Le Carnet d'Ysengrimus

Ysengrimus le loup grogne sur le monde. Il faut refaire la vie et un jour viendra…

  • Paul Laurendeau

  • Intendance

Islam et incroyance

Posted by Ysengrimus sur 7 décembre 2017

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Au départ, ici, l’affaire est parfaitement limpide: il n’y a tout simplement pas de mansuétude musulmane pour les incroyants. Il faut ne pas les reconnaître (dans tous les sens du terme) et, surtout, il faut les combattre, non pour les détruire (Que de générations avons-nous anéanties avant eux! – ronflante, l’idée est en fait hypertrophiée dans l’intox médiatique actuelle – je n’épilogue pas) mais bien plutôt pour les convertir. Le Coran fait tonner contre l’incroyance (ou ce qu’il désigne comme telle, en ratissant large) toute la fermeté habituelle du discours des prophéties monothéistes révélées. Çad (Ṣād) est une lettre de l’alphabet arabe qui est aussi le titre de la sourate 38 (tout simplement parce que c’est sur cette lettre que s’amorce l’écriture de cette sourate). L’ouverture de la sourate Çad, très explicite contre l’incroyance, va nous permettre d’entrer dans notre développement:

Çad.

Par le Coran, porteur du Rappel!
Les incrédules persistent
dans l’orgueil et le schisme.

Que de générations avons-nous anéanties avant eux!
Ces gens là criaient,
alors qu’il n’était plus temps de s’échapper.

Ils s’étonnent
que vienne à eux
un avertisseur pris parmi eux.

Les incrédules disent:
«C’est un sorcier, un grand menteur!
Va-t-il réduire les divinités à un Dieu unique?
Voilà une chose étrange!»

Les chefs du peuple se sont retirés en disant:
«Partez!
Soyez fidèles à vos divinités!
Voilà une chose souhaitable!

Nous n’avions jamais entendu dire cela
dans la religion précédente.
Ce n’est qu’une invention!

Est-ce donc parmi vous, sur celui-ci
que l’on a fait descendre le Rappel?»

Ce sont eux plutôt qui doutent de mon Rappel.
Ils n’ont pas encore goûté à mon châtiment.

Possèdent-ils
les trésors de la miséricorde de ton Seigneur,
le Tout-puissant, le continuel Donateur?

Possèdent-ils
la royauté des cieux, de la terre
et de ce qui se trouve entre les deux?

Qu’ils montent donc au ciel avec des cordes!
-Mais c’est une bande de factieux
qui, ici même, sera détruite-

Le peuple de Noé,
les ‘Ad et Pharaon, avec ses épieux,
les Thamoud, le peuple de Loth,
Les hommes d’al’Aïka
avaient crié au mensonge avant eux.
Tel est le comportement des factieux.

Aucun d’entre eux ne s’est abstenu
de traiter les Prophètes de menteurs.
Ils ont mérité mon châtiment.
Ceux-là n’ont qu’à attendre un seul Cri
qui ne sera pas répété.

(Le Coran, Sourate 38, Çad. versets 1-15, traduction D. Masson)

Le Coran ne fait pas ici une admission banale. Il est explicite sur le fait que la révélation prophétique ne se formule pas contre une mécréance qui serait écrue, vierge, vide, livide et sans a priori intellectuels, mais bien contre une lourde et dense tradition polythéiste, organisée et politisée. Va-t-il réduire les divinités à un Dieu unique? disent les «incrédules» qui se surprennent comme convulsivement du propos novateur d’un des prophètes monothéistes. Et les chefs de ces peuplades intellectuellement arriérées (je seconde pleinement les musulmans sur ce point) de confirmer autoritairement leurs sujets dans leurs vieilles croyances. L’immense combat du Coran contre la non-croyance fait face (ou croit faire face) quasi-exclusivement à la non-croyance en un dieu unique et intangible. Ceci est important. Ce n’est pas la religion ou la religiosité qu’on installe ici. C’est le monothéisme. Très classiquement, on passe de la multitude compliquée et turlupinée de dieux concrets, idolâtrables, et sensoriels/sensuels au seul dieu abstrait, adorable, aux assises (se voulant) exclusivement logico-discursives. C’est là une avancée critique majeure et, toujours prudents et politiquement pragmatiques et tactiques, les nouveaux zélateurs verront bien à camoufler la radicalité novatrice de ce progrès de la pensée mythique dans les replis onctueux d’une vaste filiation traditionnelle qui se voudra la plus vénérable possible.

Très importante, dans cette dynamique d’innovation circonspecte se voulant sciemment traditionaliste, est la notion de Rappel. Le propos coranique juge, en conscience, qu’il ne fait pas dans la tendance nouvelle-nouvelle à la page, sautillante et trépidante quand il lance ses avertissements contre les faux dieux. On a ici un rappel de ce que disaient déjà les très Anciens. Noé, Loth et Moussa (Moïse qui, donc, fut confronté à Pharaon et à ses épieux, possiblement les mâts de ses tentes de campagnes) sont connus pour avoir prêché soit le monothéisme, soit la moralité comportementale, soit les deux, avoir été rejetés, puis associés à une punition divine d’envergure de leurs objecteurs. D’autre part, les Ad sont le peuple yéménite auquel fut confronté le prophète Houd. Les Thamoud sont le peuple d’Arabie centrale auquel fut confronté le prophète Sâlih. Al Aïka est la contrée habitée par le peuple de Madian (en Palestine) auquel fut confronté le prophète Chou‘ayb. Ces trois très anciens prophètes arabes majeurs se sont retrouvés dans des situations analogues entre elles et, aussi, surtout, analogues à celle (évidemment ultérieure) vécue par Mahomet. D’ailleurs tous les prophètes monothéistes invoqués dans la sourate Çad (et les autres aussi, invoqués ailleurs dans le Coran: Ibrahim, Ismaël, Youssouf, Jésus, etc) anticipent frontalement l’appel monothéiste de Mahomet, dans le récit sacré (selon cette description en effet d’écho du prophétisme, procédure typiquement coranique). Bien connue dans ces traditions, récurrente, la situation est la suivante: un avertisseur inspiré du dieu unique se lève au milieu d’une population polythéiste et lui fait une promotion aussi ferme que mal entendue du passage au monothéisme. Après, habituellement, ça se passe assez mal et dieu finit par s’en mêler:

Si les habitants de cette citée avaient cru;
s’ils avaient craint Dieu;
nous leur aurions certainement accordé
les bénédictions du ciel et de la terre.

Mais ils ont crié au mensonge.
Nous les avons emportés
à cause de leurs mauvaises actions.

Les habitants de cette cité sont-ils sûrs
que notre rigueur ne les atteindra pas la nuit,
tandis qu’ils dorment?

Les habitants de cette cité sont-ils sûrs
que notre rigueur ne les atteindra pas le jour
tandis qu’ils s’amusent.

Sont-ils à l’abri du stratagème de Dieu?
Seuls les perdants
se croient à l’abri du stratagème de Dieu.

Ou bien n’a-t-il pas montré
à ceux qui héritent la terre
après ses premiers occupants,
que si nous le voulions,
nous leur enverrions quelque adversité,
à cause de leurs péchés.
Nous mettrons un sceau sur leurs cœurs
et ils n’entendront plus rien.

Voici les cités dont nous te racontons l’histoire.
Leurs prophètes étaient venus à eux
avec des preuves évidentes,
mais ils ne crurent pas
dans ce qu’ils avaient auparavant traité de mensonges.
Voilà comment Dieu met un sceau
sur le cœur des incrédules.

Nous n’avons trouvé,
chez la plupart d’entre eux
aucune trace d’alliance
et nous avons trouvé
que la plupart d’entre eux sont pervers.

(Le Coran, Sourate 7, Al‘Araf [les hauteurs, le discernement]. versets 96-102, traduction D. Masson)

Le Coran est pleinement tributaire de ce prophétisme catastrophiste classique, qui rappelle Sodome, Gomorrhe & Consort (S’ils recommencent, qu’ils se rappellent alors l’exemple des Anciens). J’attire cependant, dans cette seconde citation, très représentative, du bon vieux tonnerre divin contre les indigents du monothéisme, votre attention sur une notion malicieuse qu’on n’attend pourtant pas vraiment, quand il s’agit de l’omnipotence courroucée de l’être suprême. J’ai nommé: le stratagème de dieu. Il intrigue, lui, quand on relis plus attentivement cette citation de la sourate 7. Agacement à part, on nous y parle en effet du fait que dieu, pour en venir à imposer ses preuves évidentes, use, un peu paradoxalement, d’un stratagème… voilà qui n’est ni banal, ni anodin, ni marginal. C’est vachement moderne aussi, cette fois-ci, cette façon de se formuler et de se courroucer. On prend la mesure dudit stratagème quand on s’avise du fait que l’entêtement des polythéistes à ne pas accepter le dieu unique est lui-même un choix punitif fait par dieu (Voilà comment Dieu met un sceau sur le cœur des incrédules), un bon tour qu’il leur joue, littéralement, pour des raisons morales (si nous le voulions, nous leur enverrions quelque adversité, à cause de leurs péchés. Nous mettrons un sceau sur leurs cœurs et ils n’entendront plus rien). Les choses se compliquent subitement et, pour reprendre le mot coranique, il y a bien quelque chose de subtilement pervers qui s’installe ici. On fera inévitablement observer que les adeptes du dieu unique ne sont pas trop chauds à admettre ces résistances passéistes à leur endoctrinement car elles sont toutes autant d’esquintes à l’omnipotence de leur être suprême, pourtant totalisant et habituellement peu enclin à la nuance casuiste. Il faut donc remettre ces résistances et ces incrédulités dans le grand cadre décisionnel (et fatalement punitif) du divin qui. de ce fait, perd subitement en limpidité, en simplicité, en puissance, se complique, se tortillonne, se problématise… Et cela se met à sérieusement finasser et, redisons-le, à faire dans le stratagème:

Lorsque les incrédules usent de stratagèmes contre toi,
pour s’emparer de toi,
pour te tuer ou pour t’expulser;
s’ils usent de stratagèmes,
Dieu aussi use de stratagèmes
et c’est Dieu qui est le plus fort en stratagèmes.

Lorsque nos Versets leurs étaient récités,
ils disaient:
«Oui, nous avons entendu!
Nous en dirions autant, si nous le voulions;
ce ne sont que des histoires racontées par les Anciens».

Lorsqu’ils disaient:
«Ô Dieu!
Si cela est la Vérité venue de toi,
fais tomber du ciel des pierres sur nous,
ou bien, apporte nous un châtiment douloureux».

Mais Dieu ne veut pas les châtier
alors que tu es au milieux d’eux.
Dieu ne les châtie pas
quand ils demandent pardon.

Pourquoi Dieu ne les punirait-il pas?
Ils écartent les croyants de la Mosquée sacrée,
et ils ne sont pas ses amis.
Ses amis sont seulement ceux qui le craignent;
mais la plupart des hommes ne savent rien.

Leur prière à la Maison
n’est que sifflements et battements de mains…
«Goûtez donc le châtiment de votre incrédulité!»

Oui, les incrédules dépenseront leurs biens
pour éloigner les hommes du chemin de Dieu.
Ils les dépenseront,
puis ils déploreront de l’avoir fait
et ils seront ensuite vaincus.

Les incrédules seront réunis dans la Géhenne,
pour que Dieu sépare le mauvais du bon;
qu’il entasse les mauvais les uns sur les autres,
puis qu’il les amoncelle tous ensemble
et qu’il les mette dans la Géhenne.
-Voilà les perdants-

Dis aux incrédules que s’ils cessent,
on leur pardonnera ce qui est passé.
S’ils recommencent,
qu’ils se rappellent alors l’exemple des Anciens.

Combattez-les
jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de sédition,
et que le culte soit rendu à Dieu en sa totalité.
S’ils cessent le combat,
qu’ils sachent
que Dieu sait parfaitement ce qu’ils font.

S’ils tournent le dos,
sachez que Dieu est votre Maître,
un excellent Maître, un excellent Défenseur!

(Le Coran, Sourate 8, Le butin. versets 30-40, traduction D. Masson)

À ce point-ci, le jeu du chat et de la souris entre les musulmans et les incrédules, c’est plus seulement du stratagème. C’est carrément de la stratégie. Stratégie militaire notamment (Combattez-les jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de sédition…). En me pardonnant une analogie un peu mutine, vous me permettrez de faire observer qu’on nous annonce ici que tout se passe comme si les croyants, encore minoritaires, étaient comme pris en otage, face au dieu, par les incrédules qui les cernent et qui les transforment, volontairement ou non, en une sorte de bouclier humain (Mais Dieu ne veut pas les châtier alors que tu es au milieux d’eux). Et lesdits incrédules, par contre, ne se gênent pas pour bien le narguer, le dieu («Ô Dieu! Si cela est la Vérité venue de toi, fais tomber du ciel des pierres sur nous, ou bien, apporte nous un châtiment douloureux»). On croirait presque que le prêche coranique décrit ici une bande de collégiens un peu potaches chahutant et faisant la sourde oreille face â l’autorité d’un maître qui, lui, visiblement, n’a pas que des amis (Ses amis sont seulement ceux qui le craignent). Et ce maître, qui ne veut/ne peut pas vraiment punir, de tonner: vous vous croyez fin-finauds, mais le maître aussi est fin-finaud, vous allez dépenser toute votre menue monnaie avant de le surclasser… Puis: bon, bon, si vous vous calmez, les enfants, je suis bien prêt à passer l’éponge (Dis aux incrédules que s’ils cessent, on leur pardonnera ce qui est passé). Mais, le calme revenu, n’allez surtout pas vous imaginer que je comprend pas ce qui se trame ici, les amis (S’ils cessent le combat, qu’ils sachent que Dieu sait parfaitement ce qu’ils font). Il est difficile de ne pas se dire que le prêcheur (le Coran, comme texte conseillant ici les croyants sur leur marche à suivre face aux incrédules) a sur tout ceci, en fait, beaucoup plus de fil à retordre qu’il ne se sent prêt à s’engager à l’admettre. Le fait est que ses problèmes prosélytes ne se réduisent peut-être pas tout à fait à la problématique archaïque et solidement balisée de la conversion au monothéisme d’une irrationalité religieuse éparse, sauvageonne, sensualiste, vieillotte mais somme toute préservée intacte, disponible et convertible.

Si bien que la question en vient fatalement à se poser, livide. Le Coran n’a-t-il pas été, même en son temps, directement confronté à l’athéisme au sens fort (la non-croyance intégrale en un dieu ou des dieux). N’a-t-il pas du commenter, et analyser (donc implicitement admettre), l’incroyance pure, exempte de religiosités ou croyances antérieures d’aucune sorte. Chercher de l’athéisme dans le Coran, c’est vraiment chercher une aiguille dans une botte de foin. Et pourtant, eh bien, tendanciellement, on trouve… Observer ce court passage où le prêche coranique, derechef (comme il le fait souvent), explique au «militant» musulman comment il doit se comporter face à l’incroyance:

Pose cette question aux incrédules:
Sont-ils plus forts de constitution
que d’autres êtres créés aussi par nous?
Nous les avons créés d’argile durcie.

Tu t’étonnes et ils plaisantent.
Quand on leur rappelle quelque chose,
ils ne s’en souviennent pas.

Quand ils voient un Signe,
ils veulent s’en moquer
et ils disent:
«Cela n’est que magie notoire [sic]!
Lorsque nous serons morts
et que nous serons poussière et ossements,
Serons-nous ressuscités,
nous-même et nos premiers ancêtres aussi?»

Dis:
«Oui, et vous vous humilierez!»

(Le Coran, Sourate 37, Ceux qui sont placés en rang. versets 11-18, traduction D. Masson)

Dans ce texte du septième siècle, on s’approche singulièrement du type de procédé que des prêcheurs contemporains utilisent pour tenter d’ébranler des personnes non seulement indifférentes à une doctrine religieuse qui serait inusitée, incongrue, vieille (magie notoire) ou nouvelle mais aussi des personnes imbues d’une tranquillité éclairée et d’une paix froide face au tout de l’irrationalité religieuse, en soi. On s’offusque de leur indifférence intégrale devant tout ce qui pourrait procéder de l’au-delà (Lorsque nous serons morts et que nous serons poussière et ossements). Et de recommander au musulman de les ébranler avec un argument d’une singulière modernité ès préchi-précha: la peur de la faiblesse corporelle et de la mort physique (Pose cette question aux incrédules: Sont-ils plus forts de constitution que d’autres êtres créés aussi par nous?). On voit fort mal ce genre de dynamique argumentative se déployer devant des polythéistes qui, eux, restent intégralement pétris de vieilles croyances et de pulsions en faveur de l’au-delà.

Le Coran voudrait que l’on pense qu’il ne fait face qu’à de mauvais religieux (des polythéistes), ou à des monothéistes incomplets (des croyants en un dieu unique, mais non-musulmans), ou à des dépravés immoraux des deux groupes précédemment mentionnés (des «pervers» dévoyés ou mal islamisés). Il lui est extrêmement difficile d’admettre l’athéisme, sans le réduire de facto aux trois cas de figure précédents. Être sans dieu et sans croyance irrationnelle c’est, aux vues du prêche coranique, probablement juste d’avoir oublié dieu (Quand on leur rappelle quelque chose, ils ne s’en souviennent pas) ou de ne pas décoder son message (Quand ils voient un Signe, ils veulent s’en moquer). Sur ce point, les musulmans modernes sont, eux aussi, solidement coranistes, même si, technologie oblige, ils ne peuvent désormais plus s’exclamer, contre les incrédules: Qu’ils montent donc au ciel avec des cordes!

Les musulmans ont peur de l’athéisme comme la nature était autrefois censée avoir peur du vide. Ils ne l’admettent pas comme fait ordinaire, ne le cadrent pas, ne le piffent pas… malgré certains aveux involontaires de leur texte sacré, lumineux, lui, en cela aussi. Et, comme le Coran finalement, les musulmans se leurrent ouvertement au sujet de l’inexistence de dieu, dans les faits et dans les consciences. Car l’athéisme est. Et il existe pleinement, depuis des temps fort reculés. Une lecture attentive du Coran confirme que le texte sacré de l’Islam s’en avise et impitoyablement, fatalement, et comme désespérément, s’en insurge.

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Tiré de mon ouvrage: Paul Laurendeau (2015), L’islam, et nous les athées, ÉLP Éditeur, Montréal, format ePub ou PDF.

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Paru aussi dans Les 7 du Québec

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18 Réponses to “Islam et incroyance”

  1. Ysengrimus said

    INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES:

    Être athée en terre d’Islam

    De l’athéisme en terre d’Islam

    :

  2. Tourelou said

    J’aime pas les textes holocaustiques. Cela fait de moi une athée aimant la vie🌹

    [C’est que l’holocaustique est tellement caustique… — Ysengrimus]

  3. Caravelle said

    Intéressant et encore une fois avec la touche Ysengrimus: riche et original…

    • Julien Babin said

      Je seconde. J’aime beaucoup le jeu sur la notion falsifiée de RAPPEL. On ne rappelle pas spécialement quelque chose sous prétexte qu’on s’approprie le monothéisme judéo-chrétien vieillot pour compléter et parachever la dépolythéisation du grand Moyen-Orient. L’effort réactionnaire de l’Islam pour faire croire que le monothéisme procède des débuts fondamentaux est vraiment cousu de gros fil. Ce court texte le montre bien. Même le monothéisme juif est précédé de traditions polythéistes, animistes, et fourmillantes.

      Tout cet assemblage divin est encore bien plus mythique et mystifiant qu’on le pense… Du fatras de légendes.

      • Fridolin said

        Moi c’est le STRATAGÈME DIVIN. Savoureux. On voit bien que c’est toute de la petite politique. Le dieu se comporte comme un pion de collège devant une gang de petits fatikans. Les citations coraniques sur ce point son dévastatrices…

  4. Mistral Simoun said

    Croire en rien, ne pas croire en mon zinzin spécifique ou ne pas croire en dieu en général. C’est quoi un incroyant? En effet, le Coran maintient l’ambivalence…

  5. Abdoul Salim said

    Je dois admettre qu’on nous raconte souvent que les incroyants sont des polythéistes. Cela me semble délirant quand je regarde les détails de ma vie sociale. Mes amis incroyants sont pas polythéistes une seule seconde (ils savent même pas c’est quoi), ils sont irréligieux, c’est très différent. La seule explication à cette bizarrerie coranique m’oblige à envisager l’idée emmerdante d’Ysengrimus que le Coran, texte ancien, est historiquement daté, comme n’importe quel texte humain. Il instaure le monothéisme et prend donc son principal objecteur du temps, le polythéisme, pour de la pure incroyance. Or croire en plusieurs dieux, c’est pas ne pas croire. C’est MAL croire…

    C’est une imperfection du texte qui est dure à avaler. Le Saint Livre ne parle presque pas des athées, eux, qui aujourd’hui, pullulent et sont partout…

    • Amina Amicale said

      Je ne peux pas accepter une imperfection du Coran. Il y a certainement une autre explication.

      • Youssouf K said

        Quelle explication? Il n’y a rien de si terrible ici. Pour le Coran, l’incroyance, c’est le polythéisme parce que le polythéisme, c’est pas le monothéisme, de un. Et de deux, il mentionne aussi les athées et donne des conseils sur comment les combattre. J’ai rien à redire.

        Simplement, le fait que le Coran voit moins d’athées que de polythéistes DATE LE CORAN. Bon, et alors? Un texte peut-il être daté mais universel? Je le crois. Ysengrimus dira ce qu’il voudra…

  6. Emma Riveraine said

    En tout cas, ce Coran, j’aime vraiment pas le ton. On a l’impression de se faire crier par la tête…

  7. Perclus said

    Ce n’est pas la religion ou la religiosité qu’on installe ici. C’est le monothéisme. Très classiquement, on passe de la multitude compliquée et turlupinée de dieux concrets, idolâtrables, et sensoriels/sensuels au seul dieu abstrait, adorable, aux assises (se voulant) exclusivement logico-discursives. C’est là une avancée critique majeure et, toujours prudents et politiquement pragmatiques et tactiques, les nouveaux zélateurs verront bien à camoufler la radicalité novatrice de ce progrès de la pensée mythique dans les replis onctueux d’une vaste filiation traditionnelle qui se voudra la plus vénérable possible.

    Absolument excellent…

  8. Sam said

    C’est pas aussi simple que ça, je dirais! Le polythéisme et l’incroyance sont des concepts distincts en Islam et dans le coran, bien que tous les deux soient qualifiés de mécréance (Kufr), et soient plus précisément taxés ‘’d’association à Dieu’’ ou (Shirk). La question est justement donc pourquoi ce concept d’association est omniprésent en islam? là en effet se trouve la clé pour comprendre ce sujet, et qui est très souvent minimisé ou négligé lors de l’interprétation du Coran dans les autres langues ou expliqué. La réponse est parce que l’islam et le coran au-delà de tout raisonnement rationaliste moderne considèrent fermement et à l’avance qu’aucun être humain n’est incroyant en Dieu et ne peut l’être (comme par définition), et postulent sévèrement d’ailleurs que tout homme qui prétend être incroyant est un menteur ou un fou à défaut d’être totalement ignorant et qu’il ne fait que déplacer sa croyance en d’autres dieux, ou qu’il affiche son hostilité au dieu unique, ou qu’il tente d’échapper à Dieu, ou encore qu’il s’est laissé berner par des histoires, des sciences ou un savoir sataniques qui le font égarer. Bref, il faut donc admettre dès le départ que les athées ne devraient pas s’attendre à ce que l’islam ou le coran vont s’attarder à expliquer l’athéisme, encore moins philosophiquement ou scientifiquement, l’athéisme aujourd’hui étant une forme intellectuellement évoluée par rapport aux incroyances de jadis pour toutes sortes de raisons dont la moindre est liée au développement civilisationnel et à l’évolution des sociétés humaines! Donc pour mettre la chose dans son contexte, il fallait commencer par faire connaître ce postulat clairement.

    Ensuite, Il faut tenter d’expliquer brièvement ce concept d’association à Allah ou donner à Dieu un associé étant l’essence de la mécréance en islam et l’unique explication avancée par cette religion, et dont il faut comprendre plus globalement; attacher une valeur spirituelle à autre chose ou à quiconque autre qu’à Dieu en terme de croyance. Donc cette permanence et insistance sur le concept d’association est au cœur des explications fournies par le Coran, elle se répète plus que toute autre désignation de mécréance ou que le terme mécréance lui-même dans le Coran, et à ce titre, les différentes écoles islamiques vont accorder la plus grande importance à cette terminologie pour les besoins d’interprétation, selon c’est le mot Kufr ou Kafirune qui est cité (mécréant), ou c’est le terme Associant (Mushrik, ou Shirk).

    Grosso modo, les théologiens musulmans ont classifié l’acte d’association en deux niveaux, dont l’essentiel est; les associations mineures qui ne vous excluent pas de l’islam pour autant et requièrent une repentance, (dont la nature englobent les fautes dans les œuvres, les intentions, et volontés n’ayant pas pour objet explicite de renoncer à Dieu, comme l’obéissance ou la consommation de l’illicite, le jugement et la législation comme juger en se basant sur des concepts étrangers à l’islam, les paroles, etc…) puis il y a l’association majeure dont la nature est une association dans votre croyance qui nous intéresse ici car vous exclut de la religion musulmane étant considérée comme ultime acte de mécréance ou mécréance explicite. C’est dans ce niveau d’association de mécréance, qu’on distingue entre mécréance du polythéisme qui va explicitement ‘’associer’’ à Dieu selon le coran des divinités connues et adorées (et pour lesquelles on accomplit des rituels, des sacrifices, des offrandes, des invocations et prières etc) et la mécréance par les actes subversifs ou hostiles à Dieu comme l’incroyance.

    Ainsi sera décrété ‘’associant’’ (mushrik) quiconque qui invoque intentionnellement l’aide par exemple d’un devin, d’un porte bonheur, d’un magicien ou d’une science occulte, des extraterrestres ou des esprits ou des morts, et de toute autre figure humaine (adoration de saints ou prophètes et leurs tombeaux), animale, végétale, céleste, ou des éléments étant toutes considérées comme un acte d’association, mais s’il se repent, par l’aveu de culpabilité et la prière, il est absout. Par contre s’il recommence intentionnellement il devient systématiquement mécréant.

    Par contre un incroyant qui nargue le prophète, les croyants, les accuse de calomnies, et qualifie le coran de livre inventé de mythes et de légendes etc… est de facto un mécréant qui associe à Allah soit son ego, sa vanité et sa passion..etc, voici un exemple significatif tiré du coran qui met en contexte l’athée qu’il accuse de prendre pour Dieu sa passion et sa vanité: Sourate 45 – Al Jathiya (L’agenouillée)

    17. Et Nous leur avons apporté des preuves évidentes de l’Ordre(5). Ils ne divergèrent qu’après que la science leur fut venue par agressivité entre eux. Ton Seigneur décidera parmi eux, au Jour de la Résurrection, sur ce en quoi ils divergeaient.

    18. Puis Nous t’avons mis sur la voie de l’Ordre [une religion claire et parfaite]. Suis-la donc et ne suis pas les passions de ceux qui ne savent pas.

    19. Ils ne te seront d’aucune utilité vis-à-vis d’Allah. Les injustes sont vraiment alliés les uns des autres; tandis qu’Allah est le Protecteur des pieux.

    20. Ceci [le Coran] constitue pour les hommes une source de clarté, un guide et une miséricorde pour des gens qui croient avec certitude.

    21. Ceux qui commettent des mauvaises actions comptent-ils que Nous allons les traiter comme ceux qui croient et accomplissent les bonnes œuvres, dans leur vie et dans leur mort? Comme ils jugent mal!

    22. Et Allah a créé les cieux et la terre en toute vérité et afin que chaque âme soit rétribuée selon ce qu’elle a acquis. Ils ne seront cependant pas lésés.

    23. Vois-tu celui qui prend sa passion pour sa propre divinité? Et Allah l’égare sciemment(6) et scelle son ouïe et son cœur et étend un voile sur sa vue. Qui donc peut le guider après Allah? Ne vous rappelez-vous donc pas?

    Bref, il y a plusieurs exemples dans le coran qui mériteraient d’être cité en contexte comme dans ce cas-ci. J’espère avoir éclairé l’auteur un tant soit peu sur ce point. l’islam en entier se présentant comme un ensemble de valeurs qui défend sa propre rationalité avec une précision prononcée sur plusieurs concepts… et c’est en cela qu’on s’accorde à dire qu’il soit à prendre ou à laisser si on veut pour ses adeptes.

    • Mura said

      Tout ceci est bel et bon. Touffu mais, enfin, intéressant. Mais maintenant vous serait-il possible d’expliquer ce qu’Ysengrimus (auteur de l’article) dit ici de faux ou d’incomplet. Vous me semblez surtout détailler son propos, sans plus.

    • Sam said

      Il me semblait important de nuancer et tenter d’expliciter la relation qu’il y a entre mécréance et athéisme, la chose étant plus complexe que ce que j’ai compris de l’affirmation de l’auteur que l’Islam ou le Coran n’abordent pas l’incroyance, ne lui reconnaissent pas d’existence, ou évitent de la citer de manière claire, et se limitent intentionnellement à citer le polythéisme à chaque fois (dans sa définition communément connue aujourd’hui) comme unique voie de mécréance. Peut-être ai-je mal lu, ou compris, mais, il était utile de rappeler que les ‘’incroyants’’ ou athées ont leur lot interminable de citations dans les versets dans le Coran.

      Sur le plan rationnel, je pense que depuis les débuts de l’islam, le défi que celui-ci posera sur le plan intellectuel et celui de la raison fera que ce sont les musulmans eux même qui commenceront une quête féconde et universelle vers le rationalisme, ils n’avaient d’autre choix que de fonder leur réflexion et s’inspirer du Coran à cet effet, un livre qu’on dit est encore loin d’avoir livré tous ses secrets en interprétation à ce jour, et feront usage d’ingéniosité et d’une profusion d’idées (initialement pour contrer les thèses théologiques chrétiennes) jusqu’à bâtir les célèbres écoles rationalistes Mutazilites et Achaarites de l’islam et influer et plus d’interagir profondément et continuellement avec le monde chrétien et juif de l’époque de l’islam médiéval. À noter que la majorité des ouvrages ou textes et traités de philosophie de l’époque, de toutes confessions sont en langue Arabe, ceux qu’on a pu préserver sont encore à l’étude dans leur transcriptions d’origine en Arabe dans des universités occidentales comme Cambridge. En tous cas, ces philosophes investissent le Coran à la recherche des notions de raison, révèlent des rapports entre la foi et la raison, leur cohabitation, leur complémentarité leur nécessité, et leurs conflits et préviennent de confronter ou soumettre l’une à l’autre. En cela, je ne pense pas que le principal frein à l’émancipation intellectuelle des musulmans soit le Coran, car ce fut de tout temps strictement politique, de toutes les époques d’ailleurs, les philosophes et les penseurs rationalistes seront combattus, persécutés et souvent assassinés pour des causes strictement politiques. L’un des philosophes rationalistes de l’islam Al Baji dira au onzième siècle que l’arme la plus efficace qu’utilisa le prophète Mohammad pour prêcher et accroître ses fidèles sera le ‘’Jadal’’ inspiré du Coran ou l’art du Jadal et pas le djihad. Le Jadal étant la dialectique, le dialogue, la polémique et la controverse, et l’art de convaincre usant de stratégie et de raison. Plus tard, le rationalisme moderne dans sa quête de renouer avec le rationalisme antique Grecque, le fera aussi à travers Avicenne, Averroès, et une multitude de rationalistes musulmans.

      Il est donc largement permis de penser que l’interprétation et la traduction littérale des versets du Coran en ce qui est de la mécréance constitue largement matière à plus d’interprétation et d’investigations, et vu le nombre appréciable de versets qui peuvent se contredire là-dessus, et n’empêche pas les individus de l’exercice de leur liberté de penser et raisonner – les philosophes mutazilites d’ailleurs défendront pendant des siècles l’idée que la chose la plus précieuse à travers laquelle Dieu manifeste sa puissance étant la raison et la capacité des êtres à raisonner et réfléchir, ils le revendiqueront aussi et surtout dans leur quête politique du triomphe de la raison comme barrage au despotisme, surtout lorsqu’on connaît l’instrumentalisation qu’en fait le traditionalisme, le fondamentalisme et l’intégrisme musulmans depuis toujours et encore aujourd’hui dans un but politique le plus souvent.

      Enfin, peut-on émettre l’hypothèse que le fait que Dieu en Islam interdise au prophète et aux croyants l’intercession ou la prière en faveur d’un mécréant pour se la réserver à lui-même qui abonde dans les textes même s’il promet et promeut le châtiment pour eux dans une large portion du Coran, que cette obligation de ne pas intercéder peut s’avérer tactique et politique, soucieuse de cohérence dira un philosophe et un rationaliste! Qui peut d’ailleurs juger de la croyance et l’incroyance d’un individu ou peser ses bonnes actions versus les mauvaises sur la balance du jugement dernier!

      Voici quelques passages du Coran qui permettent aussi de douter ou de réfléchir! Sur la raison, plusieurs versets qui parlent de gens qui raisonnent, qui réfléchissent, intelligents etc ; Sourate Al Jathiya (Agenouillée) verset 5: «De même dans l’alternance de la nuit et du jour, et dans ce qu’Allah fait descendre du ciel, comme subsistance [pluie] par laquelle Il redonne la vie à la terre une fois morte, et dans la distribution des vents, il y a des signes pour des gens qui raisonnent» ou Sourate AR-RUM (les Romains) 28: «Il vous a cité une parabole de vous-mêmes: Avez-vous associé vos esclaves à ce que Nous Vous avons attribué en sorte que vous soyez tous égaux [en droit de propriété] et que vous les craignez [autant] que vous vous craignez mutuellement? C’est ainsi que Nous exposons Nos versets pour des gens qui raisonnent.» et sur la foi: remettent en question l’interprétation littérale de la mécréance, le doute de nature hérétique disons-le que formula Abraham dans la Sourate de la Vache 260 «Seigneur! Montre-moi comment Tu ressuscites les morts.» – «Aurais-tu encore quelque doute à ce sujet?», lui répondit Dieu. «Non, Seigneur, reprit Abraham, c’est seulement pour apaiser mon cœur.» Les musulmans font de ce verset un pilier des mécanismes de la foi sur le doute! ou douter des nombreux versets hostiles aux mécréants ou aux gens du livre (chrétiens et juifs) par exemple la Sourate 60 Al Mumtahana (L’éprouvée) versets 8 et 9 «Allah ne vous défend pas d’être bienfaisants et équitables envers ceux qui ne vous ont pas combattus pour la religion et ne vous ont pas chassés de vos demeures (de prendre soin d’eux et bien se comporter avec eux). Car Allah aime les équitables. Allah vous défend seulement de prendre pour alliés ceux qui vous ont combattus pour la religion, chassés de vos demeures et ont aidé à votre expulsion. Et ceux qui les prennent pour alliés sont les injustes.» Ou enfin le dialogue entre Dieu et Jésus sur la trinité Sourate Al Ma-ida (la table servie) 115 dira: «Ô ‘Isa (Jésus), fils de Maryam (Marie), est-ce toi qui as dit aux gens: « Prenez-moi, ainsi que ma mère, pour deux divinités en dehors d’Allah ? » Il dira: « Gloire et pureté à Toi ! Il ne m’appartient pas de déclarer ce que je n’ai pas le droit de dire! Si je l’avais dit, Tu l’aurais su, certes. Tu sais ce qu’il y a en moi, et je ne sais pas ce qu’il y a en Toi. Tu es, en vérité, le grand connaisseur de tout ce qui est inconnu. 117 Je ne leur ai dit que ce que Tu m’avais commandé, (à savoir): « Adorez Allah, mon Seigneur et votre Seigneur. » Et je fus témoin contre eux aussi longtemps que je fus parmi eux. Puis quand Tu m’as rappelé, c’est Toi qui fus leur observateur attentif. Et Tu es témoin de toute chose.118 Si Tu les châties, ils sont Tes serviteurs. Et si Tu leur pardonnes, c’est Toi le Puissant, le Sage.» Ou encore la promesse de pardon aux chrétiens et juifs: Sourate Al Ma-ida (la table servie) 69 «Ceux qui ont cru, ceux qui se sont judaïsés, les Sabéens, et les Chrétiens, ceux parmi eux qui croient en Allah, au Jour dernier et qui accomplissent les bonnes œuvres, pas de crainte sur eux, et ils ne seront point affligés.»

      En tous cas, je réitère le fait que mon but n’étant surtout pas de contredire ou s’opposer à l’auteur dans ses opinions ou ses convictions qu’il formule D’ailleurs avec beaucoup de sagesse, de respect et de connaissance, mais mon but étant simplement de partager et enrichir le débat.

  9. Sam said

    Je me suis relu, et j’ignore comment j’ai pu omettre d’établir un point capital et même le développer pour la compréhension sur le sujet et étayer le propos. Dans ma première intervention, au premier paragraphe j’ai cité:

    La réponse est parce que l’islam et le coran au-delà de tout raisonnement rationaliste moderne considèrent fermement et à l’avance qu’aucun être humain n’est incroyant en Dieu et ne peut l’être (comme par définition) (ce qui est totalement vrai…)

    Eh bien non pas par définition comme j’ai cité, mais très exactement comme le stipule le Coran et les hadiths: par Instinct ou Fitra qui est citée dans le Coran et les nombreux hadiths du prophète. En voici les principaux:

    Sourate AR-RUM (les Romains) Verset 30: Dirige tout ton être (7) vers la religion exclusivement [pour Allah], telle est la nature qu’Allah a originellement donnée aux hommes – pas de changement à la création d’Allah -. Voilà la religion de droiture; mais la plupart des gens ne savent pas. (la traduction littérale de ‘’la nature’’ citée dans ce verset étant plutôt Instinct ou Fitra comme le texte du Coran original en arabe le fait)

    Une seconde traduction de ce même verset dira: «Soumets-toi donc humblement à la religion, en pur croyant, selon la nature dont Dieu a doté les hommes en les créant. La création de Dieu n’admet pas de changement. Telle est la religion immuable, mais la plupart des hommes ne savent pas.»

    Enfin, une tierce traduction plus recherchée du même verset dira: «Acquitte-toi du culte, en hanîf [pur monothéiste], selon la «conception originelle» (fitra) que Dieu a donnée aux hommes, nulle modification à la création de Dieu. C’est la Religion immuable.»

    Une multitude d’autres sourates ne citent pas la Fitra exactement, mais y font allusion pour signifier la même chose sur la nature de la croyance, dont voici un exemple:

    Sourate Al Araf (Les Murailles) 171-172 Et lorsque ton Seigneur tira des lombes des fils d’Adam leurs descendants et les fit témoigner contre eux-mêmes, en leur demandant: «Ne suis-Je pas votre Seigneur?» Et ils répondirent: «Oui, nous en témoignons !» Et ce, afin que vous ne puissiez plus dire le Jour de la Résurrection : «Nous avons été pris au dépourvu».

    Un célèbre hadith du prophète ira jusqu’à établir ce qui suit: «Chaque nouveau-né vient au monde selon la fitra (religieuse), mais ce sont ses parents qui font de lui un juif, un chrétien ou un mazdéen. De la même façon que la bête de somme donne naissance à son petit sans difformité, Le voyez-vous démembré» (rapporté par Boukhari et Muslim)

    Toutes les écoles islamiques seront univoques et vont s’acharner pour expliquer la Fitra dans ce hadith par la nature ou instinct avec lesquels on viendrait au monde; la foi en général et l’Islam en particulier, et en feront un enseignement fondamental, connu et très commun dans le monde musulman, fidèle à la célèbre ‘’doxa’’ du prophète qui stipule depuis les début que l’islam est ‘’Din Al Fitra’’ la religion de l’instinct humain!

    Pour l’anecdote, cette Fitra musulmane au même titre que l’instinct humain est même promulguée en dix enseignements hygiéniques pour les hommes ainsi:
    • Tailler sa moustache
    • Laisser pousser sa barbe
    • Se nettoyer les dents avec le Siwak
    • Se laver les narines par aspiration d’eau et son rejet
    • Couper ses ongles
    • Nettoyer ses articulations, les plissures des doigts
    • S’épiler les aisselles
    • Raser ses parties génitales
    • se laver les émonctoires (les issues de l’urine et des matières fécales)
    • Se rincer la bouche avec de l’eau

    Mais sur le plan purement théologique, de même que pour les autres monothéismes, cette fitra ou instinct de la foi fera l’objet de très nombreuses recherches, autant sur le plan philosophique que sur le plan scientifique pur par les philosophes et rationalistes musulmans comme le fameux Al Farabi. Comme s’y intéressera la chercheuse Geneviève Gobillot; La Fitra. La conception originelle, ses interprétations et fonctions chez les penseurs musulmans, Le Caire, Institut Français d’Archéologie Orientale, 2000, 146 p. («Cahiers des Annales Islamologiques», 18).

    Lien: https://journals.openedition.org/rhr/4458

    Ainsi donc, dans cette négation de l’athéisme ou l’incroyance, le Coran et l’islam élèveront la croyance ou la foi au niveau des instincts biologiques ou prétendront que ce soit le cas avec beaucoup d’insistance. Une idée répandue dans le monde musulman est que croire selon l’islam est comme l’instinct d’un bébé a s’allaiter du sein de sa mère, sourire, pleurer, ressentir les choses, ou l’instinct de raisonner, de grandir, et comme tout instinct humain ou même animal de se nourrir, apprendre, connaître son environnement, interagir socialement, ou l’instinct sexuel de se reproduire etc

    Si tout ceci doit nous mener inévitablement au thème général de la foi, ou la croyance en général… qui n’empêche pas la raison, et vice-versa d’ailleurs, ceci aussi nous renvoie plus spécifiquement aux études scientifiques et philosophiques autour de l’instinct humain ou animal, la biologie, l’éthologie, la psychologie, la psychiatrie et l’anthropologie qui soient autant de domaines qui s’y intéressent (comme le stipule très justement une page Wikipédia qui développe assez bien les connaissances au tour du thème, lien: https://fr.wikipedia.org/wiki/Instinct). Bref, est ce que l’homme croit par instinct? la question n’est pas encore tranchée!

    On pourrait aussi survoler la philosophie depuis les philosophes rationalistes aristotéliciens musulmans prestigieux tels Al Kindi, ou Al Razi et surtout Al Farabi que certains qualifiaient de ‘’second maître après Aristote (Maimonide), en passant par Descartes, Spinoza, Kant, Hegel, Marx et finir chez des idéalistes comme Alexander Bain, ou le pragmatique logicien Charles Sanders Pierce, et même un structuraliste biologique comme Chomsky, qu’on en vient presque toujours au même constat: une lutte des dominés par les dominants, comme dans l’instinct des singes dominants ayant accès aux ressources et aux meilleures femelles reproductrices, sur ceux qui dominés doivent se soumettre, travailler etc… En cela, il me semble que l’islam dans son essence véritable, civilisationnelle, apaisée et savante et non son aura guerrière, extrémiste et politique essayer de restaurer une certaine dignité pour les dominés, leurs droits et certains devoirs sous l’œil attentif d’un Dieu unique qui témoigne, appelle à l’adhésion à une forme humaniste de la création, et promet de châtier ceux qui auront perpétrés les crimes, les injustices ou cultivé l’indifférence à cela dans l’au-delà.

    Mais au-delà de cette dénomination musulmane, ou identité musulmane qu’on essaie de teindre d’intégrisme, suspecter de haine, s’en distancier autant qu’on peut et coller au premier basané qui se pointe, et à tout ce qui s’apparente à un indigène exotique et arriéré à la première occasion pour lui régler son compte et le renvoyer paître ses chèvres et ses chameaux, même si ce dernier renie son islam et acquiert toutes sortes de mœurs et de cultures des plus normatives occidentales jusqu’au plus extrêmes, et au-delà des problèmes communs à l’occident, de nature politique, économique, sociaux et culturels ou autres, il y a bien entendu ce vieux consensus racial entretenu par des élites blanches, religieuses ou pas nécessairement, minoritaires, souvent universitaires, académiques et politiques qui luttent encore on dirait pour préserver ‘’nos belles vaches suisses’’ de toute contamination africaine, moyen orientale, ou asiatique! Alors que l’islam aurait dû faire partie du paysage Nord-Américain et Européen depuis des siècles et nous éviter le clash des civilisation d’un S. Huntington et le 11 Septembre par la même occasion, tout comme le Judaïsme et la Chrétienté ont subsisté dans les pays du sud à travers l’histoire. Pas besoin de revenir sur l’Europe dont on connaît l’histoire de pogroms de la Reconquista et la politique qui y fut suivie jusqu’après la deuxième guerre mondiale vis-à-vis des musulmans, l’Amérique commence enfin à reconnaître que près de 20% des esclaves qui y furent importés étaient musulmans, mais interdits de pratiquer! ou que les musulmans étaient tout ce qu’il y a de plus commun dans les colonies espagnoles des Caraïbes et de l’ancienne Louisiane (tous les états presque du Midwest, le Sud et le Nord-Ouest Américain) avant son achat par Thomas Jefferson à Napoléon Bonaparte et que eux aussi étaient interdits de pratiquer ou revendiquer leur liberté de culte! A ce titre, voici une récente nouvelle parue en janvier cette année sur les colonnes du Washington Post et qui retrace l’histoire du pauvre Omar Ibn Saïd, un savant musulman originaire d’Afrique de l’ouest qui se retrouve piégé dans l’esclavage des plantations et n’a d’autre choix que d’écrire ses mémoires en arabe, rachetés récemment par la fameuse bibliothèque du congrès!

    https://www.washingtonpost.com/history/2019/01/20/when-few-enslaved-people-could-write-one-man-wrote-his-memoirs-arabic/?utm_term=.346f1e9728a9

    En tous cas, quelque soient les enjeux, les tares des musulmans d’aujourd’hui, les problèmes dont on peut les tenir responsables et les autres, infligés, imposés et nombreux, dont nous savons qu’ils ne peuvent être tenu pour responsables, il se jouent dans ce contexte de société humaine inéquitable, dans cet ordre post colonial qui a légitimé et normalisé sa domination par la force et qui justement est sur le point de tout perdre, et lutte par tous les moyens pour préserver ses privilèges bref, une société d’exploitation et d’exclusion par le savoir justement, par la science étonnamment et par l’argent hélas et qui ne peut logiquement continuer de mener ses petites affaires ainsi, et c’est donc dans ces enjeux que se situe ce combat des minorités toutes confessions confondues, et ou tente de se positionner les musulmans aussi, une communauté qui aurait pu passer pour n’importe quelle autre si elle n’était au cœur d’intérêts stratégiques et économiques majeurs, des ressources dont elle ne jouit que très peu, mais qui pourtant est aujourd’hui systématiquement montrée du doigt unanimement par on ne sait quel procédé d’assimilation à la haine et la destruction ou elle doit constamment s’expliquer, se justifier, douter d’elle-même, s’autoflageller, subir un mépris généralisé et devoir endiguer un terrorisme barbare qui lui est étranger mais qui se nourrit de son exclusion! À l’heure aussi où un certain athéisme facile, de circonstances, main dans la main avec l’ultra nationalisme, des ultrareligieux, le racisme et autres idéaux suprémacistes en fin de vie, tentent de se remonter le moral les uns les autres, et semblent se congratuler et parader en culture de vainqueurs et celle de cette domination dont les fondations s’écroulent sous ses pieds jour après jour! Si cet athéisme d’épicier que doit tolérer et avec lequel doit composer ses cousins et alliés ultrareligieux, nationalistes extrêmes et autres médiocrités intellectuelles et politiques pour la circonstance, pour muer en croyance et en dogmes lui aussi, et quelle croyance, intolérante et excessive comme on peut le constater sur les nombreuses plateformes médiatiques grand public de notre ère, sous un faux habit de laïcité de progrès, de capitalisme et autres costumes d’apparat qui tombent à point pour le business, alors cet athéisme ne vaut pas plus que le polythéisme d’arriérés des anciens, ou l’idolâtrie des pierres, des fétiches, des seigneurs et de soi comme dans les temps révolus ou que cet ethnocentrisme ridicule qui tente de se convaincre et perdurer avec ses symboles identitaires et ses bannières tristes et isolées, ou que le dogmatisme des cultes païens ou des intégristes de tous poils, ou enfin le despotisme du fric, du sexe et du marketing érigé en religion, dont certains, nombreux, acculés, désespérés et paumés fuient dans le désespoir, la drogue, l’alcoolisme, le crime et la perte de repères humains! Autant alors adorer un Dieu quel qu’il soit dans la dignité de soi que d’adorer ces nouveaux Dieux! Ceux de la folie, du narcissisme, de la psychose, la bêtise humaine, la corruption et le Dieu fric qui doivent inévitablement mener à la perte!

    Je dis ceci en gardant à l’esprit que l’auteur ainsi que de très nombreux athées cultivés, humbles et conscients de ces enjeux ne s’associeraient guère à cette folie et cette escalade de violence intellectuelle, verbale, culturelle ou autre, en le remerciant pour sa paisible et respectueuse position et contribution à inviter tout le monde au dialogue et au respect. En contrepartie je l’invite sincèrement à rester vigilant à ne pas succomber aux sirènes de l’intolérance et la calomnie par on ne sait quelles pressions, chasse aux sorcières et autres battues de chasses pour identifier et tirer le gros gibier qui oserait quitter le troupeau!

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