Québec xéno, no, no…
Posted by Ysengrimus sur 24 juin 2014
Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part!
Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part!
Georges Brassens
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Chu passablement commotionné
Fak prépare-toé
À te faire brasser.
Québec xéno, no, no…
C’est que j’ai lu, l’aut’jour, dans le chiotte d’une de nos belles universités
En grosses lettres brun foncé:
Vive le Québec libre, dehors les immigrés!
J’ai pas été très impressionné
Par ce genre de haut savoir de complexé.
Pour tout dire, j’trouve que tu t’laisse un peu pas mal entraîner
Dans des dérives qui me purgent, qui me font chier.
Tu trouves pas qu’on a assez dérivé
Depuis l’sommet d’not’butte à fumier?
J’ai pas envie de m’faire encore niaiser
En me laissant
Passivement
Fasciser.
Québec xéno,
Well, it’s a no, no…
Moé, mes enfants sont nés à Toronto
Pis y parle français comme Jean-Jacques Rousseau.
Sauf que c’est parfaitement leur droit
Quand à moi
De la trouver pas pire
La poésie de Shakespeare.
Moé, ma belle-fille, c’est une montréalaise algérienne
Pis ça l’empêche pas d’être la plus pure laine des pures laines,
Une inconditionnelle
De la Sainte Flanelle…
Al’a les cheveux fous et longs
Pis est pas mal tannée des stéréotypes aux informations.
Al’a les cheveux libres et lousses
Pis, dans ta rhétorique de burqa, a trouve un peu qu’tu pousses.
Moé, mon épouse, est française
Pis tu sais quoi, c’est pas vrai qu’est arrivée au Québec dans une caisse
Avec des fromages pis des vins importés
Comme a eu le front, un jour, de me l’raconter
Un de tes tit-pits, carré vert de cégep,
Tout pétulant, tout imbu de xéno-pep.
On est pas des importés, cibole.
Rentre-toé ça, une bonne fois, dans bolle.
Pis ton Québec xéno,
It’s a no, no…
Oui, oui, discutons. M’as t’envoyer une coupe de jabbes
Pis laisse moé tranquille avec mon hidjab.
Oui, oui, chu capable de t’en servir une job verbale de bras
Pis crisse moé patience avec ma ménora.
Oui, oui, m’a te brasser le mental, en me jetant à ton cou
Pis m’en va t’les réciter mes sourates, pis mes haïku.
Québec libre, hein, c’est toé qui l’a dit…
Cochon de petit esprit qui s’en dédie.
Parfait. Fak j’me gênerai pas pour me crisser d’ta poire
Pis sak moi’a paix, avec ma face de noir.
Euh… encore un peu de poisson frit, mon hostique?
J’ai droit au soleil, pis chu juste un million d’asiatiques.
Et pis laisse moi donc te placer juste une petite plogue:
Chu pas en train d’t’assimiler simplement parce qu’on parle tagalog
À maison,
Tornon.
Québec xéno,
It’s a no, no…
Maudit batince, ça va tu encor prendre un occupant colonial
Pour te maintenir, aux bras, dans un comportement normal?
Pour te coller dans face une paire de barniques
Séparant
Irrémédiablement
Dans ton vitreux regard,
L’argent du vote ethnique?
Maudit cibole, ça va tu prendre Toronto pis Vancouver
Pour nous montrer de ce qu’on a l’air?
Pour oublier de ce qu’on a l’air
Turlutons cet air de chez nous…
De ce grand pays solitaire
Je cris avant que de me taire
À tous les humains de la terre
Ma maison c’est votre maison…
Te disais Gilles Vigneault, dans la chanson Mon pays.
Listen to the lyrics, pour une fois dans ta vie!
J’parle une langue millénaire, pis j’ai vraiment pas de fun
De me faire étiquetter-statistiquer allophone.
J’ai, au fond de moi, toute la complexité de l’armature
D’une culture
Pis je trouve ça un peu dur dur
De devoir constamment quémander
La permission de la partager.
J’travaille fort, j’paye mes impôts.
Chu pas v’nu icitte pour m’faire er’gârder de haut.
J’ai rien de rien eu à voir, moé, avec les moves à Colborne.
M’y assimiler implicitement, ça dépasse un peu les bornes.
Chu pas mal fatigué que constamment les orteils me jamment
Dans bouette implicite-contrariée-surannée d’la Patente des Plaines d’Abraham…
Pis quand not’belle Madame Bolduc chialait contre les immigrés,
Dans ses chansons
Ben, qu’est-ce tu veux, a partageait la bêtise ambiante du temps
D’un avant-guerre en dépression.
Moé, c’est ceux qui chantent pis qui lirent sa tite toune au jour d’aujourd’hui
Qui me mettent en beau fusil.
Québec xéno,
It’s a no, no…
Fak mets ça dans ta pipe pis fume-les.
J’ai pas un atome de souveraineté
à donner
À un petit ethnocentriste de salle paroissiale
Buté, frappé, inamical
Et, en fait, pas capable de vraiment s’en extirper,
De sa mentalité
Provinciale
Chamarrée de stigmates coloniales.
Arrête donc de singer les tics des partis extrêmes européens.
Décolonise pour vrai un peu, pour une fois, nono, finfin.
Fais preuve d’originalité,
Québec, fais quelque chose avec ta liberté.
Grandis,
Maudit!
En parka, ton petit problème xéno couleur locale,
Si t’es pas capable de le régler
Ben mon p’tit Oui poli, tu vas être obligé
De t’en passer…
Parce que Québec xéno,
It’s a no, no…
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Paru aussi dans Les 7 du Québec
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Robert Huet said
J’ajouterai que le texte décrit assez bien ce que les québécois pensent réellement des autres ethnies, bien entendu il y a des variations dans les mots employés et souvent une certaine hypocrisie sémantique voile la réelle intention de l’individu. Les immigrants ont leur propre système linguistique de discrimination ethnique tout aussi hypocrite. L’humanité semble aller tout droit vers sa destruction. Finalement, nous semblons ne pas être mieux que des bactéries malgré nos cultures, notre savoir-faire et notre science, tout comme les bactéries nous empoisonnons notre environnement et nous nous entre-tuons pour les ressources. Quand la population adopte les pensées d’extrême- droite, que penser d’elle sinon qu’elle n’apprend rien et recommence toujours les mêmes bêtises. Je n’espère même plus me tromper tant les évidences sont présentent et que rien ne change réellement sinon les apparences.
[Oui, il faut crier ce que je crie. Mais, pour autant, je n’en deviendrai jamais aussi « bactériologiquement » pessimiste que vous. C’est parce qu’on peut encore se comprendre que je crie… – Ysengrimus]
Magellan said
Un peu maximaliste dans la misanthropie, ce genre de développement.
Robert Bibeau said
Merci pour ce cri du cœur – ce texte qui se veut anti-xénophobie, anti-chauvin. Je sens que l’intention est bonne et que l’on est jamais trop répulsif face au racisme-xénophobisme . Lionel Groulx, retoure dans ta tombe.
Cependant contrairement au commentateur d’avant moi, je ne crois pas que cela reflète le comportement d’une majorité de québécois – par la faute à des gens comme vous et moi…
Le racisme et le fascisme – corporatiste-chauvin – nationaliste ne passeront pas (;-))
[Je seconde. Ysengrimus]
Vanessa Jodoin said
Vous avez mille fois raison, Ysengrimus, la xénophobie s’installe au Québec.
Denis LeHire said
Il y a une dérive, en effet. Je sais pas si ca « s’installe » ou si ça revient, car on a un passé bien lourd en la matière.
Il faut qu’on se ressaisisse en tout cas. C’est pas nous autres ça, d’écoeurer une femme parce qu’elle porte un voile.
[Je seconde. – Ysengrimus]
Fridolin said
MON PAYS, de Gilles Vigneault, les paroles. Tu as raison, Ysengrimus, aujourd’hui plus que jamais, faut méditer le message de fond de notre poète national. C’était un visionnaire…
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MON PAYS
(Gilles Vigneault)
Mon pays ce n’est pas un pays, c’est l’hiver
Mon jardin ce n’est pas un jardin, c’est la plaine
Mon chemin ce n’est pas un chemin, c’est la neige
Mon pays ce n’est pas un pays, c’est l’hiver
Dans la blanche cérémonie où la neige au vent se marie
Dans ce pays de poudrerie mon père a fait bâtir maison
Et je m’en vais être fidèle à sa manière à son modèle
La chambre d’amis sera telle qu’on viendra des autres saisons
pour se bâtir à côté d’elle
Mon pays ce n’est pas un pays, c’est l’hiver
Mon refrain ce n’est pas un refrain, c’est rafale
Ma maison ce n’est pas ma maison, c’est froidure
Mon pays ce n’est pas un pays, c’est l’hiver
De mon grand pays solitaire je crie avant que de me taire
À tous les hommes de la terre: ma maison c’est votre maison
Entre mes quatre murs de glace je mets mon temps et mon espace
À préparer le feu, la place pour les humains de l’horizon
Et les humains sont de ma race
Mon pays ce n’est pas un pays, c’est l’hiver
Mon jardin ce n’est pas un jardin, c’est la plaine
Mon chemin ce n’est pas mon chemin, c’est la neige
Mon pays ce n’est pas un pays, c’est l’hiver
Mon pays ce n’est pas un pays, c’est l’envers
D’un pays qui n’était ni pays ni patrie
Ma chanson ce n’est pas une chanson, c’est ma vie
C’est pour toi que je veux posséder mes hivers
Chloé said
Il faut méditer aussi, en cette journée de la fête nationale, les si belles paroles de Raymond Levesque.
Sophie Sulphure said
Merci, Chloé. C’est absolument magnifique.
Le boulé du village said
Les vrais enfants de chiennes, c’est les politiciens démagogues qui attisent ces comportement là pour faire du vote cheap, au lieu d’éduquer ceux qui comprennent pas encore qu’on vit dans un monde ou y a du beau monde.
[Bien vrai. C’est qux qu’il faudrait bouler, mon Boulé. – Ysengrimus]
Mura said
On va pas parler de politique mais c’est bien certain que les deux dernières années au Québec ont été catastrophiques sur cette question… alors que ça allait pas si mal avant l’intégration, bon sang.
Gudule said
« Maudit batince, ça va tu encor prendre un occupant colonial
Pour te maintenir, aux bras, dans un comportement normal? »
Notons que le Canada anglophone, notamment en région (grosso mode comme au Québec donc) n’ont pas trop de leçon à donner sur ce point. Ils peuvent être bien xénos eux aussi et insidieux en masse… Comme le signale cette caricature tirée d’un autre article d’Ysengrimus.
Le faux communautarisme des anglo-saxons
Catoito said
Quelle que soit la lanque que l’on parle, ces tendances affligeantes sont partout en occident, de la Norvège au Portugal, des Rocheuses à l’Oural… Hélas…
[Exactement… – Ysengrimus]
Caravelle said
Je suis très rassurée de voir ici cette affliction ordinaire mais profondément sentie face à la xénophobie. Merci à tous et a toutes.
Sophie Sulphure said
Madame Carava, vous faites partie de moi. Pour toujours.
Sissi Cigale said
De moi aussi.
Olivia said
Je vous souhaite, vous et tou(te)s les québécois(es) de toutes origines, une très bonne fête de la Saint Jean-Baptiste, fête qui aurait originalement comme but, selon ce que je comprends, le rapprochement culturel entre les diverses communautés qui se trouvaient sur sol bas-canadiens, et le vouloir de construire des liens de solidarités entre des êtres humains réunis dans la valorisation des droits de l’homme et de la justice. Que nous nous souvenions…
Piko said
Merci. Un jour nous serons tous planétaires et ce sera tout. Comme dirait Ysengrimus: il faut changer la vie et un jour viendra.
Tourelou said
L’étranger, que ce soit en littérature, en peinture et en personne, a toujours créé une attirance et curiosité toujours fort charmante. Ai-je besoin d’être d’une origine particulière pour vivre ces expériences?
Égérie said
Je vous seconde , Tourelou. L’amour pur, fort et sensuel se fiche bien des traces peintes sur le sol par les pouvoirs… La couleur et le grain de peau, par contre, Hmmm…
Guillaume Bardou said
Paul,
à vous séparer ainsi des autres pour leur taper sur la tête, on dirait que vous n’avez pas touché le fond de votre misère personnelle.
[Ma misère personnelle ne disparaitra que lorsque la misère universelle disparaitra… – Ysengrimus]
Zekri said
En fait la xénophobie s’installe partout dans le monde. Nous la ressentons davantage au Québec du fait des conditions économiques qui se détériorent et du fait que nous y vivons.
Le paradoxe que nous vivons est celui d’un siècle où le développement scientifique et technique sont au summum et où, parallèlement, la gestion politique est à son niveau le plus bas.
En effet, quand on observe nos «élites» politiques on se demande comment l’humanité est descendue si bas pour accepter des dirigeants comme ceux que nous avons, comment a-t-elle accepté des analystes et journalistes si peu professionnels.
À date, des voyous ont dirigé (avec l’aval de la pensée dirigeante) des États nucléaires. Ils ont commis les pires crimes contre des populations désarmées, ils ont créé des pseudo oppositions, ils ont menti comme des arracheurs de dents, ils se sont attaqués aux libertés de leur propre population.
Comment dès lors, des individus comme notre bon syndicaliste, ne devraient pas saisir leur chance de se lancer en politique puisque des pseudo politiciens chevronnés leur ont ouvert la voie en banalisant le rejet de l’autre, de l’immigrant, en élaborant une charte des valeurs totalement exclusive, en jouant sur des stéréotypes…et que des journaux ouvrent leurs pages à des extrémistes qui y publient tous les jours des chroniques à vous soulever le cœur.