Meurtrière salvatrice!
Posted by Ysengrimus sur 15 mai 2012
Bon, att… ttention les yeux, on en arrive hodie à cent-cinquante (150) billets sur le Carnet d’Ysengrimus. Oh, oh mais, il faut avoir vécu et bien vécu pour vivre pareille chose. Et tiens, pour le coup, saint tiroir de saint sicroche, voici qu’on me demande si, en mon vécu effectivement justement vécu, j’ai déjà frôlé la mort. Réponse: oui, au moins une fois, une vraie de vraie. Et, en plus, cela amena mon amour de second fils Reinardus-le-goupil (agé de quinze ans, à l’époque) à produire un texte « journalistique » aussi vif que grincant d’ironie sur l’événement. On en rit bien aujourd’hui, exactement quatre ans plus tard, mais je peux vous dire que le jour du susdit événement décrit ici par mon Reinardus, je n’en menais vraiment pas large. Ah, ces simonak de sicroche d’excursions de crapahutage qu’on m’impose et moi, ça fait irrémédiablement deux…

Le château de Quertinheux (Languedoc-Roussillon, France)
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MEURTRIÈRE SALVATRICE!
15 mai 2008 (de notre envoyé spécial, Reinardus-le-goupil) – Le château de Quertinheux, un des quatre châteaux cathares du village de Lastours (Languedoc-Roussillon, France) a été un lieu de peur et de désespoir pour monsieur Paul Laurendeau (Ysengrimus) quand il s’aventura dans un passage interdit de la piste de montagne, et eut à entrer par une meurtrière pour sauver sa vie. L’homme nous raconte qu’il était en train de se diriger vers le site archéologique du village de Cabaret quand-il décida de ne pas aller plus loin parce que la descente vers le village en question allait être trop difficile pour lui. Il dit alors à ses compagnons, ses fils et sa femme, qu’il n’allait pas aller plus loin, qu’eux ils pouvaient continuer à descendre s’ils voulaient et que lui, il rebrousserait chemin et les rencontrerait plus haut. Monsieur Paul Laurendeau (Ysengrimus) retourna sur ses pas mais prit un mauvais tournant, sans voir la plaque qui disait passage interdit. Le passage longeait un des murs du château de Quertinheux et se dirigeait directement vers une des falaises de la Montagne Noire. L’homme continua et, quand il vit la falaise, il compris qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas. Il se retourna mais ne vit plus la piste qu’il avait prise. Il remarqua tout à coup, sur la muraille du château, une meurtrière défoncée par laquelle il pourrait peut-être entrer. Il se faufila vers la meurtrière, grimpa les quelques pieds qu’il y avait pour pouvoir l’atteindre et y entra. Sain et sauf à l’intérieur du château, il cria, pour proclamer sa victoire: SHANGHAIING! Ce mot ne veut en fait rien dire et des psychologues pensent que monsieur Paul Laurendeau (Ysengrimus) a des problèmes mentaux profonds, mais sa santé mentale n’est pas le sujet de cet article alors revenons à notre histoire. Monsieur Paul Laurendeau (Ysengrimus) raconte l’événement comme suis:
“J’ai suivi ce passage terriblement escarpé et je me suis retrouvé exactement au pied de la tour. Sur les deux côtés de la tour, une falaise abyssale. Tour imprenable, vous me le dites! J’ai du me hisser sur les briques saillantes de la vénérable bâtisse et me faufiler par une meurtrière heureusement partiellement détruite par un coup de canon royal ou la foudre providentielle. Plus mort que vif, j’ai pu gagner l’intérieur du château et quitter l’entourage inquiétant des ravines, des gouffres, des précipices et autres dénivelés effroyables. Inutile de dire que cet incident me transforma en une durable et pugnace pécore”.
Nous tenons à confirmer que monsieur Paul Laurendeau (Ysengrimus) est bel et bien la pécore qu’il affirme être devenu, suite à cette inoubliable expérience. Mais son caractère et son attitude envers les journalistes ne sont pas non plus le sujet de cet article. Il est ironique de constater qu’une meurtrière qui a probablement servi à tuer et à blesser maints preux chevaliers du Seigneur Simon de Montfort (fier vassal du Roy Louis IX) pendant la Croisade contre les Albigeois de 1209 ait ensuite servit à sauver la vie d’un misérable touriste perdu au 21ième siècle.
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Note d’Ysengrimus: Shanghaiing ne veut pas « rien dire »… Cela fait référence au fait de duper quelqu’un en le forcant traitreusement à se rendre en un endroi difficile à vivre, sans qu’il sache que cela tournerait aussi mal. Initialement cela se faisait dans la marine à voile, quand on forcait des olibrius sans expérience maritime d’aucune sorte à devenir d’un seul coup d’un seul, en une petite nuit, mariniers au long cours… Outre ce petit correctif lexical, je me dois de saluer la solide justesse de la description, par Reinardus-le-goupil, de cette aventure effroyable et vécue. Ajoutons, pour l’impartialité de la chose, que, cet incident mis a part, ce séjours de 2008 dans le Languedoc-Roussillon avait été un pur délice (humain, gastronomique, architectural et historique). Mais il reste que si ce drame malencontreux et grotesque s’était concrétisé (je vois encore, en la caméra agitée et tremblotante de ma mémoire traumatisée, les fins lacets routiers s’étirant et se lovant au fond des gouffres), le Carnet d’Ysengrimus, lancé en avril 2008, ne compterait aujourd’hui qu’une petite quarantaine de billets en lieu et place des cent-cinquante (150) qui, donc, vessent et sonnent fièrement au jour d’aujourd’hui. Ce serait vraiment bien triste…
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jimidi said
Zut, encore raté !
[Qu’as-tu tant raté, mon Jimidi? Ma mort?]
jimidi said
Oui, c’était l’idée. Hi hi ! N’y voit rien de personnel, c’est une tradition familiale ici pour dédramatiser ce que certains événements accidentels peuvent laisser planer d’éventualité tragique : « Et alors ce connard m’a grillé la priorité et j’ai bien cru que j’allais emplafonner le bus ! (Murmure entre les dents, de l’un ou l’autre des êtres chers, faussement rageur et dépité) Zut, encore raté !). Mais c’est le même genre d’humour – contestable – qui fait dire à l’un ou à l’autre, plutôt que d’attirer l’attention du conducteur en lui demandant de faire attention à la petite vieille qui traverse dans les clous : FONCE C’EST UNE MÉMÉ A CINQUANTE POINTS !
Mais dis donc, si je compte bien, cent cinquante articles à raison d’un par quinzaine, ça fait à ton carnet un peu plus de SIX ANS d’existence ! Belle persévérance ! Total respect !
[Quatre ans, en fait. Au début, je consolidais alors il y en avait plus que deux ou trois par mois – Ysengrimus]
Tourelou said
Confirmé, vous êtes une bête farouche. Et Reinardus-le-Goupil reste très près de son origine.
Olivier Billottet said
Un article à la fois drôle et effrayant, merci du partage.