Le Carnet d'Ysengrimus

Ysengrimus le loup grogne sur le monde. Il faut refaire la vie et un jour viendra…

  • Paul Laurendeau

  • Intendance

La mort de Fatima: fatalité ou brutalité?

Posted by Ysengrimus sur 4 octobre 2017

"Fatima"

« Fatima »

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À la mort de Fatima, fille benjamine de Mahomet, Saint Prophète de l’Islam, le schisme musulman s’annonce déjà. Et une portion significative de la charge symbolique associée au personnage tragique de Fatima réside dans la mésentente entre sunnites (aujourd’hui 85% des musulmans) et chiites (aujourd’hui 15% des musulmans) sur le récit de sa mort. Morte la même année que son père, en 632, à l’âge de 27 ans (si elle est née en 605) ou même à l’âge de 17 ans (si elle est née en 615), Fatima, mère de quatre enfants, décède prématurément. C’est là la seule chose sur laquelle on s’entend. Et je ne vais certainement pas trancher la question des versions de sa disparition ici, attendu, surtout, que les deux susdites versions portent leur douloureux et fatal compendium de misère et de sagesse et ce, en elles-mêmes, comme de par leur mise en contraste.

Pour bien suivre l’articulation de la mésentente qui mènera à la radicale dualité des traditions sunnite et chiite concernant la mort de Fatima, il faut retracer rien de moins que la clef du schisme. Celle-ci concerne la succession du Saint Prophète, mort subitement, sans enfant mâle. Les califes («successeurs») s’énumèrent comme suit: Abou Bakr As-Siddiq (calife de 632 à 634), Omar Ibn Al-Khattâb (calife de 634 à 644), Othman Ibn Affân (calife de 644 à 656), Ali ibn Abi Talib (calife de 656 à 661). Après Ali, la Oumma, couvrant désormais un territoire immense, se fragmente en de vastes et durables dynasties et ne dispose plus d’un califat unifié. La tradition musulmane majoritaire désigne les quatre premiers califes sous le nom de Rashiduns («les bien guidés»). Si le schisme ne remonte pas nécessairement historiquement à eux, il se définit et se mythologise largement en eux.

Car le fait est que les sunnites et les chiites ne s’entendent pas sur le statut historique de ces califes Rashiduns. Pour les sunnites, l’ordre des commandeurs des croyants est bien Mahomet, Abou Bakr, Omar, Othman, Ali. Pour les chiites, l’ordre des commandeurs des croyants est Mahomet, Ali. Rappelons pour mémoire qu’Ali est le cousin du Saint Prophète et le mari de Fatima. C’est du couple d’Ali et de Fatima que sortira une descendance du Saint Prophète par le sang, descendance que les chiites revendiquent encore aujourd’hui pour leurs imams.

Donc, la fulgurante période où l’Islam finalise la conquête de l’Arabie (sous Abou Bakr), convertit la Perse, l’Irak, la Syrie romaine (sous Omar), prend l’Égypte copte et commence à pénétrer le Maghreb (sous Othman) n’est pas vraiment, dans les vues des chiites, une période où la foi musulmane est ouvertement animée par des califes (Abou Bakr, Omar, Othman sont en gros des usurpateurs largement opportunistes). Pour les sunnites, d’autre part, Ali est de plein pied calife de l’Islam, simplement il est le quatrième calife, pas le premier. Pour les sunnites, le veuf de Fatima (Ali) ne devient calife que lorsque la Oumma le nomme, pas une minute avant (on procède ici comme pour un pape). Pour les chiites, Ali fut calife dès la mort de son cousin Mahomet en 632 (on raisonne ici comme pour un roi) mais il ne put assumer son commandement effectif qu’en 656.

Dans la version sunnite des choses, Abou Bakr et Omar (ainsi qu’Othman, qu’on va laisser de côté ici car il n’a pas de rapport direct avec la mort de Fatima) sont des personnages vénérables dont l’hagiographie exige qu’ils soient décrits comme des modèles moraux et des chefs impartiaux et inspirés. Dans la version chiite, Abou Bakr et Omar sont des personnages douteux servant de faire-valoir passablement maganés et démonisés au sein de l’hagiographie d’Ali (et corollairement, de Fatima). Cette hagiographie fatimide, elle-même, construit la description d’un calife inspiré, patient et héroïque, qui dut lutter durement, après son douloureux veuvage, pour asseoir sa succession. Comme Abou Bakr et Omar ont un rôle à jouer dans la mort de Fatima, la version qu’on se donnera de cette mort sera déterminée par l’image qu’on se donne du successeur de Mahomet: Abou Bakr (élu, malgré Ali) pour les sunnites, Ali (bafoué par Abou Bakr) pour les chiites. On commence à sentir qu’il y aura antinomie des approches et des descriptions.

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La mort de Fatima, résultat d’une triste fatalité (lecture sunnite). Pour les sunnites, Mahomet malade sait, de par la volonté divine, que sa fille Fatima le suivra bientôt dans la tombe. Il le lui annonce secrètement, sur son lit de mort. Fatima en tire un sentiment ambivalent de douleur et de joie. On insiste ici sur la profondeur du rapport entre un père et sa fille. Fatima fut de toutes les quêtes de Mahomet. Elle était à ses côtés dans les moments les plus difficiles. Une extraordinaire proximité les unit. Cela est renforcé par le fait que, parait-il, Fatima ressemblait beaucoup physiquement au Saint Prophète. Fatima survivra six mois à son père. Pendant cette période triste et endeuillée surviendra l’épisode malheureux de l’héritage paternel que lui refusera le nouveau calife, Abou Bakr, contraint légalement de le faire. Un froid s’instaure entre le nouveau commandeur des croyants et Fatima. Mais la fille du Saint Prophète est auréolée de la fatalité qui l’enserre et elle se distancie assez vite de la question des possessions matérielles et des successions politiques. Quand la maladie la gagne, sa sagesse la pousse à se réconcilier avec Abou Bakr qui, magnanime, accepte d’oublier le malentendu maintenant que Fatima entend raison. Une nuit, devenue gravement malade, celle qu’on surnommait «la resplendissante» rêve du Saint Prophète qui lui annonce sa mort désormais toute prochaine. Elle meurt finalement et est enterrée dans les formes et surtout, dans une grande tristesse inexorable quoique sans amertume politique particulière. Le lieu de son enterrement fut parfaitement connu à l’époque (même s’il est oublié aujourd’hui).

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La mort de Fatima, résultat d’une arbitraire brutalité (lecture chiite). Quand Mahomet meurt, Fatima, surprise, est foudroyée par une tristesse si puissante que, pendant deux jours, elle tombe inconsciente. À son réveil, la Oumma a déjà prêté serment à Abou Bakr, sans que Fatima ait pu formuler le seul choix qu’elle préconisera toujours, celui de son époux Ali. Un bon nombre de musulmans se regroupent d’ailleurs autour d’Ali et perçoivent la nomination d’Abou Bakr comme une usurpation. Une réunion a lieu à la demeure d’Ali et de Fatima. Flairant une sédition potentielle, Abou Bakr et Omar se rendent chez Fatima et Ali. Omar, le futur conquérant de la Perse, est un grand gaillard bouillant et unilatéral. Sa biographie inclut au moins un épisode disgracieux où il rudoie une femme musulmane alors qu’il n’est pas encore converti lui-même. L’initiative des femmes, c’est pas trop son truc, au futur calife Omar. Constatant que Fatima se tient derrière la grille de sa maison pour les empêcher d’entrer, lui et Abou Bakr, Omar pousse rudement Fatima contre un mur de pierre avec la grille de la porte et Fatima se retrouve avec des côtes fêlées. Elle est enceinte et cet acte brutal la mènera à une fausse couche. Les musulmans entourant Ali finissent par se rallier à Abou Bakr. C’est ensuite l’épisode de la spoliation de l’héritage de Fatima. Ici, il est assumé qu’elle n’adressera plus jamais la parole à Abou Bakr. Elle meurt, six mois après son père, d’un effet direct des blessures lui ayant été infligées par Omar. Le lieu de l’enterrement de Fatima fut tenu secret par Ali (à la demande expresse de Fatima même). Ce secret perdure à ce jour.

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Voilà. Tout le schisme est là, encodé dans deux lectures irréconciliables du sort injuste d’une jeune femme. J’ai personnellement pour mon dire que, dans une de ces version comme dans l’autre, la mort de Fatima, c’est en fait une allégorie du sort des femmes (de toutes les femmes d’un temps, hein, pas seulement des musulmanes). Abnégatives par amour absolu et myope pour le père sanctifié ou par soumission revêche et contrainte à la violence masculine omniprésente, elles sont réduites à attendre un sort meilleur dans les générations futures qui suivront les générations futures. Et pourtant la tradition islamique nous parle de Fatima en des termes qui lui assignent une bien plus cruciale amplitude que celle d’héritière spoliée se faisant tasser entre un mur et une grille par un rustaud.

Pensée universelle, écoutes-tu vraiment ce que le Saint Prophète de l’Islam chercha à te dire de ses épouses et de ses filles?

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Tiré de mon ouvrage: Paul Laurendeau (2015), L’islam, et nous les athées, ÉLP Éditeur, Montréal, format ePub ou PDF.

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Paru aussi dans Les 7 du Québec

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15 Réponses vers “La mort de Fatima: fatalité ou brutalité?”

  1. Bazel said

    Malheureusement l’histoire reste toujours inconnue pour les arabe. Rien que l’autorité politique veut…

    • Amina Amicale said

      Je ne comprends pas pourquoi vous dites que cette histoire est inconnue des Arabes. Les Arabes la connaissent mais, comme les Perses et les autres musulmans, ils la refoulent souvent, car ils ont encore de la difficulté à assumer le fait qu’UNE FEMME soit la clef du mystère douloureux du schisme et du problème autocritique qu’il pose en Islam…

      [Je vous seconde, Amina Amicale. Excellente observation. — Ysengrimus]

  2. Dominique said

    Vous faites erreur en ce qui concerne Ali. Le prophète avait choisi El Hassan.

    Ali l’avait beaucoup déçu. Il n’était pas si jeune que cela à la mort de son oncle. Mahomet l’avait choisi parce que comme tous les descendants d’Aria, il mettait le sang en premier, et le sang des Ansars était sacré. Abou Bakr lui avait demandé la main de sa fille Fatima, pour cette raison le Prophète la lui avait refusée et aussi parce que ça le rendait polygamme, ce que ni lui ni sa fille ne voulait. Si Mahomet eut plusieurs femmes après Khadidja, c’est pour d’autres raisons, dont l’une tient à une tradition religieuse du Khorassan dont étaient originaires les khoraïch. (fils de Khoré d’exode, qui n’ont pas du tout disparu dans une crevasse, mais le scribe y trouve une satisfaction)

    Ce fut un des plus gros sujet de mésentente avec Ali qui voulu à un moment donné épouser une seconde femme. Le scribe d’un des hadith met cela sur le compte du fait que cette femme était polythéiste – comprendre chrétienne pour ces ignorants. Mais c’est faux, car la famille de Mahomet –dont son père– étaient des chrétiens nestoriens. Ce qui explique que Mahomet connaissait l’évangile, (de Matthieu je suppose, plus court que celui qu’on connaît). Oui, Mahomet ne favorisait pas du tout la polygamie, il acceptait le divorce, c’est à dire la répudiation acceptée par la femme, ce qui l’oppose à la répudiation simple. On lapide les adultères dans l’Islam, mais ce n’est pas un sacrement.

    Il prêchait à des gens incultes d’une misogynie consommée et ce prophète a toujours cherché à composer parce que les chrétiens n’ont pas voulu écouter son message et qu’il devait le transmettre. Du reste, si le Prophète eut cinq enfants de sa première femme, il n’en n’eut aucun par la suite… ‘Omar qui était un brave homme colérique reconnaît qu’avant Mahomet les femmes ne comptait pour rien. Pas chez les Ansars cependant dont il n’était pas. Abou Bakr aussi était un brave homme, mais de rancune tenace, aussi, il en voulait à mort à Fatima de l’avoir refusé, ce qui explique qu’il lui refusa l’héritage d’une petite palmeraie qui devait provenir d’un patrimoine de Mahomet et non d’une razzia. Cela explique que sa famille la réclama jusque sous Ostman. Mahomet avait mis ses espoirs dans El Hassan, fils de Fatima, mais Dieu ne voulait pas du sang, il l’a montré.

    Fatima a été la poseuse du Sceau.

    Pour ne pas mécontenter Abou Bakr encore une fois, car il avait besoin de son soutien à tous les niveaux, Mahomet accepta de marier sa fille Aïsha qui était une enfant à l’époque. Abou Bakr voulait un petit fils de cette façon ce qui l’aurait rendu héritier légitime. Quand son Conseil l’autorisa à fuir pour la Mekke, Mahomet ne voulu pas qu’on emmène cette fillette! Mais Abou Bakr lui fit comprendre qu’il ne l’aiderai pas autrement. Il fallut accepter car la vie du prophète était menacée.

    Celui-ci met en avant le respect du serment. Dieu ne fut pas d’accord avec cette combine. Moïse ouvre la porte au Messie et Mahomet la referme. Il n’y a rien d’autre. Il ne sauva même pas El Hassan ni El Hossein. Car la famille du prophète se rapprochait dangereusement des Sassanides et risquait de replonger dans l’univers des mages qui, lui, était vraiment polythéiste. La fille d’Ali avait épousé un prince perse. Les Sassanides sont apparentés aux gens du Khorassan.

    Ali n’était pas très motivé non plus sur le plan de la religion, et ne s’astreignait pas à toutes les prières que demandait le prophète il avait les yeux malades et des façons de faire que le prophète réprouvait. Par exemple, il avait des relations sexuelles avec ses captives de guerre qui ne pouvaient s’y opposer. Mahomet le vit et en fut très affecté. Il l’interdisait.

    Ce prophète était un homme sensible et respectueux des femmes, ce qu’on ignore totalement, Mais son entourage était d’une grande barbarie. On ne lui connaît qu’un acte de cruauté vraie, qu’il dut regretter à mon avis quoique la faute qu’il condamnait était grave. Abou Bakr s’opposa ainsi à la volonté de son prophète qui demandait à ce que l’héritage vrai (non le butin) aille aux descendants.

    Avant de mourir, Mahomet avait eu révélation des guerres entre musulmans et de la fin de sa communauté dans le sang, lors de la nuit du destin. Mais il refusa de le dire. Il se rapprocha donc des chrétiens en s’en remettant à Dieu. On le sait parce qu’il adopta leur façon de se coiffer. Je pense que c’est une des raisons pour laquelle on l’empoisonna, mais je ne peux en donner de preuves réelles. Fatima aussi probablement. C’était très fréquent et ça avait déjà été tenté par les juifs de son entourage qu’il avait spoliés.

    Actuellement, nous avons besoin de l’Islam à cause des blasphèmes des chrétiens qui sont sans nombre, dont le mariage gay qui est la fin des haricots et la preuve que cette religion n’a rien compris du message du Messie, le Hatan des écritures antédiluviennes qui unit le saint et la sainte pour la génération nouvelle, dégagée de la mort.

    Que Dieu nous fasse miséricorde.

    [Tout ceci est très intéressant… sauf le chialage contre le mariage gay, qui est à la fois minable et hors sujet. — Ysengrimus]

    • Pierre Lapierre said

      Ce genre de lecture est plus factuelle (historique ou historico-légendaire) que celle d’Ysengrimus. Les arbres y empêchent un peu de voir la forêt. Ysengrimus a la qualité de procéder à une lecture mythologique (et interprétative) des données musulmanes. Il attire l’attention (notamment de ses lecteurs occidentaux) sur le fait que la tragédie musulmane NOUS FAIT FONDAMENTALEMENT RÉFLÉCHIR, comme, disons, la tragédie grecque ou le drame shakespearien.

      (Je seconde Ysengrimus sur la question fort malencontreuse et hors-sujet du mariage gay. Vous discréditez votre apport avec ce genre de diatribe inutile)…

  3. Aldiana said

    Chère Fatima Zahra, la douce et pieuse fille du Prophète (PBSL). Elle est une femme respectable vu que le Prophète a bien déclaré aux disciples de l’Islam ceci: «c’est Dieu qui m’a ordonné de donner comme épouse Fatima à Ali».

    Dans un autre de ses propos, il déclare que «celui qui met en colère Fatima, encourra sa colère». Tout cela, pour vous dire que leurs relations étaient très profondes et sincères. Parlant de la succession dont elle a été écartée, je pense que si j’étais à la place d’Abou Bakr, je lui aurais cédé le bien qui était à l’origine de leur différend. Dans la succession musulmane, la fille du défunt à sa part dans le partage de ses biens.

    Dans nos prières de tous les jours, on formule des vœux, des invocations nourries à l’adresse de la famille du Prophète (PBSL). Ce qui démontre la grande estime qu’on leur témoigne. Respecter le Prophète (PBSL) c’est aussi respecter sa famille, sa descendance, sa progéniture.

    Sans vouloir dénigrer le calife Abou Bakr car il a marqué son temps avec sa grandeur d’âme et son sens de la dévotion surtout lors du décès du Prophète (PBSL) caractérisé par un moment de trouble mais à mon humble avis, son attitude n’est pas digne d’un homme de sa trempe.

    J’espère que cette histoire n’est qu’un petit incident et qui n’entrave en rien l’avancement de l’Islam, l’union voire la solidarité des musulmans. Les historiens ont-ils exagéré les faits? Dieu seul sait! Ce qui est sûr, c’est que le fait de tuer la fille d’un Prophète quelle qu’elle soit est un sacrilège.

    Grand Merci.

  4. Caravelle said

    C’est encore plus poignant et frustrant que la première histoire sur Fatima. Vous allez finir par me tirer les larmes avec tout ça, tous autant que vous êtes…

  5. Tourelou said

    La mort de Fatima est: Fatalité ET brutalité.

    [Tristement… — Ysengrimus]

  6. Sam said

    C’est pas pour rien que les Chiites sont à la base de toutes les controverses majeures qui secouent les musulmans ! Califat de sang en faveur de Ali contrairement à la doxa du vote démocratique institué de la vie du prophète, histoires démonisées et caviardées de Fatima, de Aicha, de Khadija, des compagnons du prophète qui sont tout sauf respectés, on les insulte, on récite des prières pour qu’ils pourrissent en enfer, on invente à leur dépends des ragots et des histoires d’infidélités conjugales, d’inceste, de pédophilie, les rites et prières sont accomplies presque à l’envers, considération des rites sunnites comme impurs et pour les extrémistes chiites considérer les sunnites individus comme impurs en encourageant à faire des ablutions après les avoir côtoyé ou salué avec la main. Champions de la takiya l’hypocrisie nécessaire face aux impurs et infidèles, ils imposent un clergé contraire aux percepts de l’islam tout court et pas uniquement sunnite, et se targuent d’avoir les Imams ayatollahs preuves et incarnations et califes représentants suprêmes d’Allah sur terre. A chaque siècle, il fallait que l’un des leurs se proclame Mahdi attendu qui finit par créer une nouvelle secte des plus mystiques aux plus extrêmes pour revendiquer plus tard le statut de minorité persécutée par les chiites de l’establishment; ismaélites, duodécimains, zaydites, Bahaïes, et autres chimères de sectes purement fantaisistes ou politiques comme les husseinites, sadristes, houthis qui ne sont pas en reste et qui revendiquent des écoles et des doctrines propres à eux!

    Est-ce que leur versions en vaut la peine? ils sont à la base de toute la mythologie qui discrédite toutes les figures musulmanes du temps du prophète et après lui sans concession et sans détour, en plus d’utiliser cet argument inconsistant de ne pas introniser le jeune et inexpérimenté cousin du prophète Ali à la tête du premier Califat, ayant provoqué plus tard la majorité des conflits inter religieux qui suivront à ce jour, puisque la majorité des guerres musulmanes pendant des siècles seront exclusivement sectaires et fratricides même pendant et après les croisades chrétiennes. le plus grand nettoyage humain de leurs frères musulmans débutera avec l’avènement du califat abbasside d’ibn Abbas qui fut pourtant sunnite mais épousera des thèses chiites, et fera la peau sans pitié aux omeyyades et tout ce qui y ressemble pour imposer une doctrine unique et controversée pendant tout le règne abbaside, et plus tard le califat fatimide qui fera pareil et chevauchera entre doctrines chiites et sunnites pour s’assurer l’allégeance des musulmans. ils ont intégré de vielles traditions persanes dans l’islam et introduits des concepts étrangers aux musulmans de l’époque et inventé une hagiographie pour fêter les fêtes païennes ante islamiques comme Norouz du nouvel an persan, et pour couronner le tout, ils estiment que le paradis leur est garanti parmi toutes les nations d’Allah et les humains sur terre. Pas étonnant que sur le plan géopolitique aujourd’hui ils continuent de foutre la merde et rechercher un leadership sur toute la région depuis l’avènement de Khomeiny, en plus de chercher à développer la bombe H pour réaliser le prétendu équilibre des forces et ça reste l’opinion de beaucoup de gens pour éventuellement la garocher sur leurs voisins pakistanais sunnites qu’ils considèrent comme inférieurs ou les pays du golf persique qu’ils considèrent avoir trahit la tradition chiite dans l’est de la péninsule arabique (Koweït, Bahreïn, Qatar, Émirats, Oman) et s’être associé au grand Satan saoudien, américain et Israël. Aujourd’hui, ils financent et pilotent les houthis au Yemen étant la clé pour déstabiliser la péninsule arabique qu’ils voudraient de tous leur vœux passer sous influence chiite, ainsi que le sacro saint rite du pèlerinage comme couronnement de leurs efforts et rétablir leur prétendues vérités afin que les fidèles pèlerins puissent enfin intégrer des pratiques controversées comme s’infliger des blessures aux couteaux et aux haches comme c’est le cas en Iran pour pleurer l’ assassinat de Hassan et de Hussein fils de Ali et uniques martyrs dignes de porter ce nom selon eux. Ce n’est pas pour demain que cette branche de l’islam finira pas se remettre en question comme l’ont toujours fait les sunnites et continuent de faire en dépit de leur échec pour instaurer des réformes durables. Est-ce être pro Israël ou américain que de le dire et tirer ces conclusions pour quiconque s’intéresse de près a l’islam et ses problèmes ?

    Le fait que les orientalistes et les occidentaux en général s’intéressent depuis toujours à leur versions controversées de la vie des compagnons du prophète, sa famille et les autres évènements historiques n’est pas fortuite, mais assez orientée, car outre l’étude et la recherche purement académique, scientifique, objective et historique, on recherche aussi des failles et des brèches pour développer des thèses qui feront opposition aux thèses communes et connues de l’islam en général, et qui feront le succès d’un livre, d’une interprétation, d’un curriculum et une postériorité dans les sciences sociales en général. La plus grande erreur à peine avouée de l’administration G W Bush et de son administrateur de l’Irak sous occupation US le fameux Paul Bremer aura été justement de céder et confier l’Irak sur un plateau aux chiites Irakiens pilotés depuis Téhéran tout en désavouant les sunnites d’Irak qui finira par embraser toute la région dans les guerres interconfessionnelles et sectaires qui suivront, les attentats, l’émergence de zarkaoui puis de Isis et autres groupuscules ou branches d’Al qaida qui vont juger de s’implanter en Afrique et en Asie du sud est comme boko haram, ou le groupe d’abu sayaf etc afin de contrer l’influence chiite et combattre les ennemis de l’islam selon eux et pour s’assurer des recrues dans ce qui devient clairement un pourrissement totalement étranger et télécommandé qui affecte les sunnites majoritaires chez eux et ébranle la paix de leur sociétés. ils doivent composer maintenant avec l’horreur et consolider la lutte par tous les moyens contre l’extrémisme et le sectarisme sous toutes ses formes. cette histoire ne finira pas de sitôt, l’islam continuera de susciter les passions, les haines et les pires atrocités commises en son nom pour des intérêts inavoués de part et d’autre et parfois pour entretenir l’ego démesuré et irrationnel de ceux qui le choisissent pour en faire leur gagne pain! Mission accomplie en effet Mr G W Bush, vous avez réussi à instaurer la démocratie en Irak et dans toute la région !

    Or que le fait totalement méconnu en occident et intéressant depuis l’avènement de l’Internet et des médias sociaux dans le monde musulman est que beaucoup d’entre eux sont de plus en plus laïcs ou le deviennent, et sont donc plus enclins à discuter ouvertement entre eux du fardeau de la tradition et de la religion. Un fardeau contraignant au silence pendant des siècles pour des raisons essentiellement politiques et religieuses car étant très liées en terre d’Islam rappelons-le. Plus récemment, le déclenchement du printemps arabe, profitant de l’absence de censure dans des médias sociaux comme facebook, twitter et youtube va dépasser le cadre du débat politique et ses nouvelles exigences démocratiques, aura pour conséquence un début d’effondrement des frontières religieuses et intellectuelles traditionnelles, une méfiance ouvertement affichée vis-à-vis de l’héritage hagiographique et des différentes écoles du sunnisme, du chiisme, et fait inusité, des institutions religieuses séculaires comme Al Azhar en Égypte, et vis-à-vis du socle doctrinal sur lequel elles reposaient confortablement depuis des siècles, c’est-à-dire l’ensemble des ouvrages anciens considérés comme immuables et sacrés qui se chargeaient de dicter les interprétations de la religion pour chaque école et courant de l’islam. une tendance qui s’accentue à l’heure où nous parlons, car échappant au contrôle des autorités de la censure dans la majorité des pays arabes.

    Pour résumer, Les musulmans dans leur grande majorité aujourd’hui dénoncent ouvertement le wahhâbisme, condamnent le terrorisme, exigent des réformes politiques et religieuses, luttent contre les régimes suppôts et corrompus du colonialisme ancien et nouveau, remettent en question des ouvrages théologiques fondateurs et leur auteurs comme les livres de Al Bukhari et Muslim, les percepts extrêmes de Ibn Taymiya et l’ensemble de ses disciples salafistes, s’intéressent aux interprétations qu’on a longtemps censuré ou banni chez les réformistes de l’Ijtihad, et se moquent ouvertement des Sheikh Saoudiens qui professent à longueur de semaine sur les chaînes de télévision satellitaires commerciales privées ou étatiques et publiques, n’hésitant plus à les accuser d’être des ulémas des sultans, autrement dit des agents du régime, asservis par les petro dollars et incapables de s’adapter à notre époque. sauf pour ce qui est de vivre dans les palais dernier cri, se faire offrir des Mercedes et des 4×4 et profiter de la technologie pour mousser leur carrière et lobotomiser les masses analphabètes ou semi-analphabètes qui constituent encore leur audiences.

    Et pour donner une idée encore plus précise de ce que traverse le monde musulman en ce moment, à l’extrême de ces changements qui l’affectent, il y a l’émergence d’ex musulmans qui se proclament et s’affichent tout simplement athées et sont quasiment rendu aux rangs de stars controversées des réseaux sociaux ! Résidant en majorité en occident, affichant parfois leur identités ou préférant la cacher en délivrant des discours audio seulement, ils sont tres actifs sur Youtube, facebook et paltalk qu’ils utilisent comme plateformes pour cibler leur audiences nombreuses dans les pays musulmans. Le fait marquant étant que les plus connus et suivis d’entre eux depuis des années déjà, se définissent eux même comme d’anciens pratiquants étudiants et militants rigoureux de l’islamisme qui ont des années de militantisme au sein de mouvements connus pour leur stricts enseignements salafistes ou orthodoxes avant leur immigration en Europe, En Amérique et ailleurs et leur remise en cause de leur croyance. leur discours sur les réseaux sociaux sont suivis par toute la jeunesse accro aux réseaux sociaux et des musulmans pratiquants. Connaissant bien leur sujet, Ils parlent d’historiographie des prophètes qu’ils soutiennent n’ont jamais existé sauf pour Mohamed qu’ils accusent de mauvais plagiat, ils proclament avec la précision d’historiens aguerris que tous les livres saints sont humains et non révélés et fournissent ou recommandent à chacune de leur sorties une liste d’ouvrages et de sources à consulter ! ils dénoncent les hagiographes et les interprétations des versets du Coran ou des hadiths du prophète, ils racontent leur cheminements personnels et insistent sur les contradictions de la religion, usent de caricature osée pour se moquer éperdument des figures anciennes ou modernes de la religion, et cerise sur le gâteau ils n’acceptent de débattre qu’avec leur égaux qu’ ils estiment doivent impérativement avoir le calibre d’érudits musulmans qu’ils convient à des débats sur leur chaines Youtube sur des sujets précis a chaque semaine pratiquement ! chose que ces derniers acceptent volontiers comme un défi en direct devant public, tout en prenant soin d’user de diplomatie et de bonnes manières pour s’assurer que se déroulent ces débats sans heurts et parfois durant deux ou trois heures. Sans parler des sessions ou ils reprennent une vidéo existante d’un cheikh salafiste donnant une conférence sur un sujet donné pour la rediffuser avec un montage pour commenter chaque séquence, et réfuter les arguments du Sheikh, expliquer et parfois se moquer ou caricaturer. Jusqu’à date il n’y a pas eu de fatwas dans les pays musulmans à leur encontre, et c’est en partie grâce aux réformes politiques forcées entreprises dans tous les pays arabes qui interdisent les discours extrémistes, et favorisent la pluralité et les libertés individuelles. Et c’est tant mieux ainsi.

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