Le Carnet d'Ysengrimus

Ysengrimus le loup grogne sur le monde. Il faut refaire la vie et un jour viendra…

  • Paul Laurendeau

  • Intendance

Archive for juin 2008

Qu’est-ce que le Bellicisme?

Posted by Ysengrimus sur 30 juin 2008

Le Bellicisme est fondamentalement une doctrine commerciale. On vous vend une guerre. Plus précisément on vous vent du guerroyage, une guéguerre. Le principal consommateur du Bellicisme est une administration publique préférablement riche, qui ressent le besoin d’engourdir sa population et de la droitiser en lui insufflant une potion de cheval patriotarde qui la gonflera de l’extase irrationnel des croisades, en assurant de substantiels gains électoraux et un dédouanement implicite des gouvernants face aux besoins matériels effectifs de la société civile… En échange des centaines de milliards engloutis dans le complexe militaro-industriel, dans le pur style du film Wag de Dog mais en immensément plus coûteux, les entrepreneurs bellicistes vous fournissent les apparences d’un conflit, victorieux mais difficile quand même, avec pertes de vies sanglantes et tout le folklore, et où, bien sûr, plus que jamais, tout ce qui clochera sera la faute de l’autre. Il ne faut surtout pas confondre Bellicisme et Militarisme. Le Militarisme promeut le «programme politique» d’une structuration de l’administration civile sur le modèle du commandement autoritaire et intolérant de l’armée. Le Militarisme achevé étant naturellement le gouvernement étatique tenu par une junte avec à sa tête un général. Le Bellicisme ne se soucie pas de ce type de totalitarisme socio-politique menant habituellement au fiasco administratif. Le Militarisme est ostentatoire et public. Le Bellicisme est feutré et discret. Comme un vendeur d’assurance, il se contente de caser son produit et d’empocher, sans tambour ni trompette. De nos jours, le Bellicisme met surtout en marché des fragments artificiels de la bonne vieille tension sociale globale perdue avec la fin de la Guerre Froide au sein d’une civilisation qui, justement, ne marcherait pas si facilement au pas.

Comme toute pratique commerciale contemporaine, le Bellicisme est de plus en plus une arnaque, y compris pour ses propres clients, les administrations publiques elles-mêmes. C’est-à-dire ici que, comme les électro-ménagers, les maisons et les bagnoles, les guéguerres mises en marché par le Bellicisme coûtent de plus en plus cher et sont de moins en moins bonne qualité… La Grande Ratonnade Irakienne de 1991, soi-disant contre la troisième armée du monde, lança le bal des conflits à coûts astronomiques et à résultats de théâtre infimes. On peut aussi mentionner, comme typique mauvaise foi commerciale du Bellicisme, les étirements de conflits, qui, comme les imprévus semi-escrocs reliés, disons, à la construction d’une maison, ou comme les frais d’entretien semi-sabotagiers jalonnant les aléas de la «vie» d’une bagnole, vous allongent les coûts de votre conflit de théâtre de toc pour leur faire atteindre des sommets pharaoniques, d’ailleurs jamais clairement divulgués sur la place publique. Inutile de dire qu’enlisée, coincée, piégée, vietnamisée, pour rapatrier les troupes, l’administration publique devra, encore et encore, casquer. Ces frais seront, eux par contre, claironnés sur la place publique en conformité avec la ferme vision c’est la faute de l’autre du Bellicisme. Ce sera alors: l’administration publique a tant voulu se retirer du conflit que nous tenions si bien (!), voyez maintenant ce qu’il vous en coûte… Seule une administration peu consommatrice de bellicisme mentionnera explicitement des montants chiffrés. “On a dépensé un Trillion dans nos guerres” (Obama dixit en 2010, lors du « retrait » d’Irak – mais il ne précise pas trop dans quelles guerres exactement, ce budget somptuaire). En numération US, un Trillion, c’est un million de millions (dix à la puissance douze). C’est du blé ça les tits copains, foutu en l’air dans de l’improductif pur et absorbé sans ristourne sociale aucune par la portion la moins scrupuleuse et la plus rapace du secteur privé… La  ci-devant glorieuse WWII chiffrée en dollars constants, je me demande bien ce que cela donnerait, tiens, pour un résultat autrement historique… Oui, je vous le redit, il se détériore ouvertement, le rapport qualité/prix des guéguerres pour lobbys bellicistes… C’est cher payé en titi pour péter des gueules aléatoirement avec au final un résultat fort indécis.

Finalement, comme le Bellicisme nuit aux autres types de commerces (tourisme sur le théâtre lui-même et négoce international de denrées non-belliqueuses partout ailleurs), il rencontre de temps en temps les résistances du reste de la bourgeoisie internationale, résistances que l’administration publique consommatrice de Bellicisme s’empresse de discréditer en les qualifiant de Pacifisme.

Il y a un Bellicisme américain, c’est clair. Bellicisme politique et Bellicisme d’affaire. L’armée est loin d’être innocente dans cela d’ailleurs, naturellement. Sauf que: visez bien l’entourloupe actuelle. Soudainement, Vlan! L’Iran, c’est trop pour eux et ils le savent. Qu’est-ce à dire? Eh bien, ils font déjà leur piastre amplement avec les ratonnades actuelles dans les déserts et les montagnes, pourquoi s’encombrer d’une vraie guerre? Le Bellicisme-Spectacle, guerre de toc de notre temps, est beaucoup plus payant et moins coûteux, en compétences qu’ils n’ont pas et en pur et simple argent. Ils veulent d’une guerre qui fait dépenser l’administration publique, pas d’une guerre qu’il faudrait avoir le génie de gagner… C’est pour cela que l’état major américain en ce moment est soudainement contre la guerre contre l’Iran. Ils sont parfaitement réfractaires à voir leur lucratif Bellicisme dégénérer en un vrai conflit qu’il faudrait assumer d’une manière douloureusement classique, avec vraies lourdes pertes (dans tous les sens cyniques du terme). Les Bellicistes deviennent alors eux-même pacifistes pour les même raisons que les autres bourgeois pacifistes: protéger leur propre petit négoce international du (vrai) danger guerrier! Non seulement ils vous vendent à gros tarif leurs boucheries sanglantes, mais en plus, c’est de la camelote, même dans le cadre restreint et inique de leur logique guerrière. Le Bellicisme vous fourgue la Guerre-Citron. Tout le monde arnaque tout le monde dans l’import-export du désespoir et de la mort et cela ne va socio-politiquement nulle part.

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Débats sur blogues publics: le code d’éthique d’Ysengrimus

Posted by Ysengrimus sur 28 juin 2008

blogue

Ysengrimus, gars, ceci n’est pas ton espace de communication personnel…

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Laissez moi vous asséner les cinq mesures autocritiques permanentes d’Ysengrimus quand il ferraille sur des blogues publics:

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1- Ysengrimus, mon bon, lis d’abord tous les commentaires. Si ton idée a déjà été exprimée, ne fais pas se répéter le blogue. Si le thème ne t’inspire pas, eh bien, reste silencieux, un autre jour viendra. Évite soigneusement redites, ritournelles et platitudes.

2- Traite le sujet, Ysengrimus, pas seulement le thème lancé mais l’argumentation formulée sur ce thème par l’animateur ou l’animatrice de la discussion ou par les intervenants. Ne digresse que pour exemplifier. Sois original, articulé, songé si possible, utile, fécond, agréable à lire. Apporte quelque chose. Sois bref. Si ton développement est trop long, résume–le ici et pose tout simplement un hyperlien. Ceux que cela captive iront. Les autres se passeront de ta diatribe en un saut plus court.

3- Si tu n’es pas d’accord avec des éléments de contenu venant de l’animateur ou l’animatrice du blogue ou des intervenants, critique-les explicitement sans complexe mais en focus strict sur le contenu et en évitant toute référence ad hominem. Car, mon Ysengrimus, tu es ici dans un débat d’idées pas dans une querelle de personnes. Corollairement, signe donc le tout de ton vrai nom, cela t’aidera à ne dire que ce que tu dirais sans que le cyber-anonymat ne se mette à te servir de planque involontaire.

4- Ysengrimus, gars, interviens le moins fréquemment possible. C’est souvent tentant et ça pique les doigts d’y retourner en cataracte, en mitraille, mais tu dois penser à ceux qui lisent en silence, pas seulement à ceux qui ferraillent avec toi sur l’agora. Aussi quand, comme souvent, cela vire à la conversation de papoteur électronique entre petits copains en mal de connivence, retire toi. Ceci n’est pas ton espace de communication personnel.

5- Et surtout, Ysengrimus, aime ces gens, aime cet animateur ou cette animatrice et ces intervenants. Ils sont à redéfinir la communication entre médias et lecteurs. C’est difficile mais ils le font et ils le font globalement de bonne foi. Si bien que, s’ils te cassent un verre, ils ne le font pas exprès et t’invitent, même sans le savoir, à te mettre un peu… au recyclage du verre…

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Bill Gates, avancée technique, peut-être. Régression socio-économique, certainement

Posted by Ysengrimus sur 27 juin 2008

Le jugement sévère de l’Histoire est donc amorcé sur Bill Gates. Il a ouvertement volé les innovations des autres à son profit exclusif et re-banalisé le monopole avec privilège. Cet ultime nabab mythologique incarnera donc pour l’Histoire l’art peu subtil de mettre l’explosion technologique au service de l’engraissement du parasite obstructeur. Microsoft est un gros coucou destructeur posé pesamment sur le nid clignotant et souffreteux du NASDAQ. Il n’y a vraiment pas de quoi pavoiser… Les thuriféraires pâmés de Gates invoquent sa ci-devant générosité (gros salaires, musées gratis, etc) pour les employés de sa firme de gras durs sur Seattle. Il faut donc à ce jour avoir la carte du Parti M$ pour aller au musée… Générosité? Élitisme et esprit de corps, oui. Opportunités pour la gagang de petits copains. Miettes éparses pour les dociles et les groupies qui suivent dans le sillage. Rien pour la société civile, dans cette manne aussi titanesque que sélective, gérée selon la doctrine régressante du plus insensible et du plus condescendant des ploutocratismes. Toute la doctrine sociale du capitalisme d’avant le New Deal est là, sur un mouchoir de poche… D’autres suppôts de Gates roucoulent à propos de son virage philanthropique. Holà, holà, ho! Avec entre vingt et cinquante milliards de menue monnaie voletant dans mes poches, je vous en donne moi aussi de la philanthropie, pour me dédouaner de trente ans d’extorsion et de strangulation totalitaire, en faisant mumuse avec les groupes humains de mon choix comme si c’était des figurines sur une table de bureau tertiaire, ou je ne sais quels «avatars» fallacieux… Qu’il s’attaque donc à la rougeole comme il prétend le faire… le symbole est parlant. Je ne sais pas s’il va éradiquer la rougeole, mais il œuvre certainement à éradiquer le rouge…

Bill Gates, c’est le capitalisme qui trahit sa propre doctrine de libre concurrence et remythologise le monopole. Si son entreprise, son «œuvre», a peut-être fait avancer la technologie (?), elle a certainement fait régresser le capitalisme vers des doctrines (pseudo mirifiques) pré-1929. Ce potentat et ses lieutenants peuvent amplement se payer ces petits frais de cours ridicules imposés de droite et de gauche au bout du bras par quelques micro-nations vétillardes, pour leurs pratiques monopolistiques éléphantesque étalées sur une génération… On aurait prédit cet ITT à la puissance mille à FDR au moment du New Deal, il en serait tombé en bas de sa chaise roulante. Même dans leur logique de capi, c’est un totalitarisme monopolistique fou furieux. Ils ont exploité le besoin technique criant d’unifier le parc d’ordi mondial pour se graisser au présent et protéger leurs profits futurs. C’est exactement comme s’enrichir sur la faim… Et Bill Gates peut bien, après cela, se transformer en mascotte inepte et jouer les Colonel Sanders de la technologie. Le mal est fait. Un mal profond et durable. Un cancer lent. Car si l’individu Gates s’en va, on a encore MicroCrosse dans les jambes pour un bon moment… Magouilles… Dictature… Extortion… Médiocratie technique… D’accapareur à ploutocrate à philanthrope. Voilà bien le cheminement le plus fétide imaginable, pour un tel détenteur de ressources spoliées. Ce n’est vraiment pas fini, l’œuvre de Bill Gates. Tiens, ça me fait remonter dans la gorge un vieux poème de Gilles Vigneault intitulé, justement, L’oeuvre:

L’oeuvre

La misère en habit de deuil
De la meilleure coupe
De la plus belle soie
Vient de passer la main tendue
Elle mendiait pour le compte
De la Charité
Trop timide
Ou plutôt reprenons:

La charité en habit de deuil
De la plus belle soie
De la meilleure coupe
Vient de passer la main tendue
Elle demandait qu’on entretienne
La Misère.

(Gilles Vigneault, dans Balises, 1964, Nouvelles Éditions de l’Arc, p. 71)

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Urgent. Il faut saisir la fortune de Bill Gates et construire des écoles et des cliniques avec. Laisser des avoir financiers colossaux du genre de la fortune de ce type entre les mains de propriétaires privés est un crime majeur contre l’humanité. Cela mène au bout du compte à des farfeluteries misanthropes genre milliards en legs à des Fondations pour Chiens… Tout cet argent est un avoir collectif extorqué. Je le redis: il doit être saisi sans délai ni compensation et alloué d’urgence à l’éducation et à la santé.

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Contrôler l’accès à l’internet de nos enfants… écoper la mer…

Posted by Ysengrimus sur 17 juin 2008

enfantordi

Il est de vogue de prétendre contrôler l’accès de nos enfants à l’internet, sous prétexte de les protéger des nouveaux monstres contemporains, tout en se gardant de décrire explicitement les hideurs de ces derniers (qui gardent alors implicitement tout leur suave mystère). Toutes les formules circulent. Mettre l’ordi au milieu de la cuisine, implémenter des logiciels de surveillance, se pencher intempestivement sur l’écran sans préavis, verrouiller des sites, interdire les amitiés virtuelles sur msn, imposer des moteurs de recherche fliqués etc. La répression est féroce, pugnace, ardue, futile. Je le dis froidement: faire cela, c’est espérer ni plus ni moins que la machine joue notre rôle de parent à notre place. La répression est un réflexe sécurisant à court terme, mais destructeur au fil du temps. À bon chat, bon rat. Nos enfants, qui nous battront toujours sur ce terrain, entrent simplement dans le maquis. Ils accèdent à un ordi «libre» chez des cousins, dans le sous-sol du voisin (ils ne nous diront plus où, nous les avons assez réprimé) et là notre fantasme de contrôle tombe court. On se fait détester, juger, dénigrer. On intensifie une guerre sournoise sans espoir, on dialogue de moins en moins, on se braque des deux bords et cela n’accomplit, au bout du compte, rien. Je n’ai jamais rien verrouillé des ordis de Tibert-le-chat et de Reinardus-le-goupil, mes enfants. Je les ai laissé juges, et ils se sont lassés de jeux violents et de cybercopains ineptes par eux-même, bien plus souvent qu’à leur tour. Mais j’ai discuté avec eux, sans artifice: «Soyez prudent. Il peut y avoir des pédophiles qui se font passer pour ce qu’ils ne sont pas, même sur les papoteurs de jeux interactifs». «Quessé ça un pédophile?». «C’est un adulte que cherche à avoir des relations sexuelles avec un enfant». «Ewww!»… «Oui, ça existe. Gardez l’œil ouvert. Si c’est bizarre, faites ce qu’il faut». Un enfant, même jeune, comprend haut et fort ce message et pose toujours les bonnes questions le concernant. Et il y a un principe qui est vieux comme Socrate. Quand un enfant pose une question, c’est qu’il est prêt pour la réponse, la vraie. Ne pas la fournir ou la brouiller est un jeu risqué. Comment formuler la réponse? Simple. L’enfant vous fournira déjà le ton et le style dans la formulation de sa question. Sa question est le cadre pour votre réponse. Il vous guide par l’orientation de sa question. Répondez dans ce ton, ce style et à ce niveau, et cela tiendra parfaitement. Quand un développement plus fin sera requis, il reviendra avec une question plus fine. La première question qui me fut posée fut: “il y a quoi dans le trou du ciel”, par un soir sombre d’hiver, en revenant de la garderie pré-scolaire. L’angoisse était aussi tangible que devant n’importe quel site internet… Fuir les questions n’est pas le meilleur chemin en direction des réponses… Le fait est que si toutes les questions sont répondues calmement et sans jugement de valeur, l’enfant se tournera vers vous comme source cardinale d’info avant bien d’autres instances, internet inclu.

Il y a nettement lieu de se demander si certains parents qui, agissant sur le comportement sans rien expliquer, ne cherchent pas en fait à contrôler la bécane pour justement s’éviter ce genre de conversation délicate avec leurs jeunes enfants… tout juste comme dans le bon vieux temps. Or quiconque a la naïveté de croire qu’il peut faire l’économie des mises aux points sensibles de la vie contemporaine grâce à un bouton «off», des sites verrouillés ou un logiciel de surveillance est en fait de facto celui ou celle qui abdique ses devoirs de parentalité à une technologie. C’est la version moderne du piquet de la chèvre de Monsieur Séguin, sauf que la petite biquette dispose de douzaines de terminaux pour arracher son piquet désormais. Prétendre contrôler l’accès à l’internet de nos enfants, c’est prétendre écoper la mer… et c’est emprisonner notre enfant dans un cachot incompréhensible sans s’expliquer. Et, il faut s’en aviser froidement, avec ce genre de conditions carcérales de vie, tout ce que vous faites, vous augmentez les motivations poussant votre jeune fille en fleur vers le motel avec un cybercopain, plutôt que vous ne les réduisez. La parentalité totalitaire a ses coûts. En fliquant l’ordi de vos bambins de 12 ou 13 ans, sans commencer à ouvrir le dialogue délicat en cause ici, vous hypothéquez votre compréhension réelle de la situation présente et future. Et vous recevrez la facture d’ici quelques années. Votre biquette obéissante et hypocrite au clavier bien tempéré à 13 ans sera une lionne révoltée à 16 ans. On verra où sera son ordi alors… Tous les illusionné(e)s avec enfants de moins de 14 ans qui croient détenir le truc pour contrer le loup vont avoir des réveils raides quand leur petit chérubin deviendra un techno-ratoureux se foutant de leur poire et qu’ils auront raté ensemble les temps cruciaux du dialogue fructueux, en dormant illusoirement sur le bouton “off”… En prérant la répression facile au dialogue difficile, vous enseignez à votre enfant à mieux vous rouler plus tard, point barre. Parlez-en aux hommes et aux femmes de moins de trente ans aujourd’hui. Eux ont de la technologie, ils ont vécu cette dynamique et disposent maintenant du recul de l’adulte. Ils vous le diront clairement. Vous les verrez décrire de l’intérieur, avec la voix du coeur, exactement le beau risque auquel je crois. Ce sera: voici comment j’ai technologiquement contourné mes parents méfiants, ou voici comment je me suis tourné vers mes parents confiants au moment où… Le parent totalitaire est voué au résultat contraire à ses espoirs, sur les cyberquestions comme ailleurs. Liberté n’est pas négligence. Respect n’est pas insensibilité. Confiance n’est pas indifférence. Il ne faut pas chercher à écoper la mer, il faut contempler ensemble son flux torrentiel avec lucidité et ouverture. C’est là le pari incontournable de la parentalité actuelle. Et, observation corollaire non négligeable, nos enfants sont dans leurs chambres devant leurs ordis. Ils sont avec nous, au logis. Ils ne sont pas dans la ruelle, au billard ou à la taverne. Il y a des parents d’il y a 30 ans qui trouveraient cette conjoncture du 21ième siècle parfaitement paradisiaque… Je n’ai pas à épiloguer…

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Le chêne et le roseau. Pourquoi l’épanouissement identitaire serait-il un communautarisme? Pourquoi le repli identitaire serait il un multiculturalisme?

Posted by Ysengrimus sur 16 juin 2008

D’autres syncrétismes de grande valeur émergeront...

Des syncrétismes de grande valeur émergeront…

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L’un dans l’autre, la question de l’intégration multiculturelle ou pluriculturelle ou interculturelle rencontre deux traitements, celui du chêne et celui du roseau.

Le chêne: la France. La République se réclame d’un certains nombre de valeurs de base qui fonctionnent comme des principes axiomatiques. Tous les citoyens étant égaux devant la loi française (dont l’extraterritorialité est fondée et légitimée dans la ci-devant universalité -voulue ou réelle- des fameux droits humains – valeurs de 1789, que les ricains implémentèrent… en 1776, mais bon) et il faut se conformer. On ne touche pas plus à la laïcité qu’on ne touche aux congés payés. L’immigrant et ses descendants sont une sorte d’accident de parcours, un apport toléré s’il s’intègre, un candidat, serein ou rebelle, à l’assimilation. Politique identitaire est un terme péjoratif en France. Le concept central pour eux, c’est le communautarisme, synonyme de replis identitaire, de résistance indue face aux exigences élémentaire de la vie publique, de crispation passéiste.

Le roseau: le Canada. Terre d’immigration dotée de deux peuples fondateurs égaux en droits et en valeurs… sinon dans les faits. Décontraction très Nouveau Monde, ouverture (non exempte cependant d’un type tout particulier de condescendance onctueuse et bienveillante parfois presque fétide, oh que oui…). Toutes les religions, tous les restos, tous les langages. Port des couvre-chefs religieux autorisé partout, sans problème particulier. Tolérance est le maître mot, le calcul étant qu’une intégration saine et effective ne se fait pas sous la contrainte des lois mais par le serein exemple. Le Canada se réclame de la notion cardinale de multiculturalisme et l’épanouissement identitaire est une valeur endossée et promue. Huit personnes sur dix rencontrées sur la rue ignorent purement et simplement la signification glauque du mot communautarisme.

Attention important! Notez qu’il ne s’agit pas ici de reprendre le jugement de valeur porté par la fable de Lafontaine. Notre bon fabuliste n’est pas nécessairment un auteur réaliste! Si le chêne de la fable se déracine tandis que le roseau plie et reste indemne, la moindre promenade auprès d’un de nos beaux lacs canadiens vous montrera des roseaux ayant cassé net d’avoir été trop flexibles et des chênes ayant parfaitement résisté à l’orage…

Ceci dit, ces deux modèles gagneraient chacun à s’inspirer un peu de l’autre. L’exemple historique du Québec est ici particulièrement parlant. Au moment de la conquête anglaise de 1760, une population française de 60,000 âmes, implantée depuis plus de 150 ans, se retrouve subitement encadrée par un occupant n’alignant pas 20,000 gogos. Le cas est savoureux, piquant et fort utile à la réflexion car ici, c’est l’immigrant minoritaire qui tient le pouvoir économique et politique… Spontanément communautaristes, du communautarisme du charbonnier en quelque sorte, les canadiens français du temps voyaient à leurs affaires, leur religion de chapelle, leur cadastre rural, le mariage de leurs fils et de leur filles, leurs corvées villageoises, leur pot-au-feu, selon leurs lois, us, pratiques et coutumes traditionnels. Le conquérant, un peu ébahi par la cohérence bourrue de cette autonomie vernaculaire, a vite vu qu’il ne pouvait pas réformer et angliciser tout ça. Il a donc justement fait la part du feu. Les crimes, impliquant notamment mort d’homme, les arnaques majeures, les insurrections, seraient traités selon les lois de l’occupant. Pour le bazar de litiges, de cadastre, de récoltes, de constructions de chapelles et de mariages, arrangez-vous entre vous avec vos lois françaises. Le Québec a, encore aujourd’hui, un code civil français et un code criminel de common law britannique. Il tient aux deux, comme il tient fermement à son parlement de type britannique, où il traite ses affaires en français… En 1774, deux ans avant la révolution américaine, craignant que les français de la vallée du Saint Laurent ne veuillent s’associer à la république américaine naissante, les occupants britanniques du Dominion du Canada, toujours numériquement minoritaires, produisent la première loi multiculturelle ou interculturelle ou pluriculturelle en terre nord-américaine, L’Acte de Québec. En un mot: OK les copains, vous pouvez rester catholiques, vous pouvez conserver la langue française, vous ne devez plus prêter explicitement serment au roi d’Angleterre. Les autres ont répondu Vive le Roi George! (en français) et les bataillons canadiens français eurent un rôle important à jouer pour empêcher la révolution américaine de s’exporter dans nos arpents de neige… Notons au passage qu’il y a donc, ici aussi, une république jouant un rôle de dynamo… extérieure, mais quand même…

Peut-on donner tort aux Québécois d’avoir continué de faire cuire leur couscous et de porter leurs voiles, si vous me passez l’analogie? Peut-on les accuser de replis identitaire pour avoir perpétué ainsi leur existence nationale, produisant une des cultures francophones les plus originale au monde hors de France, et imposant de facto à toute l’entité canadienne la notion profonde et définitoire de multiculturalisme, dont celle-ci, sans le dire trop fort, se serait bien passé autrement? Conseil d’ami: n’allez pas dire aux Québécois qu’ils auraient aussi bien pu s’assimiler, cela les crisperait fort. La notion d’assimilation est hautement péjorative pour eux. C’est purement et simplement la suprême exécration. La culture arabe de France ne pourrait-elle pas, modulo les ajustements requis, produire un résultat lumineux similaire? Par la force des faits, les britanniques paniqués des premières décennies de la Conquête de la Nouvelle France nous donnent la leçon du roseau.

Mais 250 ans plus tard, cette société québécoise, aujourd’hui laïque et moderniste, se rend compte soudain que cette souplesse anglo-saxonne qui fonda son existence commence à sérieusement gripper. Les québécois et les québécoises sont profondément féministes, le droit de la femme est pour eux un enjeu cardinal. Peuvent-ils reprocher à nos jacobins de Français, dans leur raideur et leur grandeur, de vouloir dire ça suffit! quand des pratiques juridiques inégalitaires grugent et compromettent de partout leur égalité républicaine qui est aussi un peu la nôtre? Sur le droit des femmes, si durement acquis, si fragile encore, si incomplet, la fermeté française en matière de replis identitaire (de ghetto ethnoculturel, de combines maritales louches, de magouilles d’immigration, d’oppression occulte de l’immigrante par l’immigrant – et, oui, comme la version française nous le suggère fortement, appellons un chat un chat) nous donne indubitablement la leçon du chêne.

Pourquoi l’épanouissement identitaire serait-il un communautarisme? Pensez au Québec, de plus en plus ouvert sur le monde et épanoui. Ce n’est pas un communautarisme. Pourquoi le repli identitaire serait il un multiculturalisme? Pensez aux femmes immigrantes ne bénéficiant pas effectivement des lois nationales et vivant incarcérées dans leur propre communauté, coupées du monde. Il n’y a pas grand chose de multiculturel là-dedans. Complexe.

Pensez, pensez… Pensez syncrétisme du chêne et du roseau…

Il faut doser ces deux apports, au cas par cas. Voiles, turbans, bouffe, couteaux rituels, mariage, musique, héritage, patrimoine, écoles, garderies, hôpitaux, banques, religion, laïcité tout doit y passer. Il faut patiemment tamiser. Chêne ici, roseau, là, Chêne pour ceci, roseau, pour cela, Il y en a pour une bonne génération. D’autres syncrétismes de grande valeur, ethnoculturels ceux-là, en émergeront, si c’est fait proprement… Je suis optimiste.

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À propos de l’Oubli

Posted by Ysengrimus sur 12 juin 2008

L’OUBLI. est un phénomène complexe et c’est aussi —surtout— un mal à combattre. L’oubli c’est ce réseau de tuyaux de bois résinés bien étanche qu’on a retrouvé à Saint Fabien (compté de Rimouski) en construisant la nouvelle autoroute. C’est ce qui pousse à élire Thatcher et Reagan cinquante ans seulement après avoir élu Mussolini et Hitler. C’est la technologie du vitrail médiéval. C’est le secret pourtant non gardé de l’invention de la batterie. C’est la genèse historique du pain et l’origine géographique des nouilles. C’est l’acte manqué des psychanalystes. C’est le sort de Louis XVII et le faciès du Masque de Fer. C’est ce qui amène à négliger la friction entre les parties d’un mécanisme le jour où il s’avère que cette friction est non négligeable. C’est ce quelque chose qui fait que le pont s’est effondré, que le rendez-vous a été raté. C’est pratiquer le kendo comme un art alors qu’à l’Ère Edo on le pratiquait comme une technique guerrière. C’est la biographie toujours ultra-sélective du faux génie Alexandre Soljenitsyne. C’est souhaiter de tout son coeur (pour des raisons légitimes, du moins moralement) ne pas rééditer cette ordure intellectuelle de Mein Kampf. C’est la quasi-impossibilité de se rendre aussi près du Pôle Sud que le fit James Cook, même en mobilisant des technologies dont James Cook ignorait tout. C’est le mystère indéchiffrable de la langue étrusque. C’est le vrai visage de Samuel de Champlain. C’est la nouvelle mode branchée du lait cru. C’est trouver que Mario Dumont est un bon gars. C’est le son du Jazz et de la bastringue en 1896. C’est l’invention graduelle et vernaculaire du baseball. Ce sont les Statues de l’Île de Pâque. Ce sont les papesses, les soldates, les flibustières, les éclaireuses, les bûcheronnes de l’Histoire. C’est l’existence de la gastronomie sur une planète où tout le monde a faim. C’est se faire surprendre pour la troisième fois par un choc pétrolier et pour la trentième fois par un krach boursier. C’est la quasi-intégralité de notre enfance. C’est le fait absolument terrible que qui a bu, boira. C’est le Soldat Inconnu, sa guerre lointaine et le nerf de cette guerre. L’oubli, c’est l’instrument d’oppression et de sujétion par excellence. Tous ensembles, il faudrait ne jamais rien oublier.

Et je constate, avec tristesse, qu’il y a quelque chose de vachement non dialectique dans certains développements de la gnoséologie (théorie de la connaissance) marxiste autour de questions de ce type. Certes elle établit que la connaissance humaine peut, par delà les artefacts de la subjectivité et des conflits d’opinions, parvenir à fouiller, à capter, à saisir la complexité du monde matériel extérieur à nos consciences individuelles et collectives (on se rappellera les discussions par Lénine des positions de Kant dans Matérialisme et Empiriocriticisme). Par contre, on sombre dans le positivisme le plus béat aussitôt qu’on affirme que la connaissance humaine tend irréversiblement vers l’illimité sans perte en chemin (Lénine, Engels et aussi Mao Zedong, De la Pratique). Je n’ai trouvé nulle part dans le marxisme classique ce concept, pourtant fondamental en gnoséologie, qu’est l’oubli. La prise en compte de l’oubli dans l’évolution (tant ontogénétique que socio-historique) de la connaissance va inévitablement de pair avec une autre démarche absolument indispensable à notre époque: la dénonciation du triomphalisme scientiste. Il y a encore bien du travail à faire pour comprendre tout cela.

La vérité, la vérité, la vérité, la vérité, c’est une poignée de sable fin… qui glisse entre les doigts (Raoul Duguay).

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Tiré de mon ouvrage, PHILOSOPHIE POUR LES PENSEURS DE LA VIE ORDINAIRE, chez ÉLP éditeur, 2021.

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Paru aussi dans Les 7 du Québec

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Hypersexualisation, hyper-information, hyper-oubli

Posted by Ysengrimus sur 9 juin 2008

Les tenues modernistes de la prime jeunesse des années 1920...

Ré-examiner attentivement les tenues modernistes de la prime jeunesse des années de naguère…

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Dans la chanson Sweet Little Sixteen, écrite il y a un demi-siècle, Chuck Berry parle des robes étroites, du rouge à lèvre vif et des talons aiguilles portés par la jeune adolescente de 1958, quand elle sort danser le rock’n roll tard le soir (alors qu’elle se refringuera en écolière le matin suivant. Elle a tout juste seize ans et… se trémousse ainsi dans toutes les salles de danse de l’Amérique). Marjolène Morin rendit hommage, dans les années 1970, à cette composition, dans son interprétation tonitruante la pièce Suite 16 du groupe québécois Corbeau. On se souviendra de l’évocation que nous servit alors Marjo (née en 1953, elle avait 5 ans quand Chuck Berry écrivit sa ballade rock): J’me suis mis à r’garder les magazines. Tout c’que j’voyais c’était des sweet sixteen déchaînées…

Déjà des magazines… Déjà des tenues provocantes… Déjà de toutes jeunes femmes… Ce sont là de simples exemples pour dire qu’on pourrait faire une histoire détaillée de l’hypersexualisation des très jeunes femmes qui remonterait facilement tout le vingtième siècle à rebours. Il suffirait d’y appliquer l’attention et la prudence habituelle des mémorialistes: revoir les vieilles bandes d’actualités, compulser les films et les photos de famille, ré-examiner attentivement les mini-jupes de la prime jeunesse des années 1960 et les tenues modernistes de la prime jeunesse des années 1920… ou simplement en discuter doucement avec nos mamans et nos grand-mamans. Oh, mais en matières sexuelles, on aime tellement oublier et réinventer! On aime tant croire que tout débute en notre temps. La sexualisation est pourtant avec nous depuis un bon moment. Il s’agit ni de minimiser ni d’hypertrophier le phénomène. Surtout il s’agit de bien passer le tamis entre le sain et le malsain.

C’est que le pépin qu’on semble rencontrer ici n’est pas un problème de sexe mais un problème de sexage (c’est-à-dire de rapport entre les sexes). Il semble que, du temps des sweet sixteen de Berry et de Marjo, sexualisation allait de pair avec libération. Marjo: À douze ans déjà j’commencais à bouger, J’me doutais ben qu’un jour, toute allait exploser. La libération sexuelle, pour le personnage féminin de sa ballade rock, va directement de pair avec quitter le voyou bagarreur et obtus qui se prend pour son amoureux et affirmer son indépendance de femme (Roméo, va falloir que j’men aille), tout comme les gamines de la chanson de Berry affirmaient leur indépendance de jeunes adultes face aux valeurs parentales traditionnelles… Sauf que… de nos jours, rien ne va exploser… On dirait plutôt que ça va imploser… tant et tant que même le terme libération sexuelle cloche passablement à l’oreille contemporaine. Sexualisation aujourd’hui va de pair avec soumission oppressante à l’ordre de la version contemporaine du petit voyou obtus de la chanson de Marjo. Oppression sexuelle serait le mot de ce jour, on dirait. Ça, ça ne va pas. En ce sens que ce n’est pas le sexe ou la séduction qui faussent l’équation ici, c’est ce qu’on en fait au coeur d’un rapport humain plus global.

Aussi, prudence. Si les particularités contemporaines de la sexualisation ne trouvent comme réplique adulte que le repli bigot et le resserrement moraliste face au sexe et aux relations intimes des jeunes, on fonce tête baissée vers un mur. C’est que l’hypersexualisation de notre temps, c’est aussi une hyper-information. Nos gamines en savent un bout et tenter de verrouiller leurs ordinateurs est l’option parfaite pour faire rire de soi sans effet tangible. Essayons minimalement de dire nos lignes adultes avec le peu de panache dont on dispose. On disposait du sexe et des relations intimes à leur âge… pas de l’ordinateur…

Il ne faut pas réprimer. Il faut démontrer. Fondamentalement, il faut démontrer que séduire n’est pas obéir et que le nouvel hédonisme féminin, sous toutes ses formes et manifestations, est parfaitement légitime tant qu’il reste une affirmation de soi et non une négation de soi face à l’homme… et face aux autres femmes si celles-ci servent outrageusement l’homme. La ligne à tirer est là, pas ailleurs. C’est une ligne féministe, pas moraliste. Vaste programme… raison de plus pour laisser l’alarmisme au vestiaire et pour puiser dans notre propre héritage, personnel et historique, de sexualisation adolescente pour voir plus clair dans cette crise actuelle du sexage, ultime chant du cygne d’un phallocratisme qui n’en finit plus d’agoniser en se vautrant tapageusement dans les médias et partout ailleurs. Et notre pire handicap sur cette question face à nos filles n’est pas leur hypersexualisation ou leur hyper-information. Notre pire handicap, c’est notre propre hyper-oubli. Hyper-oubli de Berry, de Marjo, de tant de (jeunes) femmes du précédent siècle, mais surtout hyper-oubli de notre propre adolescence et de nos propres motivations passionnelles d’origine. Souvenons-nous. Simplement. Au lieu de refouler, souvenons-nous… Ce sera déjà une solide base de dialogue dans la difficile mais cruciale démonstration féministe qui est bel et bien à faire à la jeune femme curieuse et attentive de notre temps…

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Paru aussi dans Les 7 du Québec

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Barack Obama: émerger à gauche, présider au centre

Posted by Ysengrimus sur 5 juin 2008

Bon, mettons nous une seconde dans la peau d’un grand bourgeois américain de ce temps. Le personnage est aussi puissant que discret. Totalement non-médiatique, inconnu du grand public, c’est un décideur rompu aux affaires locales et internationales, ses entreprises ont des filiales partout au monde. Il incarne le vrai pouvoir financier et industriel. L’argent rentre sans tambours et est réinvesti sans trompettes. Mais, depuis quelques années, les choses tournent moins rondement. Un antiaméricanisme poisseux, palpable, profond, tenace, pugnace se manifeste aux quatre coins de son empire feutré. Il perd des contrats, ses employés et cadres se font bousculer de-ci de là, ses clients internationaux sont crispés, cassants, on lui préfère des concurrents d’autres portions du monde, les hommes politique de ses contrées d’accueil lui font des tracasseries. Toute la structure de sa vaste entreprise ramifiée semble avoir perdu le fun des choses. Ces histoires de onze septembre, de guerre en Irak, de terrorisme et de Haliburton dépriment le moral, ternissent l’image américaine, exacerbent tous les recoins de la planète, brouillent les cartes, et nuisent au bon négoce. L’administration Bush apparaît dogmatique, ethnocentriste, arrogante, déconnecté, ahurie, usée. Elle n’écoute plus vraiment personne. Pas même la grande bourgeoisie… De fait, si tu n’es pas dans le pétrole ou dans le canon, elle te sert bien imparfaitement, cette administration rétrograde… pour ne pas dire pas du tout. Or notre grand bourgeois ici est ni dans le pétrole ni dans le canon (tout le monde ne peut pas y être!). Le gouvernement n’est pas son client exclusif, il s’en faut de beaucoup… Notre grand bourgeois ici n’est pas, au sens strict du terme, un lobbyiste. Car un « lobbyiste » on l’aura bien compris, ce n’est jamais que le représentant des entreprises dont l’administration du jour est la créature. Cela, en ce moment, procède d’un segment bien étroit et bien traditionnel de la production industrielle (pétrole, canon) et, moderne en l’occurence lui, notre grand bourgeois n’en est pas… Un autre jour viendra pour un autre lobbyiste sans doute, car, tous les savent, les lobbyistes ce sont toujours « ces lobbyistes là« . Les luttes internes de la grande bourgeoisie, cela existe et cela ne démord pas. Bref, un autre jour viendra…

Arrivent les élections de 2008. Un candidat génial, sang-mêlé, généreux, charismatique et populaire, une sorte de surdoué oratoire, émerge depuis la gauche. Oh, depuis une gauche bien douce, une gauche bien tricolore, une cocarde bien de chez nous. Il ne dit rien de spécialement faux. Il dit en fait ce que tout le monde pense depuis un bon moment. Il le dénonce justement, ce lobby des corporations traditionnelles et ce complexe militaro-industriel -bon, ça c’est de bonne guerre- mais surtout, il analyse finement l’effet strangulatoire de l’action dudit lobby sur l’administration publique. Et de là, bifurquant dans le bon sens, se posant sur le bon espace, il s’en prend aux chamailleries politiciennes oiseuses de Washington, à la paralysie gouvernementale, aux stérilités sclérosées du bipartisme hargneux. Il tient donc très bien sa place. Une place politique, solidement ancrée dans sa formation de constitutionnaliste. Il respire la réforme sans évoquer la subversion. On l’aime. On fait consensus autour de sa personne. Et lui, il veut justement bâtir un consensus politique. En un mot, et il le dit en toute candeur, il émerge à gauche mais entend présider (et peut-être même gouverner) au centre. Bon, notre grand bourgeois, qui ne fait pas spécialement de politique, se serait intéressé modérément à la chose, mais un fait a capté son attention.

C’est que ce candidat présidentiel éclatant, unique, spectaculaire, lumineux, Barack Obama, veut redonner le rêve américain à ses concitoyens et au monde. Au monde, hum hum… Il en fait tout un raffût d’ailleurs, et, ma foi, pube la chose fort efficacement. Lui, né à Hawaï d’une mère du Kansas et d’un père du Kenya, ayant réellement vécu dans ledit monde, notamment en Indonésie, pays de sa petite enfance, veut établir entre l’Amérique et ledit monde une manière de New Deal. Moins impérialiste, plus empathique, moins belliqueux, plus diplomatique… ou quoi que ce soit dans le genre (peu importe le détail, en fait, du moment qu’on coupe un peu dans tout cet arrogant gaspillage guerrier ayant court), cette nouvelle donne devrait surtout contribuer mieux que quoi que ce soit d’autre à décrisper l’atmosphère internationale qui en a, il faut bien le dire, grand besoin, dans le contexte actuel de dilapidation, de pillage des ressources alimentaires et de gabegie militariste. Ah non, le pire ennemi de ce captivant candidat historique ne sera pas la grande bourgeoisie de centre-droite… Notre grand bourgeois, cyniquement familier avec la solide machine à recyclage administratif et symbolique que sont les institutions politiques de son pays, ne s’y trompe pas. Il se le redis: le pire ennemi de ce candidat historique ne sera pas la grande bourgeoisie américaine ou mondiale. Le pire ennemi de ce candidat historique seront la guerre (et le segment étroit des entreprises bellicistes qui en vivent), l’antiaméricanisme, l’ethnocentrisme et l’intolérance sectaire de toute nature. Ce candidat saura possiblement déraciner ces tendances, chez ses compatriotes comme chez les autres, les approcher dans leur complexité, les circonscrire, les cerner et ce, avec le doigté et le sens des affaires mondiales requis. L’un dans l’autre notre grand bourgeois moderne de ce nouveau siècle juge que ce candidat présidentiel, nouveau aussi, et lui-même ont en fait en de tels ennemis des ennemis communs… Aussi, que pensez-vous donc que ce grand bourgeois ajustable, qui en a fameusement marre de la crispation des peuples et des tensions mondiales, fera, quand l’organisation électorale de cette merveilleuse tornade politique viendra le solliciter pour du financement (vu qu’il n’est pas, au sens strict du terme, un lobbyiste, enfin, disons, pour le moment, « un de ces lobbyistes là« )?

Eh bien il le financera, cet astucieux recycleur d’américanité … discrètement, comme d’habitude. C’est que… si l’impérialisme américain décline, autant se mettre tous ensembles pour le faire se poser en douceur… et voir venir les nouvelles opportunités d’affaire pendant la descente… Quand il circula à Paris et à Londres, le candidat Obama parla, ouvertement mais aussi en douce dans les officine, de la globalisation des capitaux internationaux, de la réforme des institutions mondiales les concernant, comme au bon vieux temps de l’internationale du pognon qui donna tant de boutons jadis au mouvement ATTAC… Notre grand bourgeois sait cela, il y voit son avantage. Et de fait, Barack Obama, ce n’est jamais qu’un homme politique ordinaire de plus. Non, non, non, il n’est absolument pas faux de suivre la logique de notre grand bourgeois et de voir en Obama un politicien ordinaire. Pas ordinaire comme John Kerry ou Jimmy Carter, cependant. Il faudrait en fait dire: ordinaire comme FDR ou JFK. C’est toujours ordinaire et c’est toujours adapter le système pour le perpétuer (il faut bien s’en aviser). Mais oh oui, BHO sera un grand politicien ordinaire. La haute bourgeoisie commence donc à sérieusement s’en aviser. Elle sait dors et déjà qu’elle bénéficiera grandement de la formule des deux grands présidents centristes du siècle dernier, dont Obama avance déjà une reprise innovante dans sa rhétorique:

Reculer le camion embourbé, faire la synthèse de la situation de crise et proposer puis implanter une nouvelle donne – FDR

Fouetter les ardeurs, soulever la nation, exiger et obtenir que chacun donne le meilleur de soi-même dans la même direction – JFK

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Le paradoxe nord-américain du port d’arme: une histoire d’ours…

Posted by Ysengrimus sur 2 juin 2008

C’est un autre type d’histoire d’ours ça… Les autorités canadiennes se voilent la face.

Histoire d’ours… Les autorités canadiennes se voilent la face.

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L’histoire en question débute au 18ième siècle, à l’époque de la ci-devant culture de la frontière, quand ce qui bruissait dans le bois sur le bord de la route était soit ami, soit ennemi, soit ours. Le port d’arme dans ce temps était un strict atout nobiliaire et inutile de dire qu’un ours n’a pas conscience de ces distinguos de classe quand il charge. Aussi les révolutionnaires américains firent tôt du droit de se défendre dans le bois et sur leurs fermes une de leurs priorités fondamentales. On surestime d’ailleurs le caractère américain de cette exigence. Elle est en fait plus républicaine qu’américaine. En effet, si on lit attentivement les très copieux cahiers de doléances de la période prérévolutionnaire française, on s’aperçoit que la réclamation du port d’arme populaire y figure en bonne position dans de très nombreuses communes. Ceci dit, rien à faire. Il y a bel et bien dans les représentations modernes une profonde américanité de l’arme à feu. Inventeurs et concepteurs de plusieurs types d’armes de poing, de la carabine à répétition, du fusil mitrailleur (utilisé pour le première fois lors de la guerre de Sécession), j’en passe et des meilleurs, l’industrie, la culture, le folklore et la symbolique américains sont profondément et solidement marqués par le flingue et l’individu à flingue.

Révolution américaine, le port d’arme est légalisé. Révolution américaine, le Canada, comme à son habitude, ne suit pas… Depuis 1760, les britanniques au Canada opérant très ouvertement et très sereinement comme des occupants, seuls les officiers et les militaires ont le droit, strictement restreint par leurs fonctions, de porter les armes. La population française occupée ne s’attend d’ailleurs pas à autres choses. L’occupation a sa logique, et cette dernière exclut les flingues de la propriété du petit peuple. Révolution américaine, l’Amérique du Nord Britannique se recroqueville au Nord et les administrateurs coloniaux, surtout après 1776 et 1789, craignent suffisamment les courants d’idées républicains pour bien voir à ne jamais mettre des flingues entre les pattes ni de cette population française frondeuse, ni, en bonne cohérence légaliste, de la population anglaise en croissance (dont une portion significative débarque d’ailleurs justement du sud tricolore). Pas de ça chez nous. Du moins légalement car… et je me dois ici de faire revenir l’ours. Les folklores québécois et acadien sont solidement garnis d’un type très particulier de courts contes populaires, les histoires d’ours. C’est toujours le même patron. Un homme a tué un ours dans le bois sans témoin, vient en vendre la fourrure au village et s’empêtre sans fins dans des explications tarabustées et filandreuses sur comment il est parvenu à réaliser un tel exploit puisqu’il n’est pas autorisé à se promener dans le bois ni nulle part ailleurs avec un flingue… Le protagoniste raconte à un auditoire goguenard et semi-complice qu’il est grimpé à un arbre dont la branche a cassé et qu’il est tombé sur le point faible du dos de l’ours, qu’il l’a chatouillé jusqu’à ce qu’il meurt de rire, qu’il l’a empoisonné avec la tambouille du chantier de coupe de bois, qu’il lui a redit le dernier sermon dominical le tuant d’ennui, qu’il a attendu l’hiver pour qu’il meurt de froid. Etc… etc… etc… Le feuilleton historique québécois Le temps d’une paix (1980-1986) produit une variation suave sur l’histoire d’ours, dans son neuvième épisode, intitulé En cueillant des framboises (1980). Nous sommes en 1919 et le poids des convenances est encore fort sur la vie villageoise. Le cultivateur prospère Joseph-Arthur Lavoie et sa voisine Rose-Anna Saint-Cyr, un veuf et une veuve lucides et discrets, s’arrangent pour se rencontrer près d’une buisson à framboises. Monsieur Lavoie a amené son fusil de chasse de calibre 12. Il «explique» à Madame Saint-Cyr qu’il y a «un ours» qui rôde dans les alentours des framboisiers et cela donne à cette dernière le prétexte pour (littéralement) sauter sa clôture et se jeter dans les bras du voisin séducteur. L’ours imaginaire, toujours obligatoirement associé au port du fusil, devient cependant ici, dans cette variation littéraire, le marqueur de fiction, prétexte déclencheur de l’escapade romantique. Les variations sur l’histoire d’ours sont indubitablement infinies. Ces traits de folklore, et leurs contre-chocs littéraires, indiquent clairement que les acadiens et les québécois portèrent des armes illégalement dans leur propre dynamique de la frontière et narguèrent discrètement l’occupant avec des pétards déjà importés de chez nos voisins du sud… Un certains nombres de ces armes illégales, dont même des canons, firent d’ailleurs opinément leur apparition lors des révoltes anti-coloniales de 1837-1838 dans les portions tant française qu’anglaise du Dominion du Canada.

18ième siècle, l’administration américaine apparaît donc comme magnanime, libertaire, valeureuse, confiante et respectueuse du droit à se défendre. L’administration canadienne apparaît comme rétrograde, coloniale, vétillarde, aristo, renfrognée et peu soucieuse du bien-être de ses fermiers et de ses trappeurs. 21ième siècle, la perspective s’est inversée. Les américains passent pour des psychopathes qui font des cartons dans les restos famille avec des AK47 parfaitement légaux mais qui pourraient pulvériser l’ours sans qu’il ne reste plus rien d’utile de sa fourrure. Les canadiens passent pour de courageux modernistes qui tiennent tête au vaste fléau continental du flingue, l’œil vif et alerte aux frontières. Le développement historique a de ces revirements paradoxaux et les Dominions et les Républiques voient parfois s’inverser la légitimité de leurs systèmes de valeurs de façon toute inattendue.

Le Canada ne s’est pas départi de sa bêtise pour autant. Oh, là là! Voyez plutôt. Toronto, 2001-2010, trois millions d’habitants, métropole du Canada, voit le nombre de ses meurtres par flingues, y compris en plein jour sur rues passantes avec balles perdues et tout le tremblement, augmenter sans arrêt. Quoi, quoi, quoi? Mais les armes de poings ne sont-elles pas illégales dans ce fichu patelin? Réponse des autorités canadiennes: oui tous les crimes commis avec armes à feu sur Toronto dans la guerre des gangs, trafic de drogues et autres mitraillages pour raisons fumeuses dans les cafés branchés du centre-ville sont accomplis avec des armes bel et bien illégales. Ah bon! Tiens donc, mais d’où sort donc toute cette quincaillerie interdite? C’est un véritable arsenal, c’est… c’est comme les plans de cannabis en Colombie Britannique! Les ricains, eux, achètent ça à l’armurerie du coin. On n’en veut pas plus, mais au moins on sait d’où ça sort. Mais nous? Réponse des autorités canadiennes: oh vous savez, des pétoires qu’on chaparde au cas par cas lors de cambriolages chez des collectionneurs, des carabines et des pistolets de tir sur mire que des tireurs sportifs détenteurs de permis récréatifs se font voler un par un dans leurs coffres de bagnoles, des répliques réalistes d’armes à feu rachetées à des studios de cinéma par des braqueurs imaginatifs, le fusils à chevrotines de chasse de grand-papa qu’on tronçonne. Les gens sont débrouillards, vous savez…

Pardon, excusez-moi, pardon! C’est un autre type d’histoire d’ours ça… Les autorités canadiennes se voilent la face sur leur incompétence à maintenir un interdit gagnant de plus en plus en importance sociale de la même façon que les américains se voilent la face sur leur incapacité à enrayer les crimes que leur constitution désuète facilite. C’est l’Amérique partout, que voulez-vous. Les faits sont les suivants, implacables: la quasi-totalité des armes à feu utilisées au Canada dans les circuits de grande comme de petite criminalité sont des armes modernes, pratiques, design, efficaces, non folkloriques, importées directement en contrebande des États-Unis. Les autorités canadiennes se voilent tellement la face et collent tellement à leur histoire de clubs de tirs sur mire artisanalement cambriolés par on ne sait qui que le maire de Toronto a décidé en 2008 de porter un coup sec. Il a rendu la totalité des clubs de tir sur mire illégaux sur tout le territoire de sa municipalité, les versant de ce fait aux profits et pertes d’une lutte contre la banalisation des armes de poings dans la vie urbaine qui passe ici par une lutte contre le mensonge et la tartufferie insidieusement complice sur l’origine glauque de tous ces pétards. Après une telle mesure, si elle tiens, on va bien voir si le nombre de flingues diminue tant que cela dans la Ville-Reine, ou si plutôt, comme les constables villageois du vieux Dominion ont dû fort souvent le constater, l’ours n’a pas un trou béant et évident entre les deux yeux.

Et entre-temps, bien, l’histoire d’ours se poursuit, inexorable, dans une autre perspective. Un écolo «psychotique» prend des gens en otage, en s’appuyant pesamment sur la croyance contemporaine en la futilité de l’humain. Il est promptement abattu par une force constabulaire opinément armée jusqu’aux dents. Pan, pan. En voici un qui a, ce jour là, toutes les raisons de regretter de ne pas avoir été un ours ou un loup. Ours ou loup, on l’aurait neutralisé avec une seringue hypodermique et il vivrait, tout «psychotique» qu’il soit. Humain, on s’est contenté de bien le flinguer à balles réelles. Faut croire que ses oppresseurs partagent les éléments cruciaux de sa doctrine de la futilité de l’humain… Or soit un ours Kodiak. C’est la psychose permanente, un ours Kodiak. Peur de rien, pas de prédateur, il charge, point. Mais, si un ours Kodiak te menace, il existe, et ce depuis assez longtemps, des cartouches hypodermiques qui vous le niquent et vous l’engourdissent avant que nounours ait pu souffler «ouf». Endormi le gros ours. L’histoire d’ours a évoluée, s’est raffinée. On ne le tue plus et on ne se justifie plus non plus.  Le fait est que, de nos jours, c’est dans le cas des humains qu’il faut que cela souffre (taser) ou que cela meure (balles réelles). Pas d’hypodermie adaptable pour l’humain… Raisons techniques, non. Basta. Raisons sociales. C’est que, fascisme ordinaire oblige, on applique la peine de mort instantanée à l’humain «psychotique» pour que ses semblables rentrent bien la tête dans les épaules et restent socialement dociles… Ainsi va le folklore contemporain.

Histoire d’ours, histoire d’humains, histoire de promotion du flingue, histoire de mort.

Abolition immédiate par décret du “droit” constitutionnel au port d’arme. Saisie et destruction, sans sommation ni compensation, de toutes les armes personnelles du continent nord-américain. C’est cela qui sera un jour la vraie réponse politique sur ces “terribles tragédies dues à des déséquilibrés”… Il faut absolument lever la puante “liberté” du port d’arme, comme on leva, rapido, vif et prompt, tant d’autres libertés civiles, du temps de la ci-devant “guerre au terrorisme”… Ce terrible consensus de violence implicite, docile et veule ne me comptera jamais parmi les siens. Le postulat fataliste du flingue est un crime sordide et crapuleux. Jamais je ne le partagerai.

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Paru aussi dans Les 7 du Québec

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