
Couverture du TIME du 31 Janvier 1969
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Bon, les juifs et les noirs (notamment les musulmans noirs) en compétition pour la palme platine de la victime historique absolue, c’est une affaire passablement plus ancienne qu’on ne le pense. J’en veux pour témoin historique (entre autres) cette première page du TIME datant du 31 janvier 1969. On pourrait longuement développer la captivante question de la lutte contemporaine des cultures de rédemption des ghettos de naguère mais… demain n’est pas la veille car l’irrationalité passionnelle la plus débridée semble régner, en ce moment même, sur ces embrouilles somme toute subsidiaires (mais montées en épingles pour bien éclipser les vraies questions). Chasse en chassé-croisé bourgeoise aux boucs émissaires sur fond de crise du capitalisme oblige. On y reviendra éventuellement, en des temps plus calmes.
La nouvelle mouvance brune. Donc, de nouveau, notre chère vieille France se droitise. La profonde faillite socialiste se finalise, à mesure que la durable trahison macronnienne enferre la société, ne laissant plus d’espoir perceptible. Cessons de se mentir, madame Marine LePen du Zinzin National est en train de devenir une politicienne ordinaire, une figure meneuse de la droite, roide, enflée, «sociale», ronflante, proprette. Un avenir politique conventionnel lui est promis, peut-être même, qui sait, les plus hautes fonctions. Le fait implacable se met donc en place: le RN (ex FN) se positionne sur l’échiquier politicien mainstream. Et pour ce faire, une fois de plus il n’y a pas à se mentir, ce nouveau futur vaisseau amiral du cartel des droites se recentre. La droite décomplexée des uns et des autres lui esquisse doucement un havre d’entrée. Suivons bien le lent mouvement du navire au flambeau tricolore. Mais ledit navire ne sort pas de nulle part. Il s’extirpe, en chuintant plus que bruyamment, de la vieille vase de l’extrême-droite française, croix de feu, OASesque, GUDeuse, militaro-facho-factieuse. En manœuvrant lourdement cap au centre, l’étrave poussive du RN abandonne derrière elle une boue lourde, inorganisée, gluante, fangeuse, tourbillonnante, déroutée, elle aussi, dans sa logique. En faisant de l’humour dans le pur style biaiseux de Dieudonné, on dira que c’est une boue brune… (quoi, brune, comme dans chemise brune, qu’est-ce que vous allez croire, là, eh…).
Dieudonné incarne sémiologiquement cette vieille nouvelle extrême-droite «anti-système», passablement inorganisée mais bien prégnante, ferme, ancienne. Il ne l’articule pas politiquement mais la formule discursivement. Et qu’est-ce qu’elle te dit, la nouvelle mouvance brune, ben d’abord pour s’exprimer comme Dieudonné toujours, elle t’annonce sans ambages qu’elle te pisse à la raie, tu vois. Puis une fois l’éructation du cœur passée, vessée, dispersée, elle retombe, la susdite mouvance, sur les vieilles pattes de ses implicites obscurantistes «classiques», si je puis dire. De nouveau, notre chère France se droitise. Elle l’a déjà fait, elle sait le faire. Il y a de la tradition, même dans ses égouts puants. Des axes sont tracés. Les fondations sont perpétuées. Et le bruit actuel, lui, augmente. Et nos apologues bêlants et hypocrites de la liberté d’expression se portent à la défense de Dieudonné. La complaisance suspecte, la solidarité truquée, tout s’entremêle et c’est le tourbillon brun. On connaît les faits anecdotiques mais, si on fait tout un fromage des droits à la liberté d’expression de Dieudonné, on s’attarde moins sur la configuration rhétorique de ce bateleur, qui reste un communicateur avant tout, avec un message, une ligne. Revoyons brièvement sa stratégie, devenue classique.
Un implicite obscurantiste. Un peu comme le fait, très ouvertement et très cyniquement, une certaine propagande iranienne ciblant l’occident, les attaques «antisionistes» de Dieudonné mobilisent nettement d’importants pans du fond de commerce obscurantiste qui fut celui de toute une tradition vernaculaire française (et européenne). Simplement ici, le brouet s’instille. Il est moins concentré qu’éparpillé, saupoudré, moins matamore que discret, roucoulant, casuiste. Un petit exemple de cette façon insidieuse de s’exprimer. Dieudonné dit (la source vidéo de cette citation est donnée plus bas): Les chrétiens ont été déjà dépouillés de leur religion. On… On a… les églises se sont vidées. Le Sionisme, partout où il arrive, tente déjà d’enlever les valeurs morales du pays. Remplacez ici «le Sionisme», simple maquillage rhétorique de surface, par «la juiverie internationale» et vous retrouvez, mot pour mot, la vieille propagande anti-juive nationalarde du siècle dernier, qui donnait les juifs comme principaux propagateurs de l’athéisme (On a.. on a… On sent qu’il hésite, le Dieudo, à proférer l’énormité d’un athéisme sciemment orchestré par les Sages de Sion. Il ne faut pas aller se démasquer) et, aussi, les juifs comme instance tentant «d’enlever les valeurs morales du pays». Mon ami! On dirait la vieille propagande anti-moderniste des bérets blancs! Et, de fait, presque tous les poncifs anti-juifs se retrouvent, à un endroit ou à un autre, dans le discours de Dieudonné (mais habituellement glissés supppositoirement, hein, en quenelle): les Rothschild, le sionisme rupin conspiro, le peuple élu, la Shoah (Ananas), le Grand Banquier qui nous tiens tous, Faurisson (converti en bouffon), Pétain (que Dieudonné nous donne comme son président favori… pour la moustache à la Brassens, bien sûr, sans plus), et des noms colorés en pagaille de personnalités médiatiques et politiques d’origine juive, dont la moindre n’est pas François Hollande. Dire et redire le nom d’un juif connu, c’est excellent dans l’implicite. Pas besoin de radoter sans fin qu’il est juif, tout le monde le sait, s’en doute ou le suppose. Et si c’est lui et si Dieudo en parle, c’est que cette personnalité (une de plus! Il en est un aussi!) fait implicitement partie du «système» (qui, lui, ne peut être que sioniste ou pro-sioniste). Ce procédé (nommer des juifs et laisser leur nom «parler», sans plus), tout en dense lourdeur de sous-entendus, est fort ancien. Le raccourci réflexe, bien balisé, de l’obscurantisme traditionnel d’extrême-droite permet d’établir tout un jeu de raccords nerveux irrationalistes et de les marteler, tout en restant parfaitement dans le non-dit et l’implicite. L’exemple cardinal de ce jeu sur les implicites, immanquablement, fut la quenelle. Qu’est-ce que c’était? Un salut ceci inversé non, non, c’est jamais qu’un bras d’honneur cela. Rien de mal. Rien de tangible. Que du mou. On se sent quelque part un peu ridicule de s’offusquer pour si peu. Et de chanter jadis, gauloisement: François la sens-tu qui s’enfile dans ton cul, la quenelle? (sur l’air du Chant des Partisans). Levez-vous de bonne heure pour trouver prise à une poursuite pour propagande haineuse dans le maquis de ce salmigondi potache, mi-sodomite, mi-culinaire. Et pourtant absolument personne n’est dupe. L’implicite ferme est tout aussi intangible que net, limpide. Il est palpable et impalpable en même temps. C’est de l’excellente rhétorique auto-protective. Vous me direz qu’il se fit quand même coller des amendes et que celles-ci s’accumulèrent. Je vous répondrai que s’il avait tout dégobillé comme il le pense vraiment, il serait en taule et pour des années. De se planquer et d’esquiver comme il le fait, il gagne (surtout que les amendes, il les paye pas). Tout est là, quelque part, et comme ça fonctionne, ça se répand dans la lie factieuse désœuvrée et frustrée par les crises. La rectitude politique bâillonnante a produit des monstres glissants d’implicites et Diendonné est un de ceux-là. Et ce n’est pas fini. Interdisez la quenelle et demain, de par le jeu des raccords sous-entendus de l’atelier Dieudonné, un simple ananas sera désormais un crypto-signal anti-juif d’autant plus imparable, limpide et net qu’il est anodin. Qui vous poursuivra pour avoir brandis un ananas?

De par le jeu des implicites de Dieudonné ceci est désormais un crypto-signal anti-juif d’autant plus imparable qu’il est anodin. Qui vous poursuivra pour avoir brandi un ananas?
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Une pudeur: la race. Il y a cependant une notion sur laquelle l’irrationalité sociopolitique sciemment promue par Dieudonné reste totalement pudique: la race. La race au sens morphologiquement et épidermiquement racialiste du terme. Techniquement parlant, l’obscurantisme de Dieudonné n’est pas un racisme. Vous avez bien lu. Il faut reconnaître que les contraintes commerciales sont ici tout simplement trop fortes. Dieudonné, dont le père est camerounais, se donne lui-même comme une nègre marron du showbizz qui court toujours pour ne plus avoir à écouter chanter Patrick Bruel jusqu’à la fin, sur le plateau de Michel Drucker (citation libre — inutile de rappeler l’ethnicité de messieurs Bruel et Drucker, la machine des implicites simplistes roule bien. Comme dirait Dieudo: on avance). Aussi, Dieudo ne reprendra pas, comme le faisait par exemple amplement Louis-Ferdinand Céline, le délire de la fusion du nègre et du sémite. Vous voyez tout de suite le couac paradoxal que cela provoquerait dans son vivier. C’est pas soutenable. Cette portion de l’obscurantisme «classique» restera donc pudiquement pliée dans les cartons de l’histoire. Le mot des fachos français de 1930 selon lequel le juif est un nègre ne sera pas repris. Évacuées aussi les autres grossièretés raciales: les formes de nez, le crépu des cheveux, les teintes de peau pour distinguer les youpins (selon le mot de la propagande pétainiste). Pas de critères raciaux négatifs ici. Que des critères raciaux positifs, pour valoriser les gens de souche africaines, esclaves ou non et aussi (surtout) affecter de les dévaloriser, en mimant ou prétendant mimer la vision de l’adversaire (Pour eux, moi, ch’sui qu’un négro… etc…). C’est une caractéristique très profondément originale, moderne, actuelle, rectitudepoliticienne, que cette particularité de non-racisme de fond. La ritournelle des irrationalistes sociopolitiques contemporains se perpétue donc, mais sans le racisme racial (si vous me passez l’indispensable pléonasme, la notion de racisme étant tellement galvaudée): c’est pas de l’antisémitisme, c’est, par autoproclamation dédouanante, de l’antisionisme. Oh, il sait parfaitement ce qu’il fait. Et la pudeur sur la race est d’autant plus cruciale, d’ailleurs, dans la mouvance Dieudonné, pour une autre raison, imparable. Les arabes, fondateurs historiques de l’Islam, sont eux aussi de race ou d’ethnie sémite et ils parlent une langue sémitique. Second grave danger de paradoxe donc, car les arabes ne font absolument pas partie du «peuple élu» (élu… par le dispositif discriminatoire de Dieudonné). La seule solution pour séparer les bons (les arabes, les noirs, les soldats, les pompiers, les détenus, les gardiens de prison, et les anciens du GUD tous unis en quenelle) des méchants (les juif, tous israéliens plutôt qu’israélites désormais, et, en costards et à la télé de préférence), c’est de ne pas ressortir les doctrines racistes/raciales des fachos d’antan. Ne dites pas que Dieudonné est antisémite, c’est une fausseté factuelle. Ne dites pas qu’il est antisioniste non plus, cela le dédouane trop et lui impute une rationalité politique qu’il n’a absolument pas. Dites simplement qu’il est anti-juifs. Ça c’est vrai et ça ne ment pas. Même lui l’admettrais, je crois.
Et L’Islam. Cela nous amène directement à l’Islam. Le fait est que la nébuleuse hétérogène de la clientèle cible de Dieudo (les arabes, les noirs, les soldats, les pompiers, les détenus, les gardiens de prison, les anciens du GUD, ainsi que leurs épouses, tous et toutes tirés à quatre épingles au Théâtre de la Main d’Or — il fallait voir les images. Elle faisait plus bourgeoise cossue crispée que prolo révolutionnaire, cette discrète mais hilare clientèle), c’est l’ensemble des ingrédients d’une poudre à canon. J’entends par là qu’il y a de l’explosif en latence interne là dedans, comme dans une union «sacrée», éclectique et temporaire de pulsions incompatibles. Ces gens là ne se rejoignent pas vraiment, c’est pas possible. Tous ces factieux blanc-cassis endimanchés, c’est pas des pro-Islam, c’est pas sérieux. Il va falloir que quelqu’un réfléchisse à ce qu’il fait une minute ou deux, quand même, dans ce bazar. Mais lisons plutôt ce que Dieudo raconte justement de l’Islam lorsque, toujours pour me formuler comme lui, je dirai qu’il prend la parole chez ses maîtres de la télévision iranienne (il faut intégralement visionner cette courte vidéo. C’est l’aveu sublime du fond veule, onctueux, obséquieux et jésuite de Dieudonné, présenté ici comme un écrivain et humoriste français).
Alors, un peu justement comme le fait Dieudo, je vais vous asséner trois courtes citations, suivies de trois commentaires de mon cru, dans le pur style Dieudo, eux aussi. Pour bien vous dire ce que j’en pense de ce qu’il dit de l’Islam et vous montrer que l’humour à la Dieudo, j’en fais du pareil. Tapez sur mon cul pour voir si ça fait de la musique et attachez vos ceintures, on part. Dieudo dit, la bouche en cœur:
Le Sionisme a tué le Christ. C’est le Sionisme qui prétendait que Jésus était le fils d’une putain. C’est comme ça qu’est définie, en fait, Marie. Alors que, dans l’Islam, il y a un respect. Non seulement un respect mais Jésus annonce la venue du Prophète.
(055 — 1:11)
Mais elle est où ta faconde irrévérencieuse là, mon Dieudo. Tu sonnes comme une petite vicairette émasculée, tout à coup, de t’offusquer que Marie aie pu un peu se faire du bon temps, dans cette chienne de vie, la pauvresse, là (tu cites pas les sources de ton développement fumeux et imprécis sur Marie. Tant pis. C’est pas mon affaire. Tant qu’à délirer, hé). C’est ton fond colo chrétienne gentille qui remonte là? Tué le Christ… Il y a un respect… Mais ton Christ, j’en ai rien à cirer, gars. Je lui pisse à la raie, ton Jésus, tu vois. C’est du délire irrationnel vieux chnoque que tu nous susurres là. Ça a mais rien de rien à foutre dans l’espace politique, tout ça. Et ton respect, je le tringle. Bon, les musulmans parlent de Jésus, c’est pas un scoop, figure toi, on le savait. Mais qu’est-ce que ça à voir avec nos crises sociales actuelles, ça, avec la lutte contre le système, pour reprendre ton mot? Délire religieux de vieille calotte onctueuse, mon vieux. Vide de sens intellectuel, pur. De la radote de bénitier. Le sionisme (le vrai petit sionisme politique et historique, pas ta grande gadoue obscurantiste fantasmée, là) a tué des palestiniens, point, gars. Réveille-toi. Soigne toi, hé, tu es malade. Mais Dieudo poursuit:
Les chrétiens ont été déjà dépouillés de leur religion. On… On a… les églises se sont vidées. Le Sionisme, partout où il arrive, tente déjà d’enlever les valeurs morales du pays. Et puis ensuite, l’Islam est arrivé, ce vent qui arrive et qui libère en fait les populations. Et c’est pour ça que de plus en plus de gens vont vers l’Islam.
(1:51 — 2 :22)
Oh mais, le mec. Ça va pas, la tête! Tu vas me raconter que les juifs (ou qui que ce soit en l’occurrence — c’est parfaitement conspiro de prendre la déréliction pour une astuce mitonnée par des «décideurs», peu importe lesquels) m’ont dépouillé de «ma» religion. Mais «ma» religion, je l’ai jetée moi même aux orties, mon gars, figure toi. Et dans un grand mouvement sociétal progressiste que je valorise encore, tu vois. Et j’ai vraiment pas besoin de toi pour la ramener, dans tous les sens du terme. Et je la remplacerai jamais par une autre, surtout pas dans le champs politique, ça c’est moi qui te le dis. Dans l’Islam, il y a un respect… Pas pour les athées, le respect, hein, ni pour les femmes non-patriarcales. J’ai pas besoin d’épiloguer. Ce vent qui arrive et qui libère… Quoi? Mais tu bascules dans le lyrisme gaga et complètement mou du calecif, mon pauvre. Le vent de tes vesses qui libèrent tes boyaux pourris, oui. Comme tu le dis si bien à un peu tout le monde par les temps qui courent: ferme ta gueule. Tu suçotes la fissure de cul de ce journaliste iranien là et, je te le dis, c’est carrément indécent. Tu fais tout juste ce dont tu accuses tous les autres licheux télévisuels. Ferme-la. Fous-nous la paix. Et Dieudo, impavide, dit finalement:
Et c’est ça la force de l’Islam. C’est qu’il semblerait qu’avec le temps, le message originel est garanti. Et c’est pour ça que d’ailleurs ici [en Iran], le pouvoir est bicéphale. Il y a d’un côté les politiques. Et d’un autre côté, on a les sages qui observent et qui donnent leur avis. Malheureusement, tout ça, en France, ça n’existe pas.
(2:58 — 3 :13)
Hein! Le message originel? Quel message originel? Tuez les athées, les femmes insoumises et les juifs? Il est philosophique (sage?), ou politique, le message? Quoi? Quoi? Les sages qui observent en Iran? L’apologie de la théocratie autoritaire iranienne maintenant? C’est ça le modèle politique qui dansotte au bout de ta quenelle, là? Ben, mon gars, je te dis: non merci. Je te dis que t’es en train de tenter de nous en enfiler toute une. Je te sens pas, là et c’est pas bon signe. Et tu mens, tu mens, dans ce flagornage stérile et vide de ton chrétien fondamental par ton musulman fantasmé. Lit le Coran un petit brin, gars. Ça va te décrasser. Il louvoie pas comme toi, le Coran, tu vois. Texte moyenâgeux sans complexe, il assume son intolérance et il contredit ouvertement l’abbé Dieudo. «Ô, vous qui croyez! Ne prenez pas pour amis les Juifs et les Chrétiens; ils sont amis les uns des autres.» (Sourate V, verset 51). Vlan, et tu l’as dans le cul. Mais alors, tu racontes absolument n’importe quoi pour endormir les gogos, mon minus. Tu perds ton temps et le mien dans tes circonlocutions semi-légendaires de théogonardise de faux syncrétisme de merde, c’est pas croyable. C’est à halluciner.
Aussi, je te dis ceci, pour conclure sur toi et ta mouvance puante et délirante, cher Dieudo. Les conneaux que te traitent en bouc émissaire «humoristique» (pour pas faire face au mouvement sociétal, malsain mais crucial, que, tristement, tu révèles) et qui fantasment de te bâillonner (pour bien se voiler la face) par des astuces juridiques toujours contournables et par des amendes que tu paiera pas, eh ben, eux aussi, ils perdent leur temps et le mien. C’est ton public cible de musulmans français, de noirs de seconde génération et de facho blancs, tous éclectiquement et fortuitement réunis, qui va te péter dans le visage et te pulvériser la gueule, quand l’incompatibilité fondamentale des particules de haine et de déboussolement que tu comprimes dans tes théâtres vont se pénétrer véritablement l’une l’autre et toucher l’étincelle lumineuse de ta pauvre toute petite pensée inane et tant tellement vieillotte. Patatras! Pulvérisé par ses propres chalands, antinomiques, braqués et irréconciliables, le Dieudo. [Rire gras à la Dieudo. Il riait souvent de ses propres boutades, de son rire faussement copain et assez communicatif.]
Le vieil obscurantisme entre-deux-guerres occidental, ouf et re-ouf, on a vraiment pas besoin de l’Iran ou de qui que ce soit d’autre dans le genre, pour venir nous le re-seriner, avec en courroie de transmission, en prime, Dieudonné. Les morts ont enterré les morts qui sont issus en pagaille de tout ça. Foutez-nous la paix, une bonne fois avec vos résurgences cent fois re-maculées et médiatisées (y compris a contrario — ceci NB). Laissez nous vivre un peu. Il est plus que temps qu’on cesse de faire de la politique avec la religion. Il n’en sort jamais rien de bon. Et ça, ben, là, on s’entend tous pour dire que Dieudonné et l’Islam ont en commun de douloureusement le confirmer et le reconfirmer.
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Paru aussi dans Les 7 du Québec
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Dieudonné et l’Islam
Posted by Ysengrimus sur 15 février 2023
Couverture du TIME du 31 Janvier 1969
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Bon, les juifs et les noirs (notamment les musulmans noirs) en compétition pour la palme platine de la victime historique absolue, c’est une affaire passablement plus ancienne qu’on ne le pense. J’en veux pour témoin historique (entre autres) cette première page du TIME datant du 31 janvier 1969. On pourrait longuement développer la captivante question de la lutte contemporaine des cultures de rédemption des ghettos de naguère mais… demain n’est pas la veille car l’irrationalité passionnelle la plus débridée semble régner, en ce moment même, sur ces embrouilles somme toute subsidiaires (mais montées en épingles pour bien éclipser les vraies questions). Chasse en chassé-croisé bourgeoise aux boucs émissaires sur fond de crise du capitalisme oblige. On y reviendra éventuellement, en des temps plus calmes.
La nouvelle mouvance brune. Donc, de nouveau, notre chère vieille France se droitise. La profonde faillite socialiste se finalise, à mesure que la durable trahison macronnienne enferre la société, ne laissant plus d’espoir perceptible. Cessons de se mentir, madame Marine LePen du Zinzin National est en train de devenir une politicienne ordinaire, une figure meneuse de la droite, roide, enflée, «sociale», ronflante, proprette. Un avenir politique conventionnel lui est promis, peut-être même, qui sait, les plus hautes fonctions. Le fait implacable se met donc en place: le RN (ex FN) se positionne sur l’échiquier politicien mainstream. Et pour ce faire, une fois de plus il n’y a pas à se mentir, ce nouveau futur vaisseau amiral du cartel des droites se recentre. La droite décomplexée des uns et des autres lui esquisse doucement un havre d’entrée. Suivons bien le lent mouvement du navire au flambeau tricolore. Mais ledit navire ne sort pas de nulle part. Il s’extirpe, en chuintant plus que bruyamment, de la vieille vase de l’extrême-droite française, croix de feu, OASesque, GUDeuse, militaro-facho-factieuse. En manœuvrant lourdement cap au centre, l’étrave poussive du RN abandonne derrière elle une boue lourde, inorganisée, gluante, fangeuse, tourbillonnante, déroutée, elle aussi, dans sa logique. En faisant de l’humour dans le pur style biaiseux de Dieudonné, on dira que c’est une boue brune… (quoi, brune, comme dans chemise brune, qu’est-ce que vous allez croire, là, eh…).
Dieudonné incarne sémiologiquement cette vieille nouvelle extrême-droite «anti-système», passablement inorganisée mais bien prégnante, ferme, ancienne. Il ne l’articule pas politiquement mais la formule discursivement. Et qu’est-ce qu’elle te dit, la nouvelle mouvance brune, ben d’abord pour s’exprimer comme Dieudonné toujours, elle t’annonce sans ambages qu’elle te pisse à la raie, tu vois. Puis une fois l’éructation du cœur passée, vessée, dispersée, elle retombe, la susdite mouvance, sur les vieilles pattes de ses implicites obscurantistes «classiques», si je puis dire. De nouveau, notre chère France se droitise. Elle l’a déjà fait, elle sait le faire. Il y a de la tradition, même dans ses égouts puants. Des axes sont tracés. Les fondations sont perpétuées. Et le bruit actuel, lui, augmente. Et nos apologues bêlants et hypocrites de la liberté d’expression se portent à la défense de Dieudonné. La complaisance suspecte, la solidarité truquée, tout s’entremêle et c’est le tourbillon brun. On connaît les faits anecdotiques mais, si on fait tout un fromage des droits à la liberté d’expression de Dieudonné, on s’attarde moins sur la configuration rhétorique de ce bateleur, qui reste un communicateur avant tout, avec un message, une ligne. Revoyons brièvement sa stratégie, devenue classique.
Un implicite obscurantiste. Un peu comme le fait, très ouvertement et très cyniquement, une certaine propagande iranienne ciblant l’occident, les attaques «antisionistes» de Dieudonné mobilisent nettement d’importants pans du fond de commerce obscurantiste qui fut celui de toute une tradition vernaculaire française (et européenne). Simplement ici, le brouet s’instille. Il est moins concentré qu’éparpillé, saupoudré, moins matamore que discret, roucoulant, casuiste. Un petit exemple de cette façon insidieuse de s’exprimer. Dieudonné dit (la source vidéo de cette citation est donnée plus bas): Les chrétiens ont été déjà dépouillés de leur religion. On… On a… les églises se sont vidées. Le Sionisme, partout où il arrive, tente déjà d’enlever les valeurs morales du pays. Remplacez ici «le Sionisme», simple maquillage rhétorique de surface, par «la juiverie internationale» et vous retrouvez, mot pour mot, la vieille propagande anti-juive nationalarde du siècle dernier, qui donnait les juifs comme principaux propagateurs de l’athéisme (On a.. on a… On sent qu’il hésite, le Dieudo, à proférer l’énormité d’un athéisme sciemment orchestré par les Sages de Sion. Il ne faut pas aller se démasquer) et, aussi, les juifs comme instance tentant «d’enlever les valeurs morales du pays». Mon ami! On dirait la vieille propagande anti-moderniste des bérets blancs! Et, de fait, presque tous les poncifs anti-juifs se retrouvent, à un endroit ou à un autre, dans le discours de Dieudonné (mais habituellement glissés supppositoirement, hein, en quenelle): les Rothschild, le sionisme rupin conspiro, le peuple élu, la Shoah (Ananas), le Grand Banquier qui nous tiens tous, Faurisson (converti en bouffon), Pétain (que Dieudonné nous donne comme son président favori… pour la moustache à la Brassens, bien sûr, sans plus), et des noms colorés en pagaille de personnalités médiatiques et politiques d’origine juive, dont la moindre n’est pas François Hollande. Dire et redire le nom d’un juif connu, c’est excellent dans l’implicite. Pas besoin de radoter sans fin qu’il est juif, tout le monde le sait, s’en doute ou le suppose. Et si c’est lui et si Dieudo en parle, c’est que cette personnalité (une de plus! Il en est un aussi!) fait implicitement partie du «système» (qui, lui, ne peut être que sioniste ou pro-sioniste). Ce procédé (nommer des juifs et laisser leur nom «parler», sans plus), tout en dense lourdeur de sous-entendus, est fort ancien. Le raccourci réflexe, bien balisé, de l’obscurantisme traditionnel d’extrême-droite permet d’établir tout un jeu de raccords nerveux irrationalistes et de les marteler, tout en restant parfaitement dans le non-dit et l’implicite. L’exemple cardinal de ce jeu sur les implicites, immanquablement, fut la quenelle. Qu’est-ce que c’était? Un salut ceci inversé non, non, c’est jamais qu’un bras d’honneur cela. Rien de mal. Rien de tangible. Que du mou. On se sent quelque part un peu ridicule de s’offusquer pour si peu. Et de chanter jadis, gauloisement: François la sens-tu qui s’enfile dans ton cul, la quenelle? (sur l’air du Chant des Partisans). Levez-vous de bonne heure pour trouver prise à une poursuite pour propagande haineuse dans le maquis de ce salmigondi potache, mi-sodomite, mi-culinaire. Et pourtant absolument personne n’est dupe. L’implicite ferme est tout aussi intangible que net, limpide. Il est palpable et impalpable en même temps. C’est de l’excellente rhétorique auto-protective. Vous me direz qu’il se fit quand même coller des amendes et que celles-ci s’accumulèrent. Je vous répondrai que s’il avait tout dégobillé comme il le pense vraiment, il serait en taule et pour des années. De se planquer et d’esquiver comme il le fait, il gagne (surtout que les amendes, il les paye pas). Tout est là, quelque part, et comme ça fonctionne, ça se répand dans la lie factieuse désœuvrée et frustrée par les crises. La rectitude politique bâillonnante a produit des monstres glissants d’implicites et Diendonné est un de ceux-là. Et ce n’est pas fini. Interdisez la quenelle et demain, de par le jeu des raccords sous-entendus de l’atelier Dieudonné, un simple ananas sera désormais un crypto-signal anti-juif d’autant plus imparable, limpide et net qu’il est anodin. Qui vous poursuivra pour avoir brandis un ananas?
De par le jeu des implicites de Dieudonné ceci est désormais un crypto-signal anti-juif d’autant plus imparable qu’il est anodin. Qui vous poursuivra pour avoir brandi un ananas?
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Une pudeur: la race. Il y a cependant une notion sur laquelle l’irrationalité sociopolitique sciemment promue par Dieudonné reste totalement pudique: la race. La race au sens morphologiquement et épidermiquement racialiste du terme. Techniquement parlant, l’obscurantisme de Dieudonné n’est pas un racisme. Vous avez bien lu. Il faut reconnaître que les contraintes commerciales sont ici tout simplement trop fortes. Dieudonné, dont le père est camerounais, se donne lui-même comme une nègre marron du showbizz qui court toujours pour ne plus avoir à écouter chanter Patrick Bruel jusqu’à la fin, sur le plateau de Michel Drucker (citation libre — inutile de rappeler l’ethnicité de messieurs Bruel et Drucker, la machine des implicites simplistes roule bien. Comme dirait Dieudo: on avance). Aussi, Dieudo ne reprendra pas, comme le faisait par exemple amplement Louis-Ferdinand Céline, le délire de la fusion du nègre et du sémite. Vous voyez tout de suite le couac paradoxal que cela provoquerait dans son vivier. C’est pas soutenable. Cette portion de l’obscurantisme «classique» restera donc pudiquement pliée dans les cartons de l’histoire. Le mot des fachos français de 1930 selon lequel le juif est un nègre ne sera pas repris. Évacuées aussi les autres grossièretés raciales: les formes de nez, le crépu des cheveux, les teintes de peau pour distinguer les youpins (selon le mot de la propagande pétainiste). Pas de critères raciaux négatifs ici. Que des critères raciaux positifs, pour valoriser les gens de souche africaines, esclaves ou non et aussi (surtout) affecter de les dévaloriser, en mimant ou prétendant mimer la vision de l’adversaire (Pour eux, moi, ch’sui qu’un négro… etc…). C’est une caractéristique très profondément originale, moderne, actuelle, rectitudepoliticienne, que cette particularité de non-racisme de fond. La ritournelle des irrationalistes sociopolitiques contemporains se perpétue donc, mais sans le racisme racial (si vous me passez l’indispensable pléonasme, la notion de racisme étant tellement galvaudée): c’est pas de l’antisémitisme, c’est, par autoproclamation dédouanante, de l’antisionisme. Oh, il sait parfaitement ce qu’il fait. Et la pudeur sur la race est d’autant plus cruciale, d’ailleurs, dans la mouvance Dieudonné, pour une autre raison, imparable. Les arabes, fondateurs historiques de l’Islam, sont eux aussi de race ou d’ethnie sémite et ils parlent une langue sémitique. Second grave danger de paradoxe donc, car les arabes ne font absolument pas partie du «peuple élu» (élu… par le dispositif discriminatoire de Dieudonné). La seule solution pour séparer les bons (les arabes, les noirs, les soldats, les pompiers, les détenus, les gardiens de prison, et les anciens du GUD tous unis en quenelle) des méchants (les juif, tous israéliens plutôt qu’israélites désormais, et, en costards et à la télé de préférence), c’est de ne pas ressortir les doctrines racistes/raciales des fachos d’antan. Ne dites pas que Dieudonné est antisémite, c’est une fausseté factuelle. Ne dites pas qu’il est antisioniste non plus, cela le dédouane trop et lui impute une rationalité politique qu’il n’a absolument pas. Dites simplement qu’il est anti-juifs. Ça c’est vrai et ça ne ment pas. Même lui l’admettrais, je crois.
Et L’Islam. Cela nous amène directement à l’Islam. Le fait est que la nébuleuse hétérogène de la clientèle cible de Dieudo (les arabes, les noirs, les soldats, les pompiers, les détenus, les gardiens de prison, les anciens du GUD, ainsi que leurs épouses, tous et toutes tirés à quatre épingles au Théâtre de la Main d’Or — il fallait voir les images. Elle faisait plus bourgeoise cossue crispée que prolo révolutionnaire, cette discrète mais hilare clientèle), c’est l’ensemble des ingrédients d’une poudre à canon. J’entends par là qu’il y a de l’explosif en latence interne là dedans, comme dans une union «sacrée», éclectique et temporaire de pulsions incompatibles. Ces gens là ne se rejoignent pas vraiment, c’est pas possible. Tous ces factieux blanc-cassis endimanchés, c’est pas des pro-Islam, c’est pas sérieux. Il va falloir que quelqu’un réfléchisse à ce qu’il fait une minute ou deux, quand même, dans ce bazar. Mais lisons plutôt ce que Dieudo raconte justement de l’Islam lorsque, toujours pour me formuler comme lui, je dirai qu’il prend la parole chez ses maîtres de la télévision iranienne (il faut intégralement visionner cette courte vidéo. C’est l’aveu sublime du fond veule, onctueux, obséquieux et jésuite de Dieudonné, présenté ici comme un écrivain et humoriste français).
Alors, un peu justement comme le fait Dieudo, je vais vous asséner trois courtes citations, suivies de trois commentaires de mon cru, dans le pur style Dieudo, eux aussi. Pour bien vous dire ce que j’en pense de ce qu’il dit de l’Islam et vous montrer que l’humour à la Dieudo, j’en fais du pareil. Tapez sur mon cul pour voir si ça fait de la musique et attachez vos ceintures, on part. Dieudo dit, la bouche en cœur:
Mais elle est où ta faconde irrévérencieuse là, mon Dieudo. Tu sonnes comme une petite vicairette émasculée, tout à coup, de t’offusquer que Marie aie pu un peu se faire du bon temps, dans cette chienne de vie, la pauvresse, là (tu cites pas les sources de ton développement fumeux et imprécis sur Marie. Tant pis. C’est pas mon affaire. Tant qu’à délirer, hé). C’est ton fond colo chrétienne gentille qui remonte là? Tué le Christ… Il y a un respect… Mais ton Christ, j’en ai rien à cirer, gars. Je lui pisse à la raie, ton Jésus, tu vois. C’est du délire irrationnel vieux chnoque que tu nous susurres là. Ça a mais rien de rien à foutre dans l’espace politique, tout ça. Et ton respect, je le tringle. Bon, les musulmans parlent de Jésus, c’est pas un scoop, figure toi, on le savait. Mais qu’est-ce que ça à voir avec nos crises sociales actuelles, ça, avec la lutte contre le système, pour reprendre ton mot? Délire religieux de vieille calotte onctueuse, mon vieux. Vide de sens intellectuel, pur. De la radote de bénitier. Le sionisme (le vrai petit sionisme politique et historique, pas ta grande gadoue obscurantiste fantasmée, là) a tué des palestiniens, point, gars. Réveille-toi. Soigne toi, hé, tu es malade. Mais Dieudo poursuit:
Oh mais, le mec. Ça va pas, la tête! Tu vas me raconter que les juifs (ou qui que ce soit en l’occurrence — c’est parfaitement conspiro de prendre la déréliction pour une astuce mitonnée par des «décideurs», peu importe lesquels) m’ont dépouillé de «ma» religion. Mais «ma» religion, je l’ai jetée moi même aux orties, mon gars, figure toi. Et dans un grand mouvement sociétal progressiste que je valorise encore, tu vois. Et j’ai vraiment pas besoin de toi pour la ramener, dans tous les sens du terme. Et je la remplacerai jamais par une autre, surtout pas dans le champs politique, ça c’est moi qui te le dis. Dans l’Islam, il y a un respect… Pas pour les athées, le respect, hein, ni pour les femmes non-patriarcales. J’ai pas besoin d’épiloguer. Ce vent qui arrive et qui libère… Quoi? Mais tu bascules dans le lyrisme gaga et complètement mou du calecif, mon pauvre. Le vent de tes vesses qui libèrent tes boyaux pourris, oui. Comme tu le dis si bien à un peu tout le monde par les temps qui courent: ferme ta gueule. Tu suçotes la fissure de cul de ce journaliste iranien là et, je te le dis, c’est carrément indécent. Tu fais tout juste ce dont tu accuses tous les autres licheux télévisuels. Ferme-la. Fous-nous la paix. Et Dieudo, impavide, dit finalement:
Hein! Le message originel? Quel message originel? Tuez les athées, les femmes insoumises et les juifs? Il est philosophique (sage?), ou politique, le message? Quoi? Quoi? Les sages qui observent en Iran? L’apologie de la théocratie autoritaire iranienne maintenant? C’est ça le modèle politique qui dansotte au bout de ta quenelle, là? Ben, mon gars, je te dis: non merci. Je te dis que t’es en train de tenter de nous en enfiler toute une. Je te sens pas, là et c’est pas bon signe. Et tu mens, tu mens, dans ce flagornage stérile et vide de ton chrétien fondamental par ton musulman fantasmé. Lit le Coran un petit brin, gars. Ça va te décrasser. Il louvoie pas comme toi, le Coran, tu vois. Texte moyenâgeux sans complexe, il assume son intolérance et il contredit ouvertement l’abbé Dieudo. «Ô, vous qui croyez! Ne prenez pas pour amis les Juifs et les Chrétiens; ils sont amis les uns des autres.» (Sourate V, verset 51). Vlan, et tu l’as dans le cul. Mais alors, tu racontes absolument n’importe quoi pour endormir les gogos, mon minus. Tu perds ton temps et le mien dans tes circonlocutions semi-légendaires de théogonardise de faux syncrétisme de merde, c’est pas croyable. C’est à halluciner.
Aussi, je te dis ceci, pour conclure sur toi et ta mouvance puante et délirante, cher Dieudo. Les conneaux que te traitent en bouc émissaire «humoristique» (pour pas faire face au mouvement sociétal, malsain mais crucial, que, tristement, tu révèles) et qui fantasment de te bâillonner (pour bien se voiler la face) par des astuces juridiques toujours contournables et par des amendes que tu paiera pas, eh ben, eux aussi, ils perdent leur temps et le mien. C’est ton public cible de musulmans français, de noirs de seconde génération et de facho blancs, tous éclectiquement et fortuitement réunis, qui va te péter dans le visage et te pulvériser la gueule, quand l’incompatibilité fondamentale des particules de haine et de déboussolement que tu comprimes dans tes théâtres vont se pénétrer véritablement l’une l’autre et toucher l’étincelle lumineuse de ta pauvre toute petite pensée inane et tant tellement vieillotte. Patatras! Pulvérisé par ses propres chalands, antinomiques, braqués et irréconciliables, le Dieudo. [Rire gras à la Dieudo. Il riait souvent de ses propres boutades, de son rire faussement copain et assez communicatif.]
Le vieil obscurantisme entre-deux-guerres occidental, ouf et re-ouf, on a vraiment pas besoin de l’Iran ou de qui que ce soit d’autre dans le genre, pour venir nous le re-seriner, avec en courroie de transmission, en prime, Dieudonné. Les morts ont enterré les morts qui sont issus en pagaille de tout ça. Foutez-nous la paix, une bonne fois avec vos résurgences cent fois re-maculées et médiatisées (y compris a contrario — ceci NB). Laissez nous vivre un peu. Il est plus que temps qu’on cesse de faire de la politique avec la religion. Il n’en sort jamais rien de bon. Et ça, ben, là, on s’entend tous pour dire que Dieudonné et l’Islam ont en commun de douloureusement le confirmer et le reconfirmer.
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Paru aussi dans Les 7 du Québec
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