Le Carnet d'Ysengrimus

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  • Paul Laurendeau

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Mâle Alpha. Foutaise Omega. Contre le social-darwinisme de ce temps

Posted by Ysengrimus sur 3 juillet 2008

La notion de «Mâle Alpha», c'est strictement pour lui. La notion de «Foutaise Omega», NOUS en detenons le monopole...

La notion de «Mâle Alpha», c’est strictement pour lui. La notion de «Foutaise Omega», NOUS en détenons le monopole…

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Le cirque débute avec une sorte de zoologiste farfelu du nom de Desmond Morris. Ses ouvrages, populaires et vendus massivement dans les supermarchés des années 1970 (le Singe nu, le Zoo humain), nous racontaient avec un simplisme désarmant –par exemple– que les seins et les lèvres de la femme humaine sont une transposition des fesses et de la vulve de la guenon, transposition apparue lors du passage de notre ancêtre à la station verticale pour perpétuer les attraits primaires de la séduction simienne originelle. Dans cette continuité, un certain journalisme de folliculaires nous raconte que si les femmes trouvent plus facilement que les hommes les fruits et les légumes dans un supermarché, ce n’est pas le résultat d’un conditionnement social, non, non, non, c’est parce que chez notre ancêtre arboricole, la femelle, vouée à détecter les fruits pour ses petits, captait et sélectionnait plus facilement les couleurs vives que le mâle. Explication similaire pour la préférence des petites filles pour le rose et les jouets passifs, la préférence des petits garçons pour le noir et les jouets agressifs (si tant est que cela se vérifie!). Cela est censé relever de la division des rôles de cueillette et de combat dans la horde lointaine et atavique des contemporains de Lucy… La chose se sophistique parfois en doctrine sociale de toc. On nous annonce alors que les hommes riches sélectionnent de jolies femmes sur les bases du principe darwinien de la survivance du plus apte et que le tout est un cas de figure inexorable de la sélection naturelle la plus ancienne et la plus fatale qui soit. Pour tout dire, il est de vogue en ce moment de tout expliquer de nos comportements sociaux sur la bases d’analyses semi-élucubrantes renvoyant à certaines caractéristiques biologiques (habituellement sélectionnées de façon superficielle et éclectique) censées provenir de notre fond primate archaïque. Dans la même dynamique, au lieu de parler, comme autrefois, d’un homme séduisant, on parle désormais d’un Mâle Alpha, en référence, un peu snobinarde, à la hiérarchie que certains primatologues font des communautés de gorilles.

Le social-darwinisme (ou «darwinisme social») est une théorie sociale réactionnaire (Spencer, Malthus, etc) qui se donne comme procédure de s’approprier intempestivement les catégories descriptives de la biologie darwinienne et de les appliquer mécaniquement à la description de la vie sociale humaine. Le social-darwinisme saute donc par-dessus l’Histoire (et par-dessus un certain Karl Marx) pour plonger directement ses explications totalisantes et totalitaires dans la toute inévitable biologie. Le fait que l’être humain se soit historicisé et, ce faisant, qu’il ait altéré sinon inversé nombre de ses déterminismes biologiques ne compte pas pour le social-darwinisme. Le social-darwinisme ne reconnaît pas les classes sociales, la lutte des classes, les révolutions, les modes de production et le développement historique. Tout pour lui procède des castes biologiques de la zoologie la plus simplette et est donc fondamentalement immuable. Les hommes riches sont voués à s’acheter des jolies femmes (qui restent pour toujours à vendre) de toute éternité. Ces dernières, pour employer la formulation explicite de certaines pages féminines à la mode, sont «biologiquement compétitives», puisque les détails les plus compulsifs, les plus perfides et les plus mesquins de la société bourgeoise contemporaine sont tous, sans exception, censés procéder de la lointaine fatalité du gorille et de la guenon… Le social-darwinisme est une déviation naturaliste qui légitime et perpétue l’ordre social en cours par un pur baratin de pseudo-science. Il est assez difficile de s’y objecter au premier degré d’ailleurs car, ce faisant, on semble rejeter le darwinisme (donc la science!), ce qui classe d’emblée, aux yeux des myopes, les objecteurs du social-darwinisme au nombre des créationnistes obtus et autres théogoneux ineptes qui ne veulent pas entendre parler de l’homme qui descend du singe…

Alors attention. La théorie de Darwin s’applique sans problème au fait que de mille glands tombés de cinquante chênes, il ne poussera que dix-huit arbres, les dix-huit plus forts, et le reste passera en humus. Gaspillage spermatosoïdesque dans la nature, survivance du plus résistant par pure inertie biologique. Si des petits écureuils se mettent à enterrer certains glands un peu partout, altérant la croissance initiale des chênes et l’augmentant, c’est encore un effet naturel qui verra les meilleures forêts de chênes se peupler d’écureuils qui, encore une fois, gaspillent en se donnant vingt caches de glands et en n’en retrouvant que cinq, le reste devenant des arbres. Mais si, d’un coup sec, toute la forêt est rasée avec de la machinerie lourde, appartenant à une multinationale à visées lucratives, pour bâtir des habitations au Canada ou des navires en Norvège, là, l’évolution naturelle vient de se faire radicalemnt bousculer par le développement historique. C’est que l’animal dénaturé (l’humain, selon le mot de Vercors) vient d’intervenir et les explications darwiniennes ne tiennent plus. C’est ici que Darwin débarque et que Marx embarque…

Je ne suis pas un primate tout court… Je suis un primate radicalement altéré par le développement historique. Il m’est donc possible de changer radicalement ma nature grâce à mes acquis historiques. Je peux voler en avion, je peux nager sous la mer en scaphandre, je peux cesser de traiter ma femelle en inférieure, elle peut ne pas se laisser engrosser par moi si elle me trouve trop sot, et je peux changer le tout de ma vie et elle aussi. Il n’y a donc rien de «fatal», rien de «naturel» rien de «biologique», rien de «génétique» dans mes pratiques sociales, et le social-darwinisme, la théorie implicite des hommes riches qui achètent des jolies femmes compétitives et souhaitent ardemment qu’il en soit toujours ainsi en misant compulsivement sur le patriarcat musculeux des gorilles, est une pure et simple fausseté.

Comme l’esclavage, la monarchie, l’apartheid et le polythéisme, bien des comportements que nos petits fatalistes auto-promotionnels contemporains croient éternels seront rejetés par le développement historique, et ce, dans pas si longtemps que cela d’ailleurs. Le social-darwinisme et ses divers implicites machos et élitistes sont certainement de ceux-là. Je n’aurai donc qu’un mot: Mâle Alpha. Foutaise Omega.

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Tiré de mon ouvrage, PHILOSOPHIE POUR LES PENSEURS DE LA VIE ORDINAIRE, chez ÉLP éditeur, 2021.

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Paru aussi dans Les 7 du Québec

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59 Réponses to “Mâle Alpha. Foutaise Omega. Contre le social-darwinisme de ce temps”

  1. Tourelou said

    Et si la femme a fait la paix avec ses dons d’instincts d’un savoir immémorial, j’ai tendance à croire que les hommes cherchent toujours à faire la paix avec leur anima, semble-t-il… Après le chaos et la désolation les hommes auront toujours l’instinct, de vie ou de survie, de tout reconstruire.

  2. ysengrimus said

    Il ne reconstruiront rien sans les outils dont ils héritent…

  3. Carolle Anne Dessureault said

    Il ne reconstruiront rien sans les outils dont ils héritent

    Les hommes créent continuellement de nouveaux outils oubliant souvent à quoi servaient les anciens. Et même la disparition de tous les outils, ce qui est impossible, n’empêcherait pas des constructions nouvelles. Construire, détruire, ça va ensemble, c’est un cycle, un éternel recommencement.

  4. ysengrimus said

    Le culte abstrait et pendulaire du Cycle et du Recommencement ne doit pas faire oublier l’Irréversible, qui est au coeur de l’Histoire humaine.

  5. Carolle Anne Dessureault said

    L’irréversible? Désolée je ne comprends pas.

  6. maxhno said

    Je pense que ça veut dire, que si le cycle n’était qu’un éternel recommencement, tu serais en train d’essayer de faire du feu plutôt que taper sur un clavier. Certes il y a des cycles historiques, mais ils ne se reproduisent pas à l’identique. L’irréversible, c’est ce qui est irréversible dans ces cycles, si je comprend bien…

    Et, au fait, merci, je commençais à désespérer de faire comprendre l’absurdité du lien Darwinisme – Darwinisme social… Je me suis permis de créer un hyperlien de ce texte sur un autre blog…

  7. ysengrimus said

    C’est moi qui vous remercie, Maxhno.

  8. chausson said

    Bonjour, quelle explication trouvez-vous donc au maquillage des femmes ? une simple supériorité esthétique de la gente féminine ? une soumission à la libido masculine qui doit disparaître ? personnellement je constate que ce phénomène colle assez bien à l’hypothèse de Morris.

    Chausson, mâle qui fait la vaisselle

  9. ysengrimus said

    Le maquillage est un objet éminemment culturel. Il n’y a rien de simien là dedans, c’est une longue tradition historique qui se manifeste ici. Elle n’est pas exclusive aux femmes d’ailleurs…

    Pour pasticher un mot qui a fait un certain bruit en 2008: mettez du maquillage sur une guenon, cela reste une guenon… Franchement, il faudrait que Morris nous explique la «bestialité» de cet œil…

  10. chausson said

    « Franchement, il faudrait que Morris nous explique la “bestialité” de cet oeil… »

    Une petite montée de testostérone. Je ne suis pas un ectoplasme délivré de mon corps.

    Je pense que la culture est un prolongement de l’évolution humaine, et pas une espèce de don divin dont le marxisme (qui s’inspire de la dialectique de Hegel) semble encore marqué, avec sa morale ma foi toute chrétienne…

  11. ysengrimus said

    Dénigrer le bond qualitatif du développment historique au nom d’un rejet (hautement légitime) du christianisme est sidéralement simpliste. La praxis humaine a fait jaillir, en dehors de toute mystique, l’imprévu dénaturé…

  12. chausson said

    « La praxis humaine a fait jaillir, en dehors de toute mystique, l’imprévu dénaturé… »
    Tout à fait d’accord.

    « Dénigrer le bond qualitatif du développent historique au nom d’un rejet (hautement légitime) du christianisme est sidéralement simpliste. »

    Un «bond», une révélation, oui je le nie, j’essaie d’imaginer des milliards de vies depuis des dizaines de milliers d’année, avec la transmission du savoir et son évolution -parfois-exponentielle, corrélée à l’évolution de l’espèce. D’accord pour accuser l’immobilisme politique du «darwinisme social», mais pas pour faire un abîme entre l’homme et l’animal.

  13. ysengrimus said

    C’est vous qui dichotomisez homme et animal. Vous perpétuez ainsi le spectre que vous prétendez critiquer. Je ne fais que jouxter mon observation du développement historique sur un animal qui l’a produite par lui même, sans jamais s’en séparer et qui y a même uni d’autres animaux: le chien et le cheval par exemple.

  14. marc said

    Merci pour toutes ces explications. Mon meilleur ami ainsi que mon amoureuse sont hier tombés d’accord sur un point: je suis un « mâle super dominant » dit l’un, un « mâle alpha » répond l’autre. Au secours! C’est grave?

  15. ysengrimus said

    C’est surtout illusoire et factice…

  16. Greg Durable said

    Bon article sur les aberrations du darwinisme social. Chez le loup, on parle de couple alpha, le seul qui dans la meute est autorisé à se reproduire.

    http://www.franceloups.fr/meute.htm

    L’homme est un loup pour l’homme disait Hobbes qui pensait qu’il fallait que l’on passe de l’état de nature à l’état civil et à un contrat social.

  17. Duncan said

    Votre texte est d’une médiocrité consternante. Je n’ai pas lu les auteurs du social-darwinisme mais manifestement vous non plus puisque leurs théories constituent à bien des égards des trahisons de l’oeuvre darwinienne et que vous semblez l’ignorer. Dans le meilleur des cas simples vulgates dans d’autres dérives malthusiennes voir fascisantes via l’importance donnée au concept (sans fondement) de race. Vous auriez pu donc dénoncer ces mauvaises interprétations mais vous vous fourvoyez dans une critique du darwinisme sous couvert de vous en prendre à ce malheureux folklore. Cela n’a pas l’air de vous plaire vu les nombreuses caricatures (« les hommes riches sont voués à s’acheter de jolies femmes », « comme l’esclavage, la monarchie, l’apartheid… », « traiter ma femelle en inférieure »…) que vous en faites mais c’est pourtant vrai: la biologie s’impose à l’Homme autant qu’au singe, il est juste plus complexe. Les femmes et les hommes s’accouplent selon une équivalence de valeur reproductive. Vous attaquez ce constat absurdement « Il n’y a donc rien de «fatal», rien de «naturel» rien de «biologique», rien de «génétique» dans mes pratiques sociales. » Voyons, outre que votre accumulation de synonymes trahit votre manque d’argumentation, soyez juste sérieux deux minutes.

    Le darwinisme est une théorie expliquant l’évolution des espèces selon la sélection naturelle, elle même régie par la sélection sexuelle. Comment se déroule t-elle chez les humains? Je ne vais pas dépeindre un tableau exhaustif mais les femme sont attirées par des hommes sécurisants capables d’assurer leur subsistance et les hommes par des femmes fidèles ayant certaines caractéristiques physiques (seins ronds et volumineux, hanches larges, chevelure abondante) les informant sur leur bonne disposition physiologique à donner naissance à la progéniture et à ce que ce soit bien la leur. Ces préférences ne sont en rien sociales, elles étaient déjà les mêmes au berceau de l’humanité. Seulement, et c’est là ou vous commentez une autre erreur, la sélection sexuelle tient tout à fait compte de l’histoire, au temps des cavernes l’homme sécurisant et riche était le chef violent et sanguinaire, aujourd’hui il est médecin, avocat, ou écrivain à succès. Nous ne sommes donc pas de simple singes, nous évoluons au gré de notre culture. Cependant ne nous y trompons pas, si la rolex a remplacé les dents en ivoire d’animaux sauvages elle a exactement la même fonction, être un signe distinctif de haute valeur reproductive, donc sexuelle, et donc favorisant la séduction. Nous restons soumis à notre nature. Les csp passent, l’importance de l’alpha male demeure. Le maquillage des femmes est un autre exemple. Sa fonction est bien sûr, comme les couleurs des ailes des papillons, de renseigner les possibles partenaires sur leurs qualités physiques. Un visage coloré (et accessoirement masquant les boutons, signe de carence et de mauvais fonctionnement physiologique) est un indice de santé et augmente donc la valeur sexuelle de celle qui l’arbore. Si vous en doutez je vous propose des travaux pratiques. Essayez d’avoir une érection en compagnie de vieilles femmes unijambistes. Y arriverez-vous? Sans doute non, car à partir d’un certain âge les deux sexes perdent tout pouvoir d’attraction sexuelle envers leur congénères plus jeunes (surtout si ils ne sont pas bien portant) car ils ne sont plus capables d’assurer la reproduction. C’est grâce à cela que l’humanité assure (entre autre) sa subsistance.

    Vous pouvez quand même me remercier. Vous avez de la chance (donnée très importante de la théorie darwinienne) de lire ce texte. Il a pour but de vous remettre dans le droit chemin. La compétition sexuelle, produit de la « lutte des gênes » est un fait, et en avoir conscience ne change pas significativement son organisation. Comme le philosophe que Montaigne a juché dans une cage, nous sommes soumis à notre nature animale. Mais vous l’aurez remarqué, cela ne nous empêche pas de peindre, de construire des dispensaires pour aider les pauvres (la solidarité est essentielle aux sociétés animales évoluées) et d’aimer autre chose que des blondes aux gros seins ou des hommes d’affaires bedonnants.

    • ysengrimus said

      Je vous remercie en effet… d’exemplifier pour nous le social-darwinisme dans toute sa splendeur machique, sa propension à se déguiser en Darwinisme (je n’ai aucunement contesté ce dernier), à marginaliser le caractère irréversible du développement historique et à faire remonter la rolex (et tout l’ordre bourgeois avec elle) jusqu’aux temps immémoriaux des cavernes. La non prise en compte de la progression sociale des femmes dans les deux derniers siècles exemplifie significativement que l’utilisation réactionnaire, passéiste, patriarcale et anti-historique du Darwinisme EST le social-darwinisme.

      • rolex&cie said

        « aimer autre chose que des blondes aux gros seins ou des hommes d’affaires bedonnants. »

        Cette dernière phrase est la contradiction totale de ce que vous venez de démontrer, Duncan.

        C’est bien la preuve que nous ne sommes pas soumis uniquement à des phénomènes biologiques, et c’est ce qui fait la différence entre l’homme et l’animal… Par ailleurs, l’homme a bien évidemment conscience de cet attrait biologique.

        Les mâles alphas auto-proclamés (comme vous: un écrivain à succès…) ont tout intérêt à défendre la théorie du « social-darwinisme ». En ce qui me concerne, le fait d’être un écrivain à succès – bien que j’admire son talent – ne fait pas d’un mâle, un mâle alpha, ou alors prouvez ce que vous avancez…

  18. Pik said

    Je crois comme Duncan que vous balayez bien trop rapidement le social-darwinisme, en en donnant une définition austère et primitive.

    L’objection répétée selon laquelle tout exemple donné en faveur d’une telle théorie est une illustration d’un conservatisme borné tient évidemment sur le fait que la sélection naturelle, qui fait l’objet du darwinisme, ne laisse pas a priori de place à l’altruisme, à la générosité, à l’intelligence bien employée, à une éthique du comportement. Le darwinisme, c’est la loi du plus fort, n’est ce pas? Malheureusement c’est dans un premier temps un tort de penser que c’est exclusivement cela et en version simplifiée, c’est un second tort de rejeter la partie biologique de l’homme.

    Pour la première objection, le darwinisme a beaucoup évolué (merci à l’article sur rue89), et s’est introduit dans la sociologie non pas seulement par certains aspects purement biologiques (effets hormonaux, stimuli visuels et leurs influences sur le comportement humains, qui sont biologiquement prouvés, et j’insiste sur ce point). mais par des aspects stratégiques très intéressants: la répartition des populations, mais également les formations de tribus, les structures hiérarchiques spécifiques à l’entreprise, les négociations économiques. Tous ces domaines, traités notamment par les neurosciences ou la théorie des jeux, fait appel à des principes de bases, des critères de survivances, que nous devons à Darwin. On s’éloigne de l’analyse du dragueur soralien, mais on reste dans une interprétation darwinienne d’interactions sociales. ça a évidemment plus de gueule que le marxisme, qui n’est PAS scientifique, et qui n’est pas moins une profession de foi que de croire qu’une moto ou un tatouage ont un effet séduisant sur la gente féminine (à ceci près que j’ai empiriquement testé le second, et je suis au regret de vous dire que…)

    Mon second argument, et je reviens sur l’aspect biologique de l’humain, est qu’on ne peut ôter cette partie cruciale dans la mécanique des relations sociales parce que nous ne sommes pas des êtres de pensée pure. Nous avons faim parfois et nous salivons, moi je bande quand une attirante jeune fille tente de me séduire. Ce qu’elle ne fait pas en me démontrant des théorèmes de topologie algébrique. De même si je prends un plaisir à résoudre des problèmes théoriques comme l’épistémologie du hasard ou les équations différentielles (je n’ai jamais séduit personne grâce à cela), j’aime boire, manger et baiser. On peut être viandard sans être un salaud. On peut être influencé par des stimuli biologiques sans que cela soit mauvais, même si c’est toujours un peu primaire. Les derniers développements sérieux dans la compréhension des intéractions humaines et de l’intelligence viennent des neurosciences,et même si elles restent phénoménologiques, elles n’oublient jamais de modéliser ou de mettre en valeur des buts élémentaires, comme le plaisir, interprété comme signe de bien être et de survivance. Le cerveau fait partie du corps, même si c’est plus compliqué que le reste. La théorie des jeux également fait d’énormes progrès sur la compréhension des comportement humains, mais cette fois en partant d’un critère pris a priori: maximiser son intérêt, sa survie. Et c’est là que le darwinisme est le bienvenu. En bref, nier la nature de plein de choses, vous raterez de belles explications sur le sentiment amoureux, la jalousie, le stress, l’autorité et sa soumission, et plein d’autres choses que Marx et Freud prétendaient expliquer (on peut tout de même les remercier).

    Pour finir je trouve étrange, mais là c’est très personnel, qu’un supposé marxiste (donc athée? donc en ces temps austères de la philosophie analytique de l’esprit, peut être déterministe matérialiste? assurément un peu déterministe puisque marxiste…) rejette si fortement la « fatalité » de stimulis qui ont des origines non naturelles (la montre en or, pour la citer).

    Amicalement,

    • ysengrimus said

      Les arguments exclusivistes du matérialisme naturaliste, scientiste, triomphaliste et obtus sont fort bien exemplifiés ici. Si on rejette les déterminations biologiques EXCLUSIVES, on se fait accuser d’angélisme, d’intellectualisme excessif et de vouloir séparer le cerveau du corps. Or, l’accusation de myopie sociale faite par le marxisme au social-darwinisme (et PAS au darwinisme biologique, le SEUL qui soit effectivement scientifique), c’est justement l’accusation de séparer simplistement. Séparer le « viandard » frétillant qui bande de ses déterminations HISTORIQUES et conséquemment ériger le paillard cuistre et petit bourgeois de nos bonnes villes tertiarisées en Grand Animal Universel. Bien loin d’être un angélisme, le marxisme AJOUTE un matérialisme historique DOMINANT au matérialisme biologique DÉTERMINANT des darwiniens, circonscrivant l’humain, le blé, le cheval et le chien (entre autres) dans le mouvement du développment des modes de production sans lesquels ils ne seraient tout simplement pas ce qu’ils sont aujourd’hui…

      • Pik said

        Je n’ai pas très bien compris tout le sens de votre réponse, mais dites vous bien ici que le darwinisme (biologique) a encore sa place pour expliquer des phénomènes sociaux, mais de manière partielle et minoritaire, alors qu’il occupe une place majeure, voire exhaustive, dans la nature?

        Si c’est le cas, je suis d’accord avec vous : je dirai que la biologie (de l’évolution, pour préciser ce dont on parle) joue dans les intéractions sociales, mais pas seulement. Il ne faut donc pas mettre au fond du placard l' »alpha male », mais simplement considérer cette dimension comme désormais un facteur parmi d’autres des phénomènes.

        Quant au social-darwinisme, je persiste à croire qu’aux vues des recherches récentes, et prometteuses, des théories de la compétition (même si je le concède, il y a des obstacles épistémologiques, conceptuels, techniques, à franchir, et certains infranchissables) en sociologie, il serait dommage de lâcher aussi tôt des concepts encore productifs. Bien sûr vous pourriez arguer qu’on a élevé à un palier supérieur la résolution des problèmes, et ainsi le social-darwinisme lui même n’est plus à prendre. Peut être. Mais Aujourd’hui Darwin commence à être reconnu comme un des pères de l’économie. Associé à d’autres idées (l’utilité, les graphes, la percolation), le darwinisme « de base » pose un fondement de beaucoup de modèles sociologiques récents. Je prends pour exemple les jeux à champs moyen de Lasry Lions, ou la percolation d’information. On dévie certes du principe de base, mais on ne le rejette pas. Évidemment, les études sur les rôles clichés des petites filles et des petits garçons semblent dépassés maintenant, mais l’idée de base d’utiliser l’évolution, l’adaptation et la règle de survie du plus adapté sont encore très bonnes pour expliquer bien des phénomènes (macro et micro).

        salutations,

      • ysengrimus said

        Il y a un seul phénomène socio-historique que le darwinisme biologique aide à comprendre, c’est la pratique coutumière qui, par mouvement inverse, a justement aidé Darwin à lui-même comprendre la nature, et c’est l’élevage des animaux et des plantes, dans le cadre fermier (avec croisements, sélection concertée, constitutions artificielles d’espèces, hybridations, boutures, etc). Le reste de votre développement ici, c’est du blablabla tape-à-l’oeil de sociologie scientiste, positiviste, conformiste et confirmationniste pour ordre établi en mal de perpétuation, d’auto-légitimation et de sempiternalité…

  19. Tsilikat said

    Bonjour

    Quel plaisir de vous lire!

    Bien que dans une veine communicante, je n’ai pas toujours la matière adéquate « dans la soupière ou sous la main » pour participer ou vous répondre.

    Dans ces cas, si on écrit quand même, pris dans l’enthousiasme et dans l’élan, c’est généralement fort long, et pas toujours aussi divertissant pour les autres… aussi, n’hésitez pas à « sucrer » ce long commentaire si vous le jugez lourd ou ennuyeux.

    Quel joli et joyeux fracas des idées fausses et autres enclumes de balsa, ces feintes explications de poids… qu’on reconnaît, même sans être à la pointe des connaissances scientifiques, au fait qu’elles sonnent si tristement et sont toujours comme animées du mouvement caractéristique du système d’arrosage: Automatique.

    Je ne vois que la danse (préférablement en groupe mixte et soudé) avec de hautes dilutions de poésie (appliquées au jet… lumineux) pour contrebalancer ces dérives logico-déductives hystéro-trépanentes. Quel intérêt me demandais-je, peut-on trouver à déranger et fatiguer la science, cette noble dame, pour voir le monde encore plus laid?

    Et sinon, à l’aune de l’humanité, encore bien avant l’histoire, dans l’épaisseur de l’expérience humaine et ses vestiges fossilisés, n’est-il pas dit (écrit et attesté par des recherches) que la femme dominait l’homme, par son mystère, par ce miracle de la naissance, via la structure matriarcale de proto-sociétés qui se sont succédées pendant un temps fort long, avant que les mâles ne récupèrent le ballon?

    En suivant cette ligne de pensée (dont je ne maîtrise pas les sources ni les détails avec la précision du trieur de bulles patenté; les spécialistes voudront bien me corriger), et en considérant cette « épaisseur » de temps traversée par l’expérience humaine: ce serait surtout la femme l’humain « codé » le plus longuement et anciennement en mode Alpha.

    Bon… mais c’était juste histoire de d’rire. J’admets qu’à cette discipline: « Tenter de prouver par des arguments logiques des choses qu’on ne connaît pas » je ne me montre pas spécialement brillant. C’est l’aspect définitif qu’acquiert (le plus souvent et massivement à l’aide du bluff) l’argumentation au fur et à mesure de sa progression scandée comme au pas militaire, qui asphyxie la pensée, je trouve.

    Alors qu’il peut suffire d’un seul et malheureux paramètre négligé pour que toute la structure logico-verticale s’écroule. Cette évidence,déjà, pour un enfant qui empile des cubes, devrait aider les adultes à contester l’hypnose grossière exercée par les discours scientistes. Des tests de marques de lessives et de lave-vaisselles SONT scientifiques eux-aussi.

    Un programme long,voire longuet, je l’admet et m’en excuse… mais je touche enfin à la question de fond: l’homme Alpha lave plus blanc – oui? – Non?

  20. raphaël said

    Bonjour,

    Je viens de lire vos articles sur les causes de l’abandon des femmes des études supérieures, ainsi que celui ci.

    Je trouve votre argumentation exagérée et surtout clivante. On a l’impression qu’à vous lire, on peut être soit 100% social darwiniste (poids de règles style Darwin), soit 100% politique (poids de l’Histoire). C’est dommage cela dessert votre propos à mon humble avis 🙂

    Sur la part animale de l’homme, j’aimerais vous soumettre le cas suivant: le viol.
    on sait (statistiques corrélées entre une association féministe et le ministère de la Justice) que les auteurs de viols sont à 95% des hommes. Nous sommes bien d’accord: cet acte est odieux et incroyablement révélateur d’une grande détresse et surtout créateur d’une grande souffrance.

    N’y a t-il pas derrière une certaine violence… …typiquement masculine?

    d’autres exemples (les hommes sont 80% des consommateurs de pornographie, qui globalement est plutôt… animale voire bestiale vous en conviendrez) montrent bien des différences fondamentales entre hommes et femme.

    Je ne pense pas que le sexisme n’existe pas et il faut le combattre. Je pense cependant qu’il est illusoire de chercher une parfaite égalité en tous domaines, car cela ne sera jamais possible.

    Qu’en pensez vous?

    • Le Gaïagénaire said

      Le Viol, 95% le fait des hommes ?

      Combien de viols par des femmes sur des petits bébés mâles ne seront jamais rapportés à la Justice, mais mis-en-scène par ces bébés devenus adultes ?

      Combien de viols par des femmes ont forcé des mariages disfonctionnels ?

      Le petit prince visite une nouvelle planète en ’72 :

      Il observait le manège de l’hétérochronicité d’une femme-alpha depuis quelques mois. Le candidat bien « testé » est invité à un festin savamment préparé et assaisonné par la matriarche-alpha. Apéritifs, digestifs, tous les égards quoi.

      Pour la première fois, le candidat couchera chez les parents de la femme-alpha, sur le canapé de la salle adjacente à la chambre à coucher de la femme-alpha. Les parents se retirent tôt, le candidat bois un dernier alcool. Le jeune couple s’abandonne à des marques d’affection lagoureuses et la femme-alpha invite le candidat dans son lit, ce qu’il refuse.

      La femme-alpha sort une litterie et le candidat se couche sur le canapé. La femme-alpha revet une lingerie affriolante et rejoint le candidat et s’ensuivent d’autres marques d’affections jusqu’à ce que le candidat pose la question : est-ce dangereux et suite à la réponse positive, il refroidi ses ardeurs et demande à la femme-alpha d’aller se coucher dans sa chambre. La femme-alpha n’offre même pas de faire jouir le candidat qui restera sur son appétit.

      La femme-alpha revient alors que le candidat est assoupie, s’installe sur lui, insère le membre viril dans son vagin, fait fie des protestations du candidat jusqu’au coït, puis se retire dans sa chambre, sans parler…

      15 jours plus tard, la femme-alpha annonce le retard fatidique, confirmé par les test appropriés. Le candidat déstabilisé, mis devant le fait accompli, culpabilisé par son éducation, excède son niveau de responsabilité et les deux annoncent aux parents des deux familles qu’il y aura mariage dans 10 jours.

      Le petit prince observe le candidat prendre conscience en 2002 qu’il a été effectivement violé en ’72. Il constate que le candidat ne portera pas plainte à la Justice parce qu’il est un homme devant un système misandre.

      La femme-alpha s’est reproduite quatre fois. Le candidat a pris ses responsabilités pendant 16 ans, puis a cédé sous les pressions. La femme-alpha percevra 50% de la rente du candidat qui a pourtant partager 100% de ses ressources avec la famille de la femme-alpha parce qu’il croyait qu’elle était la sienne, autre viol, de l’État misandre, cette fois passant outre au contrat de mariage en séparation de bien.

      Je pense que le Darwinisme s’applique à 100% de toutes les femelles de toutes les espèces, mais pas aux mâles qui sont les boucs-émissaires. Ni Darwin, ni Malthus, ni Spencer n’ont eu la lucidité ou la franchise de le dire.

      Et nos universitaires, sauf exception, sont incapables de la créativité nécessaire à la prise de conscience qui s’impose.

      Le petit prince a décidé de parler de sa planète.

      Le Gaïagénaire
      26 décembre 2011

      • Josick d'esprit agricole said

        La femme-alpha et le confort de sa caverne : La véritable femme alpha n’est pas celle qu’on croit, c’est la femme bien souvent même timide et réservée qui manipule son homme pour qu’il assure le plus grand soin de son antre, antre intime (faut bien la faire jouir…) et antre domestique (intérieur dans lequel rien ne manque et surtout pas même une pacotille : vive ce capitalisme de production) et maintenant aussi antre paradoxalement public depuis qu’elle sort (on a donc désormais en vogue des conneries comme le réchauffement climatique, la protection de ma planète…).

        C’est la haine du risque, de ce risque qui met en péril l’acquis auquel on tient comme à la prunelle de ses yeux, règne d’un monde exclusivement femelle qui se pare des attributs de la virilité -nos vaillants syndicalistes-, celle-ci étant vidée de son contenu source d’incertitude -mais par là même aussi de renouvellement duquel on se prive alors, se condamnant à l’enfermement socialiste-.

      • Le Gaïagénaire said

        Basé sur la transmission intégrale de l’ADN mitochondrial de souche matriarcale et suite à mon commentaire précédent intitulé « Le Petit Prince », j’avance maintenant une réflexion très personnelle sur un autre aspect du Darwinisme:

        J’ai mis quarante ans pour verbaliser mon traumatisme. D’autres questions, d’autres pailles se profilent mais ne deviendront pas des poutres. Par exemple, suis-je le père biologique du premier enfant ? Et des trois autres?

        Le Petit Prince a résumé par le mot « testé » plusieurs épisodes de cette traversée du ruisseau.

        Le Petit Prince a résumé par l’expression « culpabilisé par son éducation » tout ce qu’il connait de sa phylogenèse-ontogenèse, ce que Y. appelle déterminations historiques; l’investissement, au sens militaire, narcissique par ma mère me condamnant à répéter, par son silence, mais aussi par l’ADN mitochondrial, le ressenti du drame de ma conception. Elle, le négatif photographique, moi, l’épreuve.

        J’ai été programmé pour résoudre le drame de ma mère. Et je l’ai résolu. D’autres hommes ont résolu des problèmes reliés aux accessoires de la « caverne », à la construction de la « caverne », à son électrification, son isolation, les déplacements, la communication.

        Regardez autour de vous n’est-ce pas vrai que ce sont les hommes qui ont tout inventé, tout construit ce qui avait causé problème à leur mère?
        27 décembre 2011

  21. Tsilikat said

    Bonjour à tous
    Bonjour Raphaël

    A propos de…

    « Je pense cependant qu’il est illusoire de chercher une parfaite égalité en tous domaines, car cela ne sera jamais possible.
    Qu’en pensez vous?.. »

    …Sous l’effet d’un merveilleux -bien que tout simple- Côte-du-Rhône… par honnêteté, je me devais de le préciser avant d’envoyer la « purée »…

    « …Répondre… »

    C’est illusoire certes, telle la vie, qui par bien des aspects est terriblement malheureuse, et désolante en proportion de ce que l’on peut atteindre lorsqu’on parvient au meilleur de nous-même…

    Je voulais juste revenir sur cette notion d’égalité, très mobile en fait, à propos de tout mais aussi entre la femme et l’homme:

    Comme tous les grands « Mots », devenus des symboles, c’est-à-dire des croyances montées sur deux pattes, mobilisables au fouet acide ou lascif, comme au porte-voix… c’étaient à l’origine des phrases entières et pleines, depuis décapitées et réduites aux raccourcis tels des troncs aveugles et bien commodes à manier car proprement ferrées & « détêtés »:

    – N’est-ce pas de « l’égalité » du trajet que doit couvrir vers l’autre chaque parti en lice dont il s’agit?

    – N’est-ce pas de « l’égalité » d’effort d’intelligence à produire, de lutte contre ses propres démons dont il s’agit encore?!

    Réduire -ou continuer à convoyer- l’idée d’égalité comme celle de la reproduction en miroir d’un même phénomène, d’un même acte, d’un même mot -aveugle et sourd-… en niant la valeur, le contexte, l’impact, les conséquences dans chaque tableau et surtout dans le diptyque auquel on se réfère, n’est-ce pas nier ce que l’on prétend justement défendre?!

    L’égalité passe par la compréhension (c-a-d l’immersion totale dans la situation) de la position de l’autre bord. L’égalité passe par la résolution de l’opposition; par l’échange des armes, des mots, des outils & symboles des puissances, talents, poisons propres (et bien sales) à chaque camp!

    L’égalité est une immense et sublime fête où l’on cesse enfin d’avoir peur. Ce n’est pas ce triste, mensonger et exsangue exemple « poilitico »-publicitaire auquel on est abreuvé de force, gavé tel un canard depuis la naissance.

    L’égalité ne se mesure pas au même diamètre d’un entonnoir.

    L’égalité commence par le respect, c a d la pleine compréhension sensible des différences mêmes caractérisant chaque partie.

    L’égalité est le contraire d’une oblitération.

    L’égalité entre deux être se « négocie » dans l’espace d’un seul clin d’œil, au moment où les deux regards se croisent.

    L’égalité exige beaucoup de courage, notamment celui de cesser d’avoir peur de l’autre, soit cesser d’avoir peur de ses propres faiblesses.

    L’égalité n’est pas à rechercher mais à conquérir pour le bien immense, sidéral, jouissif, « schoupzinilstrof » de chacune des parties, réalisant enfin cet ensemble merveilleux que l’on peut, mais seulement à partir de ce stade, qualifier d’Humain.

    L’égalité est une conquête qui n’a pas de prix… comme toutes les choses de grandes valeur.

    (Ce qui en clair veut dire qu’il est mesquin et criminel de seulement penser à la vendre… mais bon, c’est encore un autre sujet.)

    Tsilikat

  22. François said

    Je dois malheureusement abonder au moins partiellement dans le sens de Duncan: votre texte est d’une médiocrité consternante. On voit trop bien que vous ne connaissez rien au sujet. Par où commencer…

    D’abord le darwinisme social est essentiellement l’affaire du XIXième siècle, et vous avez raison de citer Spencer et Malthus. Ensuite, tout ce que vous pouvez citer c’est Desmond Morris? Cet auteur, quoiqu’il a pu en son temps réaffirmer l’importance de la biologie pour éclairer le comportement humain et, avec plusieurs autres, fut en partie responsable de l’émergence de la sociobiologie (dont vous ne parlez pas), est essentiellement un auteur de science populaire. Vous devriez peut-être allez jeter un coup d’oeil dans les publications scientifiques plus sérieuses, mais bon, il semble que la rigueur scientifique ne fasse point partie de vos qualités.

    Donc, pas un mot sur la sociobiologie, inaugurée entre autres par E. O. Wilson (mais pas exclusivement), et irrémédiablement entachée de conservatisme politique et d’idées réactionnaires. Ce qui ne rend pas complètement justice au programme de recherche (mais nous n’entrerons pas là-dedans). Nous sommes alors dans les années 1970 et 1980. Mais apparaît ensuite, ce que vous ne savez probablement pas puisque vous n’en soufflez mot, ce qu’on appelle la psychologie évolutionniste et l’écologie comportementale, deux programmes de recherches qui cherchent principalement à comprendre le comportement humain à la lumière de considérations biologiques et évolutionnistes.

    Donc l’expression darwinisme social, avec toutes ses connotations politiques péjoratives, n’est plus de mise depuis des décennies. Le fond reste-il le même? Non. D’abord, nous parlons ici de programmes de recherches scientifiques sérieux, non pas de couvertures pour des idéologies politiques (mais en bon [sic!] marxiste que vous êtes, vous ne pouvez pas envisager une telle chose, n’est-ce pas?). Ensuite, l’idée centrale du darwinisme ce n’est pas ‘la survie du plus fort’. Pour votre information, cette formule provient de Spencer. Le darwinisme, c’est la théorie de l’évolution par sélection naturelle, ce qui est autre chose. Ceux qui survivent et ont été ‘sélectionnés’ ne sont pas nécessairement les plus forts mais les plus adaptés, Traduction: ceux qui ont un taux de reproduction plus élevé.

    D’autre part, vous dites que la nature, la biologie ou encore la génétique de l’homme n’a plus d’influence sur nos comportements, que la progression historique a pris le dessus? Vous êtes tellement obnubilé par votre marxisme que vous anéantissez l’importance de nos gènes. Ceux-ci, comme vous le savez probablement, déterminent notre constitution dans une bonne partie. Le corps que nous aurons, de même que notre cerveau, donc une bonne partie de nos capacités cognitives, de notre sensibilité, de notre appareil perceptif, etc… Je précise tout de suite: les gènes produisent des phénotypes (l’expression des gènes) de par la relation qu’ils entretiennent avec l’environnement lors de notre développement. Donc changer l’environnement revient à modifier les phénotypes. Mais attention: nous parlons ici d’une interaction entre gènes et environnement: les deux font partie de l’équation, et les deux s’imposent mutuellement des contraintes. Donc penser de façon binaire et dualiste en disant, soit c’est la nature, soit c’est la société ou l’histoire, c’est une aberration depuis longtemps dénoncée par tout scientifique et tout homme le moindrement cultivé (pourtant je vous considère comme faisant partie de cette dernière catégorie… dommage que vous soyez si aveuglé par votre idéologie). Pour conclure cette partie: l’homme est donc un animal biologique. Bien sûr, l’homme est également un animal politique, nous le savons au moins depuis Aristote. L’un n’empêche pas l’autre.

    Aussi, vous prétendez que le darwinisme social est une pseudo-science. Si on en reste au XIXième siècle et que l’on inclue une partie de la sociobiologie, je ne suis pas en complet désaccord. Mais la psychologie évolutionniste et l’écologie comportementale n’en sont pas. Mais alors, votre marxisme? C’est une science peut-être? Une science du développement historique? Pardon? Au mieux c’est une idéologie datée, ou le début d’une sociologie excessivement déterministe. Mais en aucun cas une science établie.

    Finalement, je trouve bien dommage que vous vous permettiez d’écrire sur des sujets que vous dépassent complètement avec votre plume capable de multiples nuances littéraires mais de bien peu d’arguments. On voit bien que vous parlez à travers votre chapeau quand vous abordez un tel sujet. Sortez un peu de votre fétichisme idéologique, si vous en êtes capable, et allez voir un peu ce qui s’écrit dans les publications scientifiques mieux établies. Vous verrez que, par l’intersubjectivité critique institutionnalisée, l’idéologie n’y a pas sa place. Vous y apprendrez plein de choses.

    Ce qui est le plus marrant dans tout ça, c’est qu’il m’a suffit de quelques cours, de quelques lectures et de quelques connaissances pour déceler la bêtise de votre article. Imaginez ce qu’un scientifique de professions, par exemple biologique, aurait pu écrire… Je crois, en fait, qu’il n’aurait pas jugé bon commenter, tellement vous dérapez.

    Pardonnez l’expression bien peu travaillée de mon commentaire-réponse. Je crois bien avoir été trop ‘commotionné’ par votre texte pour prendre le temps d’y répondre plus sereinement.

    Bien à vous.

    • ysengrimus said

      Ben, on va un peu se résumer ton développement, mon petit Franki. On a pas peur du vide, va. Une ligne par paragraphe. C’est parti:

      1- Ysengrimus, ton texte est pas bon.
      2- Desmond Morris, c’est pas sérieux. [Ici je dois dire que je seconde – Ysengrimus]
      3- Cinq mots: sociobiologie, psychologie évolutionniste, écologie comportementale. Un nom: E.O. Wilson. Aucune description de contenu.
      4- Darwinisme social, faut plus dire ça. Mes programmes scientifiques, c’est du sérieux. Survivance du plus fort c’est pas Darwin c’est Spencer.
      5- Bouillie sur les gènes, les phénotypes. Maintient honteux de la notion d’homme animal. Pirouette aristotéteuse sur l’animal politique. Cassage de marxisme.
      6- Retour des quatre mots: psychologie évolutionniste, écologie comportementale, toujours sans description. Cassage de marxisme et apologie honteuse du social-darwinisme.
      7- Ysengrimus, tais-toi et lis des publications scientifiques.
      8- Je suis mal informé mais j’ai quand même bien enguirlandé Ysengrimus.
      9- Je suis émotionnellement perturbé.

      Je laisse donc parler vos arguments. Les miens demeurent inchangés – Ysengrimus

      • François said

        Wow! Quelle caricature! Ou: comment caricaturer plutôt que de véritablement argumenter. Décidément, vous me donnez raison lorsque je souligne la minceur de votre argumentaire.

        Vous savez quoi, je n’ai pas l’habitude d’utiliser des expressions comme ‘bêtise’ ou ‘médiocrité’ lorsque j’argumente. Je m’excuse d’ailleurs de les avoir utilisées. D’un autre côté, je me dois de vous dire qu’à mes yeux vous êtes probablement une des personnes qu’il m’a été donné de lire qui utilise le plus fréquemment les insultes et les caricatures en tant qu »arguments’. Ce qui est plus que déplorable.

        Vous dites que je ne précise à aucun moment ce qu’est la sociobiologie, la psychologie évolutionniste et l’écologie comportementale. Vous avez raison. Mais je me disais que quelqu’un qui prend le temps d’écrire un texte sur le darwinisme social a prit le temps de se renseigner un petit peu avant. C’est la moindre des choses, non?

        Sociobiologie: programme de recherche qui visait à établir des liens forts (déterministes) entre les gènes et les comportements animaux, humains et non-humains.

        Quelques commentaires: la sociobiologie a été discréditée, avec raison, pour au moins deux raisons: d’abord parce qu’elle était suspectée de défendre un programme politique conservateur en disant que nos gènes déterminent nos comportements, par exemple que les hommes sont fondamentalement agressifs. Aujourd’hui on comprend beaucoup mieux l’interaction entre les gènes et l’environnement (naturel et culturel), et la flexibilité qui existe les gènes et leurs expressions phénotypiques (ce que vous appelez la bouillie sur les gènes et les phénotypes… venant d’un homme de lettres comme vous, je ne m’offusque pas trop de votre mépris). Pour donner un exemple: un enfant qui se développe à l’écart de tout humain ne développera probablement jamais de capacités langagières normales, même s’il naît avec les gènes permettant de développer ces capacités.

        L’autre aspect controversé était la pauvreté des données empiriques: E. O. Wilson (fondateur du mouvement et entomologiste de formation, pour votre information, qui publia en 1975 si je ne m’abuse un ouvrage clé intitulé ‘Sociobiology’) tirait la majorité de ses exemples du rôle des gènes sur le comportement d’animaux non-humains, et essaya (de façon maladroite) d’étendre sa théorie à l’humain.

        Pour ces deux raisons, et probablement d’autres, la sociobiologie n’aura durée qu’approximativement deux décennies. Mais vers la fin des années 1980 et au début des années 90 se développe un autre programme de recherche qui se veut continue mais en même temps nouveau: la psychologie évolutionniste. Il y a beaucoup de variantes et des positions diverses à l’intérieur de ce mouvement, mais l’idée principale consiste à considérer que l’esprit humain est essentiellement le résultat de l’évolution par sélection naturelle et qu’il est constitué d’un ensemble de ‘modules’ de traitement de l’information spécialisés. Ces ‘modules’ auraient été retenus par la sélection naturelle étant donné leur valeur adaptative.

        Quelques différences séparent ces mouvements. D’abord la psychologie évolutionniste est très majoritairement exempte de considérations et d’appartenances politiques. Ensuite l’emphase n’est pas mise sur le comportement mais bien sur les ‘modules mentaux’ (perceptifs, inférentiels, sociaux…) à la base du comportement. Une autre différence est que les gènes ne déterminent pas tout: l’environnement médiatise toujours l’expression phénotypique des dits gènes (encore ma bouillie). Donc elle n’est pas déterministe comme la sociobiologie.

        Ca vous éclaire un peu plus? Comme l’espace n’est pas suffisant pour étayer davantage les programmes et concepts en jeu, je vous suggère de faire par vous-mêmes quelques recherches. J’éviterai ainsi le name dropping, et j’ai déjà fait trop de raccourcis et d’approximations théoriques.

        Brièvement, pour finir cette partie, l’écologie comportementale utilise quant à elle les modèles d’optimisation développés en théorie de l’évolution. Ce programme fut davantage appliqué aux animaux non-humains, mais on commence à l’appliquer aux humains. Je vous propose encore une fois de vous informer par vous-même pour la suite, faute de temps et d’espace.

        Le lien entre ces différents programmes de recherche? Le fait tout simple, d’abord, que nous sommes des êtres biologiques (ne vous-en déplaise), comme les autres espèces animales, que notre programme génétique a une influence sur qui nous sommes, sur les comportements que nous adoptons, sur la culture que nous développons, etc., et que nous sommes largement le résultat de la sélection naturelle.

        Ais-je nié l’importance de la culture? Absolument pas. Mais votre ‘progression historique’ et culturelle qui aurait prid le dessus sur notre nature biologique, c’est une fiction. Il y a interaction et cohabitation: ni l’un ni l’autre, mais les deux. Ce que les biologistes appellent les ‘pressions de sélection’ continue à s’exercer. Elles sont simplement davantage culturalisées. Ce qui favorisait la reproduction il y 3 millions d’années, autrement dit, a put se transofmer avec le temps, mais pas complètement.

        En passant: qu’est-ce qui vous fait dire que je fais une apologie du darwinisme social? Ais-je, à une seule reprise dans mon commentaire précédant et dans celui-ci, affirmer pareille chose? Vous êtes franchement d’une malhonnêteté intellectuelle que je n’oserais qualifier…

        Et, pour conclure, oui je vous conseille de vous informer davantage avant d’écrire sur un ton aussi sentencieux et péremptoires des choses qui dépassent clairement vos compétences. Et je suis surtout perturbé lorsque je lis des choses pareilles et que vous parveniez tout de même à trouver preneur (voir la majorité des commentaires encenseurs suivant votre texte).

        Oserez-vous encore une fois caricaturer ce que je viens d’écrire, ou tenterez-vous une réponse argumentée et respectueuse?

  23. ysengrimus said

    Mieux Franki, mieux. Plus de contenu, moins de frime scientiste, de renvois creux et d’insultes gratuites. On s’approche.

    Alors maintenant, continue donc d’élever mon niveau culturel des masses un brin en m’expliquant tout aussi candidement la différence de fond (si tant est) entre un programme «de recherche» qui prétend que l’esprit humain est essentiellement le résultat de l’évolution par sélection naturelle (je te cite ici) et le bon vieux social-darwinisme de jadis. Parce que là, par delà le blablabla technico tape-à-l’oeil je dégage exactement la même déviation naturaliste de fond…

    Ta foncière honnêteté inetellectuelle de donneur de leçons va certainement éclairer une distinction cardinale, que j’attend toujours et qui franchement m’échappe, d’une façon moins fumeuse que le recyclage fétide et escroc que ton gourou Edward Osborne Wilson fait, par exemple, de la pulsion religieuse… (pas de conservatisme politique tu disais, au fait?)

    • François said

      Sans trop caricaturer, le darwinisme social c’est la rencontre d’une théorie biologique révolutionnaire (théorie de l’évolution darwinienne par sélection naturelle), et d’un programme politico-économique (le capitalisme ‘sauvage’ du XIXième siècle). Pour Spencer, c’est principalement l’idée que seuls ceux qui sont suffisamment forts et adaptés aux conditions socio-économiques vont et doivent survivre. En conséquence de quoi, il s’opposait à son époque aux ‘poor laws’, probablement aussi aux réformes sociales et au syndicalisme. C’était un mélange inextricable d’une théorie descriptive et d’un programme normatif.

      Et, pour que cela soit clair, je m’en détache complètement et sans équivoque.

      La sociobiologie s’est développée à peu près 100 années plus tard. À cette époque, même avant, la théorie de l’évolution darwinienne s’était adjointe la génétique mendelienne (c’est ce qu’on appelle la théorie synthétique de l’évolution… désolé pour les technicités). Darwin avait déjà postulé que les mutations avantageuses d’un point de vue adaptatif étaient transmises de génération en génération, mais n’en connaissait pas le mécanisme biologique précis. Ce mécanisme est celui de l’héritabilité génétique (pardonnez le ton didactique mais cela a au moins l’avantage d’être clair… du moins je l’espère). De façon plus générale, la biologie avait fait d’énormes progrès.

      La sociobiologie, au contraire du darwinisme social de Spencer, n’était pas directement et en lui-même un mélange de théorie et de politique. Mais il était possible de la tirer vers des conclusions politiques, pour le moins controversées. Peut-être était-il en partie en réaction face aux révolutions des années 1960 et 1970 et affichait-il un certain conservatisme politique. Mais du point de vue de la neutralité axiologique (chère à Weber), c’était tout de même une amélioration par rapport au darwinisme social. De plus, l’éthologie et l’observation des comportements animaux avaient progressées énormément et avaient fournies une base tout de même plus solide pour les spéculations sur les liens entre les gènes et le comportement humain. Mais tout ça était plutôt balbutiant, maladroit et, disons-le, au moins un peu politiquement et moralement douteux.
      Je le répète, la sociobiologie s’appuyait également sur un déterminisme génétique théoriquement et politiquement indéfendable.

      La psychologie évolutionniste qui succède à la sociobiologie est, sauf exceptions, encore plus neutre politiquement (je dirais: très majoritairement neutre). Le contexte social (apolitique, post- années 1960-1970 et ses affrontements idéologiques violents), est complètement différent. On assiste beaucoup plus à un groupe de scientifiques qui cherchent à comprendre l’esprit. Ce sont en fait des psychologues, à la base (pour la plupart), qui essayent de comprendre l’esprit mais d’un point de vue évolutif. L’idée consiste essentiellement à combiner ce qu’on appelle les sciences cognitives et les sciences biologiques. Quand je parle de programme scientifique bien établi, cela peut sembler pompeux, mais je crois que ça décrit bien l’orientation, encore une fois, politiquement neutre et rigoureuse de l’entreprise. Bien sûr mon témoignage peut ne pas vous satisfaire. On est tous thomassien, en un certain sens: on désire constater par soi-même. C’est pourquoi je vous invite à aller lire les publications. Le problème consiste à départager la psychologie évolutionniste académique et sérieuse de la psychologie évolutionniste populaire, comme dans bien des domaines. La dernière, il va sans dire, est non seulement douteuse mais dangereuse.

      Bref: ce petit historique met en évidence un progrès dans notre façon d’aborder la ‘nature’ de l’homme, sa psychologie et ses comportements culturels.
      Davantage de compréhension fine (génétique, théorie de l’évolution, biologie, psychologie…) et davantage de neutralité politique ou axiologique.

      Je reviens donc à la dernière critique que vous me faites, juste pour ce qui est de la citation que vous mettez en exergue. Je précise donc, quitte à me répéter: notre psychologie est le fruit de l’interaction entre nos gènes et l’environnement (naturel et culturel). Et nos gènes sont essentiellement le résultat de l’évolution par sélection naturelle, mais aussi (ce que je n’ai pas mentionné antérieurement) de dérives génétiques et d’une foule de contraintes développementales et autres. Mais là on ouvre la porte à de nombreuses complexifications.

      Vous voyez bien que je ne suis pas un déterministe: l’environnement (notamment culturel), est fondamental dans notre développement et dans ce que nous sommes.

      Voilà…

      La tempête semble souffler moins fort, vous ne trouvez pas? Ce n’est pas pour me déplaire.

      • ysengrimus said

        Il y a un naïveté positiviste désarmante à s’imaginer que, parce qu’ils ne font « pas de politique » (si tant est – ton Wilson est un crypto-curé, je te le garantis), les scientifiques contemporains ont libéré les principes fondamentaux qui motivent leur programme de l’erreur. Affirmer que la sélection naturelle fonde le développement social perpétue l’analyse de principe du social-darwinisme et ce, que l’on assigne un bras politique anti-pauvres à cette analyse, ou pas. Cela ne change rien. La description des raccords entre le «social» et le «génétique» reste fausse, grossière, esquissée.

        Par delà de vagues considérations qui ne mangent pas de pain sur la grande connexion entre nature et culture, quel statut donne-t-on au développement historique dans tous ces biologismes scientistes?

  24. François said

    Je me dois de répondre à quelques points que vous soulevez.

    1. Purger un programme de recherche des vélléités politiques ne revient pas à éliminer toutes formes d’erreurs. Je n’ai pas dit cela. Mais c’est du moins un premier pas nécessaire. Les erreurs conceptuelles, empiriques, les fausses hypothèses, les mauvaises interprétations, etc. sont toujours possibles, sans aucun doute.

    2. Je n’ai jamais ‘affirmer que la sélection naturelle fonde le développement social’ (je vous cite). J’ai simplement affirmé que, pour les biologistes (ils ne sont ni imbéciles, ni, pour la plupart, insensibles à l’importance de la culture), la sélection naturelle continue à s’exercer. Ce n’est pas parce que nous ne vivons plus de chasse et de cueuillette, et que nous sommes maintenant entourés de milliers d’artfacts et d’habitus culturels, que la sélection naturelle n’opère plus. Elle opère dans un contexte différent, un contexte beaucoup plus social et culturel, j’en conviens sans problèmes. Ne me faites pas dire que ce je n’ai pas dit, s.v.p.

    3. Vous dites aussi: ‘La description des raccords entre le ‘social’ et le ‘génétique’ reste fausse, grossière, esquissée.’ Je me permets de vous demander : mais qu’en savez-vous? Il est certain que si vous lisez Spencer, un droitiste contemporain sans subtilité, ou de la science populaire, vous pourriez avoir cette impression. La littérature plus sérieuse a davantage à dire.

    Je conviens cependant que notre compréhension de ces raccords est encore très imparfaite, oui ‘esquissée’, et qu’il reste encore beaucoup de chemin à faire. Mais il faut donner la chance au coureur, n’est-ce pas?

    4. Quelle est la place du développement historique dans tout ce biologisme scientiste (vous présumez encore que ces chercheurs sont des imbéciles purement bio-déterministes n’est-ce pas?)? Cela dépend des auteurs et des théories, bien sûr. Des exemples de développements historiques et de changements culturels qui vont ‘à l’encontre’ de nos tendances (je répète: tendances) génétiques, il y en a plein. Pensez à l’homosexualité par exemple. Cela ne favorise pas du tout la reproduction des gènes et, d’un point de vue évolutif (non moral ou politique), c’est une catastrophe. N’essayez pas de me taxer d’homophobie, s.v.p., vous auriez complètement faux. Autre exemple: les sociétés occidentales modernes qui ont un taux de reproduction moins élevé parce que plus individualistes et hédonistes, ce n’est pas vraiment avantageux d’un point de vue reproductif. On peut multiplier les exemples. Vous voyez, nos gènes ne nous réduisent en aucun cas à des automates biologiques stupides.

    5. Pour conclure: je précise encore une fois que le message principal de mes commentaires est qu’une compréhension de notre nature et de la société doit inclure dans l’équation des considérations sur notre biologie, notre génétique et les facteurs évolutifs – de même que les considérations sociales, culturelles, historiques, économiques, politiques… Ces dernières, jusqu’à un certain point, peuvent être éclairées par les premières qui les précèdent dans le temps.

    • ysengrimus said

      L’importance du développement historique commence à s’installer doucement dans ton esprit, mon Franki. Tu progresses bien. Il est clair que le truisme la sélection naturelle continue à s’exercer est une affirmation beaucoup plus modeste, locale et circonscrite que l’esprit humain est essentiellement le résultat de l’évolution par sélection naturelle. Que mes dents de sagesse et mon appendice continuent de se ratatiner dans les prochaines soixante mille ans, je serais bien sot de le nier. Mais est-ce aussi déterminant sur ma pensée que la formidable production historique des cents dernières années? Mon père a vécu le courrier transporté par traction animale et il m’écrit aujourd’hui des courriers électronique. Cela détermine bien plus sa pensée que la tumeur qui l’emportera parce que sa carcasse ne s’est pas encore biologiquement adaptée aux saloperies industrielles que le capitalisme en cavale nous déverse dessus…

      Et le toutim à l’avenant…

      • François said

        ‘toutim’?

        [Oui, toutim, le tout, le reste. La civilisation agraire et urbaine, la vie humaine collective, la nutrition, le confort, la médecine sont les plus formidables freins imaginables à la sélection naturelle. Les meurtres, les guerres, la pollution, la radio-activité artificielle, le cloaque chimique industriel, les décibels en sont les plus virulentes et radicales altérations historiques. Le toutim à l’avenant… – Ysengrimus]

      • François said

        J’aurais tendance à dire que les phénomènes éminemment culturels dont vous parlez (nutrition, médecine, pollution), ne sont que d’autres pressions de sélection. Des pressions davantage culturelles, peut-être, mais des pressions. Le processus est le même.
        Une pression de sélection est ce qui produit, à long terme, un différentiel reproductif entre les membres d’une même espèce ou entre différentes espèces. Si certains humains, par exemple, s’adaptent à la pollution (parce qu’ils ont des gènes avantageux), et se reproduisent davantage, alors sur le long terme (on parle ici de centaine voire de milliers de générations), leurs gènes devraient être sélectionnés et supplanter ceux qui n’en sont pas dotés.

        Vous me suivez ?

        Donc peu importe le contexte ou le niveau culturel d’une société (à moins que tous soient génétiquement et culturellement identiques… ce qui n’est pas près d’arriver), la sélection naturelle (dont la sélection culturelle n’est qu’une forme), continue à opérer.

        [Hypertrophie naturaliste et minimisation du caractère qualitativement distinct du développement historique. Tu ne dis rien de bien different de Desmond Morris et des farfelus dans son genre finalement… – Ysengrimus]

      • François said

        Décidément, la discussion rationnelle n’est en toute évidence pas votre fort. Vous ne savez que ridiculiser, caricaturer et ‘hyperboliser’ en lieu et place d’une argumentation.

        Je vous laisse à vos efforts littéraires.

        [Et toi à tes redites social-darwinistes de fausse science condescendante de toc… – Ysengrimus]

  25. Nissac said

    Bonjour,

    Je vois ici le pauvre Darwin convoqué à hue et à dia, or il me semble nécessaire de faire un simple rappel (pour ceux qui auraient lu son livre, L’origine des espèces): Darwin précise à plusieurs reprises que les hypothèses qu’il avance et les théories qu’il formule ne doivent surtout pas être appliquées au cas de l’espèce humaine, en vrai scientifique qu’il est.

    En effet, il est des choses qu’un « vrai » scientifique ne fera pas: il n’érigera pas en dogme intangible et inaltérable dans le temps la théorie qui vient d’être formulée pour deux raisons au moins; la première est que rien ne lui permet à priori de penser que la dite théorie appartenant à son domaine spécialisé est applicable à tout autre domaine (voir l’ouvrage de Stephen Jay Gould, La mal-mesure de l’homme); la deuxième est qu’une théorie reste, en quelque sorte, « valable » par défaut, autrement dit tant qu’on n’a pas trouvé un moyen de la réfuter (voir Karl Popper en général).

    Enfin, puisqu’il est question de gènes autant renvoyer aux spécialistes de la chose, c’est-à-dire aux généticiens qui reconnaissent eux-mêmes que la part génétique n’est qu’un matériau dont le devenir n’est pas définitivement fixé, d’autant moins s’agissant de l’existence humaine car bien malin (à moins qu’il ne s’agisse d’un être à caractère divin) celui qui arrivera à prendre en compte tous les facteurs et paramètres qui font qu’une existence humaine est ce qu’elle est.

    Pour employer une métaphore (juste une métaphore, hein!): La Vénus callipyge n’était pas inscrite dans le minéral, il a fallu la façonner…

  26. Nicofez said

    Bonjour,

    Et le hasard?

    Darwin parle aussi du hasard. Et il ne place aucune intentionnalité dans l’œuvre de la nature. Les homosexuels ne vont donc pas à l’encontre d’une « tendance » génétique! Non, là franchement c’est réac. Jacques Monod a lui aussi compris la porté philosophique du hasard (le hasard et la nécessite). Même si a mon avis le rédac’chef du blog n’est pas convaincu par son prêche anti-matérialisme dialectique!

  27. ysengrimus said

    Un exemple récent, aussi superbe qu’intellectuellement pitoyable, de social-darwinisme ici.

  28. Valentini said

    Nez, barbe et gibecière

    Se trouve, là-bas, loin, à Santa-Barbara,
    quelque puce suisse à numéro génétique.
    Dans les hautes herbes d’un jour antithétique,
    rumine un probable habitant des USA.

  29. vincent said

    Où le mâle alpha bloguesque blessé en vient aux insultes et à la condescendance. Effectivement, c’est pitoyable tellement c’est explicite de votre manière de penser, au plaisir de ne plus jamais vous lire.

    [Plaisir suavement mutuel – Ysengrimus]

  30. ysengrimus said

    Une version VIVE LE VENT de la Foutaise Omega.

  31. Martin-Manuel Beaulne said

    Cet article semble être écrit avec un ton de réelle haine envers les socio-darwinistes, et beaucoup, beaucoup d’éléments semblent unilatéraux dans ce qui est écrit, ce qui, je le crains, marque un manque d’ouverture.

    Évidemment, on ne peut pas analyser 100% des activités humaines par le processus biologique, cela va de soi, notre société en deviendrait anarchique. Par contre, il ne faut pas oublier tout le bagage de l’instinct animal qui existe toujours en nous, et très puissamment. Vous dites « je peux cesser de traiter ma femelle en inférieure […] il n’y a donc rien de fatal »; ceci est loin d’être un argument contre le socio-darwinisme, qui prend surtout racine dans les pulsions et envies plutôt que dans les possibilités.

    L’être humain femelle est sensé faire des enfants avec l’être humain mâle. Pour que cela se produise, la nature nous a doté de désir, d’excitation et de sensations. Malgré le fait de pouvoir « ne pas se laisser engrosser par moi si elle me trouve trop sot », vous devez regarder l’ensemble des individus et vous rendre compte que, de manière générale, votre séquençage génétique fonctionne très bien, de façon instinctive, et la plupart des hommes font des enfants avec les femmes, puisque c’est ce qu’ils « désirent » ( le désir étant un mécanisme purement biologique).

    Il en est de même pour la plupart des sphères de la société, de l’humain. Le gain du plus fort au détriment du plus faible, les plus belles femmes copulant avec les plus riches hommes ( je ne sais pas pourquoi vous revenez souvent là-dessus, parce que, en réalité, c’est vraiment de cette façon que fonctionne notre société ), le besoin de s’assurer la survie ( qui, aujourd’hui, passe par l’argent, mais, en réalité, on ne parle que de survie, ce qui est tout à fait biologique)…

    Vous osez parler de Karl Marx, comme quoi l’humain n’est pas qu’animal… Je trouve cela audacieux. N’est-ce pas cet homme qui parle de communisme ? De bien commun ? De société évoluée ? Oui, et cela est très sage et très loin de l’animal. Mais… n’est-ce pas aussi cet homme qui, de sa tombe, regarde le grand projet humain et se rend compte que le communisme n’est qu’une utopie puisque l’être humain n’est pas capable d’égalité et de partage ? N’est-ce pas cet homme qui est déçu de voir toutes les sociétés se radicaliser vers la droite, même le Québec, berceau nord américain de la gauche, qui tranquillement devient égoïste et droitiste? N’est-ce pas cet homme qui se rend compte que l’humain n’est qu’un animal et qu’il est impossible de le faire agir autrement?

    Vous auriez dû choisir un autre exemple. Puisque celui ci montre clairement que oui, l’humain vit selon ses instincts, et même si la couche superficielle de « société » qui lui a été imposée encadre ses actes et lui donnent l’impression d’un choix, la plupart de ses actions ont un fondement biologique.

    On ne peut pas traiter de cette question en ne regardant qu’un groupe d’individus. Il est primordial d’avoir une vision d’ensemble si on veut traiter de l’ensemble des humains. Et de manière générale, oui, l’être humain est beaucoup plus « homo » que « sapiens » ( et souvent mené par son « erectus » 🙂 ).

    C’est très dommage, car on aspire à mieux. Mais c’est comme ça.

  32. Le Gaïagénaire said

    @ Martin-M B.

    A- « la plupart des hommes font des enfants avec les femmes, puisque c’est ce qu’ils « désirent » »

    La réalité est: les femmes font des enfants avec les hommes parce que c’est ce qu’elles désirent. La plupart des hommes ne « désirent » pas d’enfants, mais bien de jouir.

    B- « même si la couche superficielle de “société” qui lui a été imposée encadre ses actes « 

    Ce qui est imposé est la survie d’une classe de la société au dépend des hommes. Jamais personne nulle part a expliqué aux jeunes dans nos écoles que la reproduction est en fait un esclavage et en plus jamais personne n’a eu l’intention « d’imposer » aux filles, avant qu’elles ne deviennent des esclaves, quelque moyen que ce soit pour qu’elles ne reproduisent pas leur passé dans les enfants. La biologie a le dos large, aidée par « A ».

    • Martin-Manuel Beaulne said

      @ Gaïagénaire

      A – « La plupart des hommes ne “désirent” pas d’enfants, mais bien de jouir. »

      Oui, c’est exactement le sens du mot « désir » que j’ai utilisé. Les hommes font des enfants avec les femmes pour assouvir le désir qu’ils ont envers elle, donc, de jouir par elles. Et comme je disais (même si je ne crois pas avoir à spécifier cette évidence), la jouissance des hommes et le désir d’Avoir des enfants des femmes sont des mécanismes tout à fait biologiques.

      B – « la reproduction est en fait un esclavage »

      Du fait que les parents, surtout les mères, doivent s’occuper de leurs enfants et que des processus chimiques leurs en donne envie, oui, on peut dire que la reproduction oblige les femmes à s’occuper de leur petits. Peut-on parler d’esclavage ?

      Et cela ne fait que confirmer qu’il s’agit de processus biologiques, comme pour tous les animaux. Je ne vois pas en quoi cela s’éloigne de la biologie?

      C – « et en plus jamais personne n’a eu l’intention “d’imposer” aux filles, avant qu’elles ne deviennent des esclaves, quelque moyen que ce soit pour qu’elles ne reproduisent pas leur passé dans les enfants. »

      Je ne suis pas sur de comprendre… vous voudriez qu’on disent aux femmes de ne pas faire d’enfants, parce que ça les rend esclaves?

      Ce serait… un peu… drastique comme solution. Mais ça réglerais une bonne fois pour toute le cas des humains…

      [Ce développement exemplifie le social-darwinisme auquel je m’objecte dans le billet – Ysengrimus]

      • Le Gaïagénaire said

        « A »-« Les hommes font des enfants avec les femmes pour assouvir le désir qu’ils ont envers elles, donc, de jouir par elles. »

        La plupart des hommes ne font pas et ne veulent pas et ne désirent pas « faire des enfants », c’est une arnaque. Ils veulent jouir avec une femme, plutôt que seul ou avec homo ou avec animal. La plupart des hommes cherchent la retrouvaille avec leur mère, pas de faire des enfants avec/par leur mère.

        Faites confiance aux femmes déprogrammées.

      • Le Gaïagénaire said

        À M-M B,

        Je relis cet échange et il m’apparaît que la dimension esclavage s’applique plus à l’homme, le mâle, qu’à la femme.

        L’avènement de la matricité et la généralisation des « pères fonctionnels » jetables règlera beaucoup de problèmes.

  33. Denis LeHire said

    Ces doctrines de pseudo-science social-darwiniste continuent de sévir dans les masses, on dirait. Leur dernier opus en date:

    POURQUOI LES FEMMES DES RICHES SONT BELLES?

  34. Pierre martin said

    L’homme s’adapte aux stratégies déployées par la femme qui, elle, est éternelle. Chez l’humain, comme chez la plupart des espèces, c’est la femme (ou la femelle) qui détermine les caractéristiques du mâle « dominant » qui en réalité n’est jamais qu’un faire valoir. Pensez à Antoine pris dans les stratagèmes de Cléopâtre. Il suffit d’observer attentivement un mâle alpha pour comprendre à quel point il se conforme à se rôle que lui est dévolu par une certaine gente féminine. Évidemment, il ne faut pas généraliser, mais hommes ou femmes, il en est bien peu qui parviennent à se dépêtrer de ces jeux de rôles qui, culture à l’appui ou non, émergent de puissants déterminismes biologiques.

    [Exemplification magistrale du fond convulsionnairement misogyne (sous couvert faussement biologico-scientifique) de la dynamique Mâle Alpha. Foutaise Omega – Ysengrimus]

    • Pierre Martin said

      Que veut la femme? La sécurité avant tout. D’abord pour elle mais surtout pour sa progéniture. Il n’y a rien de péjoratif à affirmer ce fait. C’était vrai hier et ça l’est encore passablement aujourd’hui. Pour ce faire, elle aura tendance à privilégier le mâle alpha dont les caractéristiques évoluent avec l’avancement des sociétés. Autrefois l’homme alpha devait surtout être fort. Aujourd’hui, il doit être capable d’obtenir un rang social le plus enviable possible soit par son esprit d’entrepreneurship, soit par ses capacités intellectuelles supérieures. C’est donc le mâle qui devra s’adapter davantage au niveau des stratégies pendant que la femme a, de manière générale, la même sempiternelle préoccupation et la même stratégie fondamentale qui ne change guère : titiller le mâle en nous… Maintenant, si c’est de la misogynie de tenir un tel propos et bien assumons. Dans ce jeu, la culture vient ajouter des couches qui ne font que masquer la nécessité biologique de l’un comme de l’autre. Évidemment, je décris ici, l’avant-scène d’un tableau infiniment complexe d’où une schématisation à outrance. Quant à savoir les ramifications inconscientes, les programmes sous-jacents, etc. Il serait superfétatoire d’élaborer dans le contexte d’un blog d’aussi bonne qualité soit-il. Je n’en ai ni le temps ni l’envie et je gage que c’est réciproque.

      [Social-darwinisme spontané asséné sur le ton de l’évidence. Je ne seconde pas. – Ysengrimus]

  35. [Hyperlien avec ce texte du Carnet d’Ysengrimus]

  36. J’ai lu ce cher Desmond Morris. Il a eu énormément de succès avec ses «explications». J’ai dû mordre, dans les années 1970, à ces «explications». Le singe nu. Le zoo humain. Dignes d’une époque…

    Un peu indignes dans son manque de finesse…
    Merci pour ce rappel!

  37. Anwen said

    Ce sont les luttes de sexes qui sont la véritable histoire morale de l’humanité. Ce sont elles qui ont créé les douleurs du monde et non les luttes de classes. Expliquons cela avec l’histoire de la «Chute», conséquence naturelle du «Péché originel». L’homme subit, par cela seul qu’il naît homme, les conséquences d’un ordre de choses contre lequel, pour se sauver lui- même, il doit lutter. «L’homme est un Dieu déchu qui se souvient des cieux», dit Lamartine.

    La déchéance est certaine, elle suit la faute dont les conséquences pèsent, non seulement sur l’homme coupable, mais sur toute sa descendance. Cette condamnation contre laquelle les modernes protestent et qui leur semble une injustice absurde, est le résultat de l’hérédité. L’homme transmet à sa descendance ses facultés comme il lui transmet ses organes. S’il diminue ses conditions psychiques individuelles, il donne à ses enfants des facultés amoindries. Les rationalistes modernes disent: Chacun est responsable de ses fautes. Oui, quand ces fautes n’atteignent pas l’organisme; mais quand la faute est de nature à modifier le fonctionnement physiologique de l’homme et à lui imprimer une tare qui est héréditaire, la faute retombe sur la postérité.

    Le péché originel (le premier acte sexuel) a diminué la valeur morale de l’homme, il a donc été une cause de déchéance pour l’humanité tout entière. Les conséquences premières de la chute, accumulées par la répétition de cette action dans chaque individu, à travers les générations, ont pris des proportions effroyables et mené les races à la dégénérescence finale. Le mystère de la chute a une importance capitale, c’est le nœud de notre condition qui prend ses replis et ses retours dans cet abîme. Une preuve de plus de notre dégénérescence morale est celle-ci: L’ordre est partout, l’homme seul fait exception. L’Univers entier est ordre, l’homme seul est désordre. Un choc perpétuel existe entre sa raison et son cœur, entre son entendement et son désir. Quand il atteint au plus haut degré des civilisations, il est au dernier degré moral; il s’appauvrit en idées, en même temps qu’il s’enrichit en sentiments. Son péché s’étend comme un voile entre lui et l’Univers. L’unité du monde a été vaincue et l’humanité doit en porter la peine.

    L’homme est tombé dans la conception misérable du fini, alors qu’il était né pour l’infini. C’est le problème fondamental, le problème humain et divin. C’est le dogme intérieur de l’humanité. Une crise terrible fermente en ce moment, parce que le dogme de la chute masque les plus grands problèmes philosophiques. Les premiers législateurs religieux, en faisant des lois morales pour entraver les fonctions sexuelles, n’avaient visé que le sexe mâle. C’est aux hommes que l’on recommandait de combattre l’instinct et d’obéir à la raison qui en est, pour ainsi dire, le pôle opposé.

    Nous n’avançons rien de nouveau en disant que l’acte sexuel est le chemin qui conduit l’homme à l’abrutissement. Léonard de Vinci n’a t’il pas dit: «Qui ne réfrène la volupté s’abaisse au rang de la brute.» Or, qu’est-ce que l’abrutissement? C’est l’état physiologique et psychique qui rapproche l’homme de l’animal, c’est-à-dire la diminution de ses facultés sensitives et l’augmentation de ses facultés motrices. L’instinct, en effet, c’est l’abandon de soi-même aux impulsions de la Nature. Or, depuis le moment où les sexes se séparent, le mâle est poussé par le besoin qu’il ressent d’éliminer l’élément sensitif, à s’enfoncer dans une voie décroissante qui lui donne des caractères physiques qui le rapprochent de l’animal, de l’Anthropoïde. (C’est alors qu’il affirme que le singe est son ancêtre, pour justifier cette ressemblance). Rappelons au passage que les premiers hommes qui resplendissaient de la pureté morale de l’Enfant, de sa naïveté, de sa droiture, de son exquise sensibilité, ne sont pas plus les fils des singes qu’ils ne sont le vieil Adam des théologiens fait de toutes pièces par un Dieu inconnu.

    On a dit, depuis des siècles, que l’homme livré à ses instincts se rapproche de la brute, et ce n’est pas une figure, c’est l’expression d’une vérité physiologique. Il n’y a que le Darwinisme qui ait nié cette vérité, et l’ai renversée. L’homme décroit moralement, c’est-à-dire sensitivement, à mesure que la sexualité s’accentue en lui. Dans l’enfance il possède une douceur de caractère, une vivacité d’imagination, une rectitude de jugement, une lucidité d’esprit qui s’atténuent peu à peu, et disparaissent dans l’homme livré à ses passions. C’est pourquoi tant d’hommes, qui n’ont pas su mettre un frein aux impulsions de leur instinct sont devenus des êtres dégradés chez lesquels tous les bons sentiments ont disparu et qui n’ont plus en partage que la brutalité, l’orgueil, l’envie, l’égoïsme. Chez eux, plus rien de l’exquise sensibilité de l’enfance et de l’activité intellectuelle qui en résulte, plus aucune élévation d’esprit, plus aucune notion de justice.

    En considérant un homme arrivé à cet état de déchéance, dans son évolution sexuelle, on est forcé d’affirmer une loi toute contraire à celle de la théorie darwinienne. L’homme qui s’abandonne aux impulsions de sa nature, c’est-à-dire qui agit selon la sélection naturelle, cet homme-là ne vient pas du singe, il y va.

    Lien: PSYCHOLOGIE ET LOI DES SEXES

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  38. Camarade said

    Spasiba, Tovaritch!

    Qu’il est jouissif de lire ta démolition méthodique de la pensée magique des réacs qui voudraient que l’on soit programmés pour acheter leur camelote intellectuelle.

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