment par des sosies dans les grands événements officiels (1950-1953). Mort de Staline à 74 ans (1953). Assassinat/exécution de son grand sbire Beria (1953). Mise en place du Pacte de Varsovie (1955). Déstalinisation de surface par Khrouchtchev; seul le culte de la personnalité post-stalinien est vraiment affecté (on bazarde statues et pancartes), la structure bureaucratique étant encore trop puissante (1956-1964). Révolte en Hongrie (1956). Rupture avec la Chine, qui juge l’URSS post-stalinienne «révisionniste» (1961). Kossyguine et Brejnev déposent Khrouchtchev (1964). Néo-stalinisme brejnevien, plus rigide parce que moins puissant (1964-1982). Printemps de Prague (1968). Troubles islamistes dans les républiques musulmanes et invasion subséquente de l’Afghanistan pour en soutenir le parti communiste vacillant (1979).

1980-1985: VRAIE DÉSTALINISATION – Solidarność en Pologne (1980). Mort de Brejnev (1982). Ultimes tiraillements entre les post-staliniens et les déstalinisateurs au sommet (Tchernenko, Andropov, Gromyko etc). Michael Gorbatchev, secrétaire général (1985-1991).

1985-1991: DÉMANTELEMENT DE L’URSS – Gorbatchev, devenu secrétaire général en 1985, syndic de faillite officieux de l’URSS, instaure la Glasnost, la Perestroïka puis assure l’intendance forcée du démembrement de l’union des républiques et le retrait de la référence au «communisme». Le PCUS et la fonction de secrétaire général disparaissent du pouvoir au profit d’une douma multipartite de type bourgeois pour chacune des républiques. La Fédération de Russie occupe désormais les positions qu’avait occupé l’URSS dans les grands forums et sur les grands comités internationaux. Retrait soviétique d’Afghanistan (1989). Dissolution du Pacte de Varsovie et réunification de l’Allemagne (1991).

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Paru aussi dans Les 7 du Québec

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Cette gluante tolérance positiviste qui gangrène notre temps

Posted by Ysengrimus sur 1 mars 2013

Auguste Comte: un buste de pierre planté devant ce cardinal cénotaphe intellectuel qu’est la Sorbonne…

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Pour n’offenser personne, il ne faut avoir que les idées de tout le monde. L’on est alors sans génie et sans ennemi…

Claude-Adrien Helvétius, De l’homme, [1773], tome premier, Fayard, Corpus des oeuvres de philosophie en langue française, p. 440.

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Les prises de conscience les plus virulentes ont souvent les sources intellectuelles les plus éthérées. La théorie qui s’empare des masses, ce n’est pas un vain mot et ce n’est pas obligatoirmenent une si jolie chose… Oh que oui, on pense être dans l’abstrait savant et loin du monde et soudain, vlan, on se tape la gueule sur l’omniprésence pesante et gluante d’un concept. Herbert Marcuse (1898-1979), dans la section intitulée La philosophie positive de la société: Auguste Comte de son traité de 1939 (traduit en français en 1968) sur la naissance de la théorie sociale, cloue justement Auguste Comte (1798-1857), le ci-devant fondateur de la sociologie, sur la porte de la grange. Effectivement, en affectant de faire de l’étude de la société une science «positive», Comte s’avère ériger l’irrationalité délirante de l’ordre social des choses en objet empirique sacralisé et fixe, comme le seraient le cosmos, les plantes ou les animaux. Ce faisant, il marche directement à la formulation d’une virulente apologie de l’ordre (bourgeois) existant, sans plus. Il y a un bon lot de pognes méthodologiques dans la conception positiviste des sciences sociales issue d’Auguste Comte et on peut sans complexe laisser de côté cette procédure scientiste faussement rigoureuse, ce faux relativisme scientifique de toc. Les Poubelles de l’Histoire sont un dépotoir fort spacieux et le POSITIVISME (la philosophie sociologique faussement scientifique d’Auguste Comte) pourrait s’y enfouir doucereusement, en compagnie d’un solide tapon de doctrines spécialisées, biscornues et sans impact de masse réel. Pour sa part, Auguste Comte ne serait plus alors qu’un buste de pierre planté devant ce cardinal cénotaphe intellectuel qu’est la Sorbonne et tout serait dit. Le granit serré du crâne comtien répondrait au vide sidéral du dôme sorbonnard, et la page serait tournée, sans rififi excessif.

C’est pas si simple, malheureusement. Le positivisme de Comte s’avère en effet bien moins hors d’ordre qu’il n’y parait initialement, quand on s’aperçoit avec horreur (merci à Herbert Marcuse de nous le signaler – ça ne tombait pas sous le sens) qu’une des importantes notions sociologiques du susdit positivisme du susdit Comte s’est solidement engluée dans les masses, du moins dans les masses occidentales bien chic et bien proprettes de notre temps si poli et si neutre. C’est le concept de TOLÉRANCE. Matez-moi un peu ça. Marcuse:

Le respect de Comte envers l’autorité établie se concilie aisément avec une tolérance universelle. Les deux attitudes ont la part égale dans ce type de relativisme scientifique où il ne reste aucune place pour la condamnation. «Sans la moindre altération de ses propres principes», le positivisme peut rendre «une exacte justice philosophique à chacune des doctrines actuelles»; c’est une qualité qui le fera accepter «des différents partis existants».

La notion de tolérance telle que le positivisme la développe change de contenu et de fonction. Pour les philosophes français des Lumières qui combattaient l’absolutisme, l’exigence de tolérance ne tenait pas de quelque relativisme, mais constituait un élément de leur combat général pour instaurer une meilleure forme de gouvernement, «meilleure» ayant ici précisément le sens que Comte rejette. La tolérance ne se proposait pas de rendre indifféremment justice à tous les partis existants, elle signifiait en fait l’abolition de l’un des partis les plus influents, le clergé allié à la noblesse féodale, qui faisait de l’intolérance un instrument de domination.

Lorsque Comte entre en scène, sa «tolérance» se présente comme un slogan à l’usage non pas de ceux qui s’opposent à l’ordre établi, mais bien de leurs adversaires. En même temps que le concept de progrès se voit formalisé, le concept de tolérance se trouve détaché du principe qui lui a donné son contenu au XVIIIe siècle. Alors, les positivistes prenaient pour règle une société nouvelle et leur tolérance signifiait intolérance envers ceux qui s’opposaient à ce principe. Le concept de tolérance, une fois formalisé, revient au contraire à tolérer également les formes de régression et de réaction. La recherche d’une telle indulgence découle de la renonciation à tous les principes qui vont au-delà des réalités données, apparentés aux yeux de Comte à ceux qui se règlent sur l’absolu. Dans le cadre d’une philosophie qui entend justifier le système social en place, l’appel à l’indulgence a servi de plus en plus l’intérêt des bénéficiaires du système.

Herbert Marcuse (1968), Raison et révolution – Hegel et la naissance de la théorie sociale, Les éditions de Minuit, Collection le sens commun, pp 402-403 (cité depuis l’ouvrage papier – les segments entre guillemets citent le Discours sur l’esprit positif d’Auguste Comte [1842]).

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Allez-y démêler l’écheveau de ce qui est régressant et nuisible, de ce qui est progressiste et légitime, dans une nasse pareille…

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Maquis idéal de toutes les réactions anti-civiques et de toutes les doctrines factieuses d’intérêts spéciaux (comme le disent trop pudiquement les ricains) que cette tolérance molasse et omnidirectionnelle contemporaine. Allez-y démêler l’écheveau de ce qui est régressant et nuisible, de ce qui est progressiste et légitime, dans une nasse pareille… Le piège à con, en mondovision. Oh que oui, on pense être dans l’abstrait savant et loin du monde et soudain, vlan, on se tape la gueule sur l’omniprésence pesante et gluante d’un concept. Cette fichue tolérance positiviste qui gangrène notre temps, qui niera l’avoir rencontrée? On se fait regarder de nos jours comme Jack l’Éventreur si on ne déroule pas ostentatoirement le tapis rouge devant tout ce qui freine, tout ce qui bloque, tout ce qui minaude dans le conformisme, la soumission, la baillonnade, la veulerie institutionnalisée et postulée. Au jour d’aujourd’hui, il faut tolérer les religions et l’intégralité de leur lot bringuebalant de singeries comportementales et de points de doctrines délirants, les carriérismes cyniques, les arrivismes véreux, les régressions sociales de toutes tendances, les arriérations mentales individuelles et collectives, les monogamies compulsivement dogmatico-axiomatiques, l’anti-syndicalisme primaire et diffamant, les «droits individuels» (de saboter toutes les causes sociales), le «droit de parole» des apologues du brun et du facho, la parlure aseptisée des petites gueules bégueules bien savonnées, les résurgences réacs et néo-réacs de tous tonneaux, les simili-militantismes de toutes farines. Comme il est interdit d’interdire, eh ben il est interdit de ne pas tolérer les intolérants, hein… Coincés, plantés, niqués, piégés dans notre jolie logique! Elle me fait bien gerber, cette aspiration, faussement impartiale, à rendre indifféremment justice à tous les partis existants. Devenue positiviste, conformiste, apologue, droitisée, la tolérance contemporaine s’est transmutée en la gadoue idéale pour bien caraméliser toute prise de partie critique, subversive, progressiste, révolutionnaire. Nos beaux Rocamboles des Lumières nous ont bien légué là un paradoxe inextricable, un piège à homard, un gluau à rouge-gorge, un concept à deux tranchant. On est bien pris avec et on est bel et bien en train de se lobotomiser, avec les deux susdits tranchants. Tolérance des suppôts et des tartuffesques cancrelats sociaux, relativisme absolu du nivellement faussement impartial, immoralité morale et/ou moralité immorale, «libre» pensée contrainte, que faire pour te redonner ta vigueur rouge sang, négatrice et négativiste (non-positiviste) d’antan? Sibylline aporie. Pot de glue innommable. Ah, mais regardez-le, regardez-le bien, le buste d’Auguste Comte sur la place de la Sorbonne. Je serais prêt à parier qu’il ricane…

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