Le Carnet d'Ysengrimus

Ysengrimus le loup grogne sur le monde. Il faut refaire la vie et un jour viendra…

  • Paul Laurendeau

  • Intendance

Contre le kirpan

Posted by Ysengrimus sur 21 janvier 2019

Guru Granth Sahib (Le Maître Livre)

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On va commencer par regarder un peu la religion sikh. Revendiquant quelques vingt millions d’adeptes dans le monde, le Sikhisme se développe au Panjab entre 1520 et 1610 environ. La première compilation des éléments du texte sacré, lui-même intitulé Guru Granth Sahib (Le Maître Livre), a eu lieu vers 1604. On en rédigea des éléments complémentaires jusqu’en 1708. On peut donc dire qu’une date aussi tardive pour la fondation d’une religion majeure, c’est rien de moins que la onzième heure. Aussi, on trouvera, dans cette religion et dans la philosophie qui en émane, une modernité de ton et d’attitude qui l’apparente à la pensée de certains théologiens rationalistes (Voltaire, Thomas Paine). On pourrait aller jusqu’à suggérer que, tendanciellement, le Sikhisme est un monothéisme déiste.

Vous n’êtes pas des Hindous ou des Musulmans, vous êtes des disciples (sikhs). Le Sikhisme est un syncrétisme d’Hindouisme et d’Islam. De l’Hindouisme, il retient la question des réincarnations punitives et du karma (mais ni le polythéisme ni le système des castes). De l’Islam, il retient la rigueur monothéiste et l’égalitarisme entre sectateurs (mais ni le prophétisme ni la filiation abrahamique). Le Sikhisme est un monothéisme strict (le nom de dieu, qui est ni masculin ni féminin, pourrait se traduire Être Suprême). Il n’y a ni fils de dieu, ni prophète, ni clergé et les différents dieux et déesses des religions orientales sont considérés comme des êtres légendaires. Ceci dit, tout dans les religiosités et les mythologies antérieures est jugé, par le Sikhisme, comme susceptible de mener à une saine compréhension du divin, dont les canaux d’appréhension sont jugés multiples et également méritoires. Dans son principe, le Sikhisme cherche à éviter toutes formes de sectarisme. Il est un promoteur explicite de la liberté et de la diversité des cultes.

Le Sikhisme se particularise dans certaines de ses pratiques coutumières. Respectueux de la nature, il promeut l’idée voulant qu’on évite d’altérer ce que la nature configure en nous. C’est sur la base de ce principe que les hommes sikhs ne se rasent pas. Il faut comprendre de ce dispositif comportemental que la barbe et le turban (qui retient les cheveux longs masculins) sont moins des signes religieux que les conséquences ordinaires d’un choix de vie engageant des options philosophiques. Dans le même ordre d’idée, les sikhs rejettent les viandes cacherout (kosher) et halal non pour des raisons cultuelles mais sur la base de considérations pratiques et philosophiques. Le cacherout (kosher) et le halal sont des modes d’abattage lents, impliquant la saignée complète. Dans un but de respect de la nature exigeant une réduction maximale de la souffrance animale, les sikhs revendiquent plutôt la pratique du jhatka, une procédure d’abattage traditionnelle hindoue, qui tue la bête instantanément, réduisant son tourment au minimum. De toute façon, une importante portion de la communauté sikhe est végétarienne, toujours en conformité envers la même visée philosophique.

Le sacrifice d’animaux pour des raisons rituelles, le suicide et le meurtre, pour des raisons rituelles ou autres, ne sont pas admis (ceci NB). Les sikhs tendent aussi à prohiber l’absorption de substances euphorisantes, les relations sexuelles extra-maritales, la vie solitaire (incluant le célibat, les pratiques des ermites et la vie monastique). C’est qu’ils sont de gros promoteurs de la famille traditionnelle. Ils considèrent le mariage un engagement crucial et ils sont monogames. La question de la polygamie est délicate à traiter dans la jurisprudence de leur héritage parce que leurs grands gourous fondateurs, tributaires des cultures hindoues et/ou musulmanes, furent souvent polygames. On reste donc discrets sur la distance critique prise désormais face à cette pratique ancienne. Mais distance critique il y a bel et bien (car les sikhs y sont aptes). On notera aussi que les sikhs requièrent que leurs sectateurs marient la personne de leur choix (démarcation ferme envers la vieille pratique hindoue des mariages arrangés). L’un dans l’autre, les sikhs font la promotion d’une vie familiale et collective simple, harmonieuse, cohérente. Ils rejettent autant les coutumes dépassées que la fixation excessive du monde moderne sur les objets matériels.

Pour une religion, le Sikhisme apparaît comme singulièrement modéré et éclairé. Il promeut l’égalité entre tous les êtres humains (notamment entre les hommes et les femmes), le partage (incluant la charité pécuniaire engageant un pourcentage des revenus, comme chez les musulmans), les droits individuels, la responsabilité civique, la décence morale, le rejet des comportements illogiques (incluant les superstitions surannées et les rites absurdes), la recherche de la vérité (par la contemplation et par l’instruction), le respect des lois de la nature, l’optimisme, l’abnégation généreuse, une vie disciplinée, le laconisme poli (il faut éviter de jacasser sans arrêt, selon les sikhs), l’acceptation de tous, et l’ouverture d’esprit face à la vision du monde des autres.

Alors les gars, je vous pose la question: pourquoi ce couteau? Les religions, qui sont des cadres de représentations fatalement archaïsants, ont toutes des causes perdues qu’elles traînent comme autant de casseroles. On ne va pas revenir là-dessus, ce qui est dit est dit. Dans le cas de nos compatriotes sikhs, leur cause perdue, c’est le kirpan. Les sikhs sont contre le meurtre, contre une fixation excessive sur les objets matériels, et contre les comportements illogiques (incluant les superstitions surannées et les rites absurdes). Et pourtant, tristement, selon la formulation de leur culte, le kirpan représente leur «droit» (concret ou abstrait, factuel ou ritualisé) à une forme féodale et spadassine d’autoprotection. En portant son kirpan, un sikh se proclame, explicitement ou implicitement, duelliste (protection personnelle) et vigilante (protection des autres). Le duel et la posture milicienne ne sont pas normaux ou légaux dans le contexte de fonctionnement ordinaire d’une civilisation non-moyenâgeuse. Le port du kirpan est une infraction ouverte aux exigences les plus élémentaires du communautarisme civique. Or, en cas de conflit de juridiction, les droits civiques priment sur les droits religieux, toujours. Conséquemment, le port du kirpan n’est pas acceptable.

Un kirpan et son étui

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Et surtout, mort de ma vie, qu’on ne vienne pas me bassiner avec la décision de la Cours Suprême de 2006. La Cours Suprême du Canada est un tribunal colonial méprisable et exempt du moindre mérite civique. Ce Directoire de l’Occupant prouve tout simplement son incompétence chronique, sans plus, quand il autorise un enfant à aller à l’école avec un kirpan cousu dans son froc et (soi-disant) inutilisable. On insulte absolument tout le monde avec ça. Les sikhs considèrent, en conscience, que le kirpan devrait se porter exclusivement au ceinturon (voir illustration, infra) et les citoyens laïcs (surtout ceux qui ont des enfants et des petits-enfants écoliers) considèrent que si une gang de bums décide de fendre le fond de culotte du petit compatriote sikh premier de classe, et de lui sauter son kirpan, ils l’attendront après la classe et ça se fera en un tour de main. Cette solution inepte (du kirpan cousu dans le froc) n’est satisfaisante pour absolument personne et elle prouve surtout qu’on est en droit de se demander si les bonzes coloniaux de la Cours Suprême du Canada sont tout simplement déjà allés à l’école…

Mes chers compatriotes sikhs, la sagesse, fine et nuancée, de votre religion aux vues avancées est hautement respectable. On gagne à la connaître. Je fais appel à la riche dimension autocritique que votre cadre culturel a produit (notamment sur la question de la polygamie traditionnelle). Je vous pose simplement la question, en ami, de philosophe à philosophe: pourquoi aller vous discréditer pour une niaiserie pareille? Quand un comportement est illogique, suranné, déplacé, nuisible, il faut le réformer. Il est sikh de le réformer. Gardez votre kirpan chez vous. Accrochez-le dans votre salon. Je suis certain que votre être suprême éthéré et vos gourous non-cléricaux vont parfaitement piger le topo et ne pas vous chipoter pour la bien petite nuance adaptative et syncrétique que vous aurez alors l’intelligence d’apporter au culte. Mon approche de cette question est athée mais non militante. Je suis sans religion et je sais parfaitement que les particularités religieuses sont soumises aux exigences de la société civile, pas le contraire. Quoi que disent les minus habens du Directoire de l’Occupant Colonialiste Suprême, se promener à la ville avec une arme offensive au ceinturon ou cousue dans le fond de culotte est illicite, illégal, criminel, inapproprié et dangereux. Il faut, à un certain moment, cesser de faire les casuistes et les tataouineux sur des questions aussi sensibles (et nuisibles), dans la vie pratique. C’est exactement comme pour l’histoire d’ours des armes à feu.

Votre kirpan, chers compatriotes sikhs, n’est pas conforme à la pensée fondamentale de sagesse que votre propre religion inspire et promeut. Il est l’épine au pied de notre compréhension mutuelle. Les rationalistes et les irrationalistes de la civilisation contemporaine n’en veulent pas. Vous ne les convaincrez jamais de tolérer le kirpan. Il est intolérable, comme simple objet inerte, comme arme, sans plus. Rangez-le respectueusement sur les étagères de l’histoire, avant que de vrais gestes disgracieux et regrettables ne se posent, d’un bord ou de l’autre, dans nos quartiers et nos écoles. Incidemment, les aéroports, les lieux sensibles, les parlements, certains pays même, n’en veulent pas, de ce poignard incurvé. Je ne vois vraiment pas pourquoi les petits bourgeois voyageurs et les politicards miteux s’épargneraient ce danger potentiel mais qu’on l’imposerait de jure aux citoyens ordinaires, dans la vie civile. Non. C’est non. Vivre ensemble c’est aussi régulariser adéquatement l’intendance de tous les objets pointus.

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Tiré de mon ouvrage, PHILOSOPHIE POUR LES PENSEURS DE LA VIE ORDINAIRE, chez ÉLP éditeur, 2021.

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Port ordinaire du kirpan (quand aucune loi restrictive n’est appliquée)

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Paru aussi dans Les 7 du Québec

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18 Réponses to “Contre le kirpan”

  1. Hélène Morin said

    Vous serez probablement traité de raciste par nos bons inclusifs au dessus de tout soupçon. En tout cas, votre raisonnement tient la route, sans agressivité. Merci de nous renseigner sur les croyances.

    J’aurais aussi aimé que dans vos textes sur l’islam, ceux que j’ai lus ici, vous soyez un peu critique, car les femmes y souffrent. Regardez-les, celles qui veulent un peu de liberté, tenter des révoltes en Iran, en Égypte, en Algérie, en Tunisie; et, ici on ne les écoute pas, on ne les entend pas. Aucun homme (vous non plus) ne peut comprendre cette lutte parce qu’il n’a pas vécu la situation de ne pas s’appartenir (à moins d’avoir été esclave).

    L’Indonésie, terre d’Islam tranquille, est en train de resserrer les règles en construisant de plus en plus de mosquées pour s’assurer de plus en plus de contrôle. Il est temps que des gens sérieux critiquent les dérives dont toutes les religions sont porteuses à un moment ou l’autre de leur histoire.

    Il est temps que les critiques soient faites quand les populations les plus pauvres, les plus démunies sont confinées au conservatisme et à la peur pour protéger ceux que la religion a enrichis.

    À part ça, vous écrivez bien, des fois avec délicatesse comme dans ce texte sur le sikhisme.

    [Merci pour vos bons mots. Mon analyse effective est que le phallocratisme indubitable des pays musulmans ne vient pas tant de l’Islam que de son dévoiement et de ses pertes de repères successives. Les femmes musulmanes seront les premières à vous le dire, qui passent le clair de leur temps à dire mets le Coran dans ta face à leurs gros couillus coureurs de cabarets et misoclastiques… — Ysengrimus]

    • Gudule said

      Avant d’aller s’ingérer dans la culture nationale des autres, commençons plus modestement par voir ce que nous pouvons intégrer sans risque dans nos propre sociétés… et n’oublions pas de nous auto-critiquer aussi… Ysengrimus le fait et il a raison.

  2. Rimonne said

    @Paul Laurendeau

    Intéressant, je ne connaissais pas du tout les pratiques coutumières du Sikhisme. Merci.

    [Ce sont de bons citoyens et des gens parfaitement raisonnables. C’est notre mollesse niaiseuse qui est en tort. On se tire dans le pied. Si on était fermes pour faire primer les lois civiques sur la pratique religieuse, nos compatriotes sikhs seraient les premiers à respecter la loi. Ce sont des légitimistes. C’est pas pour rien qu’ils font de la politique. — Ysengrimus]

  3. Greg Durable said

    Ce couteau est une concession de politique coloniale que les Britanniques ont fait aux Sikhs en reconnaissance de leur grande docilité collective, respectueuse envers la couronne. C’est une arme de vigilante. Le citoyen portant une arme s’autoproclame ici sain d’esprit et nous assure qu’on ne lui arrachera pas son couteau pour faire des conneries avec. Il nous demande un chèque en blanc sur une arme offensive..

    Je seconde Grimus ici. C’est pas recevable.

    • Fridolin said

      Une fois de plus, le Canada s’avère donc plus britannique qu’on ne le croyait au niveau de ses petites coutumes insidieuses…

  4. Marie Verne said

    Incidemment, les aéroports, les lieux sensibles, les parlements, certains pays même, n’en veulent pas, de ce poignard incurvé. Je ne vois vraiment pas pourquoi les petits bourgeois voyageurs et les politicards miteux s’épargneraient ce danger potentiel mais qu’on l’imposerait de jure aux citoyens ordinaires, dans la vie civile.

    Je seconde ceci pleinement. Ce qui me plaît beaucoup de ce texte contre le kirpan c’est qu’il nous montre que les sikhs sont intelligents, tolérants et modérés. Ce sont nos politicards à nous qui sont des sots sans entrailles… des colonisés en plus, à la lumière de ce que signale Greg Durable.

  5. Brigitte B said

    Si je suis bien le raisonnement d’Ysengrimus. le turban n’est pas un signe religieux obligatoire. Ce sont les cheveux et la barbe qui comptent. Que dire alors des sikhs que insistent pour porter leur turban, au risque de leur sécurité?

    SUR LES SIKHS NE VOULANT PAS PORTER DE CASQUE DE MOTO (en anglais)

    [Documentation en main, il faut dire de ces sikhs de la diaspora qu’ils sont en pertes de repères. Ils confondent un instrument ancillaire (le turban) avec la fin religieuse et philosophique qui engendre son port (laisser pousser ses cheveux, comme la nature semble l’exiger). Ce malentendu est encore plus grossier et sommaire que celui sur le kirpan. Nos amis sikhs vont devoir relire leur précis de doctrine. — Ysengrimus]

    • Tuquon Bleu said

      In 2014, former Ontario premier Kathleen Wynne told the Canadian Sikh Association that she would not support an exemption allowing Sikhs to ride a motorcycle without wearing a helmet because it « would pose a road safety risk. »

      Je suis 100 milles à l’heure avec madame Wynne sur ceci, bout d’hostie…

  6. Serge Morin said

    La rencontre entre Rick Mercer et le politicien canadien Jagmeet Singh confirme le propos d’Ysengrimus ici. Jagmeet Singh n’a pas de problème avec retirer son turban à la télé nationale. Il en met même un sur la tête de Rick Mercer… par contre on ne touche pas au kirpan, qu’il porte pourtant (on distingue bien le kirpan quand il tombe la veste et qu’ils s’amusent à garrocher des haches sur cibles). Subtile hiérarchie des objets sacrés: le turban est utilitaire et public, le kirpan est sacré et privé (vidéo en anglais).

    • Le Boulé du Village said

      La façon bouffonne avec laquelle Rick Mercer cabotine avec le turban (le tasse, etc…) confirme que ce n’est rien d’autres qu’un morceau de tissu, un attribut vestimentaire commode. Notons aussi que des tas de gens portent des turbans et ne sont pas sikhs… y compris des saltimbanques de music-hall comme Michel le magicien.

  7. Hibou Lugubre said

    Chuis tout à fait d’accord avec vous Ysengrimus, d’autant plus qu’au Canada la communauté Sikh avoisine les 500.000 personnes pour environ 10.000 au Québec, donc un potentiel de la moitié de ce chiffre étant des hommes devant le porter et cela ne fait qu’augmenter la probabilité d’accidents, et d’incidents surtout chez les enfants et les jeunes! et d’autant plus aussi que le port du kirpan est interdit aux États-Unis ou la communauté Sikh ne dépasse pas 75000 personnes, interdit sauf sur le territoire des organisations fédérales ’’FPS facilities (Federal Protection Services)’’ qui requièrent néanmoins une exception / exemption spéciale sujette à l’accord des agents de sécurité du bâtiment fédéral! Un Sikh qui se voit refuser par un agent fédéral américain l’accès aux lieux peut invoquer l’étude de sa demande d’exemption religieuse qui sera transmise par l’agent à un comité qui devra décider mais souvent ne pourra se réunir et rendre sa décision le même jour! les Américains biens qu’ils nous dégoûtent sur les armes à feu ont pour une fois raison d’interdire le kirpan!

    Le problème avec ce kirpan n’étant pas que la décision de la cours suprême qui soulève la question d’ailleurs de la jurisprudence en général qui même aux États-Unis ou en Europe n’a pu condamner plusieurs cas de port du kirpan au degré criminel des lois lorsque les mis en causes sont pris par la police lors de contrôles de routine, mais ça devient un problème de perception des communautés religieuses sur le concept de liberté de culte à mon avis car si ce dernier puise ses origines en Amérique du nord dans la nécessité de devoir protéger et garantir les libertés des communautés religieuses persécutés dans leurs patrie d’origine et cherchant une terre d’asile en Amérique historiquement parlant, il semble que certaines franges religieuses et sectaires croient aujourd’hui que cette liberté doit impérativement inclure des pratiques socialement et communément inacceptables, et on ne débat pas de valeurs laïques ou religieuses ici, mais d’intégrité physique tout simplement! C’est un peu comme si on devait permettre à tous les cultes et sectes guerriers de pouvoir porter une arme à la ceinture!

    L’ironie étant que ce débat n’a jamais eu lieu dans les proportions qu’il mérite, mais nous rappelle un autre qui entretient le malaise chez le troupeau, celui sur la burka islamique qui a et continue de susciter plus de débats, de passions, de controverses, de batailles rangées ayant pour unique origine une instrumentalisation politique et électorale, et donc une manipulation idéologique des masses et presque aucune utilité sociale, la pratique en elle-même ne pose pas de problème social en tant que telle, ni qu’elle représente une menace sociale dans les proportions qu’elle existe dans la réalité car rappelons que tous nos politiciens qui l’ont inclus dans leurs croisades électorales ont soigneusement évité la question de nous dire combien de femmes portent ce foutu niqab au Québec ou au Canada ! en ce qui concerne le Québec, la réponse viendra de diverses sources journalistiques et du conseil musulman du Québec qui trancheront la question: elles ne dépasseraient pas 50 ou 100 femmes au grand max ! sur une communauté musulmane qui avoisine les 300.000 personnes, soit 3% de la population… et par la même occasion vient discréditer un autre mythe d’un islam qui représenterait entre 17 et 20% de la population largement promu par les mouvances d’extrême droite et par une certaine presse populiste qui dans un article on ne peut plus caricatural et sérieux intitulé ‘’combien sont-ils’’ a voulu trancher à sa manière en balayant l’argument du petit nombre d’un revers de la main et proclamait : eh bien vos chiffres ne diminuent pas le danger, ils étaient seulement un a une certaine époque et sont devenu plusieurs millions ! :)))

    Bon ben, d’ici que la NRA (national rifle Association) décide de se décréter religion et réclamer le port du 44 magnum en signe de croix, chose qui ne saurait tarder sous la présidence de monsieur Trump, je crois que je vais anticiper le marché et lancer ma propre marque de gilets pare-balles, mais couleur fushia, jaune ou même arc en ciel… histoire de tester le sens de l’humour des tireurs embusqués! :))

  8. Tourelou said

    Fournir une arme à nos disciples et tendre l’autre joue? Ils font la guerre, les croyants!

    Je suis contre, aussi.

    • Gudule said

      Je suis aussi contre les couteaux et les flingues dans la vie civique, pour quelques raisons que ce soit.

      Par contre, Je suis pour les sikhs. Ce sont habituellement des gens très gentils. Et, vous savez quoi, je vis dans une ville ontarienne pleine de sikhs depuis trente ans. Des jeunes sikhs, des vieux sikhs à barbes blanches, des enfants sikhets et sikhettes, des femmes et des jeunes filles. Des gens charmants. Et, vous savez quoi, en trente ans JE N’AI JAMAIS VU UN KIRPAN CHEZ MES VOISINS SIKHS. J’ai jamais vu cet objet en vrai. Ça veut dire que beaucoup de nos compatriotes sikhs appliquent déjà la doctrine d’Ysengrimus: ils gardent leur arme rituelle chez eux… s’ils en ont une seulement.

      [Ceci est une observation extrêmement utile. Merci, Gudule. — Ysengrimus]

  9. Sam said

    Je seconde… soyons au moins clairs là-dessus!

    Par ailleurs, je les aime bien moi les Sikhs, tout comme les Hindous et même les Musulmans du subcontinent Indien… ils sont tous plus intelligents on dirait à cultiver un vivre ensemble depuis des siècles… malgré les tensions et les problèmes, le clivages linguistiques et les centaines de dialectes! Ils sont tourné vers le progrès, et se contemplent les uns les autres pacifiquement en général… encore plus aujourd’hui… il y a une richesse culturelle inouïe à cet endroit et comme nulle part au monde, et beaucoup de sagesse aussi qui se dégage de ce vivre ensemble, si ce n’est le satané capitalisme qui est venu tout chambouler chez eux et relancer les tensions religieuses… pendant que chez les Arabes, l’intolérance de l’autre et des autres religions est instrumentalisée politiquement et organisée quasiment… surtout depuis le wahhabisme… (même chose en Iran)… même si les peuples Arabes n’en veulent pas nécessairement et commencent eux aussi holà réclamer des droits de culte pour les autres ou droits aux Athées et aux sans religion… et même des droits aux homosexuels de pouvoir exister…

    Merci de nous éclairer sur les Sikhs et leur religion et croyances… on avait tendance à les juger rétrogrades à la vue de leurs turban… comme quoi les apparences peuvent être trompeuses!

  10. jérôme blanchard de la brosse said

    Voilà un parti pris bien ingénu.

    L’article critique au nom de la modernité, de la raison du vivre ensemble le kirpan en revendiquant l’ouverture et la hauteur d’esprit d’égal à égal. Il croit naïvement se démarquer du colon canadien, simplement en le condamnant à l’infamie. Mais à quoi donc se ramène l’article, à une démonstration rationnelle, à la prévalence de la raison, du rationnel et du civil sur le religieux.

    Bref, on aspire à faire prévaloir un ordre spirituel parfaitement ethnocentré sur le modèle occidental, sur ses aboutissements qui l’a conduit à encager le religieux et mettre l’homme, et l’homme matériel en premier, et bientôt l’homo faber, l’être conçu du cerveau et de l’outil de l’homme au dessus de lui. C’est ainsi qu’il s’apprête à encager à son tour l’homme et libérer cette seule forme acceptée et sacralisée du surnaturel.

    L’auteur est si sûr de la supériorité de sa «philosophie» si certain d’être en train de détenir la vérité qu’il ne peut concevoir que comme arriéré le fait de faire primer une règle qui n’a pas de justification rationnelle, que le surnaturel puisse primer pour d’autre sur le rationnel, fût-ce pour sur un point aussi mineur que le kirpan.

    Voilà exactement l’arrogance et la vanité qui prévaut en Occident depuis au moins cinq siècles et qui conduit là où le monde est rendu aujourd’hui. Le colon canadien n’avait pas moyen de convaincre les sikhs et s’est résolu à composer, par un arrangement de façade qui concilie ses valeurs et celles inassimilables de la religion sikhs, en colon intelligent, du moment que c’est lui qui dispose du pouvoir et qui fixe la règle.

    Voici donc venir à présent le néo-colon, qui vient renverser la table avec des manières paternelles, plutôt que fraternelles, pour poser cette fois avec intransigeance que la primauté du civil, du laïc, du sans dieu, c’est à dire du matériel , du temporel, du non surnaturel, de ce qu’on n’a brièvement tenté de sacraliser dans la religion de l’être suprême, avant d’aller là où j’ai dit plus haut, doit l’emporter sans concession aucune sur le religieux qui lui doit être encagé à la place assignée, sans même pour un détail pouvoir déroger à la loi, au risque de tout saper de l’édifice, par cette subversion?

    Et si le Sikhs pour avoir le sentiment que sa religion est vivante avait besoin qu’au moins par un aspect elle échappe au rationnel, à la loi commune, et sentir ainsi son identité? Et qui a dit que les religions ne peuvent dominer sur le rationnel ou le laïc? Le colon, certes. Mais qui est le colon pour le dire et pour l’imposer ? Un colon. Au nom de quoi sinon au nom d’un suprémacisme?

    Il est vrai que le colon porte consciemment ou inconsciemment en lui le suprémacisme. C’est pour cela d’ailleurs qu’il s’autorise à coloniser depuis des millénaires tous les espaces, toutes les ressources et tout ce qui vit. Et la quintessence du suprémacisme né au sein de l’humanité est porté depuis cinq cents ans par l’Occidental. Alors rien de surprenant si l’auteur de l’article a signé et rempilé à son tour en croyant par sa démonstration faire autre chose.

    [Ceux qui se demandent ce que c’est que l’irrationalisme comme doctrine, eh bien monsieur de la Brosse l’exemplifie ici… et je l’en remercie, sans ironie aucune. À travers une critique de l’ethnocentrisme du «colon» (il faudrait définir cette notion «coloniale», de fait… elle me semble bizarrement altérée ici). c’est la rationalité ordinaire qu’on attaque, en fait, présumant spéculativement que le Sikh n’en veut pas. Or il en veut. On postule aussi que ladite rationalité est une exclusivité occidentale. Or elle ne l’est pas. Ainsi faussé, sur ces deux axes, le raisonnement de la Brosse erre, en s’avérant tributaire des travers qu’il affecte ostentatoirement de dénoncer. — Ysengrimus]

  11. Guy said

    Depuis la nuit des temps, tous nos anciens jusqu’à nos pères ont toujours eu un couteau sur eux! Et le couteau a sauvé beaucoup plus de vie qu’il n’en a ôté!

    [Plutôt vrai — Ysengrimus]

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