Le Carnet d'Ysengrimus

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  • Paul Laurendeau

  • Intendance

La nouvelle cocaïne du capitalisme: l’écologisme

Posted by Ysengrimus sur 15 décembre 2009

Caricature de Fañch Ar Ruz représentant Daniel Cohn-Bendit, rouage flottant au centre-gauche

Réflexion, toute écolo quand même, sur Daniel Cohn-Bendit comme indicateur sociologique et historique…

En 1920, Lénine écrit un ouvrage intitulé La maladie infantile du communisme: le gauchisme. Il y analyse l’antiparlementarisme de la gauche européenne de l’entre-deux-guerres en expliquant que les parti communistes pro-bolchevistes doivent fermement se positionner entre une ligne doctrinaire trop rigide et un «gauchisme» révolté, trublion et, finalement, trop mou, friable et inutile. Lénine fait comprendre à son lecteur attentif que c’est la rébellion «populaire» et «syndicaliste» qui, de fait, maintient la mouvement des forces sociales progressistes solidement enfermé à la gauche de l’hémicycle parlementaire bourgeois, ce qui perpétue la charpente mentale de ce dernier et paralyse toute possibilité de révolution effective. Être «à la gauche» d’un dispositif politique, c’est se maintenir en son cadre et cela ne le révolutionne pas. Ironisant sur ce titre de Lénine, Daniel Cohn-Bendit écrit, en 1968, un ouvrage intitulé Le gauchisme: remède à la maladie sénile du communisme. Le jeune tribun populaire de Mai 68 cultive alors une analyse inverse de celle de Lénine. Devenus les doctrinaires rigides et hippopotamesques que Lénine avait jadis dénoncés sur sa droite, les «séniles» eurocommunistes, plus précisément ceux du Parti Communiste Français, dirigés, à partir de 1972, par l’insupportable George Marchais (1920-1997), paralysent tous les mouvements trublions, révoltés et réformistes de la gauche libertaire et/ou anarchisante de 1968-1973. La réplique que servit alors Cohn-Bendit à l’eurocommunisme se résume en une phrase remède, un cri primal panacée, jamais écrit, mais souvent prononcé par lui lors des tonitruants débats de Mai: Ta gueule, crétin de stal! Daniel Cohn-Bendit, et la sensibilité libertaire qu’il représente encore, darde, sans complexe et avec la vivace fermeté du cabot assumé, tout communisme institutionnel (incluant naturellement le soviétique, celui des autres pays de l’est du temps, et de la Chine, et du Vietnam, et du PCF, et du PCI et etc…) en le condamnant et le stigmatisant d’une impitoyable monosyllabe: stal (pour stalinien). Incarnant et valorisant haut et fort ce gauchisme tant décrié par Lénine, Daniel Cohn-Bendit combat ouvertement et farouchement le communisme depuis sa toute prime jeunesse politique. (Et, si tu es contre nous, tu es contre la jeunesse, un vieux stal). On analyse classiquement (et un peu superficiellement) Dany le Rouge (en référence exclusive à la couleur… de ses cheveux), cette importante figure historique française, comme un vireur de veste opportuniste, suiviste et un peu incohérent (Dany le Rouge devenu Dany le rose pâle ou l’orange ou le Vert ou même le kaki, lors de son appui à la guerre en Bosnie, etc). Depuis son autre ouvrage symptomatique Nous l’avons tant aimée, la révolution (1992), il aurait changé son fusil d’épaule, retourné sa veste et, tel Jerry Rubin et tant d’autres de la génération des babyboomers, il renierait ses idéaux d’autrefois et se redéfinirait sur le tas et sur le tard. Cette analyse est inexacte en ce sens que ce n’est pas du tout à un changement d’opinion subjectif mais bien à un mouvement sociologique objectif qu’on assiste ici, en Dany et de par Dany. En toute systématicité, Daniel Cohn-Bendit a TOUJOURS combattu le communisme avec acharnement et a cru, dès l’époque de Mai, sans malice ni calcul alors, à la possibilité effective d’une mise en place d’un gauchisme non-communiste. La tourte s’est peut être faisandée dans l’assiette, mais elle ne s’est pas retournée… Cohn-Bendit a cheminé sur son rail en conformité avec ses axiomes de départ. Ce faisant, sa trajectoire politique s’est déployée, avec une implacable cohérence, comme la confirmation de l’analyse, faite jadis par Lénine, du sort socio-historique (et parlementaire) du gauchisme. Cohn-Bendit n’est, en fait, jamais sorti de l’hémicycle… Il y est resté cerné, s’y est hyperspécialisé, et y a circulé, rouage flottant vif et matois, comme un gros rat dans quelque vaste et labyrinthique cage. Mais, systématique toujours, dans son rejet des dispositif nationaleux frileux traditionnels, son hémicycle s’élève, lévite, flotte, se sanctifie. Ce n’est pas un parlement étroitement national mais le parlement européen, qu’il habite et hante comme le plus crédible des bi-patrides. Cohn-Bendit est donc, tout naturellement, toujours installé dans l’espace supérieur, avancé, progressiste, éclairé, qui est celui d’une saine cause à défendre, à vendre: l’Europe (Et, si tu es contre nous, tu es contre l’Europe, un euro-sceptique). Il est important, capital même, de ne surtout pas analyser Daniel Cohn-Bendit comme un renégat, un tourneur de veste, un vire capot, comme on dit au Québec. Ce serait lui imputer un éclectisme de vision qu’il n’a pas, occulter une sourde sincérité qu’il a, et minimiser son importance comme indicateur sociologique. Bille de Ouija historique, c’est en toute systématicité intellectuelle et sociale que Cohn-Bendit suit sa courbe évolutive, son arabesque déterminative, et roule tout doucement vers l’autre bord de l’hémicycle. Il vit, incarne et maximalise la logique d’évolution naturelle des gauchismes. À ce moment-ci de son parcours, Dany est désormais le centre-droite vendable. Sa trajectoire «libertaire» et anti-communiste se poursuit logiquement, comme mécaniquement. Les slogans, la faconde, la bonhomie de Mai continuent de se mettre en scène en lui, toujours sans risque révolutionnaire réel. Ses ardeurs de jadis l’animent toujours, pour la galerie mais aussi pour le cœur, et il continue de donner à ses toutes cryptiques questionculae de président de groupe euro-parlementaire, l’ampleur tonitruante des grandes causes. La différence d’avec l’époque de Mai, c’est que maintenant, il devient graduellement le BHL de l’euro-parlementarisme et, ce faisant, il se crispe plus souvent, s’énerve, panique, calcule, compose. Quand les régimes de l’est, déjà bien putréfiés en dedans, jetèrent bas leurs ultimes obligations socialistes et basculèrent bel et bien, eux, fleur au fusil, dans l’explicite des vireurs de vestes virulents, décryptocapitalisés, les chutes du mur, «révolution» de velours, «révolution» orange et autres fleurirent et Cohn-Bendit fit modestement sa part, devant le gros comédon «stal» de cette société dans la société que fut si longtemps le mouvement communiste français institutionnel… Maintenant, évidemment, le Dany actuel doit vivre avec cela et c’est moins facile et jubilatoire à porter qu’en un certain novembre 1989 (chute du mur de Berlin)…

Pendant ce temps, justement, se mettent graduellement en place les changements «générationnels» que Cohn-Bendit rend perceptibles et ce, à travers et par delà le brouillard des modes politiciennes et des scandales de salissages mesquins à l’américaine. Cohn-Bendit percole lumineusement, comme le durable phare sociologique qu’il est, fut et reste, depuis quarante ans. Le mouvement vert miroite et se reflète en lui. Les ententes écolo-capitalistes s’esquissent déjà solidement… Tant et tant qu’on pourrait en écrire un nouveau, de pamphlet lénino-cohn-benditien. Il s’intitulerait: La maladie dépressive de l’écologisme: le capitalisme. L’écologisme, c’est de plus en plus patent, n’est plus un monopole à gauche. Alors là, il s’en faut de beaucoup. Dany n’en est pas le champion pour rien… C’est désormais un mouvement adaptatif, à cause circonscrite. Il est solidement installé dans le tiraillement bien tempéré de la hautement compétitive dynamique de promotion cyclique, qui n’est rien d’autre que celle d’un type spécifique de publicité culpabilisatrice. L’écologisme, aujourd’hui mainstream jusqu’au trognon, fonde le fameux paradoxe des éoliennes qui veut que, désormais, le projet de société fondamental, crucial, cardinal consiste à aspirer à remplacer les fournaises au mazout surannées et salissantes de nos grosses cabanes de petits bourgeois par des fournaises alimentées par des éoliennes propres mais panoramiquement laides et susceptible de causer des malaises électrostatiques encore mal élucidés. La pulsion politique écolo est déjà bien fragilisée, fragmentée et poussive (s’il reste des «verts» anticapitalistes, pas de problème. Dany les déboulonnera en douce. Ta gueule, crétin d’anticapitaliste. Si tu es contre nous, tu es un démobilisateur, diviseur, ou mieux, encore plus simple, un minable…). Le mouvement écologiste est atteint d’une maladie dépressive qui le ronge et le dégauchise inexorablement: le capitalisme aux abois, en mal de pérennité et de recyclage (de soi). Qu’on soit fourgueur de la crasse des sables bitumineux ou de l’inquiétante houille blanche d’Éole, il va sans dire qu’on vend son jus en faisant son beurre et qu’on enrichit des groupes privés en baratinant les masses sur les vertus quasi-mystiques et bien auto-sanctifiantes d’une alternative énergétique ou d’une autre. L’axiome marchand ne bouge pas d’un pouce, sous la chambranlante charpente du derrick écolo. L’écologisme n’est pas un anticapitalisme. Ce n’est même pas un programme social effectif, malgré le lot clinquant de ses généralités autoproclamées et les divers grigris de ses affectations doctrinales sur le sociétal, l’immigration, l’impôt, etc… La dépression capitaliste pend donc inexorablement au cou du mouvement écologiste comme une meule fatale tirant ce dernier directement au fond du cloaque fétide. Puis, pour le coup, l’antifataliste et anticonformiste Dany ne se laissant pas bastonner comme ça sans réagir, et l’encrier des Danaïdes ne se vidant jamais vraiment, on pourrait y aller encore d’une quatrième brochure, promotionnelle et crypto-électorale celle là. Converse logique de la précédente, elle s’intitulerait: La nouvelle cocaïne du capitalisme: l’écologisme. C’est bel et bien que le capitalisme en faillite, qui ne cessera vraiment jamais de vouloir nous vendre ce que nous avons envie d’acheter et absolument rien d’autre, gagnera (peut-être…) momentanément une seconde vigueur artificielle, boostée, tétanisé, stimulée par l’écologisme. La nouvelle cocaïne du capitalisme: l’écologisme. C’est une brochure que la grande bourgeoisie industrielle lirait d’ailleurs avec attention. Elle la lit déjà fort scrupuleusement, en fait. Il faut bien dire qu’Obama et Cohn-Bendit ont en commun de savoir en quelles officines s’insinuer pour émerger et se nicher solidement au centre…

Entre Gavroche et Vaclav Havel, Daniel Cohn-Bendit, est un anti-communiste non-primaire, un pro-américain non-atlantiste, un crypto-libéral non-passéiste, que la droite s’amuse de plus en plus à taper sur les cuisse, comme on le ferait avec un solide copain un peu foufou du bon vieux temps, dans le bac à sable de toutes nos collusions. Il est, de facto, un compagnon de route fondamentalement néo-réac, doucement monté en graine et de moins en moins discret. Roublard, charmant, direct, novateur dans les formes communicatives sinon dans le fond programmatique, Dany, et ceux qu’il fait toujours un peu rêver, perpétuent, chantent et re-jouent la chute du mur de Berlin et les différentes «révolutions» oranges et de velours de notre temps. Sa tonitruante virulence anti-chinoise n’est rien d’autre que la version de son Ta gueule, crétin de stal! (Si tu es contre nous, c’est que tu lorgnes vers les immense Marchés chinois en négligeant l’Homme chinois) pour un siècle nouveau, en toute cohérence et systématicité, dans la tradition pure et directe du si superficiel, si auto-sanctifiant et si chaleureux gauchisme non-révolutionnaire de Mai.

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Paru aussi (en version légèrement remaniée) dans Les 7 du Québec

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18 Réponses to “La nouvelle cocaïne du capitalisme: l’écologisme”

  1. EDF soutient la fondation Hulot. En 2007, Hulot fait signer un pacte aux principaux présidentiables, incluant la taxe carbone. En 2009, la taxe carbone est votée et … EDF en est exempté. Est-ce une surprise?

  2. Slovar said

    Bonjour et merci de votre passage et commentaire sur Slovar les Nouvelles.

  3. Moa said

    L’expression gauche plurielle se réfère à la période 1997-2002, et à l’alliance ps/pc/vert/divers-gauche, au pouvoir en France à cette époque. Le MoDem a été fondé en 2007. La caricature montrant un drapeau du MoDem, elle ne peut donc dater du temps de la gauche plurielle. C’est juste un détail, mais autant le signaler.

    Me voila soulagé, je vais pouvoir lire l’article 😉

    [Merci de cette correction. C’est hautement apprécié. Merci aussi à Fañch Ar Ruz pour son autorisation implicite à utiliser cette superbe caricature mise en ligne en août 2009 – Ysengrimus]

  4. PaulVirtuel said

    Vous parlez de phare, en voici un, qui me porte depuis un moment :

    C’est mon premier commentaire ici, je crois. Alors, juste en passant: vous lire est un ravissement.

    (PS: mon blog à moi appartient à une typologie très particulière: il n’intéresse, et n’a vocation à intéresser personne… il me permet de fixer mes errances et me permet de profiter d’un hébergement gratuit, c’est un peu du cloud computing bancal)

  5. Jimidi said

    Il eut été intéressant d’avoir la date du numéro de l’Humanité dont est extrait le début d’article… ♣

  6. Bien vu.

  7. Arfinet said

    Bon article; Dany le Bouffon! Comment peut-on être rouge quand on est roux… on est forcément au milieu de la rivière et on coule parce qu’à cet endroit on a plus pied :))

  8. Jimidi said

    Plein de bonnes choses à toi Ysengrimus et à tes proches, pour cette nouvelle année 2010. Perso, je me réjouis à l’avance de venir ici te lire régulièrement.
    Jimidi ♣

    [Grand merci, cher Jimidi ♣. Ce sera un plaisir de vous lire aussi – Ysengrimus]

  9. geache said

    (j’ai toujours été élu par une majorité de cons)

    Voir la vidéo sur YOU TUBE broadcast yourself.

    [Superbe en effet. Cynique, « réaliste » mais incroyablement pur et vrai – Ysengrimus]

  10. sylvain said

    Que des industriels se fassent du beurre avec la houille blanche d’éole d’accord, et c’est bien sûr que les capitalistes qui s’intéressent à l’écologie le font pour leurs poches. Mais le discours des écologistes s’accompagne souvent de propos sur la consommation et une réflexion sur sa mesure, avoir des réflexes d’économies, qu’il faut changer à la baisse quantitative notre mode de consommation, et qu’en plus en agissant ainsi on aurait peut-être pas besoin de souffrir autant au boulot. Je ne suis pas sûr que ce discours soit très pro-capitalisme, mais il est vrai qu’il n’est pas non plus très pro-létariat, du coup, les capitalistes ont peur de perdre leur poule aux œufs d’or et les communistes leurs travailleurs à la chaine.

  11. Coccinelle écolo said

    Je suis écologiste et aussi anti-capitaliste. Je ne peux pas m’empêcher d’être d’accord avec vous mais en même temps je me questionne: l’écologisme mal placée n’est elle pas mieux que pas d’écologisme du tout? Vous me répondrez: çela dépend et c’est vrai! mais la conscience écologiste qui augmente chez le commun des mortels peut vraiment être nuisible? Peut-être que je fais seulement m’illusionner mais je refuse de croire que c’est seulement une mode qui passera.

    [Nuisible, non. Récupérable, si vous excusez le calembour – ysengrimus]

  12. ysengrimus said

    Tiens, tiens, voici qu’il faut casser du Mélanchon. Qui s’extirpe de sa serre pour le faire, Dany, naturellement. C’est tellement dans sa logique…

    http://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2012/article/2012/04/09/m-cohn-bendit-la-vie-ce-n-est-pas-aussi-simple-qu-un-discours-de-melenchon_1682565_1471069.html

  13. Jimidi said

    Il n’y a pas loin, de Dany le rouge à Dany le rouage, en effet.

  14. Bien des mots, trop de mots, pour faire le tour d’une marionnette –opportuniste– une girouette politique prêt à jouer DANY le fou et le saltimbanque pour avoir sa planque dans l’hémicycle de la bourgeoisie. Je n’ai pas le temps de développer ici le pourquoi et le comment de la non-participation léniniste aux élections bourgeoises.

    Paul je me serais attendu de ta part à plus de vigilance. Que le porno Dany l’écervelé confonde à dessein communiste et révisionniste et opportuniste et anarchiste et trotskyste, je tolère –cet homme m’indiffère – mais TOI tu es plus cultivé que ça, il me semble.

    J’avais posé une question dans un texte récent POURQUOI LES PSEUDOS GAUCHES DE MAI-68 ONT-ILS TOUS MAL TOURNÉS ? Parce qu’ils ressemblaient tous –CEUX EXPOSÉS SUR LES ÉCRANS TÉLÉS, COMME UN DÉNOMMÉ BUREAU-BLOUIN– à Dany le démagogue.

    Salut d’un vieux stalinien que ne fermera jamais sa gueule. Crétin de Cohn-BANDIT.

  15. Mura said

    Il a vécu. On se le refera jouer, comme un vieux disque… un vieux disque… un vieux disque…

    http://rue89.nouvelobs.com/2014/04/16/cohn-bendit-quitte-leuroparlement-meilleurs-coups-sang-251534

  16. Bobino said

    La remuante cohérence de Cohn-Bendit est bien explorée dans cet intéressant entretien de 2013:

  17. Sam said

    Excellent et magistral, mon cher Ysengrimus! Je vois que vous avez sorti encore l’artillerie lourde 🙂 la grosse Bertha, et aligné les mitrailleuses sur ses flancs avec des tirs aussi précis… y a plus qu’à ramasser cette gogauche française à la p’tite cuillère 🙂 … ça me rappelle les hilarants blogs de blogueurs marocains qui traitaient la gauche et le parti socialiste en France de «Bouya Omar» ou «mon père Omar» dont juste le nom te fait éclater de rire car le «mon père ou Bouya» est ici prononcé dans le dialecte le plus rugueux et blédard qui soit (l’accent Texan du Maroc on dira), et qui était donc jusqu’à très récemment en fait (fermé il y a a peine quelques années par le ministère de la santé) un marabout et sanctuaire célèbre depuis des siècles dans un certain Maroc des plaines du centre du pays habitées par les tribus arabes aux mœurs bédouines, et considéré par le peuple analphabète comme un asile psychiatrique qui guérit des possessions de djinns autant que des maladies mentales depuis des lustres… 🙂 où les gens par milliers vont enchaîner volontairement leurs proches malades ou s’y enchaîner volontairement eux-mêmes et y séjourner parfois pendant des années pour «guérir» et exorciser le mal avec la «Baraka» du Marabout enterré sur place (le fameux Bouya Omar 🙂 ) le coin drainait tellement de fric, de pratiques quasi chamaniques et autres business en plus de passes de cul parmi ses visiteurs qu’il était pas surprenant d’y rencontrer des «stars» de la chanson populaire, des femmes de hauts gradés et des hommes riches croyant aux vertus du marabout 🙂 bref un «Marestan» arabe ou hôpital psychiatrique à ciel ouvert, avec ses échoppes, ses logis, son boucan vivant couvrant en fait tout un village du même nom et célébrant le marabout une fois par an (comme les centaines de marabouts du pays) avec des «pèlerins» de tous poils venant d’aussi loin que d’Europe et Amérique du nord! (marocains attardés bien entendu du même coin) 🙂

    Et donc ce Danny pour ma part est tout comme un personnage sorti tout droit de ce «Bouya Omar», je dirais… 🙂 autant que la brochette de noms tout aussi flamboyants de cette gauche française ayant viré écolo ou ché pas quoi! Vous avez utilisé les mots justes en tous cas pour décrire ces phénomènes politiques cycliques de la politique européenne, et ces bobos et thèmes auto-culpabilisants de pacotille comme cet écologisme à deux sous, qui ont généré par ailleurs des contrats mirobolants, brassent des milliards, et continuent de plus belle derrière cette pub écolo et cette mobilisation de tous les capitalistes du coin pour mieux vous la mettre bien profond avec du lubrifiant bio et 100% écolo jusqu’aux amygdales comme diraient encore nos bledards du Maroc! 🙂

    Ce Danny n’est rien d’autre qu’un autre «facilitateur» et courroie de transmission dans cette construction parlementaire européenne depuis maintenant vingt ans, pour regénérer et réinventer le capitalisme et lui donner de nouvelles armes comme vous dites… ils sont d’ailleurs plusieurs à gauche à assurer la lubrification de la machine et des rouages en se servant au passage, cultivant une image people de gauchiste en public et un train de vie de bourge bien ancré dans leur vie privée et leurs ptites affaires juteuses… et dont «l’intellect et l’intellectualisme» de mes deux fort aiguisé sert la cause de leurs ptit ego et intérêts divers avant tout, profitant de l’image médiatique qu’on leur a taillé pour en rajouter une couche à chaque fois, et surtout pour prendre part et ne jamais lâcher prise des enjeux politiques en métropole et en France, car ils n’ont pas la moindre influence, ni reconnaissance chez les voisins européens où ils se feraient éjecter avec un coup de pied au cul à la première occasion!

    Votre billet, j’ai l’impression fera son chemin jusqu’à leur parvenir d’une manière ou d’une autre car Danny comme ses semblables n’ignorent rien de ce qui se raconte sur eux dans les médias sociaux et les blogs et ils y accordent beaucoup d’intérêt contrairement à ce qu’on pourrait croire… ils sont parfaitement conscients de leur posture, choix, positionnement et tentent de rectifier, remodeler et soigner leur image en permanence… Bref, un peu comme la prostituée racoleuse (sans misogynie) ancienne mouture… ou encore mieux, genre celles qui fréquentaient Bouya Omar et les «Moussems» ou fêtes de célébration annuelles du marabout… et pour finir sur une blague marocaine, y en a qui tarifaient les passes de cette manière: un coup sur le sol de ciment $1, sur le lit confortable $5, jusqu’à ce qu’elles voient débarquer un genre qui à l’écoute de ce menu de tarifs, lui tend un billet de $5 et lui répond sèchement: pour moi, ce sera cinq coups sur la dalle de ciment! 🙂

    Sur un autre sujet tout de même reliée aux sciences politiques à ce sujet, et faisant un clin d’œil à votre billet que j’avais déjà commenté sur votre carnet, Ethnocentrisme et nouveau monde, j’aurais voulu rajouter cette fois à propos d’ethnocentrisme occidental et sciences politique en général, qu’il n’y a presque rien à y faire, l’occident fonctionne comme une bulle fermée et complètement imperméable aux «étrangers» au monde occidental, aussi bien sur le plan idéologique, social que politique, culturel, mental bien entendu et intellectuel!

    Le monde entier peut vociférer du matin au soir à propos de n’importe quel sujet, cause, phénomène, destin commun, devenir et futur, si l’occident n’a pas encore décidé de l’aborder, de se l’approprier et d’en revendiquer le mérite pour lui seul, c’est peine perdue! Il faut que ce soit un «nom» à consonance chrétienne et non un «nom» de bougnoule quelconque qui puisse aborder le sujet, voir, souvent à travers le plagiat des idées d’un ressortissant du sud et l’exposer pour la première fois en occident, pour que les projecteurs se tournent vers ce «frère occidental bien de chez nous», pour célébrer son «ingéniosité» intellectuelle, sa singularité, sa générosité et autres qualificatifs à l’eau de rose… et donc l’aider à écouler des milliers de livres, en faire un nom qui figure aussitôt dans les «manuels» et bibliographies, etc… Autrement, l’occident restera totalement sourd à tout ce qui peut se dire ou se raconter ou se réclamer en dehors de son périmètre d’influence et ses frontières! Bref, les bougnoules de la terre entière peuvent espérer se faire entendre, il n’y a rien à attendre en fait et en réalité de l’occident! Tout comme ces universitaires par milliers du tiers-monde qui se crèvent le cul et y consacrent des vies sur des sujets de recherche en histoire, en sciences po, en philosophie, et souvent même en sciences pures, ils sont pas prêts d’avoir la reconnaissance ou le moindre intérêt surtout par rapport aux domaines des sciences humaines et politiques, considérées par l’occident comme «sensibles» et pas que pas les establishments… oh non! Par l’occidental lambda, l’universitaire et le profil le plus académique!

    Nous abordons en réalité ici un sujet bien connu, celui de la circulation de l’information et de l’efficience et l’efficacité de la communication, et celui de la prééminence du discours politique, dans un monde dominé par l’occident hégémonique, égocentrique et ethnocentrique consciemment et inconsciemment, ou comment, le reste du monde doit subir sur le plan intellectuel ce déséquilibre qui ne sert que le nord de l’hémisphère en réalité et rencontre ses intérêts ou réalise ses seules aspirations au mépris de tout ce qui peut en réalité animer le reste du monde!

    Et donc lorsque l’occident décide que l’écologie deviendra un sujet et créneau porteur et que gauche comme droite occidentales décident d’orienter la politique, la géostratégie et le capitalisme mondial dans ce sens, le temps que ça prendra pour mousser les agendas des uns et des autres et remplir les poches des uns et des autres, le reste du monde, soit 85% de la population mondiale, devra bien entendu s’y conformer, s’y identifier ou plutôt en décrypter la signification pour s’y conformer et enfin, jouer le jeu et l’intégrer au sein même de son espace culturel, politique, son système d’enseignement, dans une sorte d’aliénation mentale et intellectuelle alignée sur tout ce que produit l’occident et rien d’autre! Ainsi, le monde entier fonctionne aujourd’hui sur le plan politique non pas sur les enjeux et les réalités qui sont propres aux sociétés diverses qui l’habitent, mais sur des enjeux souvent superficiels crées de toutes pièces par l’occident! lol

    Personnellement, étant issu du Maghreb, je peux témoigner de la souffrance mentale des ressortissants du sud, qu’un tel déploiement politique, intellectuel et culturel qui fonctionne sur celui de gamins gâtés en occident , de tous ces parasites de la politique occidentale, comme on nous a fait subir toute notre vie! Nous sommes contraints au silence en réalité, ce que nous pouvons dire ou penser ou clamer sur les toits n’intéresse personne, et bien que l’occident nous reconnaisse notre intégrité humaine et intellectuelle en théorie, il en a que foutre de ce que nous pouvons ramener comme idées ou contribution dont les plus brillantes et les plus éclatantes de clarté et de vérité que certains d’entre nous peuvent évoquer… et le drame, même lorsque certains d’entre nous vivent en occident même, et veulent contribuer de quelque manière que ce soit à la construction sociale, intellectuelle ou politique en place!

    Aujourd’hui encore, en plus des errements et de la perdition de la gauche occidentale bourgeoise depuis des lustres et toute cette esthétique post-moderne dans laquelle elle baigne avec les belles têtes de Bouddha en bronze de toutes tailles qui décorent ses salons «tendance» et lui insuffle encore son inspiration et autres ambiances hédonistes en phase avec ses caprices d’enfant gâté, l’extrême gauche occidentale elle, a décrété que la Russie post-Bolchévique, post-Staline, post-Gorbatchev et post-Yeltsine, constitue avec Poutine, le pire de tous, la meilleure alternative encore à l’impérialisme occidental… dans une sorte d’extension de cette gabegie mentale et psychologique qui l’habite et dont elle se sert pour se déculpabiliser elle aussi! Et si vous jetez un coup d’œil critique sur tout ce qu’elle vocifère et nous rabat les oreilles avec en ces temps-ci, vous êtes frappé par le manque total de discernement, par l’omission volontaire et involontaire mais plus intentionnelle je dirais sur un nombre incroyable de sujets et de phénomènes autant politiques, que historiques, que humains… etc

    Cette mode par exemple de vouloir attribuer à l’occident de l’ouest uniquement, les méfaits de la colonisation de l’Amérique du nord, et le tord subi par les autochtones et les premières nations… en est un qui est significatif, comment cette extrême gauche essaie d’orienter toute introspection historique et en exclure volontairement la partie russe à des fins strictement idéologiques! Ainsi, l’assimilation des autochtones de Sibérie et du nord de la Russie par l’église orthodoxe n’intérresse personne, ou plutôt n’a pas été encore produite dans un moule de l’extrême gauche qui dédouane le régime russe actuel et son héritage de cette grande et immense Russie, autant que les exactions commises par la Russie tsariste et plus tard révolutionnaire à l’encontre des premières nations de Russie! Il faudrait relater en deux mots les exactions commises par la Russie tsariste en Alaska et sur toute la côte occidentale nord-américaine pendant près de trois siècles.

    Je suis donc au final bien obligé d’admettre et de constater que même l’extrême gauche occidentale est aussi hégémonique, ethnocentriste, égocentrique, et dominatrice sans la moindre impunité ou compte à rendre à personne, autant que l’est le capitalisme et la domination par le feu et par la force de l’occident, incluant Poutine, cet écervelé et ce criminel qui ne doit en fait toute son impunité que grâce encore à son origine et sa filiation à ce monde occidental pourri jusqu’à l’os! Je préfère encore franchement et de loin, un Daniel Cohn-Bendit et toute la smala défaillante de la gauche française ou européenne à ces choix suicidaires que veule nous imposer cette extrême gauche de merde! Franchement!

    Cordialement

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