Le Carnet d'Ysengrimus

Ysengrimus le loup grogne sur le monde. Il faut refaire la vie et un jour viendra…

  • Paul Laurendeau

  • Intendance

Discours narratif, discours descriptif, discours prescriptif et contraintes juridiques au Canada

Posted by Ysengrimus sur 1 novembre 2021

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Nous allons crûment décrire le zipathographe, être fictif déjà bien connu des lecteurs et des lectrices du Carnet d’Ysengrimus, comme un personnage ordinaire faisant l’objet d’une discrimination assez virulente, dans notre petite société crispée. Le zipathographe est un personnage prolétarien, planétaire, malodorant, décrié, sciemment rejeté des pures laines et des bois bruts. Et, circonspecte autocensure oblige, c’est donc le zipathographe, comme être fictif mais au profil (et au profilage) sociologiquement hyper-réaliste, qui nous servira d’exemple, pour présenter les différentes formes de discours et les différentes contraintes juridiques que rencontrent ces différentes formes de discours, en contexte canadien.

DISCOURS NARRATIF: le discours narratif consiste tout simplement à raconter une histoire, réelle ou fictive, ici à propos du zipathographe, en le gérant un petit peu comme un personnage de roman. Le zipathographe monte sur une barge malodorante. Il traverse ainsi les mers et les frontières au mépris des lois. Le voici, par groupes compacts et déterminés, qui envahit notre pays. L’étape suivante, c’est que le zipathographe va méthodiquement essayer de nous voler nos épouses, nos emplois, ou notre argent. La suite du récit se déploie sur le même ton. Dans de telles conditions, ouvertement dépréciatives, on raconte donc une histoire et cette histoire a alors deux statuts possibles. Soit elle aspire à être journalistique, soit elle aspire à être une fiction. Si les calembredaines qu’on raconte sur l’action ourdie par les zipathographes aspirent à être journalistiques, elles s’exposent alors à des poursuites en diffamation. C’est à dire que les choses que l’on dit journalistiquement sur les zipathographes doivent absolument être vraies, étayées, corroborées et appuyées sur une documentation afférente. Si ces narrations se donnant comme factuelles ne sont pas vraies, le débat s’instaure et là, surtout si des identités spécifiques sont mentionnées, une poursuite en diffamation peut s’ensuivre. Dans le cas d’un discours de fiction sur les zipathographes (roman, film, jeu vidéo), même si ce discours est éventuellement virulent contre les zipathographes, il a (encore pour un temps) impunité. Le discours de fiction, attendu la jurisprudence actuelle au Canada, semble faire l’objet d’une protection juridique procédant de la liberté d’expression. Autrement dit, on peut raconter des histoires de n’importe quoi, dans le cadre d’une fiction. On s’expose bien sûr alors au désaccord de certains lecteurs, qui ne se gêneront pas pour le dire et ne pas acheter le livre, le film ou le jeu, mais une telle option ne semble pas faire l’objet de contraintes juridiques au Canada, du moins pas pour l’instant.

DISCOURS DESCRIPTIF: dans le discours descriptif, ce qu’on tente de nous relater, c’est ce que le zipathographe générique est, ou ce que les zipathographes spécifiques seraient. On a ici un discours qui ne signale pas spécialement l’existence d’une action mais plutôt qui présente un ensemble de caractéristiques fixes, exemplifiantes et/ou définitoires. Le zipathographe est voleur, le zipathographe est gourmand, le zipathographe est menteur, le zipathographe est malhonnête, le zipathographe sent mauvais, le zipathographe fait du trafic de drogue et de flingues, le zipathographe a peur de l’autorité. On est dans le criage de noms, en quelque sorte. On cultive ce genre de développements assez amplement dans la rhétorique discriminatoire. Et ici, encore une fois, on se retrouve dans une situation où un tel discours peut faire l’objet d’une poursuite en diffamation. Remarquez que le discours descriptif seul, qui n’est pas enchâssé à l’intérieur d’une fiction plus large, a beaucoup plus tendance à se donner comme procédant du vrai, de la vérité, du véritable (plutôt que du fictionnel). Cela le rend, conséquemment, bien plus susceptible de faire face, de façon ouverte et directe, à des poursuites en diffamation. Quand on raconte que les zipathographes font ceci et font cela sur l’île déserte (fictive) de Zipathe, on dispose encore du couvert de la fiction et cela noie amplement le poisson. Quand on dit que les zipathographes sont des voleurs, qu’ils l’ont toujours été, là on s’approche beaucoup plus d’un discours de dénigrement qui est susceptible de faire au moins l’objet d’objections fermes et/ou de poursuites en diffamation, sur la base d’une opposition de principe contre la propagande haineuse. Tout se joue en dégradé du narratif, au descriptif, au…

DISCOURS PRESCRIPTIF: le discours prescriptif contient ce que le jargon de la philosophie du langage appelle des énoncés performatifs, c’est-à-dire que ce discours est un propos d’action… donc, en fait, fondamentalement et effectivement, une action. C’est qu’en réalité le discours prescriptif ne dit pas quelque chose (récit, description) mais fait quelque chose (injonction, demande, requête). On a alors des propos qui ouvertement INCITENT. Ce sont des choses comme: tuons (ou tuez) les zipathographes, empêchez, par tous les moyens, les zipathographes d’entrer dans notre pays, enfermez les zipathographes, refoulez les zipathographes à la frontière, frappez-les, harcelez-les sans trêve, réduisez leurs salaires et leurs droits. Ce genre d’énoncé prescriptif est en fait l’équivalent, technique et juridique, d’une action. On est en train de signaler haut et fort qu’il faut faire quelque chose et aussi, du même coup, on se mêle d’ordonner de faire cette chose. On se formule comme le dépositaire d’une autorité, légitime ou factieuse, établissant les exigences qu’on éructe ainsi. Dans de tels cas, on n’est plus dans une situation où on se contente de dire ce que les zipathographes sont, pourraient être, font, ou pourraient faire. Le discours prescriptif est, de fait, explicitement promotionnel. Il est donc l’équivalent d’une action effective et, du point de vue juridique, il est un acte délictueux. Au Canada, le discours prescriptif haineux est illégal et passible de poursuites pénales, au même titre que n’importe quel délit. Il ne procède pas de la liberté d’expression, artistique ou philosophique, mais des contraintes d’action du droit commun, exactement comme le fait de bruler un feu rouge ou de battre quelqu’un pour lui piquer ses sous.

Sur la base de ces trois types axiomatiques de discours, il est ensuite possible de dégager un feuilleté de textes qui est, l’un dans l’autre, assez précisément balisé. Des choses comme: narration de fiction, libre encore, sous nos hémisphères, narration journalistique, susceptible de faire l’objet de poursuites en diffamation, description factuelle ou déformante, susceptibles de faire l’objet de poursuites en diffamation, prescription incitative, susceptible de contraintes pénales. Une cause célèbre québécoise touchant à des questions de pédophilie, sur laquelle je ne vais pas revenir en détails, exemplifie très bien le phénomène que je décris ici. Après s’être fait amplement bardasser par le grand public (plutôt à raison, selon mon opinion personnelle, mais bon…) un vague auteur de romans d’horreur ayant relaté une scène de brutalité pédophile, dans un de ses petits romans de merde, a été finalement innocenté, devant le tribunal, parce que cette narration, strictement fictive, n’était pas une promotion ou une incitation à l’activité pédophile. Donc, la fiction textuelle évoquant des crimes, des meurtres, de la consommation de drogues, du terrorisme, de la violence sexuelle envers des adultes ou des enfants, tombe toujours, jusqu’à nouvel ordre, sous le couvert de la liberté d’expression, au Canada. D’autre part, il y a eu ce cas bizarre d’un hôpital régional, dont nous tairons pudiquement le nom, qui offrait des postes de préposées à des femmes de race blanche exclusivement (soi-disant à cause d’un patient méchant qui rejetait tout autre profil de race et de genre, chez les préposées interagissant avec sa petite personne). L’offre d’emploi, qui est d’abord un texte, est en fait un ACTE (performatif de requête) et, comme tel, elle est un geste discriminatoire, donc illégal au Canada, au même titre qu’un panneau (signal performatif) qui dirait, à la porte d’un bar ou d’un restaurant: entrée interdite aux zipathographes.

Quand on balise les choses en les disposant en termes de discours narratif (généralement fictif), discours descriptif (souvent journalistique) et discours prescriptif (toujours incitatif), il devient possible de comprendre finalement assez clairement où veulent en venir nos juridictions. Bon, évidemment le problème de la liberté d’expression reste entier, aussitôt qu’on prétend la baliser. Ainsi, si un auteur matois écrivait, au premier ou au second degré, un ouvrage intitulé Pédophilie, mode d’emploi (comme on écrivit autrefois un Suicide, mode d’emploi), cet ouvrage tomberait sous le coup de la loi canadienne, puisqu’il serait analysé, par nos représentants juridiques, comme une incitation et une promotion de l’acte pédophile (discours prescriptif). On comprend donc que les problèmes épineux de tout ce bataclan restent entiers mais, d’autre part, on se doit de reconnaître une certaine bonne foi, un peu carrée, chez nos législateurs, ainsi que dans la jurisprudence, pesamment anglo-saxonne, qui les encadre, bon an mal an. La loi canadienne s’efforce de respecter (osons le mot) ce qui est de l’ordre de l’imprécation verbale inane sur le zipathographe et, aussi, de l’ordre du fait d’en faire un être thématique, à l’intérieur d’une fiction articulée. Mais, il s’agit, d’autre part, de trouver un moyen juridique, minimalement cohérent, de criminaliser le fait de recommander à des boutefeux, sur lesquels on a peut-être une certaine crédibilité, militante ou autre, d’attaquer nos compatriotes zipathographes, de s’en prendre à eux, de les bousculer et de les traiter un petit peu comme on traitait certains groupes sociaux dans les années 1930 du siècle dernier. On veut pas de ça au Canada. Voilà.

Discours narratif, oui, au risque de critiques acerbes et de poursuites civiles. Discours descriptif, oui, au risque de poursuites civiles aussi. Discours prescriptif, non, s’il requiert l’acte haineux ou discriminatoire. Ce dernier discours tombe sous le coup de la loi, comme une agression physique, un vol, un viol, un meurtre, ou du trafic de drogue. Le principe fondamental, finalement, est pas si sorcier que ça. Bon, évidemment, comme disent nos bons anglophones, le diable est dans les détails. C’est souvent parce que les décisions juridiques deviennent délicates, difficiles, compliquées, turlupinées, qu’on s’inquiète à tous les coups, quand de telles causes se font jour. La liberté d’expression est une notion ainsi contrainte… et contraindre la liberté d’expression, c’est la perdre. Il n’y a donc pas de liberté d’expression intégrale au Canada. Il est interdit d’y dire des choses qui incitent à la haine, la provoque, l’entretient, la cultive, la perpétue. On notera crucialement que ceux qui, en pleurnichant et en s’autovictimisant, se plaignent le plus fort de ces restrictions sur la liberté d’expression, eh bien ce sont justement ceux qui, si jamais ils attrapaient le manche du pouvoir, seraient les premiers à faire disparaître intégralement la susdite liberté d’expression. Alors, bon, conclueurs, concluons.

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Paru aussi dans Les 7 du Québec

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16 Réponses to “Discours narratif, discours descriptif, discours prescriptif et contraintes juridiques au Canada”

  1. Vernoux said

    Un tabou s’efface pour laisser la place au suivant… La liberté d’expression se conjugue généralement au présent… Il est déjà dans l’ère à venir, prévisible que le mot commençant par zipa devienne honni…

    [Par la vindicte et par les commerces qui la suivent peureusement, certainement. La loi, elle, par contre, est un peu plus lente… — Ysengrimus]

  2. Sam said

    Je dirais que dans ce domaine, c’est un peu «à la tête du client» au Canada et au Québec 🙂 . Combien d’horreurs n’a t-on pas lu, vu ou entendu sur les ondes… jamais de poursuites! Surtout par les proches de l’establishment au statut vagues et indéterminés…les chroniqueurs poubelle en sont un exemple éloquent ici! Ils sont «déployé» par la droite depuis toujours on dirait pour ratisser large et servir d’auxiliaires aux CRS en casque et font bien pire… bref 🙂

    En gros, la liberté d’expression n’intéresse plus que les «paumés», les marginaux et les «hors système»… ou encore, les «scribouillards», les «justiciers auto-proclamés» et les «hors la loi»… et quelques «créatifs» qui l’utilisent «à bon escient»…. La liberté d’expression est reléguée aux marges et à l’informel quasi inutile, à «l’activisme politique» qui soit à la limite de la légalité, ou encore aux «réactionnaires» dont ne se soucient ni establishments ni peuples lobotomisés, et elle n’existe tout simplement pas dans le véritable monde et les rapports de force, rapports de classes, rapports de domination sociale, et donc n’intéresse aucunement l’establishment, ni les carriéristes du public ou du privé, ni les syndicats, ni les requins déterminés de tout poil, les malfrats en col blanc et même les gagne petit qui tiennent à leur «business».. ou encore le petit peuple pour qui «liberté d’expression» relève de liberté de faire ou dire des bêtises occasionnellement, ou commettre des «excès» une fois de temps à autre et ça s’arrête là ! … quand elle est pas interprétée dans le registre des libertés de choix, de pratiques sexuelles, et de tout un ensemble de pratiques sociales de m’as tu vu ou folkloriques!

    Quant au cadre législatif et juridique aujourd’hui un peu partout sur la planète, il est parfaitement outillé et blindé pour entretenir les intérêts suspects, belliqueux, ou quasi-criminels des uns et des autres privilégiés et totalement couverts comme par une assurance tout risques, via l’arsenal juridique qui interdit de «dénoncer» une entreprise quelconque (surtout de l’intérieur), qu’elle soit institutionnelle, gouvernementale ou privée, ses cadres, ses employés ou partenaires, à moins, nous dit-on, qu’il y ait crime de sang, meurtre ou atteinte a la sûreté et sécurité du public… et là encore, bonne chance pour prouver de quoi! lL «secret professionnel», «secret médical», secret de ceci et cela sont tous consigné sur le papier et dans tous les «contrats» de toute nature, non pas pour défendre ceux qu’on croit; le client, le patient, le consommateur, le bénéficiaire de service, ou encore le salarié, mais pour défendre les gros poissons! Et, pour couronner le tout, toutes ces nouvelles «lois d’accès à l’information» ne concernent en réalité que vos propres infos chez un quelconque prestataire de service, ou employeur ou contractant… encore faut-il qu’il vous remette toute l’info et qu’il ne conserve pas celle qui lui nuira! Car en absence de contrainte judiciaire ou de saisie judiciaire par un procureur et toute son équipe de flics de tout ce que détient une entreprise, un bureau du gouvernement ou un bureau d’avocat… toute la procédure relève encore de la poudre aux yeux!

    Quant aux discours du genre «prescriptifs» ou incitatifs que ce soit à la haine, ou a la stigmatisation sociale, politique, économique, sexuelle, raciale ou religieuse, le Canada peut bien prétendre ce qu’il veut, le Québec tout autant sinon bien pire, cela fait au moins vingt ans que des générations de gens lésés dénoncent ce que peuvent colporter les médias et leurs chroniqueurs poubelle, que des plaintes sont déposées, que des études universitaires des plus sérieuses sont avancés à l’appuis, que strictement rien n’est fait dans ce sens! Le Canada et le Québec peuvent bouffer leurs discours à la noix sur la protection des groupes ciblés, tout le monde sait qu’ils ne sont pas crédibles, tout autant que les procédures destinées à décourager les plaignants!

    Bref… entre la théorie et la pratique il y a un océan comme d’habitude, et certains peuvent bien dire ce qu’ils pensent dans les recoins anonymes de l’internet, cela ne change strictement rien aux règles préétablies par l’establishment et par les idéologies de droite qui régissent le monde ou le Canada!

    Autrement dit, la transition de l’état de droite fasciste à la société fasciste se déroule sans pépin jusqu’à date un peu partout en occident et même dans le tiers-monde! Et les soulèvements populaires de certaines catégories à gauche se font de plus en plus rares et de plus en plus violents aussi… pour ces mêmes raisons, et ils sont qualifiés par l’ordre fasciste et pseudo bourgeois établi «d’incidents graves» et de soulèvements criminels…. ceci expliquant cela ! et lorsque ce sont des groupements aux revendications des plus légitimes et prioritaires qui se mobilisent aussi, on a aucune peine à les ranger dans les catégories de «subversifs» fouteurs de zizanie! Étudiants, travailleurs, minorités, paysans… etc peu importe le groupe et peu importe la cause, on envoie les CRS et ça casse les tibias, les os et les nez, ça «interpelle» en masse et ça présente devant «le juge d’instructions»! Le droit à la manifestation pacifique est devenu un «privilège» sous haute surveillance qui requiert autorisations, présentation de l’itinéraire, organisation et «encadrement» par les collabos avec l’establishment… sans parler que dans tout ceci, s’infiltrent les barbouzes munis de simples téléphones portables faisant semblant de manifester mais filmant les manifestants un a un! Bref, tout ceci est devenu banal et des plus communs… et gare à ceux qui sortent des rangs!

    [Sam ne croit pas à la crédibilité du droit bourgeois… Faites passer… — Ysengrimus]

    • Bobino said

      L’intervention la plus efficace contre les commentaires d’une radio-poubelle reste d’actionner le bouton interrupteur du poste ou le bouton qui change de poste. Comme il n’y a pas encore de radio sans ces deux boutons, qu’ils disent ce qu’ils veulent, je vais me contenter de syntoniser de la musique sur le FM…

      Le gros problème des radios-poubelles vient du segment de la population qui laisse le poste allumé et écoute pieusement. Et ça, c’est un problème bien plus sociologique que juridique…

  3. Piko said

    La conclusion de la cause Mike Ward confirme parfaitement les vues d’Ysengrimus ici. Une moquerie de mauvais gout n’est pas prescriptive. Elle ne propose pas un acte violent contre le groupe qu’elle cible. C’est comme klaxonner au feu rouge. C’est pas intellectuellement impressionnant mais c’est pas illégal. Tant que ton char est à l’arrêt, tu es en ordre…

    • Mura said

      Deux extraits du jugement de la Cause Ward tirés de l’article mis ici en lien par Piko:

      «Il faut se demander si une personne raisonnable, informée des circonstances et du contexte pertinents, considérerait que les propos visant M. Gabriel incitent à le mépriser ou à détester son humanité pour un motif de distinction illicite. Il faut ensuite se demander si cette personne raisonnable considérerait que, situés dans leur contexte, ces propos peuvent vraisemblablement avoir pour effet de mener au traitement discriminatoire de M. Gabriel. À notre avis, les propos tenus par M. Ward ne satisfont à aucune de ces deux exigences»

      «Il serait étonnant que des propos tenus dans de telles circonstances soient suffisamment mobilisateurs pour susciter des traitements discriminatoires»

      Des propos mobilisateurs, c’est en plein le genre de performatif dont Ysengrimus nous explique justement la teneur ici, propos incitatifs, propos d’action, etc…. Faut croire que la Cours Suprême du Canada a relu son petit Ysengrimus portatif avant d’arrêter son jugement… qui, personnellement, me semble excellent… (malgré le fait que ce maudit Ward est un idiot dont les idioties ont passé bien proche de compromettre durablement la liberté d’expression des artistes).

  4. Angelica said

    Je me demande tout de même pourquoi Ysengrimus travaille ici avec la notion de zipathographe… Il a peur de quoi, pour mobiliser une notion fictive ainsi?

    • Lys Lalou said

      Ben, il a peur de blesser quelqu’un, pardi. Tu te sentirais pas indûment attaquée toi, si Ysengrimus nous parlait soudain de la discrimination contre les ANGELICA? Les zipathographes peuvent parfaitement se faire pleinement estourbir dans cet exemple car ils ont une qualité fameuse qui les protège soigneusement de tous les dénigrements: ils n’existent pas…

  5. Catoito said

    Si je suis bien Ysengrimus, dans votre pays, si je me promène avec une pancarte disant MORT AUX ZIPATHOGRAPHES, c’est un délit parce que j’encourage mon entourage social à poser effectivement un geste haineux nuisible. Alors que si je me promène avec une pancarte disant NON AUX ZIPATHOGRAPHES, ça passe parce que tout ce que je fais c’est formuler librement une opinion.

    Il est vrai que, aussi regrettable que cela soit, NON A L’IMMIGRATION ou LIMITONS L’IMMIGRATION, c’est pas un délit… ça fait même partie du programme de partis politiques d’extrême-droite, de droite et même… de centre.

  6. Tourelou said

    Suite à la cause Mike Ward, au Canada, faudrait ajouter à vos définitions une nouvelle forme de discours dans la catégorie dites artistique.

    • Sismondi said

      Je ne suis pas tout à fait d’accord avec ceci. Artistique, journalistique, culinaire, philosophique ou administratif, un discours sera, selon Ysengrimus, soit narratif, soit descriptif, soit prescriptif. Ce n’est donc pas le genre textuel (œuvre d’art, journal, livre de cuisine, note de service, roman, essai) qui compte, mais juste ce que le texte fait: narrer, décrire ou… prescrire.

  7. Casimir Fluet said

    Quand on raconte que les zipathographes font ceci et font cela sur l’île déserte (fictive) de Zipathe, on dispose encore du couvert de la fiction et cela noie amplement le poisson. Quand on dit que les zipathographes sont des voleurs, qu’ils l’ont toujours été, là on s’approche beaucoup plus d’un discours de dénigrement…

    Très intéressante, cette distinction des forces entre le narratif et le descriptif. Quand on raconte ce qu’ils FONT, c’est encore une historiette, un bobard, un racontar… qu’on peut prendre avec un grain de sel. Quand on se met à dire ce qu’ils SONT, essentiellement, fondamentalement, là on commence à revendiquer l’expression d’une vérité plus profonde, générique et là c’est beaucoup plus grave…

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