Les principes de la théorie de la relativité d’Einstein expliqués par la poupée Barbie
Posted by Ysengrimus sur 18 avril 2015
Il y a soixante ans pile-poil mourrait Albert Einstein (1879-1955). Qui de mieux aujourd’hui que la poupée mannequin Barbie pour nous expliquer les principes de la pensée de ce grand scientifique. Lisons plutôt (tiré du corpus de DIALOGUS, officine de Barbie).
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Bonjour Barbie,
Je me demande ce que tu penses de l’opinion que les autres ont de toi; es-tu, comme la plupart des gens le croient, superficielle et refaite de partout?
Merci!
Marie-Christine
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Refaite de partout… Franchement, Marie-Christine, c’est vexant. Je ne suis refaite de nulle part. Je suis moi-même. Je ne fais certainement pas la promotion de la chirurgie esthétique. Celle-ci, en effet, est une violence contre nature imposée aux femmes par des abrutis cruels qui, vu leurs sales gueules, ne se la sont certainement pas appliquée à eux-mêmes! Je suis athlétique, sportive, coquette et autonome. Je suis prête à cultiver une discussion de fond avec toi sur n’importe quel sujet. On va bien voir si je suis superficielle. Non mais, oh…
Barbie
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Je voulais seulement savoir si l’idée des gens était vraie… je me demandais seulement…
Marie-Christine
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Excuse-moi. Je me suis emportée. Je suis désolée. Je ne suis pas superficielle. Je suis intelligente, Marie-Christine, je suis très intelligente. Je peux t’expliquer la théorie de la relativité de mon bon ami monsieur Einstein, si tu veux. Pas les formules et le charabia, mais le principe. Tu pourras l’expliquer à toutes tes amies après. C’est si simple et si intelligent. Ce sera certainement une façon moins agressive de répondre à ta question. Tu veux?
Barbie
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Je veux bien!
Marie-Christine
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Très bien! (Je suis toute excitée). Imagine une perle de collier qui roule sur le bord de ta coiffeuse. Tu la vois. Une jolie perle blanche qui roule. Pense ensuite à une variable physique dans son mouvement: sa vitesse. La perle accélère, ralentit, s’arrête, roule de nouveau si tu la chiquenaudes. Sa vitesse de roulement sur le bord de ta coiffeuse est inévitablement variable. Plus précisément: elle est relative, car elle dépend de la force de ta chiquenaude (pour son accélération) et de la force d’inertie de la surface de ta coiffeuse (pour sa décélération). Si la vitesse de roulement de la perle est relative, le reste semble constant. Son poids ne change pas quand elle roule, et le temps ne change pas non plus autour d’elle. Le poids de la perle et le temps dans lequel elle roule sont des constantes, du moins à nos yeux limités de femme et de poupée. Avec cela, tu as la mécanique de Newton: vitesse relative, mais poids et temps constants. Prends la même perle et amène-la sur la lune, elle est six fois moins lourde, amène là sur Jupiter, elle est vingt fois plus lourde. Lâche-la dans une navette spatiale, elle n’a plus de poids. C’est que le poids, comme la vitesse, n’est pas constant. Il dépend de l’astre sur lequel la perle se trouve. C’est que le poids n’est pas une réalité toute seule comme ça. Il est la relation gravitationnelle entre deux masses (celle de la perle et celle de la planète où elle se trouve). Le poids de la petite masse est RELATIF à celui de la grosse masse. Il n’y a pas plus de poids stable qu’il n’y a de vitesse stable. La vitesse est relative aux forces en présence, le poids est relatif aux masses en présence. Newton avait déjà pressenti cela.
Mais c’est alors que le très gentil Monsieur Einstein survient et applique un raisonnement tout simple. Si la vitesse est relative aux forces et le poids qu’on croyait constant est relatif aux masses, je suis obligé d’envisager que TOUT EST RELATIF et qu’il n’y a pas de constante physique en fait. Il était facile d’observer directement que la vitesse est relative aux forces. Il suffit encore de faire rouler la perle directement sur la surface de ta coiffeuse puis ensuite de la faire rouler sur ton mouchoir. La seconde fois, elle roulera moins loin à cause de la force d’inertie de ton mouchoir. On fait fréquemment cette expérience dans la vie. C’est la notion de vitesse constante que Newton a dû abstraire. Dans un monde où tout accélère et ralentit, il a dû imaginer une perle volant dans l’espace sans friction. C’était déjà une très bonne abstraction pour un homme du 18ième siècle. Elle est prouvée aujourd’hui en apesanteur. Il est en effet moins facile d’observer que le poids est relatif aux masses. Pour cela il faut aller taper une balle de golf sur la lune ou se lancer un tube de dentifrice dans une navette spatiale. Newton n’a pas pu faire cela. Sa physique fonctionne donc à poids constant, malgré le fait que Newton a compris par des calculs que le poids dépendait des masses en présence via la gravité. Monsieur Einstein, aussi avec des calculs, sans pouvoir observer non plus, s’est attaqué à la plus stable des variables physiques: le temps. Il s’est dit: si toutes les constantes physiques sont en fait variables, le temps n’y échappe pas. Il est aussi relatif. À quoi? À la vitesse. Quand on se déplace à très haute vitesse, le temps change… C’est difficile à accepter mais les contemporains de Newton avaient autant de difficulté à visualiser une bille flottant dans l’apesanteur. Ils l’imaginaient constamment en train de tomber vers le «sol». Dans une navette spatiale, il n’y a plus de sol.
Toutes les constantes physiques sont en fait des variables relatives dans un monde où tout change. C’est pour cela que la théorie de Monsieur Einstein s’appelle la théorie de la RELATIVITÉ GÉNÉRALISÉE. Il est mort en 1955 et n’a pas pu connaître l’horloge atomique. Celle-ci mesure des fractions infimes de secondes. On en laisse une par terre, on en met une dans un avion. On les actionne en même temps. L’horloge de l’avion, quand il atterrit, n’indique plus exactement la même heure que l’horloge au sol. La vitesse de l’avion a altéré son temps. Le temps n’est pas stable, c’est une corrélation entre des vitesses, et les vitesses sont des corrélations entre des forces, et les forces sont des corrélations entre des masses, et… etc. Tout est OBJECTIVEMENT relatif… Simple et génial comme principe, non?
Ta Barbie
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Merci!
J’ai bien aimé la façon dont tu me l’as expliquée.
Marie-Christine
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La bande passante de discussion de ce billet est OUVERTE.
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This entry was posted on 18 avril 2015 à 12:01 and is filed under Civilisation du Nouveau Monde, Commémoration, essai-fiction, Fiction, Pastiches, Sexage. Tagué: Albert Einstein, éducation, Barbie, Dialogus, enfance, femme, fiction, théorie de la relativité. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0 feed. You can leave a response, ou trackback from your own site.
Tourelou said
Barbie c’est les maths pour les nuls, et une relative beauté généralisée pour Einstein.
PanoPanoramique said
On peut s’exprimer comme une niaiseuse sans être niaiseuse. C’est absolument charmant en plus…
[Il y a de ça, en effet. – Ysengrimus]
Caravelle said
Brillant.
Est-ce qu’on sait si le EINSTEIN de Dialogus a commenté cette analyse de sa théorie par Barbie?
Ysengrimus said
Oui, de fait. Voici l’échange:
Odalisque said
Une minute, une minute. Qui pastiche qui ici?
[Marie-Christine est une correspondante ordinaire authentique de Dialogus. Albert Einstein est pastiché par son pasticheur ou pasticheuse anonyme (dont l’identité effective n’est pas connue de moi). Barbie est pastichée par moi (Ysengrimus/Paul Laurendeau). – Ysengrimus]
Constance said
Ainsi, la coquetterie et l’esprit ne sont pas mutuellement exclusifs.
La réponse d’Einstein à une lettre rédigée en septembre 1946 par Tyfanny (jeune fille sud-africaine qui comptait le physicien parmi ses plus grands héros et avec qui il a échangé quelques lettres) démontre à quel point ce pasticheur ou pasticheuse possède une connaissance approfondie et intime de l’homme.
Dans une lettre datée du 19 septembre 1946 (traduite de l’anglais), Tyfanny écrit:
En octobre 1946 Einstein répond:
SOURCE
Brigitte B said
Super bien vu, Constance. Vous nous faites bien voir qu’ici, effectivement, le pastiche d’Einstein suit bien son modèle…
Sophie Sulphure said
J’aime vraiment beaucoup. Ça va loin, ce genre de pastiche, Ysengrimus.
Vanessa Jodoin said
Je seconde.
Mura said
J’ai pas dit la moitié de la merde verbale qu’on m’impute (EINSTEIN – une fausse citation de plus)
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[Excellent, Mura. je seconde à fond. – Ysengrimus]
Cymbale said
C’est bien vrai qu’il y a toutes ces « citations d’Einstein ». Ça part vraiment dans tous les sens. Il est devenu une sorte de mythe incarnation de la vérité absolue.
[Un grand pantin de sagesse à qui on fait tout dire, comme Socrate autrefois. – Ysengrimus]
Denis LeHire said
Donc c’est pas le monde physique « relatif » donc changeant en fonction du point de vue de l’observateur?
[Non, ce sont les catégories physiques changeant parce qu’elles sont objectivement corrélées entre elles MÊME en l’absence de tout observateur. La relativité einsteinienne est un relativité objective, pas inter-subjective. – Ysengrimus]
Fridolin said
Mais tout est relatif, ça veut pas dire que tout dépend du point de vue qu’on adopte?
[Oui, en langage courant. Et cela s’applique parfaitement, par exemple aux goûts esthétiques et aux choix moraux. Mais si on veut résumer la physique d’Einstein en une seule formule du langage ordinaire, pour éviter cet écueil du point de vue subjectif (qui est sans statut dans une physique, car elle est une description du monde et non une description de notre perception ou jugement sur le monde), il sera plus correct de dire: TOUT EST CORRÉLÉ. – Ysenrimus]
Sissi Cigale said
Ma Barbie et moi on parlait toujours de choses de cette nature…
🙂
Constance said
J’ai honte d’avouer que, en dépit de votre superbe explication, je n’arrive pas encore à saisir le concept de la relativité du temps. Je dois avoir un cerveau en plastique…
[C’est aussi difficile pour nous que c’était pour les contemporains de Newton de conceptualiser une masse flottant dans l’espace sans « tomber », ou l’idée d’une vitesse constante sans « arrêt ». Notre intimité avec l’apesanteur a rendu ces deux idées empiriques pour nous. Encore quelques petits siècles techniques, Constance, et l’idée de relativité temporelle vous paraitra aussi tangible que celle d’une perle flottant librement dans le cosmos extra-atmosphérique. – Ysengrimus]
Cymbale said
Moi aussi, je suis comme Constance sur ceci.
Les chiens et leurs humains said
Julie Soulange said
Maintenant que Barbie est devenue physicienne, il reste plus à Einstein qu’à devenir figurine… Mais c’est fait aussi!
[Eh ben voilà. Mélange des genres chez nos figur(in)es mythiques! – Ysengrimus]
Serge Morin said
Oh ça me rappelle une figurine de Sigmund Freud que j’avais acheté une fois dans un magasin de farces et attrapes et que j’avais donné pour Noël à mon beau-frère, psychologue social. il avait assez mal réagis.
[Psychologue social? Il aurait peut-être fallu que vous lui dénichiez un Karl Jung… moins évident quand-même. – Ysengrimus]
Sally Vermont said
Perso, je ne jure que par la puissance féministe des Soeurs Brontë… BRONTË SISTERS POWER DOLLS!
[Hilalant. – Ysengrimus]
Gudule said
« Je ne fais certainement pas la promotion de la chirurgie esthétique. Celle-ci, en effet, est une violence contre nature imposée aux femmes par des abrutis cruels qui, vu leurs sales gueules, ne se la sont certainement pas appliquée à eux-mêmes! »
Très comique et très vrai. Je seconde, Barbie.
Claude Bolduc said
Vraiment brillant, l’exposé de Barbie… comme une perle rare!