L'ISLAM, ET NOUS LES ATHÉES
On nous parle ici de l’islam autrement, sans concession mais respectueusement. On nous présente ce qu’un occidental éclairé devrait minimalement savoir de l’islam.
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LE LUTH DE CARTON
Un ensemble composé de cinquante récits intimistes autour de l’instrument de musique.
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LIRE MEIN KAMPF
Ça y est, Mein Kampf d’Adolf Hitler (1889-1945) vient de tomber domaine public. Il faut en parler. Il faut notamment associer ces idées qui traînent à l’auteur hautement suspect dont elles émanent. C’est ce que cet ouvrage se propose de faire.
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PHILOSOPHIE POUR LES PENSEURS DE LA VIE ORDINAIRE
Essai sur la propension philosophique des penseurs et des penseuses de la vie ordinaire. La philosophie est partout. Nous la pratiquons tous et la mobilisons aussi souvent que nous réfléchissons sur un problème, petit ou grand.
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Recueils de nouvelles
CONTES FACTUELS, ÉROTIQUES, SARDONIQUES
Treize petits contes drôles, absurdes et étonnants qui invitent le lecteur à pénétrer un univers insolite ordinaire (qui n’est pas celui du Cycle Domanial)…
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FEMMES FANTASTIQUES
Recueil de dix nouvelles. Le lecteur sort grisé de cette suite d’aventures pleine d’originalité, écrite d’une main experte, avec beaucoup d’imagination et d’humour.
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QUATRE CONTES ÉROTIQUES
Se compénétrer, comble de la langueur érotique. C’est ce qui se passe ici, tout doucement, narrativement, avec ces quatre contes érotiques en gigogne.
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Recueils de poèmes
L'IMAGIAIRE DES EAUX ET DES PIERRES
Recueil de pictopoèmes. Faire du vers libre, c’est se donner toutes les structures appropriées, de la plus stricte à la plus lâche, de la plus héritée à la plus improvisée, La joie de la rencontre fatale, universelle, du mot et de l’image.
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L'IMAGIAIRE DES PIMPRENELLES
Recueil de pictopoèmes. Faire du vers libre, c’est se donner toutes les structures appropriées, de la plus stricte à la plus lâche, de la plus héritée à la plus improvisée, La joie de la rencontre fatale, universelle, du mot et de l’image.
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L'IMAGIAIRE TSHINANU
Petit ouvrage de pictopoésie (en fascicule) sur des reproductions de tableaux du peintre autochtone Namun
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L'IMAGIAIRE VERGNER
Recueil de pictopoèmes. Faire du vers libre, c’est se donner toutes les structures appropriées, de la plus stricte à la plus lâche, de la plus héritée à la plus improvisée, La joie de la rencontre fatale, universelle, du mot et de l’image.
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L’HÉLICOÏDAL INVERSÉ
Recueil de cent-cinquante poèmes portant sur une foule disparate et cohérente de thèmes urbains concrets
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POÉSIE D'OUTRE-VILLE
Recueil de cent-cinquante poèmes portant sur une foule disparate et cohérente de thèmes post-urbains
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RESSACS POÉTIQUES
Recueil de cent-cinquante poèmes portant sur une foule disparate et cohérente de thèmes bucoliques et émotionnels
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Romans
ADULTOPHOBIE
Voici où nous en sommes arrivés avec nos enfants. Adultophobie est l’histoire honteuse, affreuse de ce que nous leur avons fait, involontairement mais inexorablement.
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FRED NIETZSCHE, TUEUR À DÉGAGE
Fred Nietzsche a un contrat. Il doit dessouder le petit roi d’une tour géante. Pour ce faire, il a sa manière: en bon philosophe, il rentre dans la tête des gens et opère. Chute libre assurée.
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L'ASSIMILANDE
Roman de linguistique fiction. Un petit objet qui permet d’apprendre de façon ultra rapide la langue de son interlocuteur vient d’être conçu par le laboratoire de la professeure Cartier : le glottophore.
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L'ASSIMILANDE (version papier)
Roman de linguistique fiction. Un petit objet qui permet d’apprendre de façon ultra rapide la langue de son interlocuteur vient d’être conçu par le laboratoire de la professeure Cartier : le glottophore.
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LE CYCLE DOMANIAL I – LE THAUMATURGE ET LE COMÉDIEN
Le Domaine, vieille contrée fictive, est sur le point de faire éclater la révolution qui le verra se transformer en la République Domaniale. Deux femmes de la haute aristocratie déclinante, s’aiment passionnément, d’un amour interdit.
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LE CYCLE DOMANIAL Ii – ÉDITH ET ATALANTE
Entraînée jusque dans la mystérieuse Île Arabesque, pour protéger le tabellion Eutrope Tarbe, dont elle a la charge, la bouillante chasseuse centriote Édith va faire, hors de toute attente, la connaissance de la débardeuse arabesquoise Atalante.
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LE CYCLE DOMANIAL IiI – LE BRELAN D'ARC
En retraçant le fatal brelan des descendant(e)s de la baronnette Cordula d’Arc, les historiens-mariniers Eutrope et Clio Tarbe vont faire remonter à la surface les secrets historiques les plus émotionnellement chargés qu’il se puisse imaginer.
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LE PÉPIEMENT DES FEMMES-FRÉGATES
Un appel urgent, virulent, indomptable, un cri grichant, strident, aux harmoniques riches et denses, le langage d’un jeu complexe de communications subtiles, articulées, intimes et sans égales: le pépiement des femmes-frégates
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LE ROI CONTUMACE
Ce roman inattendu nous fait faire un petit tour en touristes dans le Montréal des artistes de rues autant que dans les hautes sphères de l’autocratie sidérale décomplexée. Une problématique politico-artistique s’y esquisse.
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LE THAUMATURGE ET LE COMÉDIEN (version papier)
Quatrième ouvrage du catalogue de la maison d’édition Les Écrits francs. Torrentielle passion saphique de portée historique… La compréhension et la perpétuation du mystère de l’amour peuvent-ils survivre aux changements d’époques?
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NOS PREMIÈRES CRUAUTÉS
L’enfance. C’est ce temps qu’on n’en finit jamais de croire éternel. Il est très important pour le petit Pol Pohl, notre narrateur, d’être froidement cruel. Amoral, il nous raconte ici ses petites histoires enfantines de cruautés.
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SE TRAVESTIR, SE DÉVOILER
Se travestir est un acte calculé, stratégique, méthodique, fondamentalement stable, même à travers le détail de ses divers rajustements tactiques. Se dévoiler est plutôt un effondrement, un effet de forces éminemment involontaires, une capilotade
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Sites amis
acombustion
La carnetiste et romencière Aline Jeannet nous fait pénétrer la boucane délétère de ses combustions textuelles. Ouvrons les yeux et les narines…
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alabergerie
L’écrivain et éditeur Allan Erwan Berger nous fait entrer dans l’univers labile et flamboyant de sa réflexion et de ses passions
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Écrire, Lire, Penser
Culture web et expression numérique. Le site programmatique et créatif des auteurs et animateurs des Éditions ÉLP.
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ÉLP – éditeur
Une petite entreprise d’édition qui a été montée comme une espèce de mutuelle, avec une grappe de sociétaires et pas d’actionnaires du tout…
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ÉLP Poésie
ÉLP éditeur présente son blogue spécifiquement consacré à la poésie. Un poème chaque vendredi.
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Chroniques d'une nomade ordinaire
Entre Cuba et le Maroc, Loula la nomade partage sa trajectoire éclatée et intense avec les lecteurs du monde…
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Coccinelle écolo
Tout ce qui touche à la protection de l’environnement, à la santé environnementale, au commerce équitable ou au développement durable
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DE NIHILO NIHIL…
Analyses philosophiques, qui s’inspirent du matérialisme et de la rationalité des grands penseurs progressistes des temps modernss (16ième-21ième siècles) (en anglais)
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ENCYCLOPÉDIE CANADIENNE
Le Canadiana Universalis. Bilingue, nordique, serein, unifolié. Suivre le lien depuis ma modeste contribution au projet.
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Expression numérique
Création, lecture numérique et critique d’œuvres littéraires (par Daniel Ducharme)
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Le Communisme: Utopie et Histoire
Un devoir de secondaire sur le communisme et son impact sur l’histoire, fait par un de mes meilleurs amis
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Les 7 du Québec
Portail agrégatif de journalisme citoyen du Québec et du monde francophone
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Les chiens et leurs humains
Une cynophile inconditionnelle rend hommage en textes et en images aux chiens et aux humains qui se tiennent avec eux…
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MemeCenter
Un excellent générateur de mèmes francophones performant et commode. Les illustrations des fonds de mèmes répertoriés sur cet espace sont des classiques de l’internet. Un instrument facile d’usage et efficace.
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Portrait de blogueurs
Un vidéaste montréalais vif, tonique et généreux, Frédéric Harper, fait parler au naturel des carnetistes (blogueurs et blogueuses) tels qu’en eux-mêmes, telles qu’en elles-mêmes
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Tony's blog – Pourquoi pas?
Parfois, Tony parle de lui, de tout et de n’importe quoi, en fonction de son temps disponible, de ses lectures, de ses énervements. Vrai blogueur, il écrit souvent plus pour mettre noir sur blanc ses propres idée.
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Train de nuit
Entrelacer jazz, slam et poésie dans le ciel montréalais
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La vie en cette année 2234 n’était pas forcément dure pour tous les hommes, seulement, comme depuis la nuit des temps, pour une immense majorité. Le gouvernement ministériel et la communauté scientifique de l’Europe unifiée sont, ce jour là, sur les dents. Une flotte extraterrestre est en train de se pointer aux confins du système solaire. Nous sommes au bord du tout premier de tous les premiers contacts. Mais quelle en sera la nature? Amical? Hostile? Rien n’est dit. On ne semble connaître avec certitude que le nom de ces visiteurs/envahisseurs: les Thétyens. Toutes les chancelleries sont aux abois mais on ne veut pas trop que l’information devienne intempestivement publique. On lance donc des fausses nouvelles scabreuses pour noyer l’info effective qui, initialement, ne coule, fétide et bizarre, que dans des cyber-tabloïdes foireux. C’est que l’énorme événement interplanétaire aux pourtours mal circonscrits est d’une haute sensibilité internationale. Il ne faudrait surtout pas qu’une ou l’autre nation locale ne se transforme involontairement en l’extraterrestre de toutes le autres.
En 2234, Europe et Asie (l’Amérique n’est pas trop dans le tableau) coexistent dans une relative harmonie sourcilleuse. Mais la lutte macroscopique aux changements climatiques a rendu, depuis plusieurs années, les grands gouvernements supranationaux intégralement dépendants de vastes conglomérats privés assurant la perpétuation artificiellement contrôlée d’un climat viable. Ces entreprises tentaculaires portent des noms percutants, courts et allusifs comme EcoTech ou NanoSoft. Elles sont l’incarnation contemporaine des anciens totalitarismes, en plus feutré, en plus branché, en plus technocrate. Elles pénètrent la société civile et ses pouvoirs traditionnels jusqu’au trognon. Que savent-elles exactement de cette visite d’extraterrestres? Le paradoxe virulent est que ces puissants conglomérats contrôlent intégralement l’appareillage et la technologie logicielle permettant de percevoir le vaste univers extérieur. De là à contrôler cet univers même…
D’autre part, et sur un autre plan, le quadragénaire Marhek Lorme est une sorte de rouage flottant, mi-détective privé, mi-barbouze à la retraite, qui enquête sur l’assassinat de son meilleur ami espion et de l’épouse de ce dernier par d’obscurs services non identifiés. Ici aussi, salmigondi analogue des perceptions, en la quête compréhensive. Qui a fait quoi? Qui tire les ficelles brutalement et arbitrairement plantées dans la tête de qui? C’est la valse des agents doubles, triples, quadruples. Ils s’expriment tous dans l’argot débridé et jubilatoire du romancier, en plus. C’est vif, c’est dur, c’est frontal, c’est brutal mais c’est pas triste. L’humour est là, grinçant, cynique, percussif. Et alors, dans le cas de Marhek Lorme et de son tonique jeune subalterne, le stagiaire Johnson, on est au ras des mottes. Ça castagne, ça explose, ça plonge à ses risques et périls dans un canal gorgé de polluants suspects, ça tabasse même des jeunes filles mi-espionnes mi-travailleuses temporaires. La caméra ici (la caméra plumitive!) nous entraîne dans des scènes visuellement enlevantes sur un rythme de tambour de charge. D’ailleurs, quand les enjeux politico-planétaires vont se complexifier et que des troupes, des flottes aériennes et des bataillons vont entrer en interaction, l’ambiance de visualisation à la lecture va devenir superbement cinétique. Ces nombreux éléments sur le terrain nous font inéluctablement penser à une étonnante et novatrice aptitude à convertir de complexes séquences de jeux vidéos en solides trames romanesques.
Pendant ce temps (comme on dit conventionnellement, pour rester dans le ton), dans le bureau d’un important homme d’état européen, il y a une plante verte enracinée d’assez longue date dans son pot. Elle vivote de son mieux, au rythme des arrosages sporadiques et des séquences de lueurs de la lumière artificielle. On la mentionne de temps en temps, dans le flux et le reflux des péripéties, comme par cycles. Elle apparaît comme une sorte de point nodal dans un imbroglio sociétal, syndical et militaire de plus en plus enchevêtré et tonitruant. Et elle en vient graduellement à nous obséder, cette plante verte. Pourquoi? Curieux. Et que dire des chats de la concierge néo-syndicaliste de Marhek Lorme. Porteurs de messages codés tressés dans leurs colliers, ils trouvent moyen d’involontairement s’infiltrer puis de fuir chafouinement dans les couloirs de l’eurobase. Cela va de nouveau activer la remarquable caméra cursive d’action. Nous voici un chat fort énervé, perdu dans la base robotisée d’un futur lointain. Et ça gaule. Et ça marche.
Ce copieux premier tome du Cycle Rézo renoue spectaculairement avec la riche et picaresque tradition de la sci-fi pulp novel. Tous les procédés s’y trouvent et ils fonctionnent magistralement. Les thématiques, en plus, sont intensivement modernisées: cyber-culture, micro-robotique, catastrophisme climatique, gouvernement supranational, paix armée, ésotérisme laborantin, amours furtifs, dialogue (de sourd) homme-femme, marasme économique, surarmement, privatisation à outrance, OVNI ou pire OVNIC (Objet Volant Non Intellectuellement Conceptualisé). Et infailliblement, l’originalité jaillit. On lit, on lit, on lit.
C’est que quand l’intelligence devient artificielle, quand la créature surclasse son créateur, eh bien un bon lot luisant et onctueux de surprises nous attend et ce, même dans les replis bruissants et parfumés des éléments narratifs les plus traditionnels d’un genre.
Internet est vraiment magique! J’ai découvert l’auteur Guilhem sur Facebook (je vous recommande tout particulièrement Le chevalier à la canne à pêche), qui m’a dirigé vers la maison d’édition Écrire, Lire, Penser (ÉLP). J’ai voulu en savoir plus, donc voici une interview de Paul Laurendeau. Quand je vous dis que la lecture en format numérique c’est génial!
Xavier Mateos: Je vous propose maintenant de découvrir une maison d’édition francophone, une maison d’édition qui a la particularité de s’intéresser et de proposer de la littérature on va dire numérique… de cette lecture que vous pouvez lire sur vos ordinateurs, sur vos tablettes, sur vos smartphones. Avec la particularité —ils sont de plus en plus à le proposer— de ne pas proposer de DRM, ces codes qui empêchent le livre de pouvoir être installé sur votre ordinateur mais aussi sur votre tablette et sur votre smartphone. Je vous propose qu’on parle de tout ça avec le vice-président des éditeurs Écrire, Lire, Penser. Il s’agit de Paul Laurendeau. Bonjour.
Paul Laurendeau: Bonjour, bonjour et merci de cette invitation.
Xavier Mateos: Alors j’aimerais vous poser tout d’abord la question: comment est née cette maison d’édition Écrire, Lire, Penser?
Paul Laurendeau: Ben, au départ ça été la fascination que ressentaient le fondateur Daniel Ducharme et moi-même pour la cyberculture. Alors ça a commencé sous la forme d’un site web et on a un peu tâtonné, il y a de ça peut-être une quinzaine d’années, autour de comment on fait circuler du texte et comment on arrive à élargir les perspectives. Et on s’est vite orientés vers l’idée d’une maison d’édition attendu que, malgré les particularités d’évolution de la cyberculture, la notion de livre reste encore très présente dans la sensibilité culturelle générale.
Xavier Mateos: C’est vrai que de passer d’un livre à la lecture numérique, c’est pas encore acquis pour tout le monde. Il y a encore beaucoup de gens qui aiment toucher le livre et tourner les pages et même sentir parfois l’odeur d’un livre.
Paul Laurendeau: Tout à fait et c’est très crucial et on y est très sensibles. Et c’est donc pour ça que quelque part le cyber-livre garde, à tout le moins au plan virtuel, la dimension livresque. Il est paginé. Il est organisé en chapitres. C’est encore là une structure qui ne bouscule pas la sensibilité littéraire qu’on pourrait qualifier encore d’universelle. Tout ce qu’on perd évidemment, c’est la dimension matérielle sur laquelle on reparlera éventuellement. Mais on s’est vite rendu compte qu’on pouvait pas juste se lancer, faire une arabesque, un saut là qui nous mènerait vers du texte complètement cybernétisé, alors que le livre reste une entité très présente dans la sensibilité de quiconque s’intéresse aux lettres.
Xavier Mateos: En introduction je le disais, vous êtes une maison d’édition francophone et on l’entend avec votre superbe accent québécois. Que vous travaillez aussi avec des Français. Est-ce que le fait d’être à la fois et québécois et français donc francophones vous permet d’avoir une plus large couverture. Et est-ce que ça veut dire que vous vous intéressez au reste du monde aussi?
Paul Laurendeau: Tout à fait. Alors ça c’est tout à fait la sensibilité qui nous définit au point de départ. Ça fonctionne un petit peu comme les ports d’attache des navires. C’est-à-dire qu’on est dans une dynamique où les choses circulent. Pour l’instant on a des collaborateurs en France et au Québec. Mais si demain on en avait en Asie, en Afrique ou dans le reste de l’Europe, ce serait tout à fait partant. On est… on essaye d’être une peu l’opposé de ce que serait une maison d’édition qui serait ancrée dans un terroir. Nous on est plutôt corrélés à une dynamique générale. On a publié des Congolais. On a publié des Québécois. On a publié des Français des différentes régions de France. Et francophonie, c’est définitivement un vecteur là définitoire pour nous.
Xavier Mateos: Vous n’avez pas non plus de genre littéraire attitré. C’est-à-dire que vous êtes pas une maison qui fait soit du fantastique, soit de la science-fiction, soit de la fantasy. Vous vous intéressez un peu à tous les genres.
Paul Laurendeau: C’est-à-dire que nous… ça c’est une question évidemment qui s’est soulevée à un moment donné la question des genres. Et nous, il s’avère qu’on croit à l’écrivain et l’écrivaine plus qu’au genre. C’est-à-dire qu’on considère les genres méritoires. On considère qu’ils ont un grand intérêt. Mais on voudrait pas rater un écrivain ou une écrivaine intéressant(e) sous prétexte qu’ils sont dans un genre qu’on cultiverait pas. Alors on s’en est tenu aux grands genres reconnus là, c’est-à-dire: fiction en prose, poésie, essai et témoignage… qui sont là. Avec trois mailles de filet comme ça, vous pouvez à peu près rien rater, hein. Et après, ben, d’auteur en auteur —car on cultive l’intimité avec nos auteurs— on laisse venir ce qui est le vecteur d’inspiration de nos auteurs. Les genres se placent après les auteurs, si vous voulez.
Xavier Mateos: Et du coup c’est les auteurs qui viennent vers vous? Ou vous avez quand même une démarche d’aller vers les auteurs et de leur proposer votre maison d’édition?
Paul Laurendeau: C’est-à-dire que la cyberculture est une réalité extrêmement fluide et qui peut être parfois fulgurante. Bon, c’est-à-dire qu’à partir du moment où vous installez votre dispositif… à partir du moment où vos ouvrages apparaissent dans les… chez les cyber-libraires type Amazon, FNAC, Archambault à Montréal etc… etc… C’est pas long que les auteurs, surtout les jeunes auteurs, hé, ils flairent l’odeur de la friture, hein, c’est pas long. Donc, pour le coup, on a pas eu trop à faire appel. On s’est tout simplement exposés tels qu’on était. Et puis les auteurs se présentent.
Xavier Mateos: Et puis les réseaux sociaux y font sûrement pour beaucoup. Moi, par exemple, j’ai découvert votre maison d’édition grâce à Facebook et à un de vos auteurs qui s’appelle Guilhem, dont le dernier livre vient juste de sortir, en ce début mars, Le chevalier à la canne à pêche. Ça y fait beaucoup.
Paul Laurendeau: Aussi. Ah oui, Guilhem, j’ai travaillé sur ses deux ouvrages. Ça c’est un auteur justement qui est dans ces segments culturels fantasy etc… etc… Et ses textes sont extraordinaires. C’est-à-dire qu’on entre dans l’univers de Guilhem et on est avec ses personnages. Ce chevalier à la canne à pêche là, dont l’arme de combat est une canne à pêche, voyez, qui lui a été donnée comme objet magique dans des circonstances à la fois dignes de l’univers fantasy et du conte folklorique, parce que Guilhem est très apte à mélanger ces deux sensibilités là… C’est un roman savoureux, remarquable, très intéressant.
Xavier Mateos: Et pour ceux qui connaitraient Terry Pratchett, le grand Terry Pratchett, ça a vraiment cette sensibilité là, c’est-à-dire beaucoup d’humour, beaucoup de situations burlesques. C’est assez rigolo. C’est très fun à lire.
Paul Laurendeau: Eh oui. Et en même temps je crois que Guilhem est très soucieux… Guilhem est installé, là, pour construire un univers. Je veux dire, je crois qu’il est très soucieux de ça. Et c’est vrai qu’il est à l’intérieur d’un idiome et donc on peut le comparer à beaucoup d’auteurs de la culture fantasy. Mais il y a une originalité qui va se dégager de cet auteur là, au fil des œuvres, parce que les œuvres vont apparaître. Nous, c’est très important d’ailleurs, pour rebondir sur ce que vous disiez à propos des auteurs, ça c’est une chose qui est très importante à laquelle notamment Daniel Ducharme tenait beaucoup. C’est que nous on aime à avoir une écurie. C’est-à-dire qu’on aime avoir des auteurs qui planifient de produire plusieurs ouvrages et qui s’intéressent vraiment à quelque chose comme ce qu’on appelait autrefois une œuvre.
Xavier Mateos: Et puis je le disais en introduction, vous avez quand même choisi de faire de l’édition numérique sans DRM. C’était un choix risqué ou pas du tout, au tout début?
Paul Laurendeau: D’abord, c’est un choix qu’on a fait en connaissance de cause. C’est-à-dire que le segment plus technique de notre équipe a exploré avec ces deux dynamiques. Et à un moment donné, la question se pose: où est le beau risque? En ce sens que, j’ai pas besoin d’entrer dans les détails, vous êtes familier avec ce genre de réalité, le DRM, c’est un verrou, en fait, hein. C’est quelque chose qui cadenasse le dispositif électronique. Et c’est rendu que le lecteur peut même pas transférer l’ouvrage dont il s’est quand même porté acquéreur, de son ordi à sa tablette. Alors… on s’est vite dit… Bon évidemment, d’un autre côté, le beau risque c’est que le phénomène du photocopillage, qui existe d’ailleurs aussi dans la culture papier n’est ce pas, ben là devient très facile, hein, t’appuie sur le bouton puis là pouf… t’en envoie cinq cent copies à tes cinq cent copains. Et là on est obligé de dire, d’expliquer à nos lecteurs, ben vous avez entre les mains un produit qui est quand même un objet qu’il faut essayer d’éviter de faire circuler trop en dehors des circuits de la réalité commerciale. De ce point de vue là, on est tributaires des même problématiques, cyber-problématiques, que la musique, les films, que tout autre objet culturel. Et nous on a préféré assumer le beau risque que d’aller emmerder quelqu’un qui s’était déjà donné à essayer l’exercice du cyber-livre. En l’emmerdant, déjà, il peut pas transférer ça de là à là. Il peut pas transférer ça de sa tablette à son… à une autre structure de lecture, sous prétexte que c’est verrouillé. On s’est vite lassés de ce dispositif qu’on a trouvé coercitif et finalement peu utile.
Xavier Mateos: Et puis ce code DRM, c’est aussi… c’est aussi dommage quand vous avez un plantage d’ordinateur et que vous perdez tous vos livres et il y a plus moyen de les récupérer, sauf si vous avez pu faire une sauvegarde sur un disque dur ou sur un autre support.
Paul Laurendeau: Ah, c’est un dispositif qui, à mon avis, est… Vous savez, quand vous arrivez avec des dispositifs qui misent au départ que la personne qui entre dans un rapport avec vous, qui achète vos livres etc… risque de vous arnaquer, alors on les verrouille, alors nan!… C’est pas comme ça que je pense qu’une interaction, surtout entre gens de lettres là… Voyez… Donc nous, non. Je pense que les gens doivent pouvoir disposer de l’objet qu’ils se sont approprié et notamment le faire passer sur leur tablette. Et si c’est pour le mettre sur la tablette de la belle-doche aussi, pour qu’elle s’y familiarise, pourquoi pas, là. Il faut assumer un peu aussi, quand même, hein.
Xavier Mateos: Et puis c’est une façon aussi de faire connaître ses produits. Quelqu’un qui aura eu, par une connaissance, un de vos livres est plus susceptible de se dire, ben moi j’ai adoré, je vais aller vers cette maison d’édition pour leur acheter un nouveau livre, parce que j’ai aimé ce qu’ils faisaient.
Paul Laurendeau: Tout à fait. Et de tout façon je crois, au niveau du principe général, —et notre équipe technique nous l’a fait valoir et moi je suis d’accord avec eux— je crois que le DRM est un procédé condamné, c’est un procédé daté dont on dira un jour il y a eu cette tentative dans les grands tâtonnements des débuts.
Xavier Mateos: Merci Paul Laurendeau. Je rappelle que vous êtes le vice-président de cette très belle maison d’édition francophone 100% numérique qui s’appelle, alors en abrégé, ÉLP, qui veut dire Écrire, Lire, Penser, il y a tout dans ce nom, Écrire, Lire, Penser. Que vous proposez des romans, des nouvelles, de la poésie mais aussi des témoignages. Et que, pourquoi pas vous contacter pour vous proposer des manuscrits. C’est possible?
Paul Laurendeau: Oui, oui, tout à fait. C’est toujours toujours possible. Et, nous, on chemine avec nos auteurs, hein. Je veux dire, on a un soucis d’éditer, de travailler avec nos auteurs, et de créer des… profiter de la possibilité que donne la cyberculture. Pas de livres à mettre au pilon, pas de toutes les contraintes du papier, les camions, le camionnage, le transport. Non. On peut essayer de nouveaux auteurs, justement grâce à ces mécanismes là dont nous fait disposer la technologie moderne.
Xavier Mateos: Et puis, j’arrête pas de le répéter, un livre c’est bien, c’est un bel objet. Mais ça prend de la place dans une bibliothèque. Alors qu’une liseuse, c’est tout fin. C’est un investissement mais c’est aussi des milliers de livres qui restent stockés à l’intérieur. Et c’est plus facile à transporter dans une petite sacoche.
Paul Laurendeau: Un jour, la liseuse, ce sera l’équivalent littéraire du téléphone portable. C’est-à-dire que vous aurez votre bibliothèque dans votre sac à main.
Xavier Mateos: Merci Paul Laurendeau. Il y a un site internet que je conseille à ceux qui nous écoutent, le http://www.elpediteur.com/. Merci beaucoup et très bonne continuation à vous.
Paul Laurendeau: Merci beaucoup. Merci encore de cette invitation.